- III -
Vertèbres.
Ce matin la brume dévorait la plaine. Elle masquait les hautes herbes vertes qui pliaient sous le poids de la rosée. Quand le vent soufflait doucement, on la voyait bouger un peu, au cœur de cette masse pourtant moindre.
Aujourd'hui c'était jour de repos et Arsène se disait qu'elle aimerait bien aller à la bibliothèque. Elle se demandait ce qu'elle pouvait faire d'autre, mais elle constata avec amusement que cela ne lui servait à rien de prévoir autre chose sachant qu'elle passerait bien la presque l'intégralité de sa journée au milieu des livres.
La bibliothèque se situait au sous-sol. On y accédait par un escalier en colimaçon en métal, dont les marches grinçaient et tremblaient à chaque pas, faisant frissonner sa peau et laissant des doutes quant à la solidité de l'installation.
La machiniste, toute pleine d'appréhension, poussait la porte en bois à double battants, quand les odeurs de papier et d'encre mêlées à un peu de poussière vinrent lui chatouiller les narines. Elle se délectait de ce parfum et se ravissait en même temps la vue en parcourant du regard les étagères.
L'endroit était assez étroit. Il s'étendait sur deux étages et on accédait aux plus hautes rangées par une échelle de bois. Des rayonnages encadraient la porte et couraient les murs jusqu'au bout de la pièce. Des fauteuils un peu usés avaient été placés çà et là. Usés mais confortables.
Arsène se demanda par quelle section elle allait commencer, mais n'eut pas à réfléchir bien longtemps. Elle avait envie de voir des arbres.
Elle se dirigea donc vers le fond de la salle, grimpa à l'échelle et s'arrêta sous la petite étiquette « arboriculture ». Sa main se baladait sur les tranches et s'arrêta sur celui qu'elle cherchait, son préféré. Elle redescendit précautionneusement. En effet, elle avait plusieurs fois loupé un barreau et était tombée au sol, un peu étourdie, les livres qu'elle tenait dans ses bras éparpillés un peu partout.
Elle retrouva le parquet grinçant et alla s'affaler dans un des fauteuils. Commença ensuite son petit rituel. Le livre sur les genoux, elle prenait conscience de lui. Elle respirait, et respirait à travers lui. Elle l'imaginait vivant, une réelle source de savoir et non pas un vulgaire assemblage de papier. Il portait en lui, sur lui, des bribes de connaissance qu'elle allait s'empresser de dévorer. Après quelques profondes respirations, elle l'ouvrit. Elle le colla ensuite à son visage pour en sentir le parfum. Il avait toujours la même odeur. Celui d'un beau papier qui avait un peu vieilli, mais son âge restituait bien sa beauté.
Venait maintenant le temps de le lire. Elle prit une page au hasard après avoir baladé ses doigts au-dessus d'elles. Elle tomba sur le chapitre à propos du noyer. Cet arbre la fascinait, avec ses grandes branches solides et ses lourdes feuilles. Le livre disait également qu'il avait un parfum assez distinctif. Elle aurait tant aimé sentir cette odeur !
Pendant un long moment elle parcourut le livre, se délecta des illustrations de ce qui était pour elle des mystères de la nature, une véritable fascination. Tout ce qu'elle voyait des arbres c'était les planches, les panneaux peints qui servaient au décor. Le bois de certains meubles, le parquet. C'était comme cela qu'elle les connaissait. Mais elle voulait pouvoir les contempler enracinés dans le sol, tendant leurs bras tortueux vers l'horizon et vers le ciel, comme s'ils cherchaient à tout saisir. Elle aimerait pouvoir observer leurs feuilles bouger dans le vent, entendre le tronc craqueler pendant les tempêtes. Voir ces mêmes feuilles brunir et s'échouer au sol. Sentir l'odeur de la sève.
