La grande salle du trône s’était transformée en hall de réception. Extrêmement vaste, elle pouvait accueillir un grand nombre de convives. De longues tablées remplies de mets plus raffinés les uns que les autres avaient été disposées de chaque côté. Au centre, une estrade était dressée pour l’occasion. Les domestiques s’affairaient à servir les invités, pendant que les servantes apportaient des plats aux odeurs alléchantes. D’imposantes tapisseries, représentant pour la majorité Jyléter le conquérant, étaient suspendues aux murs tandis que de gigantesques lustres chandeliers diffusaient une lumière chaude et agréable. Une douce musique émanait des larges balcons encadrant la pièce. Les Estelon savaient recevoir. Le Roi Déleber, installé sur son trône au côté de la Reine, observait la salle. Son frère se tenait en retrait, balayant l’assistance d’un regard las. Derrière eux pendait une longue frise aux couleurs de la famille, agrémentée de feuilles de chêne. Les délégations les plus importantes étaient présentes, venues principalement des cinq grandes cités d’Eryon. Mais de nombreuses autres seraient présentes le lendemain, à la célébration de la Matriarche. Chaque contrée, chaque village, chaque hameau du royaume étaient tenus de venir présenter les jeunes filles ayant eu seize ans dans l’année à l’intégration. Il ne s’agissait que d’un rituel où une prêtresse descendait d’Eljane pour venir bénir les jouvencelles, mais le peuple était très attaché à cet évènement, profondément ancré dans leur culture. Il était synonyme de fête, de partage, de danse et de banquet, et il permettait aux habitants d’Eryon d’oublier leur condition l’espace de quelques jours.
— Ah ! Sire, n’est-ce pas là un bel évènement qui se profile ? Une belle semaine qui s’annonce n’est-ce pas ? demanda Akaran en se fendant d’un large sourire.
Le Roi observa le puissant seigneur, ce n’était plus le même homme depuis le tour de force d’Ethyer. Le mariage de sa fille unique à l’héritier de la couronne lui offrirait bien des perspectives.
— Assurément Emri, je me réjouis des festivités comme du rapprochement de nos deux familles, lui répondit le monarque.
— …tyéalt…chmoi…
— Bien sûr mon amour, reprit-il en couvant sa femme d’un regard tendre. Vous aussi êtes heureuse du mariage de notre fils.
La Reine lui rendit son sourire en lui prenant la main et la serra affectueusement entre les siennes. Toutes ces années depuis notre rencontre à Abysse, et je vous chérie toujours autant, malgré les épreuves que nous avons traversées.
Un homme vêtu d’un tabard représentant une feuille de chêne dorée sur fond bleu s’approcha du couple et s’inclina.
— Permettez-moi Sire, claironna-t-il, de vous annoncer la venue du prince Jher sze Kardum sze Drekaer, fils de Kardum sze Drekaer sze Jharum, du premier dey, premier ministre de la cité des Affanites et doyen de la guilde des commerçants, ainsi que ses trois cents libellules !
Un homme d’une trentaine d’année, le teint mat, drapé d’une robe aux couleurs vives, s’avança d’un pas assuré, suivi par une flopée d’adolescentes. Son visage était constellé de petits tatouages, mais ce qui attirait le plus l’œil était une chaînette en or, ralliant deux grosses boucles sur chacune de ses oreilles, en passant par de petits anneaux accrochés aux extrémités des sourcils.
— Mon Roi! dit-il en effectuant un geste de salut complexe. Accordez moi l’honneur immense de vous présenter nos libellules, venues tout droit de la cité merveilleuse pour vous rendre grâce, et acceptez nos modestes offrandes !
Sur ces paroles, quelques filles se détachèrent du groupe et vinrent déposer de larges coupoles remplies de tissus nobles et de bijoux au pied du trône.
— Nos plus belles étoffes, reprit-il. Ainsi que des pierreries taillées par nos plus illustres orfèvres.
— Vous me comblez, noble Jher, et me voyez très honoré de recevoir tant de présents.
