Incarcération

Jour 293 de l'année 4.135.250.987 (calendrier terrestre)

Durant la montée, je regarde, bouche bée ce que je viens de rater de quelques secondes. Des milliers de questions me viennent en tête. L'humanité vient soudainement de prendre fin, la file des cieux est kilométrique, tous, tant femmes que hommes ont été littéralement éteints, leurs yeux sont noirs et leurs peaux n'envoient plus aucune lumière. La décision vient d'être prise : même là-haut, l'humanité n'existera plus. Soudainement j'ai peur de mon sort futur, mais je me reprends rapidement, si je peux les voir et en rendre compte c'est que je ne connais pas le même sort qu'eux. Rassuré, j'entreprends d'accélérer ma montée là-haut. Après une rapide remise mémorielle, je me mets en route vers ma maison, le pas léger, soulagé d'en avoir fini avec ce cauchemar. Je croise Noé et l'interpelle :

- Noé ! As-tu eu l'occasion de descendre depuis notre dernière rencontre ?

- Non et heureusement quand je vois comment ce sont passé les dernières années.

- Tu as eu pas mal de chance c'est vrai !

- J'ai appris que tu t'es encore illustré pour tes actes.

- J'ai eu l'avantage de l'expérience de ma vie précédente, je doute qu'une si belle série d'exploits soit éternelle, tu sais.

- Croisons les doigts. Ah oui, il paraît que tu as rencontré une seconde personne éternelle, tu le savais ?

- Non tu me l'apprends.

- Je m'en doutais bien, elle est brillante.

- Elle ? Qui est-ce ? Noé, tu m'intrigues, craches le morceau !

- Il s'agit d'une personne qui s'appelait Soefie dans ta dernière vie. En vrai, elle se prénomme Lucy, c'est elle qui a été désignée comme étant la première humaine par les scientifiques à l'époque de sa découverte.

- Nom de Dieu ! Il faut que j'aille la voir ! Tu sais où elle habite ?

- À deux kilomètres d'ici, c'est la maison numéro 1.

- J'aurais dû m'en douter. J'y cours !

- Fais donc, et évite de blasphémer ici c'est mal vu.

Pas le temps de passer par la maison, je cours à toute vitesse vers la maison de celle que j'ai connue comme étant Soefie. Je suis épaté, j'ai fait connaissance avec le premier éternel. Mais ce qui me fait courir est encore plus fort : mon cœur bat la chamade, rien que de penser que je vais retrouver celle que j'aimais secrètement dans cette misérable dernière vie me donne la force d'avancer chaque pied encore plus loin, encore plus vite.

Arrivé dans son village je m'arrête, je cherche du regard sa maison. Après 5 minutes de marche, je trouve enfin le numéro 1. Une maison simple, mais en même temps imposante se dresse devant moi. Je franchis le portail et frappe à la lourde porte en bois de sa maison. Elle m'ouvre, elle apparaît encore plus belle que sur terre, son apparence n'a rien de celle d'une Australopithèque, elle a suivi le cours de l'évolution et garde alors sa première apparence d'Homo Sapiens Sapiens. Plus grande et plus élancée que sur terre, elle est coiffée d'une longue tresse noire et a un regard doux et déterminé. Je reste sans voix, mon regard accroché dans ses yeux d'un bleu profond.

- Bonjour, je peux vous aider ?

- Euh, bonjour Soefie... euh... je veux dire Lucy !

- Qui êtes-vous ? Comment connaissez-vous mon ancien nom terrestre ?

- Lucy, c'est moi, Karim, celui que tu as aidé à sortir de la prison de Mira I.

- Karim ! Je n'y crois pas, toi aussi tu es un éternel ?! Viens, je t'en prie entre !

- Merci Lucy, je viens voir si tu vas bien, j'ai envie d'entendre ton récit depuis que l'on s'est séparé pour la dernière fois.

- Assieds-toi et dis-moi d'abord comment tu t'appelles ici.

- Albus.

- Ah, c'est toi le fameux Albus.

- Il faut croire, d'ailleurs je n'ai jamais compris ce que j'avais de si spécial.

- Ton histoire n'est pas la plus commune, et puis un jeune comme toi qui a tant à raconter ce n'est pas courant. Mais ce n'est pas pour cela que tu es venu ici, je crois.

- Je voudrais simplement que tu me racontes la fin de ta vie précédente.

