Je ferme les yeux. Pas maintenant. Pas ici. Surtout pas.
Serrant les poings, je fais face au néant blanc qui m’entoure. Un brouillard épais, tangible, qui se mêle à ma vision brouillée. Mon univers. Ma cellule. Ma prison de fumée.
Refoulant mes larmes, je lève la tête avec détermination. Ce n’est qu’un mur. Un mur d’émotions, un mur de ressentis. Un mur où se joignent toutes les petites poussières d’obscurité de l’esprit. C’est un mur puissant, peut-être, mais un mur tout de même. Et jamais un mur ne m’a fait peur. Cela ne commencera pas aujourd'hui.
En repensant à mon passé, la colère m’envahit. Douze ans. Douze ans de ma vie envolés, et pour quoi ? Des “crimes”, des “infractions” comme ils aiment les appeler. Moi, j’appelle cela de l’art. Ce sont mes œuvres, toutes ces actions que je suis capable d’entreprendre, tout cela. Elles n’auraient pas de sens sans un but. Un but profond et touchant, un but qui blesse et qui fait pleurer, parfois. Mais n’est-ce pas le but de toute musique, de tout tableau, de tout livre ? Qu’ai-je de moins que les peintres de l’Histoire ? Que me manque-t-il pour que l’on me nomme “artiste” et pas “voleur” ? Que l’on m’achète mes services des millions au lieu de me jeter en prison ?
Mais non. Tout ce que je suis pour ces gens, c’est un vandale. Un criminel. Pire, un mercenaire. Et pourtant…
Je clos une fois de plus mes paupières. Si la rage m’envahit, si je laisse le dégoût s’infiltrer dans ma peau, alors tous ces efforts n’auront servi à rien.
C’est bien à cela que sert ce mur. Mais cette fois-ci, j’en sortirai. Et ce sera un dernier adieu. Je n’aurai plus à subir mes geôliers aux rationnements, ni la violence des séances de rééducations stériles qu’ils m’ont infligées douze ans durant. Douze ans, et pas un seul de répit.
Je sais qu’il ne me reste que quelques pas à faire pour atteindre la fin. La fin du mur. De mon incarcération. De mes problèmes. Alors je sentirai à nouveau cette liberté lointaine que j’ai été amené à oublier.
Peu à peu, le brouillard disparaît dans un effacement sinistre. Trop rapidement à mon goût. Si ça continue, je serai repéré.
Je commence à courir, mais bientôt tout autour de moi est clair. Bien trop clair.
Tout est perdu, voilà ce que me dit mon horizon. Horizon qui se résume à une rangée de soldats.
Il me dit aussi : douze ans, et bientôt douze autres.
Et les quelques rimes qui rajoutent de la solennité… j’en suis friande.
Pour les huit mots, je dois dire bien joué car il n’y en a aucun qui m'apparaît évident. Mais, allez, je tente ma chance avec :
blanc, mur, poussière, vandale, adieu, stérile, douze, liberté (j’ai hésité avec « geôlier », mais vu que les mots sont placés « dune façon ou d’une autre », je me suis dit que peut-être il était dans le titre…)
Sinon autres remarques :
« Je ne vais pas commencer aujourd’hui. » => Vu la phrase d’avant, plutôt : « Cela ne va pas commencer aujourd’hui. »
« Qu’ais-je de moins que les peintres de l’histoire » => « ai-je » et « Histoire », à moins que le « h » minuscule ne soit voulu
« pour que l’on me nome » => nomme
« mes geôlier » => geôliers
Pour les mots, c'est bien tenté, mais aucun d'entre eux ne faisait partie de ma liste (non, même pas geôlier haha) ;)
Mes mots étaient :
brouillard, joignent, mercenaire, cellule, infraction, rationnement, peintres, effacement sinistre
(Je n'avais pas pensé au titre, mais c'est une bonne idée... Je garde, je garde haha.)
Oui, c'est vrai que cette phrase ne joue pas trop... je vais modifier ça ;)
Merci pour tes petites corrections !^^ (Oui, il faut effectivement une majuscule à Histoire...)
Oui, effectivement, petite faute de frappe -> "Je commence à courir, mais bientôt tout autour de moi est clair. Bien trop clair."