Sliman (titre provisoire)

Notes de l’auteur : les chapitres qui suivent sont des premiers jets, pardon pour les coquilles et sûrement le côté un peu brouillon.
Vos remarques sont les bienvenues, comme pour tous les chapitres précédents, merci pour votre lecture.
Merci à tous ceux qui arrivent jusqu'à la lecture de ce chapitre, les 2 chapitres suivants sont en cours d'écriture :)
(edit du 9/08/23 : j'ai ajouté un nouveau chapitre juste après le prologue, allez le lire si ce n'est pas encore fait ;)

— Tes cheveux sont magnifiques, Elysandre ! s’exclama Margod. Je te l’avais dit, les Anciens maîtrisent une magie que nous avons oubliée. Héron n’a qu’à bien se tenir avec ses vilains tours.

— Merci, Margod.

Elysandre but une longue gorgée de lait de renne aromatisé à la violette. Un régal, elle étira un sourire jusqu’aux oreilles.

— C’est délicieux ! Il faudra que je teste avec du lait de vache quand nous serons…, commença-t-elle avant de réaliser que ça ne se serait pas si simple…

— Ne t’inquiète pas, ma jolie, je suis sûre qu’Hywel vous aidera, tous les deux, à retourner chez vous. Elle déteste Kaëlig et va se faire un plaisir de la punir et de récupérer ton frère si nous n’y sommes pas arrivés d’ici à ce que nous soyons retournés à notre village.

Zéphyr entra dans la cuisine, le visage grave. À la vue d’Elysandre, un bref sourire éclaira son visage.

— Il est temps de repartir. Plus de quinze jours se sont déjà écoulés et nous n’avons toujours pas trouvé ce que nous cherchons…, soupira-t-il.

— Je suis restée si longtemps endormie ? s’exclama Elysandre. Je suis désolée…, s’excusa-t-elle. Je vous fais perdre un temps précieux… Vous auriez dû me laisser ici… Au moins le temps de mener à terme vos recherches…

— Ne t’inquiète pas, nous en avons profité pour nous reposer aussi et questionner Klaus pendant des heures, expliqua Zéphyr. Nous n’avons pas encore trouvé, mais nous avons de sérieuses pistes et beaucoup plus d’informations sur la demande d’Hywel. Nous savons à présent ce que signifie « un bouquet de fleurs de Maël ». C’est un grand pas…

Sliman interrompit les explications de son nouvel ami en entrant en sautillant dans la cuisine.

— Zéphyr ! Baba la blanche vient d’arriver ! Elle voudrait tous nous parler dans la grande salle. Venez vite !

Elysandre et Margod avalèrent d’un trait le reste de leur tasse et se levèrent à la suite de leur chef.

 

Baba était assise sur un large fauteuil rouge

Les sourcils froncés malgré un grand sourire en travers du visage, elle se releva en voyant entrer Elysandre. Elle fit quelques pas vers elle et la prit dans ses bras. Elysandre se raidit d’abord, peu habituée aux grandes accolades, puis se détendit en entendant la voix de la vieille sorcière.

— Que tu es belle !

Elle recula de deux pas pour la détailler mieux.

— Tu as quelque chose de changé, on dirait que tu as, je ne sais pas…, réfléchit-elle tout haut. Tu sembles plus mûre, mais c’est autre chose d’indéfinissable…

— Elle a retrouvé ses cheveux que le lutin d’Urielle lui avait arrachés ! lança Sliman.

— Oh ! Il a osé ? Il ne perd rien pour attendre ce petit avorton ! s’indigna Baba. Merci, mon petit pour cette information, ajouta-t-elle avec douceur à Sliman.

Elysandre, que ses omoplates démangeaient à nouveau, tentait de se gratter discrètement quand la sorcière la scruta avec intensité. Ses yeux virèrent au blanc.

