Au grand dépit d’Azaël, il ne put commencer la formation de Haniel le lendemain même. Son camarade de chambrée fut sujet à une grosse fièvre et il passa le reste de la semaine à l’infirmerie sous l’étroite surveillance de M. Panzen. Il dut donc ronger son frein et se glisser dans la peau d’un innocent lycéen pour les deux jours qui le séparaient du week-end. Heureusement, Édith et ses amis étaient bien décidés à ne pas lui laisser une seconde de répit. Où qu’il aille, il était certain de tomber sur l’un d’entre eux. Ils prenaient tellement de place qu’il arrivait parfois à l’exorciste, le temps de précieuses secondes, d’oublier tous les soucis qui lui rongeaient la cervelle.
Cependant, lorsque samedi matin sonna, ses craintes revinrent au galop. Ce fut la boule au ventre qu’il empaqueta quelques affaires pour le week-end. Par la porte entrouverte de sa chambre, il percevait un joyeux brouhaha. Dans les couloirs, les élèves se chamaillaient gaiement. Tous semblaient ravis de retourner dans leurs familles. Un court instant, Azaël se surprit à rêvasser. Dans une autre vie, qu’aurait-il ressenti, lui aussi ? Aurait-il également éprouvé de l’impatience à l’idée de retrouver ses parents ? Il secoua la tête, comme pour en chasser ses pensées futiles. À quoi cela servait-il qu’il tente d’imaginer une vie qu’il n’aurait jamais ?
L’exorciste ferma son sac avant de le jeter sur son épaule. Alors qu’il se dirigeait vers le couloir, il fut surpris de trouver Haniel sur le palier de leur chambre, l’air perdu dans ses pensées.
- Tu ne prépares pas ton sac ? le questionna-t-il.
Son colocataire eut un grognement et passa une main dans ses boucles noires.
- Si, si, soupira-t-il. Je vais le faire. Tu passes le week-end dans ta famille ? enchaîna-t-il, comme s’il essayait de retarder le départ du jeune homme.
- Je n’ai pas de famille, je rentre au Clan.
Surpris par sa réponse, Haniel se contenta d’un « Oh… » gêné. Azaël haussa les épaules.
- Passe un bon week-end, lui souhaita-t-il. Si tu as le temps, essaie de courir.
- Courir ? répéta Haniel d’un air indigné.
- Pour lutter contre les whisperers, tu as besoin d’être en bonne forme physique. Et là tu es un peu… gras.
Son camarade poussa un nouveau soupir et marmonna une sorte de malédiction à l’égard des adolescents et de leur manque de tact. L’exorciste n’osa pas lui faire remarquer qu’il en était un lui-même et préféra s’éclipser.
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Reprendre le tramway fut plus facile que la dernière fois. Azaël valida sa carte de transport et s’installa sur un siège. Son regard erra sur les visages souriants des voyageurs qui semblaient détendus à l’idée du week-end à venir. Alors que dans son ventre, ses intestins faisaient le grand huit… Le jeune homme allait devoir se montrer très prudent pour maintenir son secret. Il en allait de sa place au sein du Clan, mais aussi de la vie de Haniel Amorth. Désormais, envers et contre tout, ils formaient une sorte… d’équipe ? Ses crampes d’estomac s’accentuèrent. Il n’aimait pas du tout l’idée que son futur dépende d’un inconnu qui n’avait rien trouvé de mieux que de lui faire du chantage pour l’obliger à mettre ses pouvoirs à son service. Azaël haussa un sourcil en se rendant compte qu’il éprouvait de la colère envers son camarade. Il n’avait jamais eu de sentiments négatifs envers un autre être humain. Jusque-là, ses seuls ennemis avaient été les whisperers…
Il récupéra le sac à dos qui traînait à ses pieds et le cala sur ses cuisses avant d’enrouler ses bras autour. Le week-end s’annonçait chargé en émotion…
Il ferma les yeux, bercé par le roulis du tramway. Lorsque la voix mécanique annonça son arrêt, il s’ébroua puis descendit précipitamment. Il eut alors la surprise de remarquer qu’une silhouette masculine aux cheveux roux soigneusement coiffés en arrière l’attendait sur le quai. Il reconnut sans peine Sengo, avec ses deux cicatrices qui barraient sa joue gauche, souvenir de sa première rencontre avec un whisperer. Les balafres s’égaraient dans son cou et disparaissaient sous le col de sa chemise bleue, assortie à ses yeux. Le lycéen prit un court instant pour admirer la prestance de son modèle et ses vêtements parfaitement ajustés à son corps sculpté par les années d’entraînement. Azaël jeta son sac à dos sur une épaule et se précipita vers lui.