Un raclement de gorge la tira de sa contemplation et elle leva brusquement la tête pour savoir qui était l'imprudent qui venait la déranger dans ce précieux moment.
Elle vit une masse ondulée de cheveux blonds, et un sourire amical. Rhòs se tenait là, appuyée contre une étagère. Le regard interrogateur de la machiniste la poussa à entamer la conversation.
« - On m'avait bien dit que je te trouverai là un jour de repos !
-Oh tu voulais me voir moi spécialement ?
-Oui, mais ne t'inquiète pas, ce n'est pas pour une raison particulière. J'avais juste envie de discuter un petit peu ! Continua-t-elle tout en prenant place sur un fauteuil qu'elle décolla du mur pour être plus proche d'Arsène.
-Qu'est-ce que tu lis ?
-Un livre sur les arbres. Mais à force, je ne le lis plus vraiment, je le connais trop par cœur.
-Tu ne cesseras donc jamais de m'épater !
-Pourquoi cela ? Demanda Arsène avec un petite étincelle d'étonnement au milieu des ses yeux ambrés
-Tu es terriblement passionnée, et tout ce que tu aimes, tu t'y adonnes autant que tu peux.
-Je ne peux me résoudre à seulement rêver ce que j'aime, alors dès que j'ai un moment, j'en profite !
-Et il me semble que tu connais beaucoup de choses par cœur aussi.
-Ah ça ! Ce sont des effets involontaires de ma mémoire. La main d'Arsène passa machinalement dans ses cheveux alors qu'elle rigolait un petit peu nerveusement.
-Oh mince, ça ne m'est même pas venu à l'esprit que je pouvais potentiellement te déranger. Si tu veux, je peux m'en aller, il n'y a pas de problème !
-Non non, ne t'inquiète pas. Ma dévoration de livres peut attendre, je les connais suffisamment bien ! Et puis je serais ravie de discuter un petit peu plus avec toi.
-Alors c'est parfait ! » fit Rhòs avec son habituel sourire radieux. Elle éclairait de sa seule aura la pièce poussiéreuse.
Elles discutèrent de tout et de rien, quand une question qui trottait dans la tête d'Arsène refit surface.
« -Dis-moi Rhòs, quand as-tu su que tu voulais être comédienne ?
-Oh, cela faisait longtemps qu'on ne m'avait pas posé cette question !
Eh bien déjà, je suis née dans une famille d'un rang relativement élevé ayant accès à la culture. J'ai donc grandi là-dedans. Mes parents nous emmenaient souvent, moi et mon petit frère, au théâtre. Ils ont vu que mes yeux brillaient un peu plus à chaque réplique, ils ont vu mes larmes à la fin des spectacles. D'autre part, j'ai toujours aimé jouer à être quelqu'un d'autre, cela amusait d'ailleurs beaucoup mes parents. Alors, éclair de génie. Ils ont combiné les deux, cela a donné comédienne. C'est eux qui m'ont insufflé l'idée. Idée que j'ai trouvée magnifique.
J'ai donc commencé à faire du théâtre à l'école. Il y avait de petits ateliers. Ils se sont vite rendus compte que j'étais un peu trop lumineuse, un peu trop douée pour me cantonner à ces cours pour néophytes sans ambitions. Il me fallait aller plus loin !
Du coup, j'ai intégré une école de théâtre. Au début j'ai trouvé ça vraiment long, on n'étudiait que des textes classiques. Moi je voulais jouer. Et je ne voulais pas jouer uniquement des tragédies antiques ! Je méritais mieux, je méritais de découvrir tout le théâtre, je méritais de le faire exister.
Pardon, ça fait un petit peu prétentieux quand je dis ça, mais dans le fond, c'est bien vrai. Sinon je n'aurais jamais fait de tournée avec ma troupe, et nous ne serions – je ne serais - jamais venus jouer ici.
Il est beau ce théâtre, n'est-ce pas ?