— Le meilleur reste à venir Sire, renchérit l’Affanite en claquant des doigts.
Les adolescentes s’écartèrent, laissant apparaître un jeune homme à la peau noire ébène et à la musculature noueuse. Vêtu d’un unique pagne, il s’avança pieds nus jusqu’au prince. Une petite feuille de chêne, visiblement inscrite au fer rouge, surplombait son arcade droite.
— Voici l’un de nos plus beaux spécimens, en provenance direct des îles Indigènes, s’enorgueillit Jher. Il est en bonne santé, exempt de maladie, et fort comme un taureau. J’ai pris la liberté de le marquer de votre écusson.
Un silence de plomb était tombé sur l’assemblée. Tous avaient les yeux rivés sur le jeune homme.
— Seigneur Jher, commença le monarque en mesurant ses mots. J’apprécie le geste, mais vous n’ignorez pas que l’esclavage n’a plus cours depuis des années à Elhyst, et qu’il est encore tout juste toléré dans certaines provinces.
— Mais qui vous parle d’esclavage mon Roi? Ce terme est bien trop sordide et réducteur, nous préférons les qualifier de… remercieurs. Ces hommes sont heureux qu’on les sauve de leur petite vie insipide, et c’est en toute logique qu’ils souhaitent nous remercier en nous aidant dans nos taches ; ils le font de bon cœur, je puis vous l’assurer. Nous savons bien que depuis la mort de votre père, –un grand homme si vous voulez mon avis– beaucoup de chose ont changé.
Le souverain vacilla à l’évocation de son géniteur, des souvenirs douloureux se rappelant à lui. Il toussota pour se redonner contenance.
— Et comment se porte votre père, l’honorable Kardum ? Il a pour habitude d’effectuer ce voyage chaque année, comme un pèlerinage. Rien de grave à déplorer j’espère.
— Rien de cela mon Roi, bien au contraire. Les affaires sont florissantes, et en tant que doyen de la guilde des commerçants, il a fort à faire en ce moment. Il vous transmet également ses plus sincères amitiés. Il a appris l’annonce du mariage entre votre fils et Dame Akaran, et se félicite des futurs échanges que vous pourrez avoir ensemble.
Evidemment ! Le vautour n’a pas perdu de temps pour planifier ses futures transactions avec ses partenaires du sud. Quand deux démons se rencontrent…
— Certainement prince Jher, c’est avec plaisir que j’étudierai les modalités d’une alliance commerciale.
— Une dernière chose cependant mon Roi. Vos deux filles sont à présent en âge de se marier, et il y aurait peut-être là une occasion de renforcer encore un peu plus notre entente. Consentiriez-vous à m’accorder la main d’une d’entre elles ?
— Heu… pardon…, bafouilla Déleber prit de court. Parlez-vous de la princesse Nemyssïa ou de la princesse Eyanna ?
L’Affanite balaya la question d’un geste comme on chasse une mouche.
— Est-ce important ? Choisissez pour moi, j’ai récemment perdu ma troisième femme, et mon père souhaiterait me remarier au plus vite afin que la bienséance soit respectée. Un prince Affanite sans ses sept compagnes serait mal vu.
Devant la mine renfrognée de son interlocuteur, Jher crut bon de préciser :
— Bien sûr, elle sera heureuse, couverte de richesses, et honorée chaque sixième jour de la semaine.
— Je ne peux, hélas, pas grand-chose pour vous jeune prince, le coupa le Roi d’un ton abrupt. Mes filles sont seules maîtresses de leur avenir, et il leur appartient de se choisir un époux.
Contrairement à ce que mon propre père avait décidé pour moi.
— Bien Sire, s’il ne tient qu’à ça, j’irai conquérir le cœur d’une de vos filles dans la soirée. Merci pour votre accueil, il est temps pour moi à présent de profiter de votre hospitalité.