- Sengo !
Le jeune homme, de quelques années son aîné, lui adressa un doux sourire dont il avait le secret, un sourire qui lui donnait toujours l’impression d’être triste.
- Azaël, ravi de te revoir, le salua Sengo de sa voix calme. Je vois que tu es en forme.
Il lui fit signe de le suivre. Trop heureux de revoir son modèle, l’exorciste avait momentanément occulté sa situation préoccupante. Ils marchèrent ensemble sur les trottoirs bondés de Honeda. Sengo, comme à son habitude, était silencieux. Bientôt, l’immeuble du Clan déboucha dans leur horizon. Il s’agissait d’une immense bâtisse de dix étages, percé de grandes fenêtres. De loin, on avait l’impression qu’il s’agissait d’un simple lieu de résidence. Un camouflage parfait au cœur de la ville. Azaël sentit son cœur se serrer à sa vue. Il était de retour chez lui, mais il avait l’impression de se jeter dans la gueule du loup…
Alors qu’ils s’apprêtaient à franchir les portes de l’immeuble, son modèle reprit la parole :
- Mes grands-parents voudront te voir tout à l’heure, Azaël. Je pense qu’ils aimeraient avoir plus de détails sur… ta nouvelle orientation ? Ils t’attendront dans leur bureau.
Sa voix était pensive. Le lycéen, lui, s’efforça de sourire, mais son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Il allait avoir une entrevue avec la Maîtresse du Fer et son mari ? Il s’agissait évidemment d’un honneur qui l’aurait normalement transporté d’allégresse. Mais là…
- Ils m’attendent à quelle heure ? voulut savoir le lycéen, en tâchant de relaxer sa voix.
- À 17h15 tapantes. Tu sais comment est ma grand-mère avec les retards, n’est-ce pas ?
- Je serai à l’heure, pas de soucis. J’aimerais juste saluer Himi avant…
- Himi est en mission, le coupa Sengo. Tu la verras peut-être dimanche soir, mais j’en doute fort.
Azaël se figea. Himi était sa partenaire de mission et d’entraînement. Ils avaient grandi ensemble au sein du Clan et avaient totalement confiance l’un envers l’autre. S’il y avait une personne à qui il aurait pu se confier, c’était bien elle ! Azaël prit une profonde inspiration.
Oui, le week-end allait être difficile…
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- Azaël ! Tu es rentré !
L’exorciste s’était séparé de Sengo en cours de route. Il s’était rendu directement au dortoir afin de déposer ses affaires. À peine avait-il franchi le seuil de la grande pièce qu’il s’était fait assaillir par deux de ses camarades. Ces derniers étaient visiblement en train de jouer aux cartes avant son arrivée. Ils avaient essayé de cacher leur jeu, mais ils avaient renoncé en le voyant apparaître. Azaël fronça les sourcils. À cette heure-ci, tous devraient être dans le dojo en train de s’entraîner. Néanmoins, il était heureux de les retrouver, aussi garda-t-il cette réflexion pour lui.
