Infiltration

Par Sebours

Une année comporte 7 mois de 7 semaines de 7 jours, soit 343 jours. Dans son souci d’équité, Nunn offrit un jour, une semaine et un mois à chacun des Sept.

  • A Abath-Khal, dieu de la guerre, Nunn offrit le lundi, la première semaine et le mois d’Abathi.

  • A Batum-Khal, dieu de la sagesse et des sciences, Nunn offrit le mardi, la deuxième semaine et le mois de Batumi.

  • A Cess-Khal, dieu du temps, des saisons et de l’agriculture, Nunn offrit le mercredi, la troisième semaine et le mois de Cessi.

  • A Dmor-Khal, dieu des sous-sols et des morts, Nunn offrit le jeudi, la quatrième semaine et le mois de Dmori.

  • A Elduir-Khal, déesse du vent et des orages, Nunn offrit le vendredi, la cinquième semaine et le mois d’Elduiri.

  • A Fladalf-Khal, dieu du commerce et des transports, Nunn offrit le samedi, la sixième semaine et le mois de Fladalfi.

  • A Génoas-Khal, déesse de la mer et de l’eau, Nunn offrit le dimanche, la septième semaine et le mois de Génoi.

"La création du calendrier"

extrait de La bible des servants dragons d’Abath-Khal

 

Au cours de la collation précédant leur opération d’infiltration, le baron aborda à nouveau la nécessité pour le chevalier de la Huchette d’infiltrer le quartier commerçant. « Vous devez vous créer un personnage qui vous permette d’atteindre votre but. Moi par exemple, je suis connu dans tout le royaume comme le personnage le plus puissant après le roi Roll. Je me suis forgé une image d’élitiste intransigeant ayant un faible pour l’apparat. Je pratique les mondanités, je mens et manipule à tous va pour m maintenir au pouvoir. Mais personne n’ose me mentir. Les gens ont trop peur des conséquences… les gens me savent sans scrupule. Mon image génère plus de crainte que mes actes. L’imag est un écran de fumée derrière lequel on peut cacher ses réelles activités. Slymock est lui considéré comme un fouineur, voir un oiseau de mauvaise augure... Vous, mon cher, je vous vois devenir un noble exubérant, avide de soirées mondaines et de potins. En tant que grand chambellan, je vous attribuerai une rente conséquente qui vous permettra d’inonder les commerçants de vos pièces d’or et justifiera votre changement de mode de vie. Il vous faut vous constituer une véritable cour. Si tous les boutiquiers de luxe se battent pour rentrer dans vos petits papiers, ils vous apporteront les plus sombres secrets de leurs adversaires sur un plateau d’argent. Et acheter dans les quartiers des autres castes vous reconnectera au peuple. Vous aurez ainsi un coup d’avance sur le reste de la première caste de Panamantra. Et devenir l’organisateur privilégier des fêtes de la noblesse vous procurera également un statut particulier et nous donnera la possibilité de glisser des espions partout, dans le personnel, dans des caches aménagées...De plus, vous affichez comme un personnage décadent vous autorisera de justifier n’importe quelle action insensée. Et vous n’aurez même plus besoin de vous déguiser comme nous allons le faire à présent. »

En début d’après-midi les deux elfes se présentaient à la porte de la boucherie « La corne d’abondance ». L’importance et la richesse de l’établissement transparaissait dans chaque détail de la décoration. La couverture des deux elfes parvint sans mal à convaincre les propriétaires en se faisant passer pour un duo de négociants de bœufs originaires de Neassa, la ville la plus au Nord-Est. Ainsi, ils eurent droit à une visite de l’ensemble des infrastructures et rencontrèrent les parents d’Alceste qui travaillaient dans l’arrière-boutique. Au détour de la conversation, Slymock fit comprendre que ses carcasses n’étaient pas toutes de première fraîcheur pour mesurer l’intégrité de ses interlocuteurs. A peine le sujet mis sur la table, les masques tombèrent. Le boucher de la Corne d’abondance employait les parents d’Alceste pour écouler sa viande avariée auprès des proscrits. Les derniers nés de Nunn vivaient dans une telle misère qu’ils n’étaient pas regardants sur la qualité. Au regard de la pénurie, même la viande pourrie s’arrachait à prix d’or. Les faux négociant abordèrent alors brièvement les tarifs avant de prétexter un autre rendez-vous pour s’éclipser.