L’affanite se retira, escorté par ses trois cents libellules. Déleber se frotta le visage, sous le regard goguenard de son frère. Un éclat de rire familier résonna dans la salle du trône ; au moins Nemyssïa avait-elle l’air d’apprécier la soirée. Elle discutait avec un individu pour le moins singulier, qui semblait lui baiser le bras. Ses hauts-de-chausses semblaient être un assemblage étonnant de feuilles, de branches et de petites fleurs bleues, recouvrant des collants d’une matière indéfinissable. Sa tunique, elle, était composée de longs épis de petites fleurs en forme de clochette, aux couleurs vives et harmonieuses. Pour finir, la coiffure de l’homme était un mélange anarchique de longs cheveux châtains et de… chardons bleus ? Les fleurs étaient enroulées dans des mèches, et les tiges piquantes émergeant de la chevelure évoquaient vaguement la silhouette d’un hérisson. L’ensemble était plutôt… surprenant. Eyanna leur tenait compagnie, il était rare de voir les deux jeunes filles ensemble tant elles étaient différentes. Un peu plus loin, Ethyer s’était isolé avec Corelle Akaran. De quoi sa fille l’avait-elle qualifié déjà ? Ah oui, de « Gorgone ». Déleber sourit. Il est vrai que la jeune fille n’était pas un modèle de beauté conventionnel, et malheureusement, son esprit ne semblait pas non plus être son atout le plus marqué. Néanmoins, elle serait un jour Reine d’Eryon, et à ce titre, elle méritait le respect. Il lui faudrait en toucher un mot à Nemyssïa à l’occasion.
— Votre majesté ! L’ambassadeur de Kler Betöm la Fière !
L’annonce du héraut le fit sursauter, le tirant brutalement de ses réflexions. Il porta son attention sur l’homme au crâne rasé qui s’avançait vers lui, suivi d’une cinquantaine de jeunes filles. Ce dernier s’arrêta au pied du trône et le fixa droit dans les yeux, raide comme une lance, sans aucun geste cérémonial.
— Roi Estelon, voici nos protégées, lança-t-il d’une voix sèche.
Les jeunes femmes ne bougeaient pas, le regard fixé sur le dallage de la pièce. On était loin du caractère déluré des Abyssales, ou même de celui des Affanites, plus fougueux. Il est vrai qu’en terre estrienne, naître de sexe féminin était déjà considéré comme un premier échec de vie. Elles étaient destinées à la reproduction et à servir les mâles, et ce n’était certainement pas leur souveraine qui allait améliorer leur condition.
— J’avais cru comprendre que le fils du Bras serait parmi nous ce soir. N’était-il pas censé prendre la route avec vous ?
Le coin de lèvre de l’émissaire se releva, dévoilant une canine dans un rictus féroce. Un homme dangereux, en déduisit le monarque.
— Oh ! Le petit prince ne devrait plus tarder à nous rejoindre, il avait à cœur de découvrir les fameuses maisons closes qui font la réputation et le charme d’Elhyst, mais nul doute qu’il fasse bientôt une apparition.
Quelques cris d’indignation s’élevèrent dans la salle, les convives fixaient le nouveau venu d’un air outré, dont celui-ci ne semblait avoir cure.
— Merci pour ces précisions, Messire... ? grogna le roi, contrarié.
— Crésone, Sire, capitaine de la garde personnelle de la Dame du Bras Jilène Derbeniss.
A ce moment là, le souverain devina plus qu’il ne vit une masse sombre le frôler, à une vitesse quasi surhumaine, et se jeter sur l’homme.
— Mandler ! hurla Althaer en le saisissant au cou de son énorme battoir et en l’entrainant au sol dans sa course.
L’estrien, loin d’être déstabilisé, se dégagea de l’emprise tout en effectuant une roulade sur le côté et se releva dans la foulée. Les deux hommes se faisaient à présent face. Déleber n’avait jamais vu son frère dans un état pareil. Les yeux injectés de sang et une respiration rauque, il ressemblait à une bête sanguinaire. La musique s’était tue, et les invités s’étaient rapprochés.