-Oui, très beau. » Arsène prit un certain temps avant de poursuivre sa réponse, la voix basse, sans lâcher des yeux son interlocutrice. Ses pensées se chamboulaient.
« Même de l'intérieur il est beau.
-Aah ma petite, tu me fascines à aimer ces entrailles tortueuses, ces câbles tranchants, et ces machines vrombissantes. Et puis on étouffe ! » Rhòs accompagnait ses paroles de gestes faisant cliqueter ses bracelets.
« Tu vas au moins souvent dehors, non ?
-Si on naît ici, on ne sort pas.
Arsène nouait peu de contacts avec des gens de l'extérieur, mais avec chaque revenait cette question. Se répétaient aussi leurs réactions, ils étaient étonnés, choqués, révoltés.
-Pardon ? » La comédienne avait prononcé ce mot comme s'il s'agissait d'une blague avant de comprendre à la mine d'Arsène que non, cela n'en était pas une. La vivacité de ses gestes s'était atténuée et ses bras semblaient plus lourds.
« -C'est comme ça.
J'ai toujours vécu ici, le moindre de mes souvenirs est rattaché à cet endroit. Et les gens comme moi ne peuvent pas aller se créer d'autres souvenirs dehors. On n'a pas la permission de sortir, c'est comme ça. Ou alors, si cela arrive, c'est extrêmement rare.
-J'ai vraiment du mal à y croire ! Mais... Mais pourquoi ?
-Rhòs, j'ai le regret de t'annoncer que tu fréquentes ici des gens tout en bas de l'échelle sociale. Nous sommes ceux avec le moins de droit, ceux qu'on ne voit pas. Il faut le savoir qu'on existe, sinon nous ne serions que des ombres. Et à ce qu'on en dit, il y a des gens comme nous partout, mais nous passons inaperçu. On doit nous penser indignes d'être montrés à la lumière. Trop occupés, les mains trop sales. Mais malgré tout, nous sommes nécessaires. Il faut bien des gens qui plongent leurs bras dans l'huile des machines, qui retroussent leurs manches et se mettent au boulot pour faire fonctionner les choses.
Rhòs dévisageait Arsène. Ce monde d'ombres était loin d'elle depuis toujours, les choses étaient très bien ainsi, ce n'était vraiment pas la peine qu'elles changent. Bien sûr, elle partageait les sentiments de sa nouvelle amie, mais sans pour autant trop se courber. Rhòs détestait les maux de dos.
-Il y a de la révolte dans ta voix. Tu n'aimes pas cette injustice, ça s'entend, ça se perçoit dans ton regard.
- Sans doute. Je ne peux pas le cacher, c'est trop fort. Le monde dont je rêve n'est pas comme ça ! Mais je sais pertinemment que ce n'est qu'une putain d'utopie.
-Peut-être, mais il est nécessaire de rêver ! Ce serait tellement triste si l'on avait que la réalité et la vérité, même pour moi qui n'ai pas à me plaindre.
Et pour être tout à fait honnête avec toi, bien sûr que j'ai eu des préjugés. C'est inévitable ! Mais à force de vous fréquenter, à force d'apprendre à vous connaître, j'en viens à voir au-delà. Vous me faites réaliser que c'est possible et je vous en remercie !
Crois-moi, désormais je reste avec vous parce que vous m'êtes sympathiques et attachants. Vous êtes drôles tous ensemble. Vous êtes beaux quand vous riez, quand vous parlez. J'aime votre compagnie et vous regarder vivre dans votre monde à vous.
-C'est bon de savoir ça.
-Tu en doutais ?
-Pas vraiment, mais je ne pouvais m'empêcher d'être effrayée par cette différence de milieux.
-A mes yeux elle compte peu. Ce n'est pas cela qui va vous retirer votre humanité.