A peine sortis de l’établissement, juste après avoir tourné au coin de la rue, Ugmar fulmina : « Je suis surpris que vos agents soient passés à côté d’une information aussi capitale ! Ces proscrits n’ont pas besoin d’être en cheville avec la ligue des ombres ! Ils ont créé leur propre entreprise mafieuse. C’est la preuve que nous négligeons trop la surveillance des derniers nés de Nunn. Ils trafiquent sous nos yeux sans que l’on s’en rende compte ! Il faut rapidement développer notre réseau dans les bas-fonds. Je demanderai à Slymock de vous aidez à constituer une cellule spécifique. »

Penaud, Flagorn fit œuvre d’humilité. « Je reconnais avoir été inconséquent maître Slymock. J’étais obnubilé par les intrigues de cour et j’ai totalement délaissé les renseignements des masses populaires. Votre visite m’a ouvert les yeux et je connais mes objectifs de développement poour les prochaines années. »

Toujours irrité, l’éminence grise du baron Ugmar se rassénnera néanmoins. « Il est vrai que mon voyage n’aura pas été inutile. Nous tiendrons correspondance pour évaluer l’avancé de la « modernisation » du réseau de Panamantra. Quoi qu’il en soit, nous ne pouvons pas nous fier à cet Alceste. Toutes ses actions risqueraient d’être calculées en fonctions des intérêts de son clan familial. »

Dans un petit sourire triste, le chevalier de la Huchette glissa un petit mot de réconfort. « Il nous reste encore un candidat, maître Ugmar. Tout n’est pas perdue. »

« Notre dernier espoir repose sur le fils d’une putain ! Enfin, j’irai quand même par acquit de conscience. » Le grand chambellan ressentait un poids immense sur ses épaules, déjà persuadé d’avoir échoué dans sa quête. Son temps était précieux. Pendant son absence à la cour, le baron Otto, son adversaire de toujours avait les coudées franches pour lui soutirer la moindre parcelle d’influence au conseil.

Les deux elfes rentrèrent au cabinet secret et passèrent le reste de l’après-midi à réfléchir à la manière de développer le réseau d’espionnage de Panamantra. Ce ne fut qu’au milieu de la nuit que Ugmar se déguisa pour se rendre chez la mère du dernier candidat. Avec la faculté à passer inaperçu que lui avait enseigné Slymock, le grand chambellan, accompagné du chevalier de la Hulotte, parvint sans mal à se rendre sans se faire remarquer dans la ruelle où la catin officiait. Quelle ne fut pas sa surprise de constater que le jeune garçon jouait les rabatteurs pour sa mère.

Ôme aborda Slymock avec gouaille. « Bonsoir Messeigneurs ! Ça vous dit de vous encanailler avec la plus belle dernière née de Nunn de Panamantra ? »

Modifiant sa voix, le grand dignitaire répondit. « Ma foi pourquoi pas ? Tu me garantis que c’est la plus jolie de cette partie du royaume ? »

Les yeux brillants de fierté, le garnement ne se démonta nullement. « Elle est même plus belle que la plupart des elfes de la cour de Zulla. Et je ne dis pas ça parce que c’est ma mère. Je vous le jure, Monsieur le grand chambellan. »

« Tu es perspicace et physionomiste petit ! » Le baron n’en revenait pas. L’enfant l’avait reconnu malgré son déguisement et son expérience. Finalement, malgré ses préjugés, il venait peut-être de trouver le candidat idéal pour représenter les derniers de Nunn. Ôme ne ressemblait pas à un simple singe savant mais à un petit garçon intelligent, serviable et avec un vécu certain.

