2 Août 2025
Je nais demain. Après 9 mois de gestation très agréable, je verrai enfin le jour et surtout comment est la terre aujourd'hui.
3 Août 2025
Ça y est je suis sorti. Non sans mal. Après 10 heures de travail je vois enfin le jour et me retrouve entouré d'yeux pétillants et fatigués, ceux de mon père et ceux de ma mère. Elle est superbe ! Son visage fin et délicat témoigne d'une vie saine. Le visage bienveillant de mon père me rassure ; je sens que ma nouvelle vie va me plaire. Je ferme les yeux et m'endors.
3 Août 2027
J'ai enfin la conscience du Moi ! Cette période entre la naissance et cette prise de conscience est extrêmement frustrante ! Aujourd'hui je fête mes deux ans et je commence enfin à reprendre conscience du monde qui m'entoure. Je prononce déjà mes premiers mots et fais la fierté de mes parents.
La vie sur terre a fortement changé depuis ma dernière mort. Alors que je pensais l'ennemi vainqueur de sa guerre, je me rends compte que l'Europe s'est battue vaillamment contre l'envahisseur. Mais cette victoire est aussi la victoire finale de la femme. La société, bouleversée par une telle cruauté, a radicalement changé ses mœurs. Alors qu'il y a encore 7 ans, la société était majoritairement patriarcale, celle que je retrouve aujourd'hui est purement matriarcale. Le monde semble plus doux et beaucoup plus équilibré. Mais un gros point noir vient entacher le tableau. Si un tel bouleversement s'est fait, il n'est pas dû au hasard. L'Europe entière n'est plus qu'un pays immense gouverné par une et une seule personne répondant au nom de Mira I. Ce n'est pas une femme, ni un homme, mais un ordinateur ultra-puissant, doué d'une intelligence mille fois supérieure à la nôtre. Ce faisant, il a réussi à prendre le pouvoir sans que personne ne s'en rende compte. Comme toutes les lois, les décrets, les déclarations d'indépendance ont été numérisés, il a réussi habilement à tout changer et a imposé ces textes modifiés comme étant légitimes. Les populations reculées ayant moins accès à l'information ne se doutent pas encore que leur pays n'existe plus et qu'ils doivent répondre de cette super-instance. Je me renseigne énormément, essayant d'apprendre le plus rapidement à lire afin de savoir ce qu'il se passe. Je suis inquiet.
5 septembre 2035
C'est la rentrée, j'épate mes professeurs par mes connaissances et mes facilités en lecture et écriture. Pour moi, tout cet apprentissage devient de plus en plus facile à force de répétitions.
J'ai enfin pu accéder à un vocabulaire assez riche pour comprendre le monde. Si cette société est devenue matriarcale, c'est lié au fait que Mira I se considère comme étant une femme en justifiant l'attrait qu'elle possède pour la gent féminine et tout ce qui en découle.
Le monde tourne de moins en moins bien. La technologie a définitivement remplacé tous les corps de métiers manuels. Mais aucune misère sociale n'est pourtant visible, il n'existe plus trace de pauvreté. Je décide, du haut de mes 10 ans, de mener mon enquête. J'essaie d'en parler à mes parents, très vite ils détournent la conversation, gênés. Ils doivent savoir quelque chose de dérangeant, surtout dans leurs positions.
Même mes professeurs me montrent une certaine hostilité lorsque je pose des questions à propos de cela. Ma curiosité s'accroit.
6 Novembre 2040
Ça y est, le décret « Pénis » a été voté, retirant tout droit humain à la gent masculine. La cause ? Les femmes ont été trop longuement maltraitées par les hommes auparavant et ceux-ci, ne pensant qu'à leur pénis, sont dorénavant déchus de tout droit. Cette nouvelle terrifie la population masculine qui décide de s'unir contre cette matriarche électronique. Je m'enrôle volontairement, poussé par l'expérience de mes vies passées et par ma mère qui veut que cela cesse au plus vite !