- Ce n'est pas glorieux crois-moi. Lorsque tu es parti avec ta flotte aéroportée, j'ai été envoyée comme éclaireur sur le continent américain pour voir qui restait là-bas, pour rapporter comment la vie suivait son cours. Malheureusement, le continent avait été tout autant en proie à ces combats entre « Mariannes » et hommes. Mais ils avaient réglé le problème depuis longtemps, une épidémie de peste génétiquement modifiée pour pénétrer encore plus rapidement dans l'organisme avait décimé l'entièreté du continent. Je l'ai contracté la première minute de ma mission, j'en suis décédée trois jours plus tard. Je t'avoue qu'elle était encore plus pénible que cette terrible peste noire qui avait sévi au 14è siècle. J'ai assisté au commencement des tranchées depuis ici. J'ai pu admirer tes exploits, j'ai été admirative si j'ose dire.

Le ton de sa voix est aussi doux et chaleureux que sur terre. Elle réussit à m'envoûter. Ne pouvant pas mettre mes idées au clair, je connais des difficultés à exprimer l'inquiétude que j'avais pour elle et ce qu'elle représente à mes yeux. Voyant le pétrin dans lequel je m'enfonce, elle vient près de moi et m'embrasse longuement avant de prendre congé et de moi. Émerveillé, le chemin du retour me parait beaucoup plus long et intéressant que celui de l'aller. Du haut de mes 385 ans, je me sens comme un gamin de 16 ans, tombant amoureux pour la première fois. J'oublie même que quelques heures plus tôt j'étais tué, transpercé en plein cœur par une lame rouillée, rougie du sang des victimes qui me précédaient.

Jour 296 de l'année 4.135.251.001

J'ai 400 ans. Depuis 14 ans, rien ne bouge ici haut. Les grandes instances sont en discussion quant à l'avenir de la planète Terre dont la végétation a entièrement recouvert les anciennes installations humaines. Seule cette large bande noire culminant à 10.000 mètres au-dessus du niveau de la mer, suite à son explosion, est désertée de toute vie. Par cette nouvelle morphologie, la planète s'est déformée et son orbite a dévié. Les hivers sont plus froids et les étés sont très chauds. Si bien que chaque année la Terre connait une période de canicule intense suivie d'une période quasi-glacière. Les animaux qui résistent évoluent en de nouvelles espèces très rapidement. Tout se passe comme si le temps s'était subitement accéléré en bas.

De mon côté, je me suis présenté au ministère de la mémoire. J'y occupe un poste moyen qui me confère des responsabilités à ma convenance. Je suis chargé, entre autres, de lier l'histoire et de la retranscrire sous toutes ses formes depuis l'apparition du genre humain. Grâce à ce poste, je peux connaitre l'histoire dans ses moindres détails et j'ai l'occasion

Jour 185 de l'année 4.135.251.002

Les choses bougent ! Les grandes instances effectuent un important recensement de la population d'en haut. Au ministère, la tension monte, des travaux de mémoire sont demandés, aucune justification n'est donnée et plusieurs théories circulent. Les plus paranoïaques parlent d'un recadrage des effectifs, d'autres de punition. Personne ne sait ce qu'il se trame chez ces grandes instances. Les ordres arrivent par voie postale sans qu'on sache en tracer la provenance.

Lucy aussi est tendue, des échos peu rassurants arrivent à la sous-gestion terrestre. Cet organe, prévu normalement pour aider les grandes instances dans leur boulot, est mis à forte contribution. Il faut ralentir le processus terrestre le temps des discussions. Terre est mise au pas, tout est ralenti.

Il est clair que les grandes instances préparent quelque chose. L'ignorance collective énerve la population qui demande des justifications afin qu'elle puisse se préparer à agir quand il le faudra. La dernière guerre a touché tout le monde ici haut et a radicalement changé les mentalités. Plus personne ne veut de conflits et la transparence est une des plus hautes exigences sociétales que l'on peut connaitre depuis.

Jour 193 de l'année 4.135.251.002

Un ordre vient d'arriver dans ma boite aux lettres ce matin. Les grandes instances demandent l'envoi immédiat de trois éternels volontaires chez eux. Je me désigne. Je suis rapidement rejoint par Noé et Lucy après leur avoir demandé de partir avec moi.

- C'est de la folie ! Albus, Noé, mais que veulent-ils ?

- Je n'en sais rien, toujours est-il qu'Albus est convaincu qu'on peut se rendre utile.

- Je suis trop vieille pour ce genre d'aventure.