« Soyez rassuré, seigneur Ugmar, avec moi et ma mère, votre secret sera bien gardé. Pareil pour vous Monsieur le chevalier de la Huchette. Plein d’elfes de la première caste viennent ici déguisés comme vous, et aucun n’a vu ses pérégrinations étalées sur la place publique. Nous savons rester muets comme des tombes. Et ma mère s’est installée dans ce quartier tranquille pour être à l’écart des associations de malfaiteurs et des maîtres chanteurs. Aucun n’ose s’aventurer dans le quartier des centaures. »

Ôme répondait sans le savoir aux questions que ses interlocuteurs se posaient intérieurement. Il existait donc bien des elfes qui s’unissaient avec des derniers nés de Nunn, certes des prostituées, mais cela était sévèrement puni par la loi ! Décidément, ce voyage à Panamantra s’avérait très instructif et alertait le grand chambellan sur les points de vigilance sur lesquels il devrait travailler dès son retour à Zulla. En tout cas, Ôme montrait qu’il savait garder un secret. Aucun nom n’avait filtré. Le garçon n’avait dévoilé que les informations nécessaires pour convaincre son interlocuteur. La liste de ses qualités s’allongeait à vue d’œil.

Le garnement attira le notable de la capitale dans une minuscule maisonnette coincée entre deux bâtiments. Une fois la porte passée, Ugmar resta pantois devant la beauté hypnotique de la créature qui l’attendait dans un coin de la petite pièce éclairée à la bougie. Le jeune rabatteur ne lui avait pas menti, sa mère était magnifique. Elle n’aurait pas eu à rougir de son apparence en présence des plus jolies elfes de la première caste de la cour du roi Roll. Le cœur de l’espion battait la chamade et celui-ci avait à présent une raison de plus pour faire venir le jeune prodige à Zulla. Et son esprit machiavélique élaborait en toute hâte une stratégie pour enrôler la mère et son fils dans le camp son camp.

« Maman, voici le Grand Chambellan Ugmar, dont je t’ai parlé tout à l’heure. Et aussi le chevalier de la Huchette, le plus grand dignitaire de Panamantra. »

Les elfes effectuèrent une modeste révérence tout en retenue. « Bonsoir Madame. Nous sommes ravis de vous rencontrer. »

Avec une apparence d’une froideur glaçante, la femme leva la main pour interrompre l’elfe. « Je me moque de votre identité. Vous êtes justement déguisé pour la protéger et surtout cacher le fait que vous veniez faire votre petite affaire avec une pute des derniers nés de Nunn ! Vous faites les mielleux car mon gamin vous a reconnu, mais soyez rassuré, nous serons muets comme des tombes. Nous ne sommes que des gens de rien face à des gens du sang, et d’un claquement vous pouvez nous réduire au silence. »

Ugmar retira sa barbe postiche, se redressa pour retrouver sa posture rigide et commença son entreprise de séduction. A ses côtés, Flagorn demeurait coi, apprenant du maître de la manipulation. « Certes, je suis venu « faire ma petite affaire » Madame, mais elle ne consiste pas en ce que vous croyez. Je me suis grimé pour ne pas être reconnu dans la rue. Par contre, il est essentiel que vous connaissiez ma véritable identité. »

« Par ce que votre perversion, c’est la domination ? Ou la soumission ? J’en ai beaucoup des clients comme ça. » Toujours aussi distante, la catin n’avait pu s’empêcher d’interrompre à nouveau Ugmar.

« Non ! Vous n’y êtes pas du tout. Par contre, comme vous l’avez fait remarquer fort à propos, d’un claquement de doigt, je peux faire de votre vie un enfer. Ce que je vais vous révélez doit rester entre nous. » Le grand chambellan n’avait pas l’habitude qu’on se montre aussi revêche à son égard, aussi s’en montrait-il courroucé. Un brasier s’éclairait en lui, mais était-ce réellement de la colère ?

Tout en regardant le grand dignitaire droit dans ses yeux aux reflets d’or, la belle s’adressa à son fils. « Ôme, va dans ta chambre. J’ai à parler avec ces messieurs. »

Flagorn se recula un peu, comme pour s’éloigner de la tension qui s’installait. Le grand chambellan ne baissa pas le regard et le petit garçon n’eut pas le temps de quitter la pièce. « Non Ôme, reste ici. Tu es également concerné. Enfin, tu le seras sans doute à un moment donné, autant te mettre immédiatement dans la confidence. »

La divine indiqua la petite table ronde qui trônait au milieu de la pièce. « Très bien, veuillez prendre place. »

Une fois les convives assis, Ugmar débuta son explication. « Ma position et mes responsabilités me procure beaucoup d’ennemis. De ce fait, j’ai du développé un réseau d’espionnage, afin de prévenir les actions des gens mal intentionés. Et je suis ici pour vous recruter Fam. Fam, c’est bien votre prénom ? » Mais bien entendu que c’était son prénom ! Le noble baon cherchait seulement à afficher un détachement de façade.