Si le décret a ravi l'élite féminine frustrée qui voit dans ce dernier, le moyen d'avoir les hommes qu'elles veulent à leur disposition, les femmes des autres classes sociales crient à l'injustice, voulant protéger leurs maris et enfants. Ainsi la totalité des hommes d'Europe se sont portés volontaires pour s'unir contre le système. Un commandant en chef est désigné, ancien combattant islamique, il impose rapidement la hiérarchie et les manœuvres à réaliser. Tout le monde le suit, ce qu'il nous faut c'est une organisation bien menée, pas de discussions, mais de l'action.
Mon père est passé commandant du district dans lequel nous vivons, je m'engage à ses côtés, et prépare mes examens pour la division aéroportée. Mon père est surpris et ému, moi je ne dis rien, je connais déjà les ficelles et sait que je serais le plus efficace dans ce milieu.
Aussi cette année, on fêtait tristement les 100 ans de la Seconde Guerre mondiale et toutes les horreurs qu'elle avait apporté.
8 Mars 2042
Je suis, depuis aujourd'hui, promu Major de la 23e Division aéroportée. Depuis mon entrée en service, je me suis distingué par mon style de vol et par mon efficacité lors de mes frappes. Je suis le plus jeune major de tous les temps : 17 ans !
La matriarche s'est fortement affaiblie par l'action efficace des hommes de l'Europe entière. Mais elle réagit de façon de plus en plus violente et nous connaissons aussi de lourdes pertes. Nos armées se sont ouvertes aux femmes dont la ruse est sans égale. Elles planifient autant nos attaques qu'elles se font passer pour des membres de l'armée des Mariannes, les femmes guerrières de la matriarche.
Je note aussi très précieusement que cet excès d'intelligence artificielle amène la matriarche à une pensée pervertie et extrêmement sexuelle. Ses soldates sont reconnaissables à leur uniforme découpé à hauteur de l'entrejambe grâce auquel elles peuvent s'adonner à des abus violents avec les hommes qu'elles capturent et transforment en véritable machines à plaisir. Ces viols massifs ont un effet terrible sur la population, les plus zélés d'entre nous se font stériliser afin de ne pas subir de tels traitements, l'humain perd toute confiance en lui, ne pouvant pas s'imaginer l'existence d'un tel comportement.
25 Octobre 2042
Une mission spéciale m'attend. Un groupement de Mariannes est en train de construire Mira II, encore plus puissante, encore moins prenable et encore plus cruelle que Mira I. Elle est construite sur une petite île du Pacifique oubliée du monde. Je dirige une escadrille d'une quinzaine d'avions en tout genre : chasseurs, éclaireurs et bombardiers. L'objectif : détruire les ressources en matière première qui permettent la fabrication des processeurs de Mira II.
La mission se déroule comme prévu, l'effet de surprise est total, et rapidement nous mettons en pièce une bonne partie des installations de l'île. Mais nous avions omis le fait que l'île fait partie d'un groupement d'îlots tous armés de missiles sol-air dernier cri. La situation s'inverse soudainement, toute l'escadrille se fait descendre, je parviens in extremis à sauter de mon avion qui explose la seconde d'après. J'arrive sur un des îlots. Alors que je pensais me retrouver seul, un cri féminin m'arrache les tympans, je sens un choc derrière la tête et c'est le noir...
Je me réveille péniblement, attaché par les bras et par les pieds, pendus à 20 mètres du sol, complètement nu dans un bunker humide en ex-Allemagne. Le vent glacial me frigorifie, j'appelle à l'aide. Quelqu'un vient et me lance un seau d'eau froide sur le corps, le choc est tel que je perds à nouveau conscience.
12 Novembre 2042
Cela fait 18 jours aujourd'hui que je suis attaché à 20 m du sol, nu comme un ver. Je suis nourri tous les jours par un tuyau planté directement dans mon estomac ce qui m'empêche de mourir. Chaque jour, j'ai droit au seau d'eau glaciale suivi d'une longue séance de torture sexuelle, participant malgré moi aux fantasmes des Mariannes droguées, transformées en machine à viol et dont la soif de violence et de luxure n'a plus de limite.
