« Il est en vie. Il va très bien, il est juste un peu en retard. »
À Ninive, Tobith se répétait en boucle cette phrase pour essayer de se persuader que tout allait bien. De toute façon, il n’arrivait pas à penser à autre chose. Depuis sa décision de mettre fin à ses jours une fois que ses affaires seraient en ordre, son esprit restait bloqué sur cette échéance. Tobie allait revenir, avec les vingt pièces d’argent, et Tobith pourrait cesser d’être un poids pour sa femme et son fils.
« Il est juste un peu en retard. Peut-être a-t-il été retenu là-bas ? À moins que Gabaël soit mort et qu’il ne trouve personne pour lui rendre l’argent ? Quoi qu’il en soit, il va revenir, il n’y a pas d’autre possibilité. »
Les inquiétudes de sa femme ne l’aidaient pas à rester dans son déni.
« Mon enfant a péri ; il n’est plus au nombre des vivants. Hélas, mon enfant, je t’ai laissé partir, toi, la lumière de mes yeux !
- Tais-toi donc ! Notre fils va bien. Ils ont dû avoir un contretemps là-bas. Il sera bientôt là. »
Mais Tobith devait bien s’en rendre compte : Anna était à bout de nerfs. Et il fallait dire que lui aussi.