« Rose et Armand se sont rencontrés lors d'un bal et sont tombés éperdument amoureux l'un de l'autre. Comme une évidence, ils ont rapidement aménagés ensemble, dans une grande maison en Ardèche. Leur vie était idyllique jusqu'au jour où Armand a disparu sans laisser de traces. Rose était bouleversée, sa vie prenait un tournant dramatique. Elle n'a jamais cru que son amour l'avait quitté. Elle était persuadé qu'il lui était arrivé malheur. Les gendarmes ainsi que les voisins et amis de Rose ont entrepris des recherches, ont effectués des battues sans aucun résultat. L'enquête n'a jamais aboutie. Armand avait bel et bien disparu dans des circonstances mystérieuses. Le temps passant, l'espoir a laissé place à la résignation, plus personne ne recherchait Armand. Seule Rose a gardé l'espoir de son retour. Une femme forte et amoureuse qui a passé le restant de sa vie à l'attendre jusqu'à sa propre mort où on espère qu'elle l'a rejoint. Si on suppose qu' Armand soit mort...
Néanmoins, peu après la mort de Blanche, sa nièce et ses deux fils sont venus s'installer dans la grande maison ardéchoise où les secrets et souvenirs des deux amoureux sont restés enfermés. Les deux garçons, en apprenant l'histoire de leur grande tante, s'étaient donnés une mission, celle de comprendre les raisons de la disparition de leur oncle et pourquoi pas celle de le retrouver. Leur enquête commença au grenier où toute la vie de leurs ancêtres s'était accumulée. Il n'y avait plus qu'à ouvrir les cartons : boites à Pandore ou boites à révélation ? Ils n'étaient vraiment pas au bout de leurs surprises... »
Léana termine de lire le début de l'article rédigé par Sam pour son feuilleton :
— C'est génial Sam !!! J'adore ! J'ai trop hâte de lire la suite !!
Sam est surpris par le retour emballé de Léana, il n'en espérait pas autant. Au fond de lui, sa fierté s'épanouit. D'habitude, c'est lui qui admire l'assurance de Léana. Depuis la rentrée, jour de leur rencontre, il espérait qu'elle le regarde avec les mêmes yeux qu'actuellement, des yeux plein d'admiration et d'émerveillement. Partage t-elle les mêmes sentiments que lui? Le moment est idéal, gonflé à bloc par l'énergie positive de Léana, il prend son courage à deux mains en s'approchant avec maladresse de la demoiselle. Il pose un baiser furtif sur ses lèvres. De suite, il fait un pas en arrière, et attend sa réaction. Elle ne bouge plus, comme éteinte. Le baiser a fait l'effet d'un interrupteur à émotion. Elle est toute blanche voire transparente. Puis, la jeune fille se recharge, reprend des couleurs et se jette au cou de Sam pour lui rendre ce baiser, cette-fois plus long, plus langoureux. Les deux adolescents se regardent avec le sourire gêné, ils se sentent honteux et heureux à la fois. Ce jeu de séduction prend fin avec l'entrée fracassante de Timothé toujours aussi discret et la douce Sara :
— Ah mais vous êtes déjà là tous les deux !!! hurle t-il avec sa bonne humeur légendaire. Tiens j'ai comme l'impression qu'on dérange là.
—Non, non pas du tout, s'insurge Léana qui s'empresse de changer de sujet de conversation. On était juste en train de discuter de l'article de Sam. Il veut lancer un feuilleton genre polar. Son histoire est démente !! Raconte leur Sam !
Léana refourgue la parole à Sam comme pour se débarrasser d'une patate chaude qui lui brûlerait les doigts. Embarrassé, Sam doit rebondir avec sa patate entre les mains pour trouver les bons mots sans se sentir trop ridicule.
— Heu oui, alors heu, j'ai inventé cette histoire à partir d'un récit familial...
Sam reprend peu à peu ses esprits, son enthousiasme dépasse son embarras. Passionné, il leur raconte la disparition de son oncle, l'attente de sa tante, l'enfant, les différentes théories échafaudées avec Théo dont l'accident, le meurtre, la fuite. L'exaltation de Sam fascine son auditoire, tous l'écoutent et le regardent captivés par son exposé. Il entend à peine les applaudissements de ses camarades tellement son esprit s'est envolé. Léana soutient son regard avec un sourire complice. Il a la sensation de flotter comme dans une bulle légère au milieu du petit local qui fait office de journal.
*
Théo est assis au fond de la classe à côté d'un autre jeune. Ce dernier a positionné sa chaise le plus loin possible de Théo. Il est quasiment assis dans l’allée. Le jeune homme lui signifie avec insolence sa volonté de n'avoir aucun contact avec lui. Certes, Théo se sent rejeté, néanmoins, il préfère l'ignorer. Il s'en fout de ce que ce mec pense de lui. Théo s'ennuie, il ne supporte plus d'entendre le prof parler d'intégrale et de primitive. Il en a rien à secouer des maths et préfère gribouiller sur son cahier. Il arrive à glisser discrètement son écouteur Bluetooth dans son oreille droite pour écouter de la musique sans que son voisin s'en aperçoive. Alors que David Bowie murmure à son oreille "the man who sold the world", son esprit décroche du cours de math et vagabonde dans tous les sens. Il pense à l'histoire de son frère. Cette idée d'enquête lui plaît. C'est vrai qu'elle est étrange cette disparition. Égaré dans ses pérégrinations, il ne remarque pas les regards se tournaient vers lui et les ricanements s'intensifier. Un flash interrompt sa rêverie, son voisin vient de prendre une photo de son cahier avec son téléphone, Théo réagit avec virulence :
— Putain mais tu fais quoi là ?