Donnie Sloth et Ronnie Lagaffe, deux amis inséparables, n’hésitèrent pas à le prendre dans leurs bras. Azaël, pas réellement d’un naturel tactile, se dégagea rapidement de leur étreinte. Cela fit rire ses compagnons.
- Sengo nous a prévenu que tu revenais aujourd’hui, indiqua Ronnie. Donc, on s’est dit qu’on allait t’attendre !
- En plus, ça nous permet de sécher l’entraînement, renchérit Donnie.
- Grave !
Les deux adolescents partirent dans un grand éclat de rire, ce qui arracha un sourire au lycéen malgré lui. Ces deux-là étaient connus à travers tout le Clan pour être les exorcistes les plus paresseux de leur génération. Dès qu’ils en avaient l’occasion, ils s’éclipsaient afin de pouvoir se la couler douce. On ne les voyait jamais l’un sans l’autre, à croire qu’ils avaient été des jumeaux siamois dans une vie antérieure.
Azaël les délaissa un moment. Il parcourut le dortoir comme s’il y mettait la première fois les pieds. Ses yeux se nourrissaient de chaque détail : les lits en fer forgé, les rideaux poussiéreux, les larges fenêtres, la série de lavabo qui occupait l’entièreté d’un mur… Les parois étaient décorées de dessins, de posters. Ah… Même l’odeur de renfermé et de sueur lui avait manqué…
L’exorciste fut soulagé de constater que son lit était toujours libre. Il déposa son sac sur les draps et glissa, comme à son habitude, la photo de ses parents sous son oreiller. Il s’apprêtait à ranger ses affaires lorsque ses camarades passèrent leurs bras sous les siens et l’entraînèrent à leur suite sans écouter ses protestations.
- Tu plaisantes ! l’interrompit Ronnie. Maintenant, tu n’es plus là que le week-end, alors hors de question qu’on te laisse filer !
- Et première étape : la cuisine ! poursuivit Donnie. Je suis sûr que Tonton sera tellement content de te revoir qu’il nous laissera piocher dans ses chouquettes au fromage.
Azaël faillit se laisser tenter ; il fallait dire que les chouquettes au fromage de Tonton étaient un excellent argument… Néanmoins, il s’ébroua. Non, il avait bien trop à faire ! Avec l’agilité d’une anguille, il échappa à la poigne de ses deux amis et leur lança un « désolé ! » avant de s’éclipser en vitesse. Si ces deux-là séchaient moins les entraînements, il n’aurait eu aucune chance de leur échapper. Heureusement, il s’agissait des « Flemmards Inséparables », comme le clan les surnommait.
- Hé, les F.I. ! C’est donc là que vous vous cachiez, bande de voyous !
Et on dirait que le maître du dojo venait de les retrouver. Pas de doute, Donnie et Ronnie allaient passer un sale quart d’heure. Azaël se sentait coupable de les abandonner face au courroux de leur enseignant, mais il se rattraperait plus tard. Rapidement, il se rendit dans la cage d’escalier, direction le septième étage. Il croisa quelques personnes en chemin et toutes lui demandèrent de ses nouvelles. Azaël tâcha de rester vague, mal à l’aise à l’idée de mentir. Ici, tous se connaissaient. Même si l’immeuble était grand, seule une grosse centaine de personnes y vivaient. Tous n’étaient pas exorcistes, mais chacun participait à l’effort de guerre à sa manière.
Enfin, le jeune homme parvint à l’étage qui l’intéressait. Une quiétude agréable régnait à ce niveau. Il fallait dire que la majorité du palier était occupé par une immense bibliothèque. C’était là qu’étaient regroupées toutes les archives du Clan.
Azaël dut décliner son identité auprès de la gardienne qui était installée dans une loge en verre à côté de l’entrée. Il ne l’avait jamais vu ailleurs qu’ici. Même lorsqu’il venait parfois en pleine nuit consulter un ouvrage, Matilda Bookworm était fidèle au poste. Elle nota consciencieusement son nom dans un grand livre de sa main couverte de taches de sons et parcheminée par les âges. Ses longs cheveux blancs étaient, comme à l’ordinaire, coiffés en un chignon très strict.