« Oui, c’est bien ça. C’est bien mon prénom. » La catin était surprise par ces révélations. « Mais pourquoi venir en personne ? Vous n’avez aucun agent à Panamantra ? »

« Dans le renseignement, le cloisonnement constitue la règle de base. Il est préférable que vous ignoriez l’identité des membres du réseau de la cité. Et il est indispensable que tout le monde ignore que je suis venu vous recruter personnellement pour une mission à Zulla. Vous dépendrez directement de moi et de mon homme lige sans aucun autre intermédiaire. Bien entendu, si nous sommes satisfaits de vos services, nous saurons être généreux. D’après mes renseignements, vous êtes la seule personne de votre « profession » parvenue à demeurer indépendante depuis l’avènement de la ligue des ombres. Êtes-vous prête à entendre ma proposition ? »

Avant même qu’elle réponde, par son attitude Fam traduit son intérêt. « Proposez toujours, je vous donnerais mon avis ensuite. »

« Mon cabinet noir ne parvient pas à glaner d’informations sur les elfes recourant aux « services » d’une créature tel que vous, ni sur la ligue des ombres. Vous pouvez devenir la clef qui m’offrira l’accès à ces deux mondes. En venant pratiquer votre « art » à la capitale, vous me permettrez d’identifier les elfes déviants de la cour. Si en plus, vous parveniez à infiltrer la ligue des ombres... »

Fam coupa court à l’explication. « Si je me suis battue pour rester indépendante, c’est pour protéger mon fils, Ôme de la ligue des ombres ! Et vous m’engageriez pour me jeter dans leurs griffes ? »

« Ne vous inquiétez pas. Nous vous créerons une nouvelle identité à tous les deux. Ôme serait mis en sécurité. De ce que j’ai vu mon garçon, tu es suffisamment brillant pour intégrer le programme de recrutement pour le nouveau corps des fonctionnaires que nous tentons de mettre en place. Et je te placerai publiquement sous ma protection, en te présentant comme un orphelin. Par contre cela impliquera un grand sacrifice. Vous serez condamnés à couper les ponts, ne plus vous revoir, au moins pour plusieurs dizaines d’années. Mais je suppose Madame que vous vous sacrifiez ainsi pour l’avenir de votre fils. Et c’est le meilleur avenir possible pour un dernier né de Nunn que je lui offrirai en échange de vos services et de votre allégeance. » Par la grâce d’une inspiration géniale dont il était coutumier, Ugmar faisait passer la sélection de Ôme dans le nouveau corps des fonctionnaires pour une récompense annexe ! Le baron donnait l’impression d’extirper ces deux proscrits de leur condition pour les seules compétences de Fam. Faire de l’enfant le pupille du grand chambellan, pouvait constituer l’amorce permettant de tisser des liens avec le jeune prodige. Peut-être qu’à terme, celui-ci verrait dans le dignitaire elfe un père de substitution. En manœuvrant de la sorte, le garçon ressentirait probablement une reconnaissance accrue qui se manifesterait par une fidélité indéfectible. C’est pourquoi il rajouta. « Mon maître espion et moi-même constitueront votre seul lien. Vous n’auriez qu’une correspondance épistolaire. Et bien entendu, vous devriez brûler vos lettres immédiatement après les avoir lues. »

« Vous m’avez cerné seigneur Ugmar. Pour mon petit Ôme, je serais prête à tout. Mais je ne suis qu’une putain des bas quartiers de Panamantra qui tente de survivre en fricotant avec quelques nobles désargentés en manque de sensations fortes. Comment deviendrais-je une courtisane de la capitale en cheville avec la ligue des ombres ? » Fam mettait le doigt sur un point primordial.