****

Elle le berçait pour la dernière fois, il n’avait que quelques semaines, mais elle ne pouvait le garder plus longtemps… Il serait bien là-bas, loin et à l’abri de… Elle ne voulait même pas prononcer son nom en pensée… Oui, il était temps, un jour, ils se retrouveraient, elle l’espérait de tout son cœur. Elle versa une larme qui coula sur le front du petit être qui s’était endormi en tétant, une goutte de lait perlant encore au coin de sa si petite bouche. Elle le reconnaîtrait avec sa marque… Même son père n’aurait pu le protéger avec plus d’efficacité. L’anonymat serait sa meilleure protection.

****

Baba revint à elle et aperçut la jeune humaine qui la fixait, le regard interrogateur, les sourcils en virgules.

— Elysandre, se reprit-elle. J’ai su que Kaëlig avait toujours ton frère sous sa coupe. Dans une brève vision, j’ai pu me rendre compte qu’elle avait un autre homme de votre espèce en captivité. La vision était floue, mais il semblait plus âgé que ton frère et très musclé. Cette dinde est insatiable ! s’énerva-t-elle. Je vais vous accompagner pour récupérer Morgan et cet inconnu !

— Comment va-t-on s’y prendre ? Elle va encore nous envoyer ses phacochères rougeoyants et pire : peut-être va-t-elle s’en prendre à Elysandre ! s’inquiéta Zéphyr.

— Sliman restera en arrière avec elle, et je prendrai la tête de l’expédition, ces bêtes ne me font pas peur, j’ai ce qu’il faut pour les neutraliser rapidement, lâcha-t-elle, un sourire en coin.

— Je vais vous prêter un de mes traîneaux, annonça Klaus. Plus vite vous aurez débusqué cette mégère rousse, plus vite pour pourrez retourner à votre quête.

Elysandre se retint de rire, non seulement ce vieux monsieur ressemblait au père Noël, mais en plus il avait des traîneaux, tirés par des rennes a priori ! Elle se pinça discrètement le bras, histoire d’être encore une fois sûre qu’elle ne rêvait pas.

— Aïe !

— Elysandre ? Tu vas bien ? s’inquiéta Zéphyr.

— Oui, oui, pardon je me suis pincée sans faire exprès, expliqua-t-elle avec un petit sourire contrit.

— Klaus, s’adressa Baba à l’Ancien, nous partirons dès que nous aurons rempli nos estomacs et que j’aurai préparé chacun de nos compagnons avec un arsenal magique.

 

— Baba ? l’arrêta Elysandre en retenant la sorcière par le bras. Vous avez aperçu mon frère dans vos visions ? Comment va-t-il ? Je suis tellement inquiète pour lui…

— Je l’ai surtout ressenti, ton frère… Il semble en parfaite santé et heureux… Je pense que Kaëlig l’a envoûté. Mais, au plus profond de lui, quelque chose remue et se rebiffe contre cette situation. Il ne faut pas perdre espoir ma jolie. Et surtout reste bien avec mon… Avec ton équipier du jour, Sliman, se reprit-elle. Il me paraît très capable et valeureux malgré ses airs fantasques, insista-t-elle avec un sourire empreint de douceur.

— Il faut absolument que vous le rameniez, grand-mère Griselda ne s’en remettrait jamais s’il disparaissait pour toujours…, lâcha-t-elle dans un souffle, sans voir l’expression furtive sur le visage de la sorcière.

— Je sais…, je m’en doute bien ma petite…

La sorcière prit la jeune fille dans ses bras, lui tapotant avec douceur le haut du dos pour la consoler et la rassurer. Elle laissa son geste en suspens un instant la main juste au-dessus de ses omoplates. Elysandre remarqua que Baba avait froncé les sourcils de manière imperceptible puis affiché un sourire qui lui parut de satisfaction. Elle arqua à son tour un sourcil.

— Baba ? Je voulais vous demander, auriez-vous un baume ou quelque chose d’autre pour me soulager ? J’ai de plus en plus de démangeaisons, presque douloureuses par moment, dans le haut du dos. Je vous en parle parce que j’ai bien remarqué votre trouble en touchant cet endroit…

— Hum, je vais voir ce que je peux faire, mais à mon avis ce sont des douleurs de fin de croissance. Tu arrives à l’âge adulte. Ça ne m’étonnerait pas que ton frère aussi ressente la même gêne, ajouta-t-elle en souriant avec bienveillance.