- Ça fait longtemps que je ne t’ai pas vu dans le coin, Walker, fit remarquer Matilda en haussant un sourcil. Tu deviens moins studieux avec le temps ?
Azaël s’en excusa puis poussa les portes en bois de la bibliothèque. Derrière était amassé un trésor de savoir. Des étagères étaient rangées en ordre de bataille, attendant patiemment que des mains curieuses viennent cueillir leurs livres. Un parfum de cuir et de parchemin flottait dans l’air, procurant à ce lieu une atmosphère très particulière. Le soleil se déversait par les immenses fenêtres et la poussière tourbillonnait dans la lumière. Instantanément, l’exorciste sentit ses épaules se détendre et, pour la première fois depuis son arrivée, il se sentit vraiment chez lui.
Une main sur les étagères, le jeune homme se mit lentement en marche. Combien d’heures avait-il pu passer ici… Il se rappelait parfaitement de ces soirées d’étude où lui et Himi s’installaient à leur table favorite, près de la fenêtre qui donnait sur l’orme centenaire de la cour. Un sourire mélancolique vint se dessiner sur ses lèvres. Ce quotidien lui paraissait terriblement flou alors qu’il n’avait passé que cinq jours loin de chez lui.
Il fallait qu’il rétablisse la situation le plus vite possible afin de pouvoir rentrer définitivement. Et, ainsi, des années plus tard, il évoquerait Sisoa en riant, comme un mauvais passage, une erreur de jeunesse.
Maintenant, au travail !
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Ce fut une sonnerie particulièrement désagréable qui le tira de son sommeil agité. Azaël se redressa en sursaut. Ses yeux clignèrent plusieurs fois alors qu’il remettait maladroitement en place ses lunettes de lecture. Oh non, il s’était endormi ? Sur la table devant lui, des dizaines de livres en tout genre étaient ouverts. Le cahier qu’il avait pris le soin d’apporter avec lui était couvert d’annotations fiévreuses.
La sonnerie, qui s’était éteinte, s’enclencha une nouvelle fois. L’exorciste se rendit alors compte qu’il s’agissait de son téléphone portable. Il s’empressa de décrocher :
- Allô ?
- Azaël.
- S… Sengo ?
Le jeune homme jeta un coup d’œil à l’horloge murale et pâlit. Bon sang, il avait du retard ! Il se mit à balbutier des excuses honteuses tout en s’empressant de ranger son bazar. Cependant, son modèle l’interrompit :
- Je ne t’appelle pas pour cela. Un whisperer a été repéré. Tu pars en mission avec Donnie et Ronnie immédiatement. Retrouvez-vous dans le hall, ils te donneront toutes les instructions là. Le rendez-vous avec mes grands-parents est décalé à demain matin.
Et il raccrocha sans ajouter un mot de plus, pas même un « Sois prudent ». Sûrement était-il fâché à cause de sa négligence. Mais pas le temps de s’apitoyer sur son sort. Azaël délaissa l’ensemble de ses recherches et bondit hors de la bibliothèque. Bon sang, ce qu’il craignait le plus était en train de se produire ! Comment allait-il pouvoir duper ses amis ?
Au rez-de-chaussée, Donnie et Ronnie l’attendaient, habillés de pied en cap de vêtements noirs, un étui de violon sur le dos. De loin, on pourrait croire qu’ils étaient vêtus simplement d’un tee-shirt à manches longues et d’un pantalon, mais, en réalité, il s’agissait d’armures en tissu très résistants fabriqués sur mesure pour chaque exorciste.
Ses amis lui tendirent ses propres vêtements ainsi qu’un autre étui. Ils s’empressèrent de gagner le garage où ils s’engouffrèrent dans une voiture. Donnie se mit au volant alors qu’Azaël se jetait sur les sièges arrière. Dans un crissement de pneus, ils bondirent dans la rue.