« Il n’y a rien de plus facile que d’établir une situation lorsqu’on dispose du budget suffisant. Vous arriverez à Zulla en grandes pompes en achetant un coquet hôtel particulier avec pignon sur rue ; au frais du cabinet noir, évidemment. Mes agents laisseront filtrer des commérages sur vos « talents », vous bâtissant une réputation avant même votre emménagement. Et nous ferons de vous la reine des nuits de Zulla. Mon fidèle Slymock jouera le client régulier et cela ne fera que grandir votre réputation. Avec un peu de chance, le gratin de la cour cherchera à vous rencontrer, par curiosité voir plus. Si cela arrive, je n’ai aucun doute que la ligue des ombres tentera de vous enrôler. » Ugmar planta alors son regard ténébreux dans les yeux bleus océan de Fam. « Par contre, n’oubliez jamais pour qui vous travaillez. Devenir agent double bouleverse une personne. Il vous faudra peut-être trahir des gens qui seront devenus vos amis. »

Fam l’interrompit à nouveau. « La seule personne qui compte pour moi, c’est Ôme. Si vous l’intégrez à un nouveau corps de fonctionnaire, je consentirai à tous les sacrifices et vous aurez ma reconnaissance éternelle. Il serait impensable pour moi de vous trahir. »

Ôme intervint à son tour, les yeux brillant de reconnaissance. « Moi aussi, je vous jurerai fidélité pour toute ma vie seigneur Ugmar. »

« Attention mon garçon, prêter allégeance n’est pas une parole en l’air ! J’attends de toi une obéissance sans bornes, mais sache qu’ainsi tu obtiendras une ascension sociale...à condition que tu fasses tes preuves à l’école. » Ugmar avait consciencieusement tissé sa toile et parvenait déjà à inculquer dans l’esprit de ses interlocuteurs un sentiment de reconnaissance à son encontre. La partie était gagnée. Il fallait maintenant régler les soucis logistiques. « Madame, que pensez-vous de ma proposition. Je vous laisse une journée pour réfléchir car c’est un engagement total que j’exiger de vous. Demain, le baron de la Huchette reviendra ici à la même heure pour prendre connaissance de votre décision définitive. J’utiliserai la journée pour élaborer avec le chef de mon cabinet noir votre couverture et régler tous les détails de votre arrivée à Zulla. Quelle que soit votre réponse, je partirai après-demain, avec ou sans vous. » Ugmar se leva alors, remit sa cape sur ses épaules et se dirigea vers la porte d’entrée. « Bien entendu, cette discussion n’a jamais eu lieu. Ne gâchez pas l’occasion que je vous offre de fuir votre condition en vous confiant à n’importe quel quidam que vous ne reverrez probablement plus jamais. Je vous laisse à vos réflexions. Bonne nuit à tous les deux. » Et l’elfe sortit de la maison pour rejoindre le local secret du chevalier de la Huchette, l’esprit obnubilé par le délicat visage de la créature qu’il venait de rencontrer.

A l’intérieur de la cahute, l’effervescence régnait. Fam réalisait enfin l’importance de la proposition du grand chambellan. « C’est incroyable Ôme ! Mes prières ont été entendues par Batum-Khal ! Nous allons pouvoir quitter cette fange ! »

Le jeune garçon quant à lui s’était rembruni. « Mais tu vas devoir prendre des risques. Tu vas devoir te lier à la ligue des ombres alors que tu as tout mis en œuvre pour l’éviter. De plus, tu devras continuer à te prostituer. Et puis surtout, nous serons séparés pour toujours. »

Fam serra son fils entre ses bras et se mit à lui murmurer des mots réconfortants à l’oreille tout en lui caressant ses cheveux bruns. « C’est pour toi que je le ferais mon ange bleu. Ces sacrifices ne seront pas vains. Tu deviendras peut-être un modèle pour notre race, le plus grand dernier né de Nunn, le représentant de notre peuple ! Et alors, on se retrouvera car on ne pourra plus rien te refuser. Et puis nous pourrons enfin manger à notre faim et dormir sans l’angoisse du lendemain. Nous allons pouvoir vivre et non plus survivre. Pour l’instant, il faut prendre ce qu’on nous offre. Et tu seras toujours dans mon cœur mon ange bleu. »

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Peridotite
Posté le 27/02/2023
Coucou Sebours,