Mais aujourd'hui est un autre jour, je sens que l'on touche à mes chaines, mes membres ankylosés d'un tel traitement se réveillent brutalement, je hurle de douleur. On me porte sur le sol, on m'habille d'une tunique rouge en coton et on me dirige vers une salle de nettoyage. Je n'en peux plus, je n'ai même plus la force de me battre, je me laisse faire. On me conduit dans une salle blanche, meublée de façon moderne et froide. On m'assied sur une chaise dans un coin de la pièce. Une femme, vêtue de son uniforme, s'approche de moi. Sa silhouette est magnifique et les décorations qu'elle arbore témoignent de la place importante qu'elle occupe. Elle porte sur elle un parfum dont l'effluve me rend confus. Je ne sais pas quoi penser, son odeur est rassurante et sa silhouette est attirante. Mais je sais qu'elle n'est pas là pour mon plaisir. J'attends. J'attends qu'elle prononce le premier mot, qu'elle fasse ce qu'elle veut faire et qu'elle me laisse tranquille.
- J'ai découvert ce que tu cherchais quand tu étais petit, Karim
- Pardon ? qui es-tu ?
- Tu ne me reconnais pas ?
- Non.
- J'étais dans ta classe avant que tout ça ne commence, c'est moi Soefie !
Soefie ! Non cela ne pouvait pas être elle, qu'est-ce qu'elle ferait ici ? Elle qui fut ma confidente, celle que j'aimais en secret durant des années. Un mélange de colère et d'incompréhension bout en moi.
- Que fais-tu ici ?! Pourquoi m'avoir fait ça ?
- Sshhhht moins fort ! Je ne suis pas la responsable de tout ça...
- Pourtant tu ne m'as pas l'air d'une simple « Marianne ».
- Je me suis infiltré dès le début de la guerre, j'ai pu gravir les échelons. J'en ai profité pour mener notre enquête, toutes ces questions que tu te posais sur les pauvres qu'on ne voyait pas.
- Je t'avoue que ce n'est plus ma priorité
- Ça devrait l'être pourtant
- Pourquoi donc ? Mon seul but maintenant est de détruire Mira I.
- Justement, il faut que tu voies ce qu'il se passe là-bas...
- Quel est le rapport avec Mira ?
- Tu ne saisis donc pas ? Ce sont eux qui font tourner Mira I !
Je suis abasourdi. Tant d'efforts mis en place pour essayer de détruire Mira I alors qu'il aurait simplement fallu libérer ces pauvres gens pour l'arrêter. Je pense à toute vitesse, il faut absolument prévenir l'armée masculine, il faut frapper d'un coup !
- Il faut avertir l'armée !
- Calme-toi, ici tu ne sauras pas aller bien loin sans moi.
- Quels sont tes plans ?
- Officiellement t'es mon prisonnier, comporte-toi comme tel et ça ira.
- J'espère bien, fais-moi sortir d'ici rapidement !
Je suis emmené par deux simples « Mariannes » qui rougissent déjà d'excitation à l'idée de ce qu'elles pourront me faire une fois mis à l'écart. Je jette un regard complice à Soefie qui supervise mon acheminement et donne ses ordres d'une voix claire et ferme. Elle fait vite comprendre aux deux soldates que je suis son prisonnier et qu'il n'est pas question qu'on me touche davantage. Les deux femmes, frustrées accélèrent leur pas et m'amènent fermement dans un camion préparé pour mon transfert. Soefie prend le volant du camion, congédiant les deux femmes. Le voyage dure une journée, pas question de s'arrêter pour me détacher, le temps presse et Soefie est surveillée du fait de son grade.
14 Novembre 2042
L'arrivée dans la prison attachée à Mira – la mieux gardée au monde – s'est faite sans heurts. Pour éviter toute torture supplémentaire, Soefie me déclare comme étant dangereux sur les plans physique et mental. Je suis placé dans une cellule spéciale, à l'écart des autres prisonniers et où seule une simple caméra de contrôle me surveille.
Alors que je termine le maigre repas qui m'est donné chaque jour, Soefie vient me voir.
- Tu tiens le coup ?
- Je ne vais pas me plaindre, au moins ici je peux me reposer
- Je suis en train de me renseigner sur le fonctionnement de la sécurité de cette pièce
- Et ça donne quoi ?
- Ce que je pensais : c'est la pièce la moins surveillée de toute la prison, il faut simplement que j'arrive à prendre le contrôle des systèmes présents ici.
- Ce ne sera pas tâche aisée...