- Ne raconte pas n'importe quoi Lucy. Toi et Noé vous êtes les plus anciens, votre connaissance du monde et moi celle de son histoire peuvent jouer en notre faveur là-bas.

- Je te fais confiance Albus.

Le voyage jusqu'aux grandes instances est long. Plusieurs mois s'écoulent alors que nous montons toujours plus haut vers leurs installations. L'endroit est appelé « L'origine ». Sur notre chemin, nous assistons ébahis à l'incroyable organisation du ciel. Rien n'est laissé au hasard, chaque étage franchi est un Nouveau Monde avec une fonction bien particulière. Des êtres, qui n'ont pas la même forme que nous, travaillent de façon acharnée à la tâche qui leur est confiée. Cependant, un étage est désert. Nous nous arrêtons. Un écriteau posé sur une barrière en fer nous indique que le service de formation des vivants est temporairement fermé pour cause de ralentissement de toute forme de vie sur terre.

- Il n'y a donc que la Terre qui est peuplée...

- Il faut croire... à moins que nous ne voyions que les services terrestres.

- Qui sait... on verra!

Jour 85 de l'année 4.135.251.003

Nous sommes enfin arrivés aux portes de l'« Origine ». Nos poitrines accusent les coups violents de nos cœurs qui se mettent soudain à battre à toute vitesse. Personne à notre connaissance, n'a déjà visité cet endroit. Un garde, d'une forme inconnue, nous fait signe de nous approcher de son poste.

- Vous êtes les éternels choisis ?

- Oui, c'est bien nous. Je suis Noé, voici Lucy et Albus.

- Bien, veuillez emprunter le chemin balisé par une flèche jaune, vous êtes attendus au bureau d'accueil.

- Merci.

Les lourdes portes d'une matière nouvelle à nos yeux s'ouvrent pour nous laisser entrer sur une gigantesque avenue, bondée, traversée de toute part par différentes sortes de créatures non humaines. D'ailleurs, notre venue est remarquée. Si les humains sont connus par ces créatures, jamais ils n'avaient eu l'occasion d'en voir en vrai. Certains ont peur, connaissant les atrocités commises sur terre. D'autres sont curieux, et la plupart reprennent leur chemin, après avoir rapidement observé qui nous étions.

Le long du chemin, des bâtiments arborent tous des drapeaux différents et sur chacune des façades est écrit le nom d'une planète précédé du mot « ambassade ». Amusés de savoir qu'il existe tant de monde dans Univers, nous cherchons, curieux, à quoi l'ambassade de la Terre peut ressembler et qui l'occupe. Malheureusement, le seul bâtiment trouvé au nom de notre planète d'origine est fermé et n'a plus l'air d'avoir donné des signes de vie depuis des lustres. La façade, noircie par le temps nous fait froid dans le dos et nous commençons à redouter la suite des événements.

Nous continuons, suivant les flèches indiquées au sol. Après une heure de marche, nous arrivons face à un petit bâtiment de béton percé régulièrement de fenêtres étroites qui laissent passer la lumière pâle des néons éclairant les pièces occupées. Nous sommes parcourus d'un frisson désagréable. D'autant l'avenue avait l'air claire et agréable, depuis notre passage devant l'« ex » ambassade terrienne, cette avenue avait pris un aspect glauque et impersonnel. Nous entrons. Nous trouvons un guichet, nous sonnons. Une créature à l'aspect peu agréable nous accueille froidement d'une voix rauque.

- C'est pour quoi ?

- Vous parlez notre langue ?

- Ça vous dérange ?

- Non non, ça nous étonne. Nous sommes les élus demandés par les grandes instances.

À peine la phrase sortie de la bouche de Noé, la créature prend une apparence plus « sexy » et sa voix s'adoucit directement.

- Si ces messieurs veulent me suivre, ainsi que madame?

Noé, ne pouvant cacher sa curiosité, demande à la créature d'où elle vient. Du tac au tac, elle répond :

- D'ici. Je suis issu d'un peuple créé pour gérer les institutions dites « sans planètes fixes », celles qui n'ont pas de planète d'attache. Nous nous faisons appeler les « fonctionnaires ».

- Comme sur terre en soi.

- Notre particularité est d'être compris par chaque peuple sans que nous ayons à apprendre votre langue.

- Cela répond à notre question de tout à l'heure.

La fonctionnaire nous conduit à travers de larges couloirs bardés de portes en fer.