Me revoilà avec un peu de retard 😊

Le chambellan et le chevalier de la Huchette ont trouvé le gamin idéal en la personne de Fam. On a l’impression que le chambellan a le béguin pour sa mère qu’il a direct essayé de caser quelque part. Soit il ne perd pas le nord et cherchait un moyen d’infiltrer la mafia depuis longtemps, soit il va s’en faire son amante attitrée. Ou les deux 😊

J’ai lu la remarque de Sylvain concernant l’action. Pour moi, on est toujours dans une période de préparation avant la guerre et comme ton roman est long, je dirais que le rythme me va. Peut-être qu’il faudra des coupes pour aller à l’essentiel, mais le fond est là.
Quand tu dis manque de descriptions, moi je valide. Je pense que quelques phrases de plus, ici et là, pour camper le décor notamment ou décrire l’apparence des persos ou des maisons seraient bien. Elles peuvent être courtes, pas besoin d’en faire des caisses, mais en ajouter augmenterait l’immersion du lecteur dans ton monde. Ici par exemple, on ne perçoit pas la différence entre le quartier des commerçants où se situe la boucherie et les bas-fonds où exerce Ôme. Ça serait une idée de décrire l’ambiance, les rues pavées ou non, l’architecture, les bruits et les odeurs dans ces quartiers.
Je pense que ce que Sylvain veut dire, c’est peut-être qu’il manque de tensions dans les scènes. Là par exemple, la négociation se passe nickel, alors que si tu ajoutais un conflit ou des difficultés, tu ajouterais par là-même du suspense. Ce serait un point qui pourrait être repensé lors des phases de réécriture et de ficelage, car ça augmenterait la fluidité et améliorerait le récit en général.

Sinon, je comprends tout bien jusqu’à présent et j’aime bien tes persos. Le fait qu’ils soient tous différents, avec chacun un objectif clair et une personnalité à eux, est un plus. Le monde aussi est très cool (d’où la volonté d’avoir encore plus de descriptions, pour bien poser l’ambiance chez chaque peuple) et le fait d’avoir une temporalité si longue est originale. Je me demande si tu vas aussi nous mettre le point de vue des Dieux un moment.

Je t’ai relevé pleins de petits couacs sur le style, des fautes de typos ou de grammaire, mais rien d’alarmant 😊

Mes notes :

« Une année comporte 7 mois de 7 semaines de 7 jours, soit 343 jours. »
> Comme tu es sur une planète différente, j’aurais imaginé des règles encore plus différentes des nôtres.
Pour les noms de jour, c’est pas possible d’utiliser les mêmes termes, car lundi, c’est le jour de la lune, mardi de mars, mercredi de Mercure etc. or, il est vraisemblable qu’on ne soit pas dans le système solaire. Donc tu peux éventuellement leur donner le nom des planètes alentours, si c’est pertinent.
Autre idée, tu peux t’inspirer du système anglo-saxon. Monday, c’est le jour de la lune comme chez nous. Sunday, c’est le jour du soleil, mais pas comme chez nous où dimanche, c’est le jour du seigneur (Dominicus). Ensuite, Tuesday vient du Dieu germanique Tyr, Wednesday de Odin (« Woden »), Thursday de Thor et Friday de la déesse Freydja. Je sais pas si tu connais, mais c’est le panthéon des Dieux germains, avec Yggdrasil et tout ça. Ainsi, pour revenir au sujet, tu pourrais donner aux jours le nom des dieux, d’autant que nous en fait la présentation exprès ici donc les rapprocher de lundi, mardi etc n’est pas pertinent à mon avis. Par exemple, lundi peut donner Abadi, mardi batumdi, mercredi serait cedi etc. Ça collerait bien mieux à ton monde.

« Je pratique les mondanités, je mens et manipule à tous va pour m maintenir au pouvoir. »
> Je doute que quelqu’un affirmerait ça comme ça 😊 Je pense que tu devrais être un poil plus subtil.
> manque un -e : « me »

« L’imag est un écran”
> Manque un -e : « image »

« voir un oiseau”
> voire

Je me demande si ce serait pas mieux que le chevalier se dise ça de lui-même.

« En début d’après-midi les deux elfes se présentaient à la porte de la boucherie »
> « se présentèrent » ?

