Azraël se sentait comme un roi. Perché au sommet de la pile de cartons, dans une charrette tirée par deux ânes, entouré des troupeaux – qui n’avaient finalement pas été empaquetés avec les meubles – et les humains marchant à côté, il dominait le monde. Bon, ce n’était pas nouveau, puisqu’il était un chat ; mais cette fois-ci, tout le monde pouvait s’en rendre compte.
La route était tout de même bien irrégulière, bien cahoteuse pour le confort de Sa Majesté. Il faudrait inventer un matériau qui puisse recouvrir les chemins et les rendre tout lisses. Ah, pourquoi les humains étaient-ils capables de mettre au point des rituels compliqués pour adorer un dieu invisible, mais pas d’aplanir la route pour le confort de leur seule et unique divinité faite de chair, d’os et de poils ?
Nombreux et lourdement chargés comme ils étaient, ils n’avançaient pas très vite. Azraël aurait aimé que ce voyage se termine un peu plus rapidement. Entre l’inconfort de la route et l’odeur trop forte du bétail qui les entourait, ce n’était pas la situation idéale. Enfin bon, au moins, il était débarrassé de cette harpie de servante qui le détestait ! Ragouël n’avait finalement légué à Tobie et Sara que trois serviteurs, et la femme de chambre infernale qui faisait tourner Azraël en bourrique restait en Médie. Bon débarras !
À côté du chariot, Tobie et Sara marchaient main dans la main. Sara n’avait pas l’habitude de si longues marches, mais elle semblait tenir le coup. Tobie lui parlait de Ninive. Apparemment, c’était une ville magnifique, avec des jardins, des fontaines, des fleurs, des fruits et du miel. Azraël espérait simplement qu’il y avait aussi des souris, dans cette ville.