Génétique

Par Rachael

1658 AÉ, 085ième

Ma cabine sur le Maxilien Roska

 

Les télépathes comme l'Autre résultent-ils d'un miracle de l'évolution humaine ?

Miracle, hein ?

Gardons dieux ou démons en dehors de tout cela... J'ai en chemin, quelque part, laissé se déliter les croyances inculquées par mes pères, sans les remplacer par d'autres.

Ou sinon quoi ? Des aberrations génétiques bricolées par le hasard ? Des occurrences à la probabilité infinitésimale, dirait-on en termes mathématiques ? Comme si un dé lancé un milliard de fois tombait invariablement sur la même face.

Un dé pipé, alors ?

Un tour de magicien orchestré par les ancêtres de nos ancêtres ? Ou plutôt un ratage d'apprenti sorcier, un de plus...

 

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On raconte que ceux qui sont venus dans ce coin de galaxie fonder notre civilisation, il y a près de deux mille ans, auraient accompli cet exploit avec pour seul dessein d'abandonner derrière eux les excès de leurs contemporains. Ce qu'ils nommaient le grand capharnaüm génétique menaçait de les engloutir en les déconstruisant de l'intérieur. Un cheminement à rebours, en accéléré, déstructurant ce qui avait été patiemment ciselé par des millions d'années d'évolution.

Ces ancêtres, fuyant un péril sournois, auraient dormi des centaines d'années à l'intérieur de vaisseaux bien moins sophistiqués que le Maxilien Roska, dans l'espoir de retrouver une humanité sans taches. Ambition illusoire ? Ont-ils emporté au cœur d'eux-mêmes ce à quoi ils tentaient de se soustraire ?

Je n'ai jamais su si cette fable tenait de la propagande des illuminés de la pureté raciale ou si elle contenait un fond de vérité.

Mais comment comprendre qu'une civilisation avancée comme la nôtre ignore tout de ses origines ? Mensonge ? Dissimulation ? Peur ?

Comment expliquer que sur nos planètes, la science génétique ait été prohibée pendant de nombreuses générations ? Et qu'un parfum de soufre plane sur ses accomplissements, aujourd'hui encore ? Peur, là aussi ? Désir d'éviter les erreurs du passé ?

Le généticien de l'équipe a dû sûrement me maudire de l'ennuyer régulièrement avec ce genre de questions oiseuses. Il n'en détient pas davantage que nous les réponses. Pourtant, c'est lui qui est venu me voir un soir, l'œil hagard, ses cheveux grisonnants ébouriffés, après avoir enfin réussi à décrypter les échantillons que nous avons collectés de nos cibles.

Si les télépathes ordinaires se distinguent par quelques gènes divergents bien connus et répertoriés - que beaucoup de non-télépathes possèdent également, ceci dit -, le patrimoine de nos spécimens s'est révélé beaucoup plus surprenant. Chiffres à l'appui, Edbarl m'a démontré que la chance d'obtenir cette double mutation fonctionnelle sur le même gène est si faible qu'on devrait écrire une page serrée de zéros pour en énoncer les décimales.

Alors, mutation naturelle ou artificielle ?

La nature peut-elle jouer ce genre de farce à la probabilité infinitésimale ?

Ne faut-il pas plutôt croire que nos ancêtres, avant l'éparpillement de l'humanité dans les étoiles, avaient poussé assez loin la démesure pour créer ces chimères ?

Volontairement ?

Ou pas ?

 

 

