Lorsque je pose mon pied sur le trottoir, je m’enfonce. Dès que je sors, tout se brise en moi. Tout éclate, comme si mon esprit tout entier était un écosystème déséquilibré. Voué à disparaître.
Ça y est, ça recommence. Les regards, tous ces regards qui se posent sur moi, qui me longent. Tous ces visages qui s’attardent, qui cherchent quelque chose dont je ne connais pas même le nom. Je hais ces gens, je hais leurs pensées. Tout ce que je demande, c’est qu’on me laisse tranquille. Mais la tranquillité est une illusion, et l’on se rend bien vite compte qu’elle est impossible. Toujours un mal, toujours un bruit. Jamais le calme ne triomphera, pas tant que le monde existera.
Ah, si le monde disparaissait, ce serait différent. Tout changerait. Je nagerais dans le vide noir et profond du néant, et alors…
Alors quoi ? Non, cela ne sert à rien de s’imaginer la quiétude que l’on ne pourra jamais obtenir. Ce n’est que se faire plus de mal encore.
J’ai l’impression d’entendre leurs pensées, de pouvoir les lire dans leurs yeux. Admiration, mépris, envie, jalousie, étonnement. Toutes ces lances pointent dans ma direction, et toutes me font si peur. Si peur…
Je coule. Je sombre au fin fond de leurs pupilles. Tout est sombre, autour de moi. Une seule petite lumière brille.
C’est ça que je suis pour eux. Une lumière. Un petit point blanc resplendissant au milieu d’un monde gris et terne. Pour eux je ne suis que la Belle. La Belle aux Cheveux d’or. La jeune fille que tous remarquent.
Je hais cette prison que mon corps m’impose. Cette enveloppe que je ne peux ouvrir pour enfin montrer à ce monde que finalement, à l’intérieur, je suis comme eux. Je suis comme eux tous et je n’en demande pas plus, pourquoi ne le comprennent-ils pas ?
Je hais la Belle aux cheveux d’or.
Je me hais.
Tes textes ont une évolution singulière je trouve, à un moment il y aura une phrase, un mot qui va provoquer un retournement de situation par rapport à l’interprétation que j’étais en train de me construire au fil des mots en tant que lectrice. Le texte nous surprend.
Ce que tu écris est très immersif, et pour moi ce récit-là l’est particulièrement. Cette angoisse du regard des autres, la place étouffante qu’il finit par prendre dès qu’on sort de chez soi… Je salue notamment le premier paragraphe, je le trouve incroyable.
Petites corrections :
« Toujours un maux » => mal
« eux-tous » => eux tous
Mais oui, tu as raison, j'ai écrit “un maux” 0_0 haha je vais vite corriger ça !^^' Merci pour les petites corrections ! ;)
Merci beaucoup pour ce commentaire !^^ C'est toujours très agréable de recevoir des retours sur son texte, surtout lorsqu'ils sont ainsi détaillés et optimistes :)
Cela me touche beaucoup, et je suis très heureuse que tu aies apprécié le sujet et l'interprétation que j'ai faite de ce titre !