— Ta gueule ducon je n'ai rien fait !!! dit-il avec un sourire narquois.
Alors que les autres continuent à pouffer de rire, Théo constate qu'il a écrit sans s'en rendre compte le prénom Nathan une multitude de fois sur la page de son cahier. La honte le submerge. Les autres ricanent de plus belle et son voisin cherche à le ridiculiser un peu plus :
— Alors tu es amoureux de ce Nathan, petit phoque ?!
La honte se transforme en une colère dévastatrice. Théo se jette violemment sur le fauteur de trouble, lui balance un gros coup de poing dans le pif. Du sang coule. Pris au dépourvu, l'autre se cache le visage avec le bras. Théo lui assène plusieurs coups qui ne font qu'atteindre son bras. Le prof le supplie d’arrêter seulement la rage le rend sourd, il veut le détruire. Deux bras s'agrippent à lui et le tirent en arrière. Il s'en fout, il peut toujours donner des coups de pieds. Le prof arrive à le maîtriser et le cloue au sol. Théo ne peut plus bouger, son professeur le contient de tout son poids.
— Contrôle toi Théo, je te tiens jusqu'à ce que tu te calmes !!
— Lâchez moi bordel, vous n'avez pas le droit !!! Théo voudrait crier son injustice, dire que c'est l'autre qui a commencé mais il se tait. Personne ne comprend jamais rien. Théo pour ne plus voir les yeux effrayés et plein d'incompréhension de ses camarades ferme les siens. Il s'efforce à se calmer. Au bout de quelques minutes qui représentent une éternité, l'étreinte du professeur se relâche. Ce dernier demande à tous les jeunes restés dans la classe, excepté celui à l'origine de la bagarre, de partir.
—Ça va mieux Théo ? Je vais me relever mais tu me promets de ne pas bouger, ok ?
— Ok c'est bon lâchez moi s’il vous plaît !!
Malgré tout le professeur anticipe l'envie de Théo de prendre la poudre d'escampette en se positionnant devant la porte pour faire barrage.
—Je veux sortir, laissez moi !!
—Tu vas d'abord m'expliquer ce qu'il s'est passé ?
— Rien, c'est l'autre là qui a commencé. Il m'a insulté et il a pris une photo de mon cahier. Il n'a pas le droit !!
— Et toi, tu crois que tu as le droit de lui fracasser la tète comme tu l'as fait ? Tu vas aller t'expliquer devant la CPE, je ne peux pas autoriser un tel comportement dans ma classe. Je t'accompagne. Et toi aussi, dit-il en s'adressant à l'autre jeune le visage ensanglanté.
Théo ressort du bureau du CPE avec un avertissement et une menace d'expulsion au moindre faux pas. La rage au ventre, il fonce vers les toilettes dans lesquelles il s'enferme ; il s'effondre sur le sol, se replie sur lui même et pleure dans ses mains. Il sort sa trousse de son sac et prend un cutter jaune avec lequel il s'entaille à plusieurs reprises l'avant bras. Il a mal mais la douleur physique est beaucoup plus supportable que l'injustice. Il entend quelqu'un entrer dans les toilettes. Persuadé d'avoir fermé la porte à clés, il ne s'attend pas à se trouver nez à nez avec un gamin qui le surprend en train de se taillader les veines. Le jeune garçon horrifié par la scène cherche à s'enfuir. Théo se relève précipitamment pour le rattraper. Il le tire par le pull avant qu'il pousse la porte et le plaque contre le mur. Heureusement, il fait face à un garçon plus petit que lui, probablement un collégien, qui n'a pas la tête à faire mal à une mouche. En le maintenant plaqué au mur, Théo sent les coupures sur son bras le lancer. La douleur le retient de faire encore plus pression sur le jeune garçon.
— Tu n'as pas intérêt à raconter à qui que ce soit ce que tu crois avoir vu, ok ? Sinon je te promets que tu t'en souviendra !
Le garçon terrorisé par le regard menaçant de Théo acquiesce d'un geste de la tête. Théo le relâche et le laisse partir. Seul dans les toilettes, Théo pose la tête contre le mur, il a envie de disparaître.
D'ailleurs je ne m'attendais pas à ce que l'amour de Sam soit réciproque et s'officialise aussi vite ! Tant mieux pour lui hein !
Sinon on a enfin une petite idée sur la raison du mal-être de Théo ! En vrai je ne sais pas pourquoi mais je me doutait qu'une orientation sexuelle différente de la norme en soit la cause. J'ai eu tellement de peine pour lui dans les toilettes...J'espère sincèrement qu'il finira par aller mieux.
En tout cas je comprends sa colère. Les homophobes, ont a tous envie de les fracasser.
Bon sinon on se revoit au prochain chapitre !
merci pour ton retour!
j'ai l'impression d'avoir mis tous l'article en italique moi pourtant, ne voit-on pas la même chose?! :-) Etrange...
c'est vrai que la relation entre Léana et Sam va vite et pourquoi pas héhé
La vraie cause du mal etre de Théo n'est pas encore vraiment révélé mais tu as raison c'est bien au sujet de son orientation sexuellle.
A trés vite alors
A très vite !
Trop drole :-)