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EryBlack
Posté le 24/06/2015
Ah, alors là, tu soulèves une question PASSIONNANTE. Depuis le début, depuis Arthen, je me demande d'où ils sortent, les télépathes. Parce que ton histoire c'est clairement de la SF, alors je cherche la jonction entre notre époque et la leur. Qu'est-ce qui s'est passé ? Sengo se pose exactement les questions que j'aurais posées. Quand, pourquoi, comment, et volontairement ou non. J'espère vraiment qu'on trouvera un semblant de réponse, que ce soit à ses côtés ou auprès d'Arthen ou Naelmo. C'est ça aussi qui fait la force de cette fiction, c'est qu'elle est une pièce du puzzle. Le regard d'adulte de Sengo nous apprend des choses qui sont complémentaires à ce que qu'Arthen et Naelmo apprennent. Tu tisses un univers vraiment génial avec toutes ces histoires, j'espère vraiment qu'elles seront publiées un jour comme elles le méritent.
Et tiens, en lisant le chapitre précédent, j'ai pensé à quelque chose. J'ai jamais été fan de yaoi, de relations entre hommes en général. Ça m'a jamais fait frétiller, si l'on peut dire, genre en regardant Sherlock, je préfère voir une histoire d'amitié, fusionnelle et intense, plutôt qu'une romance dissimulée. Mais ici, entre Sengo et l'Autre, c'est complètement différent. Il y a plein de trucs qui se mêlent, l'intérêt qu'ils ont chacun l'un dans l'autre, les "interdits" qu'ils se posent, et cette espèce de lutte ; mais en regardant le tout, j'y vois une histoire d'amour. Et ça, ça a toujours su me parler. Ce que je veux dire, c'est que tu réussis à faire un peu taire le côté sulfureux de leur relation, et ça j'aime beaucoup ! C'est bien sympa de frétiller quand il se passe des choses entre eux, mais j'aime encore plus quand je fond, tout bêtement, parce que je les trouve tellement touchants. Enfin bref, ça aussi, c'est super bien fichu, quoi. j'ai bien peur de pas être claire, mais si tu dois retenir juste une chose, c'est que j'adore ce que je lis, voilà !
Rachael
Posté le 24/06/2015
Sur le Yaoi, je me pose toujours la question de ce qui attire les lecteurs (ou plutôt les lectrices) vers ça. Quelquefois pour moi ça fonctionne, et d'autres pas. En fait, les histoires où on met du sexe pour avoir du sexe, ça ne m'attire pas du tout. 
Ce que je trouve intéressant en fait, c'est le développement d'une relation entre deux personnes avec cette liberté qu'on n'est plus dans les stéréotypes des relations homme/femme mais dans des choses à inventer, sans le balisage plus ou moins subtil qu'on trouve dans les relations plus "classiques". (chais pas si jsuis claire ?) 
Donc ici, oui, c'est clairement une histoire d'amour (compliquée, houleuse, avec des doutes, des luttes), et je crois que c'est ça qui touche le lecteur, au delà de l'aspect "sexe" qui reste d'aileurs toujours assez suggéré. 
On peut dire que c'est un puzzle, en effet, j'essaye que chaque pièce ait un sens indépendamment des autres, parce que le lectorat n'est pas tout à fait le même...
Publish or not publish, we'll see...
Pour le journal, je n'y ai pas du tout réfléchi encore, j'avais vraiment écrit ça au pano pour "voir" comment ça marchait d'écrire vite, et je vais d'abord finir de le poster, je le laisserai reposer après. 
Elka
Posté le 20/06/2015
Un petit mot sur le chapitre précédent que tu as remanié. Je le trouve très bien ainsi. Les hésitations de Sengo sont clairement exprimé, sans que ça prenne trop de temps (ce qui ne casse pas le rythme global). Donc pour moi, c'est bon <3
Ce chapitre, à présent, jette une lumière neuve sur ton univers. Il est relié à Arthen/Naelmo, hein ? Faudra VRAIMENT que je lise ! Surtout que ce genre de chapitre éveille une sacré curiosité chez moi : manipulation génétique alors ? Tout porte à le croire en tout cas. Mais qui, comment, pourquoi ?
L'Autre en aurait-il été directement victime, ou plutôt l'un de ses ancêtre dont il aurait hérité les gênes ? Tu parles après tout d'ancêtres fuyant des ratés génétiques.
Ahlala ça esquisse un fond sacrément intéressant à ton univers ! <3
Rachael
Posté le 20/06/2015
Bon, alors le chapitre précédent est validé ! Je me suis dit que vous aviez raison, ça allait trop vite, il fallait que je prenne un peu plus de temps pour que expliquer la réaction de Sengo.
Oui, tu as bien vu, c'est le même univers mais ça ne va pas forcément te paraître évident si tu lis le début d'Arthen, parce que ça se passe ailleurs. Mais l'univers est le même dans les trois textes sur PA ; et j'ai aussi écrit d'autres trucs avant dans le même univers, avec un style pourri (il fallait bien commencer...). Ca m'a aidé a créer un univers qui est bien développé maintenant . Et comme je m'y sens bien, je continue à explorer (non, je ne suis pas du genre obsédée, pas du touuuuut). 
Manipulation génétique, sûrement, mais c'est perdu dans un passé lointain et volontairement oublié, alors personne ne sait plus très bien. C'est raconté en partie dans Arthen aussi, mais sous un autre angle. 
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