Faux dieux

Il me toisa après que ses soldats m’aient obligé à m’agenouiller devant lui..

— Tu sais qui je suis ?

— Oui, vous êtes un menteur.

J’ai valsé dans les airs. Personne ne m’avait touché. Je n’avais pas eu le temps de voir s’il avait eu besoin d’un geste. Mais je savais qu’il s’était servi de sa magie détestable contre moi. Je me suis relevé. J’ai essayé de paraître impassible malgré la douleur, de me tenir droit fièrement comme mon père l’aurait voulu.

— Es-tu l’un de ces imbéciles qui ne croient ni en la magie, ni aux dieux ? Ils sont partout autour de toi, mais ce ne sont que des illusions ? C’est ça ?

Je n’avais pas l’intention de le laisser dérouler son argumentaire bien huilé.

— Je ne nie pas l’existence de la magie, et j’admet que vous êtes un puissant sorcier, un sorcier, pas un dieu. Il n’y a qu’un seul Dieu, il a créé l’univers et n’en fait pas partie.

— Intéressante théorie, tu sais j’ai entendu parler de votre petite secte, dit-il parlant lentement et calmement, cependant, je ne comprends pas pourquoi vous niez l’évidence, je suis venu parmi vous, il n’y a personne d’autre.

Une fraction de seconde, j’ai eu peur, peur de m’être fait embobiner, peur que le peuple continue à croire les mensonges de ce beau parleur, puis j’ai pris conscience de son erreur. Il avait mal préparé sa riposte et je n’allais pas laisser passer une telle occasion.

— Vous ? Vous êtes le tout puissant créateur de l’univers ?

— Oui, mon fils, accepte la vérité et tu seras sauvé…

— Je croirai en vous…

Je vis son sourire carnassier s’étirer sur son visage, Il devait être gonflé d’orgueil par cette victoire publique, tellement content d’avoir assimilé nos manières. Dommage pour lui, en achevant ma phrase je ne lui ai pas laissé le temps de savourer.

— Lorsque vous aurez détruit tous les autres faux dieux ! ils défient votre autorité ! Quelle autre preuve de ce que vous dîtes pourrait être valable ?

Je ne prétendrai pas que mon audace de ce jour-là a été facile ou qu’elle ne m’a pas coûté. Après qu’on m’ait aidé à m’évader, j’ai découvert que les soldats de Haazeel avaient tué ma femme. Ma fille et mon fils n’avaient plus que moi. Je me réjouissais tout en pleurant, car de nombreuses personnes avaient rejoint notre mouvement après avoir assisté ou avoir entendu parler de mon acte de résistance. La révolution était en marche…