Elle s'arrête, nous indique la suite du chemin et prend congé. Lucy nous interpelle :

- Vous avez remarqué qu'on ne nous accompagne jamais jusqu'au bout ?

- Oui, mais c'est surement dû à leurs compétences.

- J'ai un doute, c'est comme si à chaque étape, il existe une frontière qui les empêche d'aller plus loin.

- Tu veux dire comme un robot placé sur un rail ?

- Oui en quelque sorte.

- Non, Lucy, Noé, la peur nous guette, s'ils ne peuvent pas aller plus loin c'est qu'ils ont certainement une bonne raison. C'est trop grand pour être en toc !

- Tu dois avoir raison Albus, continuons, nous ne savons rien faire d'autre de toute manière.

Nous quittons le bâtiment. Nous nous trouvons face à une jungle sombre et peu rassurante. Aucun bruit n'en sort, aucun signe de vie. Nous voulons faire demi-tour, persuadés d'avoir pris le mauvais chemin, mais derrière nous s'étend le même décor sur des kilomètres. Je me tourne vers Lucy et Noé, mais je ne les trouve pas. Je me retrouve seul. J'essaie d'appeler à l'aide, mais pas aucun son ne sort de ma bouche, les seuls bruits qui me parviennent sont ceux de mon corps. J'entends mon cœur qui bat, le sang qui coule et jaillit dans mes veines, mon estomac qui digère lentement mon dernier repas, noyant les derniers restes d'enzymes acides. Leur volume s'amplifie, ça en devient assourdissant. Je marche, je cherche une source sonore, je cogne les arbres avec un bâton, j'écrase les feuilles mortes sur mon passage, mais rien ne fait. Soudain, l'angoisse monte, je me sens oppressé, seul. Je marche. Le temps me parait durer une éternité, les jours me semblent bloqués à la même heure, comme si je n'étais que le seul en mouvement. Je me reprends, je réfléchi à toute allure, mes neurones s'allument et s'éteignent dans un brouhaha infernal de bruits électriques. Mes muscles grincent, mes os craquent, je perçois le bruit de chaque cellule de mon corps, fonctionnant dans un vacarme inouï. Le bruit monte encore en volume, les battements de mon cœur sonnent si fort que chaque secousse est une torture. Je continue à marcher, toujours droit devant. Après ce qui me semble être passé des jours, je m'évanouis, assommé par le bruit de mon propre corps.

Lorsque je me réveille, tout semble être revenu à la normale. Je suis couché dans un lit placé dans une chambre blanche. Je cherche à me lever, mais je suis attaché aux pieds et aux mains. Je panique. Qu'est-ce qu'on me veut ? Pourquoi toutes ces situations alors que nous devions simplement aller voir les grandes instances ? D'ailleurs où sont passés Noé et Lucy ? Les questions se bousculent dans ma tête qui tourne de plus en plus fort. Épuisé, je me recouche et me rendors.

Jour 90 de l'année 4.135.251.003

Une voix douce comme le miel me réveille.

- Albus, réveille-toi, tu as dormi 4 jours sans interruption.

- Lucy, où étiez-vous passés ?

- Calme-toi, nous avons été mis à l'épreuve. Simplement.

- C'était terrible.

- Ça l'a été pour tous, mais d'une manière différente à chaque fois. Ils ont joué sur nos peurs les plus profondes pour voir comment nous allions réagir. On s'en est tous bien sorti apparemment.

- Pourtant ils n'ont pas joué sur ma peur...

- Quand t'es-tu retrouvé dans une situation aussi pénible que celle que tu as vécue ?

- Je ne sais pas... en Prison chez les Mariannes certainement

- Eh bien ils ont recréé cette sensation chez toi, cette situation d'extrême angoisse et de peur que tu as pu ressentir dans le passé.

- Quelle horreur ! Et toi ? Sur quoi ont-ils joué ?

- Sur ma phobie de la fertilité, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, mais je me suis quand même battue pour vivre, comme toi, comme Noé, personne n'a abandonné alors que c'est la réaction la plus courante.

- Et Noé où est-il ?

- Il dort toujours, vous êtes deux petits fragiles, il me semble.

- Tu m'épateras toujours.