Arsène sourit. Ce qu'elle entendait la rendait heureuse, cela lui faisait grandement plaisir d'avoir rencontré Rhòs. Un peu béate, elle regardait autour d'elle, balayait des yeux la bibliothèque, les rayonnages où les livres s'entassaient. La poussière commençait à s'accumuler, il était temps qu'elle remédie à cela. De ses doigts elle parcourait les coutures du fauteuil, se concentrait sur la matière glissant sous leur pulpe. Inspiration. Son regard se posa enfin au bout de la pièce, sur la petite fenêtre. Il faisait beau aujourd'hui. Sans quitter des yeux le paysage, elle reprit la conversation.
« -Rhòs ?
-Hum ?
-C'est comment dehors ? »
Un léger sourire attendri illumina le visage de la comédienne. C'était une question à laquelle elle n'avait pas l'habitude de répondre, et honnêtement, elle ne savait pas par où commencer.
« -Eh bien, c'est assez varié. En ville, il y a du monde, certains qui flânent, beaucoup plus qui sont pressés. Ils vont accomplir leur devoir quelque part. Il y a beaucoup de bâtiments, et de toutes formes. Des grands, des larges, des hauts, en pierre, en verre, en béton. Il y aussi les véhicules qui se suivent sans cesse sur l'asphalte. En province, il y a des paysages, de la montagne, de la plaine, de la forêt, des lacs avec fleurs et animaux. Des cartes postales en somme ! »
La machiniste prenait le temps d'imaginer chaque détail, laissant un silence suspendu entre elles. Elle écoutait, le regard perdu, un peu lointain, un petit sourire accroché sur son visage.
-Et les gens, comment sont-ils ? De quoi ont-ils l'air ?
« -Oh, ce sont principalement des gens issus de milieux aisés, et cela se voit. Habits propres, sans aucun pli, de bonne qualité. Les gens sont élégants, et essayent d'avoir un air neutre. On voit peu de personnalités fortes et variées, même dans l'attitude. Le but de la ville, c'est d'être professionnel, de ne rien laisser paraître. Cela s'apparenterait à de la vulnérabilité, une incapacité à être maître de soi-même. Ça peut coûter beaucoup. Du coup, on voit rarement quelqu'un exploser de rire en milieu d'une rue. Pas même aux terrasses des cafés. Si on y vient, c'est pour des rendez-vous pour les affaires.
- Hum, ça n'a pas l'air joyeux. Et les odeurs ?
-Les odeurs ? interrogea Rhòs dans un éclat de rire
-Oui, ça sent comment ?
-Drôle de question ! Ça sent l'essence des voitures, ça sent les parfums des gens, ça sent le temps qui passe. Qui passe trop vite. Ça sent aussi la peur d'être en retard, la peur d'échouer. Parfois on croise au croisement de quelques rues, les odeurs des appartements, et cela embaume les petits plats, les produits ménagers.
Ah, et il y a aussi autre chose, bien que ce ne soit pas vraiment un odeur à part entière, mais il y a la vapeur qui sort des bouches d'aération. Et en hiver, on sent la chaleur qui vient frôler notre peau, qui laisse un parfum distinct qui se mêle à celui de la neige.
-C'est étrange, j'ai du mal à mêler ces odeurs. Ça me semble incompatible.
-Ah ça, ce doit être parce que ce n'est pas dans ton habitude. »
Arsène se mit à rêver un petit moment, laissant couler les secondes unes à unes. Puis son regard prit un aspect plus contrarié et le détourna à nouveau sur Rhòs.
« -Est-ce que les gens aiment le théâtre ?
-Oh, tu sais, répondit la comédienne après s'être éclairci la voix, ça dépend, chacun aime des choses différentes, je ne t'apprends rien.
-Oui, mais je veux dire, est-ce que les gens qui aiment ça sont nombreux ? Est-ce qu'ils aiment vraiment ça ou alors c'est juste pour passer pour des gens cultivés, des gens qui méritent leurs rang ? Pour faire oublier qu'ils sont des imposteurs ?