— Mon vieil ami ! le railla Crésone. Je ne t’avais pas reconnu sous cette barbe ébouriffée. La vie de château te va bien, tu sembles apprécier festoyer.
— Que fais-tu là fiente de cancrelat ? Immonde rat ! Comment oses-tu te pointer devant moi la bouche en cœur ?
— Je suis venu te présenter les donzelles de ma patrie, peut être en trouveras-tu une à ton goût ?
— Je vais te faire profiter de notre hospitalité ! vociféra le géant en attrapant une chaise par le dossier.
Crésone s’écarta brusquement en évitant le siège qui se fracassa sur le sol à quelques pouces seulement, et il balança sa jambe dans les jambes de son agresseur, le faisant tomber lourdement au sol.
— Je te trouve plutôt agile pour quelqu’un qui s’est fait larder le flanc par un ongle !
— C’était il y a longtemps, haleta le colosse en se relevant péniblement. J’ai eu tout le temps de guérir !
— Je ne pense pas non, pas une blessure pareille, avec une arme de ce genre… siffla Mandler avec un regard inquisiteur.
— Gardes ! Faites donc visiter nos geôles à ces deux vauriens ! tempêta le monarque.
Les soldats s’avancèrent en hésitant.
— Sire… et le seigneur Althaer… ? s’enquit l’un d’eux.
— Il mérite également de se rafraichir les esprits ! répondit le Roi en lançant un regard furieux à son frère. Nous verrons bien si passer une nuit glaciale sur une paillasse de pierre calme les ardeurs de ces deux crapules !
Les bagarreurs furent escortés sous bonne garde hors de la salle du trône. Althaer fixait le sol d’un air buté, tandis que Crésone balayait l’assistance d’un air narquois et de défiance.
*
— Eyanna ! Tu rêves ma fille, penses-tu vraiment que c’est de cette façon que tu te trouveras un mari ?
La princesse contempla sa sœur. Elle était somptueuse dans sa robe brodée violette, habillée de sa cape d’apparat fourrée d’hermine, et ses longs cheveux auburn détachés lui recouvrant harmonieusement les épaules. A ses côtés, la jeune fille avait la sensation de ressembler à une grenouille, c’était un miracle si Dame Eline avait réussi à fixer quelques tresses avec ses cheveux récalcitrants.
— Et qu’est-ce qui peut bien te faire penser que j’ai pour intention de me trouver un époux ici ? rétorqua-t-elle.
— Peut être parce que tu es la fille du Roi d’Eryon ? Et qu’à ce titre, tu as des devoirs à remplir, n’as-tu donc pas envie de faire honneur à ta famille ?
— Et comment ? En écartant les cuisses devant le premier seigneur à me faire un compliment en faisant preuve d’un peu d’esprit ?
— Pfff, qui te parle d’esprit ? Tache déjà d’attirer l’attention d’un homme, tu tergiverseras ensuite. Si tu continues comme ça, tu pourras t’estimer heureuse si un balourd du Cloaque daigne te regarder, ricana Nemyssïa.
— Et toi ma sœur, quel seigneur te fait rêver ? Plutôt celui qui s’avance vers nous, avec des chardons qui lui poussent au sommet du crâne ? Ou peut-être l’aîné Justé, qui te lance des œillades à s’en déboucher les orbites ?
— Où peut-être celui-là, qui s’avance vers Père avec toutes ces richesses, répondit-elle l’air fasciné.
— Le seigneur Affanite ? Peuh ! Même pour toi, c’est tomber bien bas, cracha Eyanna. Vraiment ? T’imagines-tu devoir partager ton mari avec d’autres femmes ? Non, tu es bien trop exclusive pour ça, trop fière…
— Gentes demoiselles ? Aurais-je l’audace de vous importuner pendant votre échange passionné ?
Les deux jeunes filles se tournèrent vers l’importun. Ah, la tête d’artichaut.
— Evidemment ! Soyez audacieux tant que vous le souhaitez ! gloussa Nemyssïa, l’œil brillant.