Lucy me mène voir Noé, il est là, calme, dans son lit. Mais son expression est sévèrement marqué par la peur. Les muscles de son visage sont encore crispés comme une crampe qui ne calme pas. Ses lèvres, mordues jusqu'au sang et ses yeux irrités trahissent l'intense désespoir qu'il a vécu. Nous le laissons se reposer, Lucy en profite pour me montrer les appartements. Après un tour rapide, son regard intense se plonge dans mes yeux, d'un pas décidé, elle se dirige vers moi et me pousse dans l'énorme lit à qui je tourne le dos. Elle m'embrasse passionnément. La nuit est ponctuée d'étreintes passionnées et de câlins chaleureux. Cela faisait un moment que nous n'avions plus eu l'occasion de nous retrouver.

Jour 100 de l'année 4.135.251.003

Noé s'est réveillé deux jours après moi. Cela fait maintenant plus d'une semaine que nous sommes installés dans ce centre hospitalier. L'endroit est magnifique, tout est harmonieux et serein, comme si tout ce que nous voyons n'avait jamais connu de pensée négative. Mais nous en avons fait le tour et l'ennui se fait sentir. Cet ennui se transforme en tension, nous nous éloignons chaque jour un peu plus les uns des autres. Il n'y a rien à faire, nous parlons à peine. Cette journée se passe exactement comme les autres, suivant le même horaire, suivant le même rituel. Mais ce soir, Lucy explose, elle crie :

- On ne peut pas continuer ainsi ! On n'est pas censé rencontrer ces grandes instances ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Je ne sais pas Lucy, mais je te comprends, l'ennui est terrible !

- Albus, Lucy, ce soir, on tente l'évasion. Je suis persuadé qu'on nous enferme ici. Tous ces gardes près des lieux de sortie me font peur...

- Tu dois avoir raison Noé, il faut qu'on bouge d'ici

- Enfin un peu d'initiative ! Il vous en aura fallu du temps les gars !

Lucy prend congé et monte se coucher. Je tente de la rejoindre, mais sa porte est fermée à clé. Je descends voir Noé, je le vois, pensif, regardant par la fenêtre, observant les postes des gardes.

- Tu crois qu'on peut y arriver ?

- Oui il y a certainement un moyen, on est encore dans une de leur foutue épreuve.

- Ils n'ont pas l'air commodes en tout cas.

- Non ils ne le sont pas, je me suis renseigné. C'est une race créée pour constituer une milice spéciale qui s'occupe de surveiller les êtres les plus dangereux. Nous sommes numéro 1 dans notre galaxie ! Nous sommes les seuls êtres à connaitre au moins une guerre dans notre vie. Ces créatures-là, pour pouvoir vivre après 25 ans doivent tuer leurs parents et boire leur sang qui contient les nutriments et substances nécessaires à leur survie. Ils ne connaissent donc aucun attachement ni remords. Ce sont véritablement des machines à tuer.

- Eh bien mon colon ! on n'est pas sorti d'affaire !

- Ça ne va pas être évident, mais j'ai trouvé un moyen.

- Raconte

- Nous n'avons jamais vu la fin du jardin qui se situe derrière nos appartements. Soit il est vraiment très grand et il se termine quelque part, soit il mène vers quelque chose d'autre. Dans les deux cas nous pourrons décider quoi faire ! il faut tenter le coup.

- Ça me parait être une bonne idée, il faut en parler à Lucy !

- Espérons qu'elle soit d'accord ! elle semble refroidie avec ces derniers épisodes...

- Je pense qu'elle n'a toujours pas digéré la dernière épreuve... et puis dans sa dernière vie elle a vécu ce cauchemar, elle n'a pas su enfanter à cause du traitement des Mariannes

- Quelle horreur !

- Oui, elle en garde de grosses séquelles...

- J'espère que personne ne pensera à nous faire revivre cet épisode

- Je l'espère aussi, Noé...

Après avoir observé les abords du jardin s'étendant sur des kilomètres derrière le centre, Noé et moi sommes convaincus par notre plan d'évasion. Ça doit réussir coûte que coûte ! Je monte pour parler à Lucy, je n'obtiens pas de réponses. J'essaie pendant quelques minutes, avant de me rendre compte d'une évidence : elle n'est plus là. Je cours voir Noé, il me suit sans tarder et en deux mouvements, nous forçons la porte de Lucy. C'est l'horreur ! Elle est là, debout devant son lit, pétrifiée de peur, elle ne bouge plus, respirant à peine. Son regard se lance dans tous les sens marquant l'angoisse et l'incompréhension face à la la situation. Nous nous retournons et nous voyons ce qu'elle voit...

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