- Plus que tu ne le crois, je fais connaissance avec la geôlière, une femme frustrée de ne pas pouvoir être sur le terrain et pouvoir profiter des prisonniers comme le font les autres. Je vais lui donner un cadeau : je vais lui proposer de profiter de toi pendant que je la remplace. Un service d'amie en somme.
- Et pendant ce temps, moi je la contrôle et je m'en vais c'est ça ?
- C'est que tu es intelligent !
- Le temps de te trouver un couteau et on passe à l'action
- Ça marche !
Elle repart fièrement, heureuse d'avoir pu trouver un plan. Je me mets sur ma couchette et réfléchis à l'action que l'on va mener.
21 Novembre 2042
Sept jours se sont écoulés depuis la dernière visite de Soefie, l'écrou de la porte s'ouvre, je me lève directement, pensant voir Soefie arriver. Mais celle qui se présente à moi n'a pas l'air aussi commode, je jette un regard rapide sur la caméra, le point rouge indiquant son fonctionnement a disparu. Je regarde partout dans ma cellule à la recherche d'un éventuel couteau laissé quelque part. Mon regard tombe sur un morceau du verre que la soldate responsable de me nourrir hier avait maladroitement laissé tomber. Joli coup pensé-je. Je feins un comportement anormal comme un animal qui se sent en danger, j'en profite pour ramasser mon arme improvisée et le cache sous ma manche.
La femme qui m'est envoyée déborde d'excitation, ses lèvres tremblent et son corps est saisi de spasmes qu'elle essaie de contrôler en respirant fortement. Je la laisse s'approcher de moi. J'attends encore un peu, laissant sa tête s'approcher de mon torse pour venir chercher les odeurs masculines qu'elle cherche depuis si longtemps. D'un coup, je prends le bout de verre d'une main ferme et le plante sans hésiter dans l'artère saillante de son cou. Sans un bruit, elle s'effondre sur le sol, baignant dans son sang qui continue à couler.
Je sors de ma cellule sans perdre de temps, je me dirige vers la porte de service, espérant trouver rapidement la sortie. Heureusement, de son côté Soefie n'a pas non plus perdu son temps et avant que je puisse m'engager dans le couloir menant à la sortie, elle m'avait rejoint, revêtue d'habits civils et un bandage imprégné de sang au bras gauche.
- Que s'est-il passé ?
- J'ai enlevé la puce qui me trace
- Il faut qu'on te soigne au plus vite
- Raison de plus pour ne pas traîner... avance ! Elles vont vite se rendre compte de ce qu'il se trame.
Soefie avait raison, à peine sortis de la zone de la prison, un bruit de sirène et d'agitation nous parvient depuis le centre même de la tour de Mira I.
Soefie avait tout prévu, après dix minutes de cavale dans les bois, on atteint une voiture cachée dans ce qui devait être une cabane de chasse il y a deux ans, avant que tous les hommes soient mobilisés par le décret responsable de la guerre qui sévit depuis son adoption. On part sur les chapeaux de roue, direction l'ex-Belgique où se trouve Al-Makala, le commandant en chef.
22 Novembre 2042
Le trajet fut expressément plus long pour éviter les points de contrôle des grandes villes. Après 14 h de route, nous arrivons dans un village de la périphérie de Namur où Al-Malaka a établi sa base. Il nous accueille sans méfiance, me reconnaissant pour mes actions et pour le service de mon grand-père auprès de son père pendant la guerre où je mourru pour la dernière fois. Ciel, que le monde est petit, même quand on renait. On lui explique sans tarder ce que Soefie a pu observer, l'évasion de la prison de Mira I et comment les Mariannes fonctionnent dans leurs bases. Al-Malaka est excité par ces informations. Il nous invite à nous reposer pour l'aider à diriger les troupes avec lui le lendemain.
15 Janvier 2043
Dès le lendemain de notre arrivée chez Al-Malaka, les troupes ont été réorganisées et dirigées vers la base opérationnelle de Mira I. Al-Malaka m'a nommé à la tête de l'aviation masculine. Aujourd'hui est un tournant dans cette guerre qui a déjà fait plus de morts que son ancêtre centenaire : l'action aéroportée de grande envergure lancée depuis les 45 bases établies autour de l'ex-Allemagne a pour but de détruire le cœur du processeur de Mira I.