La sorcière prit les mains de la jeune fille, ferma les yeux un court instant puis la lâcha l’air songeur et sortit de la salle. En chemin, elle croisa Zéphyr qui revenait voir pourquoi Elysandre n’était pas avec les autres en train de finir de ranger leurs affaires.

— Elysandre va sortir de la chambre, Zéphyr. Je vais aller préparer de quoi vous aider à récupérer son frère, lui annonça Baba. Mais cela ne marchera que s’il est d’accord pour fuir le giron de Kaëlig…

— Tu n’en as pas l’air convaincue, Baba. Il y a un problème ?

— J’en ai peur, mon garçon… J’en ai bien peur…

— Et sais-tu où vit précisément Kaëlig ? Comment allons-nous la retrouver sur ses terres ? Comment allons-nous retrouver Morgan ?

— Ne t’inquiète pas pour cela, je pense savoir à qui m’adresser pour localiser précisément Morgan.

Zéphyr regarda la sorcière s’éclipser de la pièce, dubitatif.

*****

— Mon amour, mon cher amour, mon tendre amour, susurrait la rousse flamboyante à l’oreille de son captif. Tu es si beau, si pur. Je vais te préparer un déjeuner digne d’un prince !

— Oh oui ! J’ai très faim justement ! Je rêve de pancakes !

Kaëlig s’arrêta pour le fixer, bouche bée, les sourcils en accent circonflexe.

— Ou si tu as des pains au chocolat, peut-être ? poursuivit-il la bouche en cœur sans voir le véritable trouble de la jeune femme.

— Tout ce que tu voudras, se reprit aussi vite la nymphe, un rictus mielleux aux lèvres.

Elle fila dans l’autre pièce dans un tourbillon de voiles orangés. Elle attrapa sur une étagère une fiole d’un beau vert émeraude qui passa au violet au contact de ses doigts graciles. Elle en versa quelques gouttes sur un petit pain de fèves, souffla dessus puis récita une rapide incantation.

Elle retourna ensuite auprès de Morgan, alangui sur le lit.

— Et voilà mon amour ! Un pain au chocolat tout chaud ! Ferme les yeux, je vais te faire goûter un morceau, lui suggéra-t-elle en gardant le petit pain caché derrière son dos, un sourire enjôleur appuyant sa demande.

Le jeune homme d’abord réticent, joua tout de même le jeu, tout à coup impatient sous le regard flamboyant de la nymphe. Elle s’approcha de lui et glissa un morceau du pain dans la bouche entrouverte de Morgan et l’embrassa dans la foulée.

— Garde les yeux fermés mon amour, et avale vite ! lui glissa-t-elle à l’oreille.

Ce qu’il fit derechef. Il eut à peine le temps d’avaler toujours les yeux fermés qu’elle lui fondit en un éclair sur la bouche pour l’embrasser avec fougue. Elle le repoussa pour l’allonger sur le matelas et continua par un baiser encore plus langoureux auquel il répondit extatique. Lui agrippant les épaules avec ferveur. Le désir pointait autant pour lui que pour elle.

Kaëlig  claqua des doigts et toutes les chandelles s’éteignirent. Dans le noir complet, elle fondit sur sa proie absolument et totalement consentante, grâce au filtre ingéré plus tôt.

*****

 

— Aie ! rugit le géant.

Ergad examina son pied qu’il avait relevé au niveau de ses genoux. Des piques hérissaient son talon et couraient sur la peau de sa plante jusqu’aux orteils. Cela faisait des heures qu’ils avançaient dans la forêt longeant la plaine de lac des Longs Sanglots. Le temps était exécrable, des rafales de neiges rendant la visibilité nulle en terrain découvert. Au moins à l’abri des arbres, loin de la lisière, la tempête était moins véhémente.

