II. — VIII. — DE VALA

Mon cher Scævius, je suis heureuse de te savoir mieux portant. Toutefois, je reste inquiète quant au sort que les Astrusques te réservent. N’y a-t-il rien que je puisse faire pour alléger ta peine ? Je présume que non, si ce n’est t’écrire encore et encore, en cet étrange langage où se mêlent l’encre et les vocables, tout entier nimbé dans l’éther.

D’Arpa, je n’ai pas la moindre nouvelle à te confier. Le vent n’a apporté aucune rumeur jusqu’au cœur des Dorsales. Et quand bien même, je fais face à mes propres difficultés ; toute mon attention reste fixée sur l’instant présent.

J’espère que ma lettre ne rajoutera pas un inutile poids d’inquiétude à ton fardeau, déjà conséquent, mais t’ouvrira une fenêtre d’évasion sur le monde, au-delà de ce disque creusé dans la chaux.

Comme je te l’ai mentionné, je me trouve moi-même aux prises de difficultés, inhérentes à l’agitation et aux rumeurs rapportées des Dorsales ; et tout particulièrement, l’hypothétique kosmos orphelin déniché par les bandits.

Accompagnée par deux compagnons, j’ai été chargée d’enquêter ces sujets. Sans nouvelle d’une première expédition aux objectifs semblables, nous espérons aussi découvrir le malheureux sort que le destin leur a réservé.

À une journée des portes d’Ys, les empreintes d’une escarmouche se sont révélées à nos yeux. Nous n’avons pas été mesure de déterminer qui elle opposait. De cet endroit enclavé dans une vallée, nous avons remonté une piste semée par les vainqueurs jusqu’à un petit sommet. Puis, plus une trace. Rien.

Nous craignons le piège.

Cette nuit, le ciel délaisse les profondes ténèbres et s’agite en d’étranges nuances violacées. La Nature vacille sous une volonté.

Nous sommes aux aguets, prêts à bondir, le fer de nos lames paré d’un éclat lunaire.

Ils rôdent autour de nous. Ils nous observent. Ils nous jaugent. Une véritable meute de loups, les crocs affamés.