Azraël ronronnait. La main de son humaine caressait son dos à intervalles réguliers, tandis que ses genoux constituaient un siège chaud et moelleux pour le chaton. C’était si bon d’être un chat.
« Ça va aller, Sara. Tu t’en sortiras. »
Une larme coula de l’œil de Sara et s’écrasa sur le pelage d’Azraël.
« Moi, je m’en sortirai. Mais lui ?
- Si jamais il venait à mourir comme les précédents, alors ce serait une libération pour nos frères, ne crois-tu pas ? Cet homme est un voleur, il prélève l’impôt deux fois, une fois pour Asarhaddone, une fois pour lui. Et il ne s’intéresse à toi que pour ton héritage.
- Je ne veux pas être responsable de la mort d’encore un autre homme, pleura l’humaine ; et je ne veux pas non plus être mariée à un homme mauvais.
- Eh quoi, préfères-tu rester vierge jusqu’à ta mort ? Il est le seul homme de Médie à vouloir de toi, parce qu’il ignore tout de ta malédiction. Et puis, être son épouse ne sera pas si terrible. Au moins, ses richesses mal acquises te profiteront. Et tu pourras toujours essayer de l’amener sur le droit chemin.
- Comment pourrais-je l’amener sur le droit chemin, alors que moi-même j’en sors ? La loi de Moïse m’impose d’épouser un homme de ma tribu, afin que ton héritage ne revienne pas à des étrangers.
- Mais si aucun homme de ta parenté ne veut de toi, alors tu es en droit de devenir la femme d’un autre. Il suffira de faire circoncire ce Chebassan, et il sera considéré comme membre par alliance de la tribu de Nephtali. »
Sara raffermit sa prise sur Azraël.
« Je ne veux pas.
- Ce n’est pas toi qui décide. »
Et Ragouël sortit, coupant court à la discussion.