— Fais voir, Ergad ? proposa Erin en s’agenouillant auprès du colosse. Il faudrait laisser tremper ton pied un moment dans de la boue chaude mélangée à de l’huile de lavande et de romarin. Ce qui ramollira ta peau suffisamment pour que les piques tombent toutes seules.

— Où va-t-on trouver tout ça avec la couche de neige qu’il y a ? s’interposa Tewenn en fronçant les sourcils.

— Tu pourrais peut-être soulever un gros rocher par exemple, suggéra-t-elle un brin agacée. Il y aura dessous toute la terre que l’on voudra et en la mélangeant à la neige on aura une belle boue, ajouta-t-elle en reprenant un visage plus avenant.

— C’est une très bonne idée, confirma avec entrain Baba qui n’en avait pas loupé une miette. Allez, Tewenn, au travail ! lança-t-elle tout sourire. Et vu l’heure tardive, je suggère que nous campions ici cette nuit ! Qu’en penses-tu Zéphyr ?

Le chef de troupe, qui se frottait le visage à deux mains, prit un temps de réflexion. Il appuya sur ses deux yeux en grimaçant.

— Avons-nous le choix ? Ergad ne pourra pas avancer avec un pied dans cet état et on ne pourra pas le porter non plus…

— Oh ! Dis toute de suite que je suis gros !

— Mais non… Tu es juste très grand et musclé, ne fais pas celui qui n’a pas compris, soupira un Zéphyr fatigué.

Baba prit les choses en main.

— Eh bien, Tewenn ? Ce rocher ? lança-t-elle. Sliman, Elysandre et Margot, occupez-vous d’installer vos dômes.  Zéphyr et moi allons chercher de quoi allumer un feu. Après s’être enfoncés dans les fourrés, Baba arrêta Zéphyr.

— Je vais devoir m’absenter, Zéphyr, une petite heure tout au plus. Je dois contacter quelqu’un pour nous aider à retrouver Morgan, s’expliqua-t-elle.

Le Nergaléen le regarda alors s’asseoir sur un tronc couché et retirer un médaillon de son corsage. Elle bougea les lèvres sans qu’aucun son n’en sorte, puis elle s’évapora. Il ouvrit des yeux ronds, mais il se rappela que ce n’était pas la première fois qu’il la voyait à l’œuvre. Il haussa les épaules et reprit sa recherche de petit bois.

*****

Griselda sentit sa présence avant de la voir apparaître. Elle avait quelque peu vieilli, tout comme elle. Toujours la même chevelure et le même regard bienveillant.
— Bonjour, ma sœur. Je m’attendais à ta visite d’une minute à l’autre…, soupira-t-elle avec fatalisme. Et si tu n’étais pas venue d’ici quelques heures, c’est moi qui serais venue à votre rencontre, lâcha-t-elle avec conviction.

— Bonjour, Griselda…, s’émut Baba.

Il y avait tellement d’années qu’elles avaient dû se séparer pour le bien des enfants. Chacune dans un monde.

— Ne perdons pas de temps, nous rattraperons le temps plus tard, se reprit Baba. Tu as, je suppose, remarqué la disparition des jumeaux ? Et compris qu’ils étaient entrés dans la forêt des Saules Bleus ?

— Oui, lâcha Griselda très inquiète. J’ai aussi senti que Morgan était en danger et c’est pour cela surtout que je voulais revenir… Que se passe-t-il ?

— Kaëlig cette vipère a enlevé Morgan ! s’énerva Baba.

La grand-mère sursauta, elle se tordit les mains, bouche bée, muette de stupeur.

— Il faut le localiser précisément, reprit sa sœur, et je pense que tu peux le faire avec ton pendule.

— Oui, j’ai même déjà essayé, mais la barrière m’empêche de trouver un point précis sur la carte…, soupira-t-elle. Il faut que je le fasse en étant au plus près. Aussi je vais rentrer avec toi, de toute façon les enfants sont tous assez âgés pour savoir...

 

 

 

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