L'opération s'est soldée d'un succès mitigé, malgré les lourds dégâts occasionnés à Mira I, cette dernière continue, dans une rage folle, à envoyer des troupes massives encore plus radicalisées qu'auparavant. Pas de pitié, pas de prisonniers, seulement des morts. Telles sont les consignes qui leur sont données. Les troupes masculines connaissent un véritable massacre, il faut trouver une solution qui nous permettrait de renverser la situation. La solution est vite trouvée : les tranchées.
Les deux camps s'enterrent comme en 1914, rappelant en ma mémoire de douloureux souvenirs. Comme durant la Première Guerre mondiale, les batailles se déroulant entre les tranchées sont terribles, les morts se comptent par milliers, on a dépassé la barre du milliard de morts depuis 2042.
16 Mars 2045
Nous sommes tous enterrés dans les tranchées, plus une âme ne vit en dehors, le monde entier se retrouve dans deux boyaux qui coupent littéralement l'Europe en deux. Plus d'avions, plus de chars, plus de véhicules, le seul sol foulé est celui des tranchées et celui qui les sépare.
Partout ailleurs la nature reprend ses droits, on aperçoit depuis le début du printemps des forêts entières de jeunes arbres qui ont pris possession des territoires auparavant occupés par les humains. Si bien que vu du dessus, la terre resplendit comme elle resplendissait avant l'arrivée de l'homme en son sein. On remarque cependant une imposante ligne noire coupant le continent en deux, là où se déroulent les combats.
Pour ce qui est de la nourriture, la charognerie et le cannibalisme sont devenus monnaie courante et même contrôlés pour assurer, dans l'ordre de fraicheur, le dépeçage des cadavres de nos camarades tombés devant nos yeux.
Mais quelque chose nous inquiète tous, depuis la fin de l'hiver la terre est secouée de violents spasmes libérant çà et là des gaz toxiques dans les deux camps, affaiblissant encore plus les combattants. La population mondiale atteint un niveau critique, plus aucun mort n'est remplacé par de nouveau-nés et à l'heure d'aujourd'hui l'humain ne compte plus que 2 milliards d'individus dans ses rangs.
3 Août 2045
J'ai 20 ans ! Si je me souviens bien je suis censé revenir là-haut dans peu de temps. Deux choses me donnent des indices sur ma mort prochaine :
1) Notre régime alimentaire absolument inadapté à notre composition. Malgré que l'on s'oblige à cuire la viande jusqu'à la rendre dure et difficilement appréciable, manger de l'humain n'est plus un régime intéressant, car ceux que l'on mange aujourd'hui n'ont plus, comme nous, vu de légumes depuis des années. Les protéines que l'on trouvait encore dans les premiers corps n'existent plus. Tous, nous mourrons du scorbut et autres maladies dues au manque de ces vitamines et autres composants que notre corps ne fait que réclamer.
2) La clameur de la Terre qui se fait de plus en plus forte et plus fréquente, des jaillissements de lave ponctue les explosions des canons qui ne cessent de tirer les crânes de nos morts, faute de matériel adéquat. Un jour ces clameurs auront raison de la fine bande de terre que nous occupons.
20 Octobre 2045
Depuis ce matin, les jets de lave et de gaz remplissent les deux tranchées, forçant les combattants à sortir. C'est une véritable boucherie, tout le monde se bat au corps-à-corps, je tiens jusque 13 h, avant – dans un moment de fatigue – de me prendre en plein cœur, une épée venant d'une « Marianne» » squelettique, affaiblie par la maladie et la faim. Elle arracha mon cœur de ma poitrine et le porta à sa bouche immédiatement, évitant par la même occasion, l'épée de l'homme qui se trouvait à mes côtés à ce moment.
Je me vois partir, je monte doucement vers là-haut, profitant pour observer l'étrange bande noire tatouée sur la terre par nos combats. Soudain, j'aperçois que les fumées et gaz se font plus denses, la terre se met en branle et dans un boucan sans précédent, la fine bande de terre noire explose, envoyant les corps des combattants sur un rayon de plusieurs kilomètres.
L'humanité n'est plus.