- Quelle est la mission ? les questionna Azaël en jetant sa chemise par-dessus sa tête.
- La victime est un homme de quarante ans, lui répondit Ronnie. Ne s’est attaqué jusque-là qu’à des chats errants. Hanté par un whisperer de niveau deux.
- Deux ? répéta le lycéen alors qu’il enfilait son pantalon d’uniforme. Et on doit être trois pour le maîtriser ?
- Notre cher Sengo veut qu’on commence à se comporter comme, je cite « de véritables exorcistes », répondit Donnie avec un sourire enjoué. Donc, en somme, il nous colle dans tes pattes pour qu’on prenne exemple sur toi.
Voilà qui était bien sa veine ! Azaël ouvrit son étui de musique. Sur le velours noir reposait une lance fractionnée en trois morceaux. Il s’employa à monter le manche alors que la voiture louvoyait dans la circulation dense de Honeda. Dehors, le soleil entamait doucement sa descente et jetait une lumière rouge sur les immeubles. Les trottoirs fourmillaient de vie et des bars s’échappait une musique endiablée. En cette soirée d’avril, les terrasses débordaient de monde. Sur le siège passager, Ronnie poussa un soupir.
- Un jour, quand on aura tué tous les whisperers, peut-être qu’on pourra nous aussi profiter de la vie, murmura-t-il, le front contre la vitre.
La main de Donnie vint brièvement enlacer la sienne. Les deux amis échangèrent un pauvre sourire avant de se concentrer de nouveau sur la route. Azaël, lui, venait d’achever d’assembler son arme. Il ne releva pas la plainte de son camarade, mais il ne put s’empêcher de froncer les sourcils. Tuer tous les whisperers… Une idylle qu’ils n’atteindraient probablement jamais et sûrement pas de leur vivant. Un rêve irréalisable, mais cela n’avait pas d’importance. Ils étaient des armes vouées à tuer ces immondes fantômes. Rien de plus.
- On y est, annonça Donnie.
Ils venaient de se garer dans une ruelle à l’écart de la foule. Il s’agissait d’une impasse insalubre où traînaient d’énormes bennes. Le cadre idéal pour un combat surnaturel caché. Donnie et Ronnie déployèrent leurs armes à leur tour.
- Masques, ordonna Azaël avant de sortir de la voiture.
Tous trois revêtirent le dernier élément de leur uniforme : des loups en bois peint en blanc et frappé d’un sceau rouge censé protéger les exorcistes durant leur mission. Une légende du clan racontait que les whisperers étaient capables de lire les désirs les plus secrets d’une personne à travers ses yeux. C’était pourquoi il fallait normalement toujours avoir un masque en mission ; afin de ne pas être possédé.
Un silence mortel planait sur la ruelle. Armés de leurs lances, les exorcistes se déployèrent sans un bruit. Azaël se plaça en retrait, tous sens en alerte. Où était donc la victime ? Donnie leva soudain son poing droit pour leur faire signe de s’arrêter. Puis, d’un mouvement de tête, il leur indiqua la poubelle la plus proche. Les deux autres exorcistes prêtèrent oreille. Maintenant qu’ils étaient vraiment concentrés, ils percevaient de faibles marmonnements. Et un bruit… de succion… Azaël vit Ronnie retenir difficilement un haut-le-cœur. On dirait que leur cible était friande de chats…
- Xeo, chuchota-t-il.
Ses amis l’imitèrent dans un souffle. Azaël les vit se raidir. Sûrement le whisperer venait-il de leur apparaître. Alors que lui, il ne voyait absolument rien. Bon sang, que c’était frustrant ! Pour donner le change, il s’adressa à Ronnie qui était le plus proche de lui :
- Je me charge d’immobiliser notre possédé. Je vous laisse vous occuper du whisperer.