-Ceux qui aiment vraiment le théâtre doivent être ceux qui y vont avec un grand sourire, ou du moins, un entrain général, un intérêt, de l'impatience. Ce doit être ceux qui se taisent le plus vite dans la salle car ils attendent quelque chose qu'ils trouvent précieux les yeux grands ouverts et espèrent de pas être déçus.
-Oui c'est vrai, je vois ces gens parfois. Et il y a ceux qui viennent souvent et qui prennent toujours la même place. Il y a ceux qui vont voir plusieurs fois la même pièce, tant ils l'ont aimée ou pour s'en imprégner d'avantage. Je crois que j'aime bien ces gens.
-Ça ne m'étonne pas ! Quelqu'un qui aime le théâtre a forcément ta sympathie !
-C'est vrai ! » déclara Arsène avec un sourire cette fois plus affirmé
Elles rirent un peu, bavardèrent encore quelque temps, en entrecoupant certains propos de regards. Regards qui déviaient vers un autre coin de la pièce, qui l'étudiaient, qui revenaient à l'autre. Regards qui traduisaient la joie d'être ici, ensemble.
°
Imposteur se tenait devant elle, droit, fier. Inébranlable. Il faisait froid et la peau d'Arsène était recouverte de frissons. L'autre enleva lentement le tissu noir qui lui cachait le visage, mais dessous, rien. Elle entendit un soupir. Imposteur dont le visage était un trou béant vers le néant, noir, secoua la tête et l'ombre se dissipa en une sombre fumée, laissant place à une peau de marbre, blanche et solide, sans aucun défaut. On distinguait vaguement les traits de son visage. Il n'avait pas plus de sens qu'un mur. Et il faisait de plus en plus froid.
Il leva ses deux mains vers son visage et fût prit d'un fou rire teinté de notes malfaisantes. Son visage de marbre se fissura, craquela et il continuait de rire. Il s'en arrachait maintenant des morceaux et un liquide noir en coulait, formait des flaques sur le sol de béton sombre. Dans ce sang on pouvait maintenant apercevoir un immense sourire. Sourire qui la narguait presque, qui barrait affreusement sa face et la sciait en deux. Imposteur était répugnant. Il lui faisait un peu peur aussi, et lui donnait terriblement froid. Il fallait se dire que tout cela n'était pas vrai, il n'était pas ce qu'il était vraiment. Il jouait. Il jouait son rôle. Imposteur était un comédien.
Il écarta vivement les bras horizontalement. Ses mains se crispèrent puis s'étendirent, semblèrent presque s'allonger. Il en sortit des branches. Branches qui grandissaient alors qu'il continuait de rire, qui s'étirèrent, se dotèrent de bourgeons. Bourgeons qui devinrent feuilles et qui peuplèrent ses branches nues il y a si peu de temps. Le visage d'Imposteur prit l'allure d'un terreau qui se recouvrait parcimonieusement de mousse. Arsène y vit poindre une plante en plein milieu. Elle grandissait, prenait toute la place sur sa tête. Romarin.
Mais elle sentait le regard d'Imposteur. Il lui faisait un peu mal. Imposteur était dangereux.
Arsène s'éloigna un peu, fluidement. Elle voyait ce personnage rapetisser, rapetisser tant qu'il n'exista plus.
Arsène s'agita encore deux ou trois fois, récupéra sa couverture tombée au pied du lit et continua sa nuit sans vraiment plus songer à ce cauchemar.
