Histoires de famille

Notes de l’auteur : premier jet de ce chapitre, où l'on en découvre plus sur la famille de certains protagonistes
(edit du 9/08/23 : j'ai ajouté un nouveau chapitre juste après le prologue, allez le lire si ce n'est pas encore fait ;)

— Grand-mère ! s’exclama Elysandre en découvrant celle-ci assise, entourée de Zéphyr et Baba. Comment ? Qu’est-ce que tu fais ici ? Mais ? bredouilla la jeune femme.

— Eh bien, Elysandre, c’est Baba qui est venue me chercher, expliqua-t-elle tout en se relevant pour aller embrasser sa petite fille. J’étais tellement inquiète !

La grand-mère marqua un temps.

— J’ai beaucoup de choses à te révéler, mais je ne pensais pas devoir aborder tous ces sujets aussi tôt…, soupira-t-elle désabusée.

— Morgan…

— Oui, ma petite, je sais, je sais… Nous allons tout faire pour le retrouver, c’est la raison pour laquelle je vous ai rejoints.

La jeune fille se jeta à nouveau dans les bras de sa grand-mère et fondit en larmes. Toutes les douleurs et les inquiétudes qu’elle avait jusque-là tenté de garder sous contrôle explosèrent. Elle avait espéré que tout ceci n’était qu’un mauvais rêve, qu’elle se réveillerait et même qu’elle le consignerait dans son carnet. L’arrivée de Griselda lui prouva qu’elle ne cauchemardait pas… Après quelques minutes, elle réussit à se calmer malgré sa peine. Margod lui tendit un carré de tissu qu’elle s’empressa d’attraper pour se moucher bruyamment.

— Pardon, ce n’est pas super élégant…, renifla-t-elle dans un ultime sanglot. Merci, Margod.

Celle-ci lui répondit d’un sourire compatissant et bienveillant.

— Ne t’inquiète pas, Elysandre, on va le retrouver ton frère, déclara confiant Sliman. Cette enragée de rouquine ne pourra rien contre nous, tous unis ! Et puis la grande Baba la Blanche est avec nous, ajouta-t-il en appuyant sa tirade d’un salto arrière.

Il atterrit juste à côté du feu que Tewenn et Zéphyr avaient commencé à préparer.

— Oups, c’était moins une que je ne me fasse rôtir les fesses, s’esclaffa-t-il mi-figue mi-raisin.

Griselda affichait un large sourire, ayant aperçu la forme en demi-lune sur le front du cabotin, visible pendant le temps de la cabriole, elle jeta un regard entendu à Baba.

— Griselda, je te présente Sliman, le Zébulon de l’équipe, indiqua la sorcière avec un sourire de connivence envers sa sœur. Et là, Margod, Erin, Ergad et Tewenn sont en train de monter les dômes pour la nuit.

La grand-mère salua tout le monde et se tourna vers sa petite-fille, soudain l’air très sérieux. Elle prit une grande inspiration.

— Ely, j’ai quelque chose à t’avouer, et je pense que tu vas être très surprise…, commença-t-elle. Te rappelles-tu de cette vieille photo dans ma chambre, dans un petit cadre sur ma table de nuit ?

— Oui, tu es dessus avec une jeune fille, ta voisine.

— Eh bien, il s’agit de Baba, et ce n’est pas ma voisine, mais ma grande sœur, annonça-t-elle, contrite.

— Quoi ? Mais ? s’exclama la jeune fille. Tu m’as toujours dit que…

—  Oui, j’en suis désolée, mais j’étais obligée de garder le secret… pour la sécurité de toute la famille…, lâcha-t-elle en jetant un discret coup d’œil à Sliman puis à Baba.

Un silence de stupeur s’imposa, personne n’osait le briser. Les regards allaient de Baba à Griselda, puis à Elysandre et recommençaient leur cycle, incrédules. Au bout de longues minutes, Baba reprit la parole, il y avait encore tant d’éclaircissements à donner.

