III. Novembre

Par BAEZA
  • Je suis désolé, j’ai suivi rigoureusement les instructions. Je n’y comprends rien. Allo central ? Allo central ?

 

Il se tourna alors vers les passagers, livides :

 

  • Le central ne répond plus …

 

Le chauffeur manœuvra une poignée et les portes du bus s’ouvrirent.

 

Les passagers commencèrent à descendre sur le sol bitumé de la cour, en ayant l’impression de débarquer sur une autre planète.

 

D’abord la maman, précédée de son enfant qui s’était endormi dans la poussette.

 

Puis le gars en costume.

 

Ensuite le lycéen, puis la dame de quarante ans en tailleur.

 

Puis ce fut le tour du vieil homme et enfin celui de Philippe Tourange.

 

Le chauffeur poussa la portière qui le séparait des passagers, se leva à son tour et descendit deux marches pour les rejoindre.

 

  • C’est lugubre ici. Dit la dame à la fleur de l’âge, en regardant tout autour d’elle.

 

  • Et personne n’est venu pour nous accueillir. Ajouta la maman.

 

  • Ohé ! Il y a quelqu’un ?! Crièrent ensemble les passagers.

 

Personne ne répondit.

 

Philippe sortit son téléphone de la poche de sa veste pour prévenir son épouse et tous les autres en firent autant.

 

Personne n’avait de barre.

 

  • On ne capte rien ici. Constata l’homme en costume.

 

Tous les passagers se regardèrent.

 

  • Vous avez vu, les portes se sont refermées après notre arrivée. Fit observer l’ado, qui ne paraissait pourtant pas plus inquiet que cela.

 

Le chauffeur s’approcha du portail pour pouvoir l’étudier de plus près.

 

  • C’est une porte blindée, je ne vois aucun mécanisme d’ouverture. Pas de bouton, pas de serrure.

 

  • Le blindage paraît avoir au moins 20 cm d’épaisseur. Compléta Philippe qui avait rejoint le chauffeur. Impossible de le démolir avec votre bus pour ressortir !

 

  • Pourquoi voulez-vous que j’abîme mon bus ? Répondit inquiet le conducteur. Quelqu’un va bien finir par venir nous ouvrir.

 

  • Autour de nous, il n’y a aucun escalier ; juste ces portes. Observa la maman. Une porte sur chaque angle de mur.

 

  • Mais où donnent ces portes ? Questionna le vieil homme.

 

Le chauffeur s’approcha de la porte attenante au portail.

 

Lorsqu’il l’ouvrit, il découvrit une chambre sans décoration, uniformément peinte en blanc et sans fenêtre.

 

Une petite table carrée ordinaire trônait au milieu de la pièce, ainsi qu’une chaise.

 

Sur le coté droit, presque collé au mur du fond, se trouvait un lit.

 

Sur le côté gauche, il y avait un petit frigo, un four à micro-ondes et un lavabo surmonté d’une étagère et d’un miroir. Sur l’étagère étaient posés un savon et un gobelet qui contenait un tube de dentifrice, une brosse à dent et un rasoir.

 

Sur le côté gauche du mur du fond se trouvaient une douche, cachée par un rideau de plastique et un coin WC, séparé de la pièce par un muret qui n’atteignait pas le plafond.

 

  • C’est une chambre. Cria-t-il, sans se retourner, à l’intention de ses passagers.

 

  • Ici aussi. Répondit l’ado, depuis une autre porte.

 

Les autres approchèrent chacun d’une porte.

 

  • On dirait qu’il y a une chambre pour chacun de nous.

 

  • Non, pas exactement, nous ne sommes que sept. Répondit l’homme à la cravate.

 

  • Et ma fille ? Elle compte aussi, non ? Contesta la maman.

 

  • Nous n’allons tout de même pas rester dormir, ici. S’inquiéta la dame habillée en carreau.

 

 

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