L’ambiance de ce chapitre est agréable, paisible. Tu décris très bien l’amour des livres et les émotions d’Arsène, en y ajoutant le toucher et les odeurs.<br /> On commence à entrevoir le côté moins sympathique du théâtre et de l’extérieur aussi : le manque de liberté, les disparités entre riches et pauvres.<br /> Il me semble qu’il y a une contradiction dans la posture de Rhòs. Elle sympathise avec les employés du théâtre, elle comprend la révolte d’Arsène, qu’elle commence à considérer comme une amie, mais elle ne veut pas que les choses changent parce qu’elle tient à son petit confort, sa petite routine.<br /> Soit elle est un peu hypocrite, soit elle est un peu inconséquente, à voir…<br /> Le cauchemar d’Arsène est bien écrit et très prenant, même flippant. C’est presque étonnant qu’Arsène arrive à se rendormir si facilement après ça. Je n’arrive pas encore à deviner qui est Imposteur, si c’est une vraie personne ou une allégorie.<br /> En tout cas, c’est un joli chapitre.
Coquilles et remarques :
Quand le vent soufflait doucement, on la voyait bouger un peu, au cœur de cette masse pourtant moindre. [Je ne comprends pas à quoi correspond cette « masse pourtant moindre ».]
sachant qu'elle passerait bien la presque l'intégralité de sa journée au milieu des livres. [« la presque intégralité » / il faudrait ajouter une virgule avant « sachant »]
poussait la porte en bois à double battants [battant]
Des rayonnages encadraient la porte et couraient les murs [le long des murs]
elle leva brusquement la tête pour savoir qui était l'imprudent qui venait la déranger [L’imprudent parce qu’il court un risque en la dérangeant ou l’impudent parce qu’il n’a pas la pudeur de la laisser tranquille ? Je préfère le second.]
Pourquoi cela ? Demanda Arsène avec un petite étincelle d'étonnement au milieu des ses yeux ambrés [demanda (minuscule) / au milieu de / d’ailleurs, « dans ses yeux » suffirait]
ça ne m'est même pas venu à l'esprit que je pouvais potentiellement te déranger [« pouvoir potentiellement » est un pléonasme très à la mode, tout comme le « risque potentiel ». Je propose : « que je pouvais éventuellement te déranger »]
Elles discutèrent de tout et de rien, quand une question qui trottait dans la tête d'Arsène refit surface [discutaient ; parce qu’elles étaient en train de discuter quand la question a refait surface]
Ils se sont vite rendus compte que j'étais un peu trop lumineuse [rendu compte ; dans l’expression « se rendre compte », le participe passé est invariable]
et nous ne serions – je ne serais - jamais venus jouer ici. [Il faut deux demi-cadratins.]
mais avec chaque revenait cette question [chacun ? ; « chaque » est un déterminant, il ne peut pas être employé tout seul]
Se répétaient aussi leurs réactions, ils étaient étonnés, choqués, révoltés. [La tournure est bizarre.]
Nous sommes ceux avec le moins de droit, ceux qu'on ne voit pas [de droits ; on parle des droits des gens / Je propose : « ceux qui ont le moins de droits »]
il y a des gens comme nous partout, mais nous passons inaperçu [inaperçus]
Vous me faites réaliser que c'est possible et je vous en remercie ! [dans cette acception, « réaliser » est un anglicisme à éviter ; je propose « prendre conscience »]
Il y aussi les véhicules qui se suivent sans cesse [Il y a aussi]
Si on y vient, c'est pour des rendez-vous pour les affaires [« rendez-vous d’affaires » sonnerait mieux]
Parfois on croise au croisement de quelques rues [je propose : « on croise au carrefour » ou « on rencontre au croisement »]
bien que ce ne soit pas vraiment un odeur à part entière [une odeur]
Puis son regard prit un aspect plus contrarié et le détourna à nouveau sur Rhòs. [Cette phrase est bancale : ce n’est pas le regard qui détourne et « détourner » est le contraire de « tourner vers ». Je propose : « Puis son regard prit un aspect plus contrarié et se tourna à nouveau vers Rhòs. »
passer pour des gens cultivés, des gens qui méritent leurs rang [leur]
car ils attendent quelque chose qu'ils trouvent précieux les yeux grands ouverts et espèrent de pas être déçus. [espèrent ne pas / il faudrait mettre « les yeux grands ouverts » entre deux virgules]
tant ils l'ont aimée ou pour s'en imprégner d'avantage [davantage ; l’adverbe s’écrit en un mot]
Regards qui déviaient vers un autre coin de la pièce, qui l'étudiaient, qui revenaient à l'autre. [Ce n’est pas très clair ; il faudrait peut-être enlever le premier « autre »...]