— J’ai conscience de la multitude de questions qui doivent tourner dans vos têtes, mais le temps presse. Plus Kaëlig garde sous sa coupe Morgan, plus il sera difficile de le détacher d’elle, expliqua-t-elle. Griselda maîtrise l’art du pendule, en le combinant à sa connexion avec son petit-fils, elle va pouvoir le localiser précisément sur le territoire de la nymphe de feu. Il lui était impossible de le faire depuis le monde humain à cause des barrières magiques. Mais il faut aussi contrer les protections de Kaëlig. Pour cela, il faut qu’on se rende sur son territoire, où il n’y aura plus ses défenses à percer. Mais avant cela nous devons tous nous reposer une bonne nuit pour être en pleine forme et tous d’attaque demain.

 

*****

La nuit passa sans encombre, ils en avaient tous tellement besoin. Un sommeil sans rêves ni cauchemars pour Elysandre qui avait dormi tout contre sa grand-mère retrouvée. Le soleil était déjà haut sur l’horizon visible à travers la lisière du bois. Les oiseaux jacassaient à qui mieux mieux dans une riche cacophonie, chacun s’adressant à ses congénères faisant fi des discours enflammés des autres espèces alentour.

Elysandre ouvrit difficilement les yeux, les poings pressant ses paupières encore collées, la lumière filant entre ses cils, transperçant son crâne de mille aiguilles. Elle soupira et se retourna afin de se protéger du jour.

— Elysandre, ma chérie, il est déjà tard, lui dit Griselda de sa voix chaleureuse, emplie d’amour pour sa petite fille.

Elle l’observait, réalisant à quel point sa petite Ely n’était plus une enfant, mais bien une jeune femme. Ces quelques jours en forêt des Saules bleus l’avaient changée, même si la chrysalide n’avait pas encore libéré le papillon qu’elle n’allait pas tarder à devenir. Griselda soupira en caressant le dos de sa petite fille qui s’était rendormie.

— Ely… Ely… Il est l’heure de se lever, affirma-t-elle avec une plus grande conviction, tout en relevant les cheveux collés au front de la jeune femme.

Griselda jeta un œil à sa sœur puis reprit la parole.

— Nous avons encore quelque chose à vous révéler avant de lever le camp, Baba et moi… Vous êtes tous devenus assez âgés pour savoir. Rejoins-nous dès que tu seras habillée auprès du feu.

 

La jeune fille s’approcha de la petite assemblée, tout le monde étant présent, elle s’excusa pour avoir traîné au lit et s’assit près de sa grand-mère.

— Ah ! Te voilà enfin ! sourit Griselda. Baba, je te laisse la parole.

La sorcière posa ses mains bien à plat sur ses genoux, inspira un grand coup et se lança.

— N’ayant que peu de temps je serais brève dans mes explications, pour l’instant. Il y a un peu plus de vingt ans, j’ai eu un enfant… commença-t-elle.

Sa sœur lui prit la main en soutien.

— C’était un petit garçon, malheureusement sa vie était en danger tant qu’il ne serait pas devenu adulte… J’ai dû m’en séparer au bout de quelques semaines, le temps de l’allaiter suffisamment pour lui transmettre tout ce dont il aurait besoin et le préparer à sa vie dans l’anonymat. Je l’ai confié à un couple d’amis Nergaléens....

Elle s’arrêta et tourna son regard vers Sliman, les yeux brillants et humides. Un oh » de stupeur parcourut la troupe.

— Oui, Sliman, c’est bien de toi qu’il s’agit, souffla-t-elle. Je t’ai reconnu tout de suite grâce à ta marque de naissance, mais je ne pouvais rien dire sur l’instant, j’aurais voulu attendre que vous ayez terminé votre quête… Mais les récents événements et la situation, font que je préfère te révéler cette vérité avant la bataille pour le cas où…

— Ne t’inquiète pas, ma sœur, la coupa Griselda, tout va bien se passer. Nous aurons tout le temps de nous expliquer plus tard.

Sliman qui était resté muet comme une tombe, se leva avec lenteur, fixa sa mère dont il ne savait rien quelques minutes plus tôt et se dirigea d’un pas raide vers les arbres.

— Sliman ! Où vas-tu ? s’inquiéta Baba.

— Il a besoin de réfléchir et de digérer ce qu’il vient d’entendre, lui suggéra sa sœur. Finissons de rassembler les affaires pendant ce temps. Il va revenir, je n’en doute pas.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez