garder sa main

J'ai sur les bras trois autres enfants. Trois autres chiards, qui chient chialent. Ils pleurent leur sœur, se foutent de moi. Font comme s'ils étaient tristes, comme s'ils étaient mère. Qu'ils avaient perdus plus qu'une poupée, qu'un doudou.

C'est un trou dans la fratrie, je ne compte plus que trois au lieu de compter quatre. Aux dîners, nous sommes bancals. Sommes cinq. Nous penchons, sans personne en bout de table.

Ils crient ils pleurent, ils crient sœur sœur, s'en veulent. Sont les grands, les plus grands qu'elle. Des enfants plus adultes. Auraient pu, auraient dû faire gaffe, garder sa main - belle main - dans leurs mains dégueulasses. De frère, de sœur, irresponsables. Sales gosses incapables de garder ma fille dans les parages.

Je les échangerais. Eux contre elle.

S'ils pleurent, s'ils crient, s'ils supplient, s'ils mendient, s'ils jurent, s'ils outragent, ragent, s'ils frappent, s'ils angoissent, s'ils chouinent, s'ils chougnent, s'ils larment, s'ils hurlent, sachez-le vous lecteurs, sachez-le vous enfants, ce n'est rien.

Petit chagrin à deux balles, comparé au mien. Celui d'une mère qui perd un enfant vaut mille.

Moi, tous les soirs, dans mon lit, je crie fille fille.

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