Imposteur se tenait devant elle, droit, fier. Inébranlable. [C’est dommage de rompre la série de trois adjectifs. Je propose : « Imposteur se tenait devant elle, droit, fier, inébranlable. »]
Il leva ses deux mains vers son visage et fût prit d'un fou rire [fut pris]
Il s'en arrachait maintenant des morceaux et un liquide noir en coulait, formait des flaques sur le sol de béton sombre. [Je propose « formant des flaques ».]
C’est la troisième fois que je soumets ce commentaire. J’espère que cette fois, je n’ai pas laissé de coquille...
Oh, cette fin de chapitre ! La vie d'Arsène avait l'air tellement parfaite (sa manière de s'extasier devant les livres, c'est si beau que ça en devient presque naïf) et finalement on sent que tout ne restera pas toujours tout rose.
Donc Rhòs, après son discours de fille hyper talentueuse et sans défauts, serait une impostrice ! Maintenant je me demande si son imposture, c'est qu'elle est carrément méchante, qu'elle aime pas le théâtre ou qu'elle est juste malheureuse à l'intérieur.
Ton écriture est toujours aussi jolie, ça met des couleurs dans la tête !
J'ai hâte de savoir où on s'en va avec tout ça ^^
Ravie que la fin de chapitre te plaise (j'ai pris énormément de plaisir à l'écrire ce passage, donc j'en suis d'autant plus contente) Haha oui, cette petite naïveté ^^
Héhéhé, libre à toi d'interpréter ce que tu veux ! J'avoue que tu me donnes des pistes auxquelles je n'avais même pas pensé, tu es géniale x)
C'est adorable ce que tu dis, et puis des couleurs, carrément !
Merci pour ce commentaire, et j'ai hâte de te voir sur la suite :D
Comme tu le constateras, je n'ai point traîné ehe !
Ce chapitre a encore une ambiance très agréable. Cette bibliothèque me plaît et la passion d'Arsène pour les livres et les arbres est aussi touchante que son amour pour le théâtre. On commence petit à petit à la cerner, et c'est un plaisir d'apprendre à la connaître !
Je me pose plein de questions sur ton monde, du coup ; un monde qui continue à paraître assez rétro, avec ces castes, ces gens de la haute bien proprets, et comme les descriptions du dehors restent assez vagues on pourrait croire à une ambiance style années 20 ou 30 ; mais il y a des éléments comme l'écran puis maintenant le béton qui me font tiquer. Et j'arrive pas à savoir si c'est pour nous faire tourner en bourrique ou pas ! Est-ce que c'est seulement notre monde ? Une réalité alternative ? Tu cites des dramaturges de chez nous, je ne sais plus quoi penseeeer xD
J'étais contente d'avoir un début de réponse sur la place d'Arsène au Théâtre. C'est très intrigant cette histoire d'interdiction... ça rend l'endroit inquiétant, malgré tous ses aspects agréables. Du coup la discussion avec Rhos était intéressante ; mais peut-être un peu "facile" ? De son côté je veux dire. Elle dévoile un côté assez prétentieux et sûr d'elle dans son récit, du coup c'est assez étonnant qu'elle se prenne si vite d'affection pour des petites gens. J'imagine que si elle racontait qu'à force de fréquenter des machinistes, elle avait appris à voir au-delà, ça serait un peu plus solide, simplement. Parce que là ça semble peut-être un peu gratuit, mais je t'avoue que je ne sais pas trop comment il faudrait le tourner ^^' (ni s'il faut vraiment le faire, hein ; c'est juste mon ressenti !)