Ronnie hocha la tête. Donnie leur indiqua d’un signe de la main qu’il lançait l’attaque. Sans un son, il poursuivit son avancée. Soudain, une force surnaturelle le propulsa en arrière ! Le corps de l’exorciste voltigea dans les airs et rencontra violemment le mur le plus proche. Le whisperer les avait aussi repérés et passait à l’attaque !
Ronnie et Azaël bondirent à leur tour pour venir en aide à leur ami. Le possédé émergea de derrière la benne. Il avait une démarche vacillante, un regard hagard et le menton souillé de sang. Ses vêtements étaient sales et déchirés. Sûrement vivait-il dans la rue depuis des jours, voire peut-être des semaines, se nourrissant de chats errants pour survivre.
- Hatfo ! cria Ronnie.
Aussitôt, une vague de pouvoir se déversa dans ses muscles. Il se propulsa vers son adversaire, lance en avant, mais son attaque fut contrée par le whisperer qui le repoussa aisément en poussant un cri sauvage. Azaël, lui, s’accroupit à la hauteur de Donnie pour vérifier ses blessures. Heureusement, ce n’était qu’une légère plaie au niveau du crâne. Azaël aida le jeune homme à se remettre sur pieds alors que Ronnie continuait à tenir occupé leur ennemi. Les rouages de son cerveau fonctionnaient à vive allure. Il fallait qu’ils acculent le whisperer et vite !
- Tu te souviens du sort d’immobilisation ? lança le lycéen.
Donnie hocha la tête, prêt à en découdre. Azaël voulut ajouter quelque chose, mais il n’en eut pas le temps ; le fantôme venait de le prendre pour cible. Le lycéen se sentit soudain quelque chose l’élever dans les airs. Une poigne invisible le tenait au niveau de la gorge. Il suffoquait ! Ses doigts ne pouvaient même pas toucher le bras invisible qui l’étranglait !
À quelques pas de lui, ses camarades poursuivaient leur combat, ne semblant s’être aperçus de rien. Bon sang ! Azaël se sentait si impuissant ! Il fallait qu’il fasse quelque chose. Ses doigts se resserrèrent sur sa lance. Il ne laisserait pas un whisperer de seconde zone avoir raison de lui ! Dans un cri de guerre, il balança son arme en direction de son agresseur. La lance fila à toute vitesse vers l’homme hanté et se planta à un centimètre de son pied. Le but n’était pas de blesser le possédé, juste de le distraire. Pensant qu’un nouvel ennemi l’attaquait, le whisperer détourna une seconde son attention des exorcistes pour chercher des yeux la menace. C’était suffisant.
- Nuoq ! cria Donnie.
Le sort frappa le whisperer qui s’immobilisa. Immédiatement, l’étau autour de la gorge d’Azaël se desserra et le jeune homme glissa au sol. Ahanant, le lycéen se remit sur pieds et s’avança jusqu’à ses amis. Devant eux, le possédé était à genoux. Ses yeux lançaient des éclairs. Ronnie arma son bras.
- Finissons-en, souffla-t-il.
- Non, non, attendez ! Qu’est-ce que vous faites ! Ne me faites pas de mal, pitié !
Les exorcistes se figèrent. La victime… venait de leur parler ? Ronnie coula un regard incrédule à ses camarades. Azaël, fasciné, s’avança d’un pas.
- M… Monsieur ? Vous pouvez… nous entendre ?
Il s’agirait d’un autre cas comme Haniel ? Si tel était le cas, alors Donnie et Ronnie ne devraient pas être capables de percevoir le cœur du whisperer. Il ne put s’appesantir sur la question. Dans un hurlement de rage, la conscience du fantôme venait de nouveau d’engloutir celle de sa victime. Leur adversaire se mit à se débattre pour tenter d’échapper aux liens magiques qui le paralysaient. Donnie réagit dans la seconde et sa lance s’enfonça dans la gorge de la victime. Celle-ci se figea dans un râle guttural puis s’affaissa sur le bitume. Ronnie s’agenouilla puis posa sa main sur la tête de l’homme.