Eljane toute puissante, quels autres tourments m’infligerez-vous encore aujourd’hui ? soupira intérieurement Eyanna avant de répliquer :
— En quel légume vous êtes-vous grimé? J’ai un peu de mal à deviner, je pencherais pour un brocoli, mais je vous avoue que les tiges qui dépassent de votre tête me laissent quelque peu dubitative.
Nemyssïa adressa un regard furieux à sa sœur. L’homme resta un instant interdit, avant de se reprendre rapidement.
— Certes, je conçois que mon accoutrement puisse interloquer un esprit prosaïque, mais je vais m’efforcer de vous ouvrir à la poésie qui anime mon cœur. Permettez-moi en premier lieu de me présenter, vous avez devant vous le maître-artiste Ancolie, spécialiste de l’éphémère.
Eyanna pouffa.
— Ancolie ? Vraiment ? Comme la fleur ?
— Et que pensez-vous que signifie le mot « Doline », le magnifique prénom de votre mère ? Nous autres, habitants d’Abysse, choisissons notre prénom nous même, un mot lié à la nature, lorsque nous avons trouvé notre voie, de façon à créer une osmose entre notre art et notre appellation.
— Et en quoi l’ancolie serait-elle un symbole éphémère ? Si ce n’est que comme toutes fleurs, elle fanera un jour.
— J’imagine que la cité d’abysse est pour vous assez mystérieuse, sussura-t-il d’un ton condescendant. Voyez-vous, notre ville se situe au bord d’un gouffre sans fond, avec un ciel majestueux pour unique horizon. Et notre climat est très propice au développement de cette magnifique fleur, qui peut être blanche, bleue claire, jaune pâle, ou encore rose selon la variété. Elle pousse à profusion sur le bord ouest de notre monde. Il faut savoir que notre région est parcourue de violents vents d’est au printemps.
— Et ? s’impatienta Eyanna qui ne saisissait pas le rapport.
— J’y viens ! Et donc, cette plante, n’appréciant pas les courants d’air, ne peut résister à ces puissantes bourrasques printanières. Et c’est dans une explosion de couleurs qui ravie les yeux et qui régale l’esprit, que toutes ces fleurs s’envolent, se dispersent une fois par an, alors qu’elles sont arrivées à maturité. C’est un arc-en-ciel de pétales multicolores qui emplit les cieux, et qui s’évade vers l’infini du gouffre, un ravissement pour l’âme. Existe-t-il évènement plus magnifique au monde que cet envol temporaire ? C’est en tout cas ce qui m’a décidé à me diriger vers l’art éphémère.
— C’est…beau, tellement émouvant…, commenta Nemyssiä, l’œil larmoyant.
— Probablement ce qui explique votre tenue, continua Eannya en jetant un regard admiratif à sa sœur. Quel talent, elle est vraiment douée.
— Vous avez tout compris, jeune bourrache, glissa le maître-artiste, provoquant un haussement de sourcil de la princesse. En effet, je me targue de ne porter que des tenues d’un jour, ce qui pousse à une certaine rigueur, je le concède.
— Je suis surprise, dit Eannya en attrapant entre les doigts une petite fleur en forme de clochette fixée à la tunique, de croiser des lupins si tôt dans l’année.
— Ah ah ! Notre demoiselle est une fine connaisseuse dirait-on, futur herboriste peut être ? N’avez-vous jamais entendu parler de notre marraine ? Elle possède certains pouvoirs, dont celui notamment de réchauffer l’air sur des surfaces restreintes. Si vous préférez, elle stimule une portion de terre en lui faisant croire que la belle saison est déjà arrivée alors que nous sommes encore en hiver. Très pratique pour avoir des plantes tout au long de l’année.
— Non, je…
Ancolie se tourna brusquement vers le trône, délaissant son interlocutrice.
— Mais quel est donc ce magnifique spécimen ? s’extasia-t-il. Cette peau noire ébène, ce corps sculpté dans le marbre! Il faut absolument que je l’introduise dans une de mes œuvres éphémères !