Ces révélations perturbent un peu mes pronostics, du coup. Avec la fin du chapitre précédent je m'attendais à ce qu'Arsène se porte volontaire pour jouer dans la troupe fixe, mais comme elle a l'air d'avoir tout autant envie de voir le dehors, hmm... Bon, pas que ce soit incompatible, mais j'ai hâte de voir où ça va nous emmener ! Je vois bien Rhos jouer les guides là-dedans ! Et d'ailleurs je trouve ça chouette comme relation ; souvent dans les histoires l'héroïne a déjà une amie qu'elle perd en cours de route, mais c'est assez rare que le second personnage principal soit aussi une fille et qu'elles forment un duo sur le devant de la scène (oui j'ai osé le jeu de mot pourris), je trouve ça très cool !
Pour finir, j'ai ADORE le tout dernier passage, je le trouve très très bien écrit, avec une ambiance vraiment oppressante, et encore des mystères qui se rajoutent ! Parce que j'ai du mal à penser qu'on raconte des rêves innocents dans les romans...
(Petite remarque de forme : le "putain d'utopie" m'a un peu surprise ; je sais qu'Arsène jurouille un peu, mais là, en comparaison du reste du dialogue j'ai trouvé que ça détonnait un peu !)
A très bientôt pour la suite mon Quignön ! ♥
Ta contentitude (oui, bon, hein) à connaître Arsène me fait trop plaisiiiir. Moi aussi je suis contente de la cerner un peu plus à chaque chapitre !
C'est vrai que mon monde est un gros mélange assez bordélique et pas très clair x). Je pense que ce soir je vais méditer là-dessus et le définir plus clairement, me faire une image nette ! Parce que des fois, quand j'y pense je le vois comme notre monde d'aujourd'hui, avec à peu près les mêmes stades d'évolution. Sauf peut-être en sciences, mais en tout cas, un monde assez développé au niveau de l'industrie (pour avoir pleins de petites machines héhéhé), ce qui permet d'avoir les même possibilités de mise en scène que chez nous aujourd'hui. Et ce monde pourrait très bien être une partie du nôtre, ou alors totalement ailleurs et sans lien avec lui. Et c'est vrai que l'aspect des dramaturges fausse l'idée qu'on peut avoir x) C'est magnifique, je suis fourbe et trompeuse sans le savoir !
Ewé, le Grand Théâtre n'est pas que le nid douillet. En vrai c'est un mini régime totalitariste héhéhé x)
Ta remarque à propos de cette discussion est vachement intéressante ! Avant de poster le chapitre, j'avais modifié la conversation parce qu'elle me plaisait pas, ça prenait un angle moche. Du coup je l'ai modifiée mais avec l'impression qu'il y avait toujours quelque chose de lqkhjsfkqsk (précis, hein :D),donc je considère graaaandement ton ressenti. Je vais donc voir ce que je peux faire !
Ooh ils sont vachement intéressants tes pronostics ! :D (et je trouve ça trop cool que t'en fasses ^^) Haha, Arsène est tellement déchirée entre ses envies, la pauvre x).
Merci pour ce jeu de mot, je l'ai tellement savouré ! Simple, mais très efficace. J'adhère.
Aaaaah ça me fait trop plaisir ! Moi aussi j'aime beaucoup beaucoup ce passage, c'est ma petite fierté x) Héhéhé, ces rêves ne sont jamais innocents ! D'ailleurs, je prends un plaisir incroyable à les écrire, c'est si kiffant !
En effet, c'est peut-être de trop ! J'ai hésité à le supprimer, mais je l'ai laissé parce que ça m'était venu naturellement ^^ Humhum, je suis hésitante du coup !
A bientôt et merci beaucoüp ! <3