- Aednu, murmura-t-il.
Une fois la mémoire de la victime effacée, ils retournèrent à leur véhicule dans le plus grand silence. Cette fois-ci, ce fut Ronnie qui se mit derrière le volant alors que Donnie se laissait glisser sur la banquette arrière avec un grognement, la tête douloureuse. Azaël appela une ambulance en route pour que leur cible soit prise en charge. Les trois exorcistes n’échangèrent pas un mot durant tout le trajet, perturbés par ce qu’ils venaient de vivre. Lorsqu’ils eurent gagné le garage du Clan, Ronnie rompit enfin ce silence inconfortable :
- Je n’avais jamais entendu parler d’un cas où un possédé reprenait conscience ! C’est fou ! Ça vous est déjà arrivé, vous ?
- On fait toutes nos missions ensemble, tu sais que non, grogna Donnie.
- Et toi, Azaël ?
Le lycéen leur offrit un sourire contrit.
- Non, mentit-il. Jamais…
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Kim Possible : Édith, ton concert était incroyable !
La Fée Morgane : Tu as un vrai talent, c’est toujours un régal de te voir sur scène.
Édith Piaf : Merci camarades, ça me touche beaucoup ! C’était vraiment cool de vous savoir dans la salle ! Ça m’a donné du courage !
Le Roi Léo : Tu te serais très bien débrouillée sans nous.
La Fée Morgane : On se retrouve demain pour s’exercer ?
Kim Possible : Comme toujours ! C’est le tour de qui de recevoir ?
Édith Piaf : À moi, à moi !
Le Roi Léo : Super, vous testerez ma nouvelle invention !
Kim Possible : Oh non, je me sens faible tout à coup…
Le Roi Léo : Pas de dérobade, la dorade ! Tu as déjà fait l’impasse sur ma dernière merveilleuse innovation, tu n’y couperas pas cette fois ! À demain, les amis !
Je reprends ma lecture. Concernant ce chapitre, j'ai trouvé le démarrage un peu lent (toute la partie encore à Sisoa). Je me demande si on ne pourrait pas directement arriver au clan, parce que les premiers instants ont déjà un rythme assez lent, le temps de présenter tout et tout le monde.
Ça s'accélère ensuite avec la sortie avec Donnie et Ronnie, qui est bien rythmée. La similitude entre le cas qu'ils traitent et le cas d'Haniel est intéressante, comme si ça dépassait le cas à part et qu'il s'agissait plutôt d'une tangente. Intéressant.
Remarques :
- "ne put commencer la formation de Haniel le lendemain même." -> je suis pas sûre que "même" soit utile.
- "Ils prenaient tellement de place" -> je ne les sens pas assez prendre de la place. Tous les rapprochements ou presque sont en discours rapporter. Moi j'aimerais savoir comment Azaël se rapproche d'eux.
- "Maintenant, au travail !" -> formulation pas très heureuse dans la narration
- "Soudain, une force surnaturelle le propulsa en arrière ! Le corps de l’exorciste voltigea dans les airs et rencontra violemment le mur le plus proche. Le whisperer les avait aussi repérés et passait à l’attaque !" -> peut-être une simple appréciation personnelle, mais je ne suis pas du tout fan des points d'exclamations dans la narration, je trouve même que ça coupe l'action. Je te conseille plutôt les phrases courtes pour donne du rythme :
"Soudain, une force surnaturelle le propulsa. Le corps de l'exorciste rencontra un mur la seconde suivante. C'était le whisperer. Il les avait repéré. Il passait à l'attaque." (C'est juste un exemple, pas une proposition de réécriture).
À bientôt !
Merci encore pour tout ton travail sur mon texte !