Les sœurs se tournèrent également vers l’objet de son intérêt soudain. Le prince Affanite offrait-il réellement un esclave à leur père ?
— Eljane, c’est monstrueux, gémit la jolie rousse.
— Pour une fois, je suis bien d’accord avec toi…
Leur père géra la situation avec tact et courtoisie, comme il avait coutume de le faire.
— De quel genre d’art parliez-vous maître-artiste ? demanda Nemyssïa sans parvenir à détacher son regard du bel indigène.
— Ah, princesse, il s’agit là d’un art d’une grande beauté, de scènes que je créé, qui ne sont destinées qu’à l’œil et à la mémoire de l’instant, dont seul les personnes présentes peuvent se souvenir. Aucune peinture pour se rappeler de ce moment. Une jolie plante comme vous, aussi gracieuse, avec des traits si fins, aurait sans nul doute une place de choix dans une de mes créations.
L’abyssal, joignant le geste à la parole, attrapa la main de la princesse et y déposa de petits baisers en remontant l’avant bras, sous le regard écœuré de sa sœur. Nemyssïa explosa de rire, gloussant d’aise.
— Je vous imagine dans votre plus simple appareil, entourés de mâles, pétrissant sensuellement vos formes voluptueuses, au milieu de champs d’iris…
Le génie était visiblement en pleine crise créative, il continuait de tenir le bras de la jeune femme et poursuivait son ascension de baisers, laquelle ouvrait à présent de grands yeux éberlués et vaguement inquiets, sous le ricanement discret de sa sœur. La fièvre artistique du fantasque personnage fut soudain interrompue par un cri de rage. Une rixe venait de débuter entre… leur oncle ? et un homme trapu à la mâchoire carré et au faciès peu engageant. Et visiblement, le frère du Roi n’avait pas l’avantage.
Sinon, j'ai lu un peu des commentaires et je confirme certaines choses, la dispute avec le frère du roi s'est lancée sans aucune transition, de fait, j'ai du relire 3x pour bien comprendre que le frère s'était jeté sur l'homme. Je suppose qu'il n'y a pas de mal à prendre la peine d'écrire une ligne de plus pour mieux appuyer ce qu'il se passe et ne pas rendre la scène trop confuse.
Par contre, je suis contre certains avis, le chapitre est très bien ainsi dans sa construction. Etant donné qu'il prend 2 points de vue de la même scène, le découper en deux chapitres distincts aurait été un peu lent, alors que la, ça me semble cohérant. Inverser les deux blocs n'est pas forcément nécessaire non plus mais ce n'est que d'avis personnel que j'ai préféré lire le point de vu du roi avant de celui des filles.
En ce qui concerne l'altercation entre Althaer et Mandler, je ne peux que me joindre à vos avis: c'est pas très clair, je reprendrai cette partie.
Je suis content que tu apprécies la construction, c'est un peu particulier, et j'avais envie de tenter l'expérience. Ca ne passe pas pour tout le monde. A voir si je conserve ou si je change.
Merci pour ton commentaire!
A bientôt!
La suggestion de Sebours d'inversion me paraît pertinente.
J'ai beaucoup aimé l'arrivée de l'Affanite et sa discussion avec le roi, on voit deux cultures différentes se heurter, c'est très parlant.
Le passage avec la dispute entre le frère du roi et Mander m'a semblé un peu confus, j'avais un peu du mal à comprendre ce qui se passait.
Rien à dire sur la deuxième partie avec les princesse, je l'ai beaucoup aimée. Cette idée de mettre des fleurs sur la tête est très amusante.
Quelques remarques :
"avaient été disposées" -> disposés
"et je vous chérie" -> chéris
"visiblement inscrite au fer rouge," espace de trop
Un plaisir,
A bientôt !
Pour les Affanites, je prévois tout un arc sur eux, je commence à semer des indications.
Merci pour tes commentaires, ça me sera bien utile pour reprendre tout ça!
A bientôt!
…tyéalt…chmoi… La reine prononce toujours la même chose! Est-ce un élément essentiel? Mystère.