« La couverture des deux elfes parvint sans mal à convaincre les propriétaires en se faisant passer pour un duo de négociants de bœufs originaires de Neassa, la ville la plus au Nord-Est. »
> Tu devrais inverser les infos : présenter leur couverture puis dire qu’elle impressionne les commerçants. Les idées seraient mieux connectées. Là, tu fais l’inverse, donc on ne comprend pas la première partie de la phrase, sans lire la deuxième.

« Au détour de la conversation, Slymock fit comprendre que ses carcasses n’étaient pas toutes de première fraîcheur pour mesurer l’intégrité de ses interlocuteurs. »
> Ici aussi, la dernière partie de la phrase pourrait être ramener au début pour des soucis de fluidité de lecture, par exemple : « Pour mesurer l’intégrité de ses interlocuteurs, Slymock fit remarquer au marchand que les carcasses n’étaient pas de première fraîcheur »
> Et est-ce vraiment pour mesurer l’intégrité ?

« Flagorn fit œuvre d’humilité”
> On dit « fit prevue d’humilité » en général

« poour les prochaines années”
> Un -o en trop qui traîne

« se rassénnera”
> “se rassena” ? au passé simple ? Au futur, ça s’écrit « rassènera » il me semble

« nous ne pouvons pas nous fier à cet Alceste »
> À qui ? Je ne me souviens pas de ce perso.

« de la Hulotte”
> Mais ? C’était pas de la Huchette ?
Mais si, juste avant tu as « Dans un petit sourire triste, le chevalier de la Huchette… »
Et plus tard : « Et aussi le chevalier de la Huchette, le plus grand dignitaire de Panamantra »

« Ôme aborda Slymock avec gouaille. »
> Tu oublies de préciser avant le nom de la bonne femme. Là par exemple, tu peux mettre : « dans la ruelle où Ôme, la mère de … tapinait. »

« malgré son déguisement et son experience »
> Je mettrais juste « malgré son déguisement »

« pour représenter les derniers de Nunn »
> Il manque « Nés »
« pour enrôler la mère et son fils dans le camp son camp »
> Il y a un soucis dans la phrase

« Ugmar retira sa barbe postiche »
> Je ne crois pas que tu ais décrit leur déguisement avant. Ce serait bien d’avoir une phrase ou deux pour bien se les imaginer.

« Ce que je vais vous révélez »
> révéler

« Un brasier s’éclairait en lui »
> Le verbe ne me semble pas être le meilleur

« Flagorn se recula un peu, comme pour s’éloigner de la tension qui s’installait. »
> L’idée est bonne, mais je trouve la formulation maladroite.

« j’ai du”
> dû

“De ce fait, j’ai du développé un réseau d’espionnage, afin de prévenir les actions des gens mal intentionés. »
> Si j’étais lui, je basarderais pas toutes mes cartes et mes petites magouilles face à une prostituée ou bientôt, tout le quartier sera au courant de ses manigances.

« Avant même qu’elle réponde, par son attitude Fam traduit son intérêt. »
> « qu’elle ne réponde »
> « traduisit » au passé
> Qu’est-ce qui dans son attitude traduit son intérêt ? Ce serait mieux de le montrer.

« c’est pour protéger mon fils, Ôme de la ligue des ombres »
> Soit tu encadres Ôme de virgules, soit tu enlèves la virgule à mon avis.

« vous devriez brûler"
> “devrez”
Sebours
Posté le 27/02/2023
Ouh punaise! Ce coup-ci j'ai vraiment pas relu mon chapitre dit-donc!

Abathi, Batumi...j'ai donné ces noms aux mois. Pour le nom des jours, je réfléchis encore. Comme je ne les utilisent pas dans mon récit, cela me gène moins à présent de les changer le nom des jours. (Jour de l'orc, jour du gnome, jour de l'elfe?)

Pour les descriptions,je suis d'accord. Il va falloir que j'étoffe tout ça. Pourtant, à force d'écrire, je me rends compte que mon histoire est tellement longue que je pourrais tenir 4 ou 5 tomes. Surtout que j'ai l'impression de survoler les thématiques et les idées que je développe. Et il y a plein de choses que j'ai laisser en cour de route (le chevalier de la Huchette par exemple, je ne l'utilise plus après.)

La vision des dieux n'est pas prévu pour le moment. Je préfère les laisser dans l'ombre comme des menaces intangibles. J'avais un deuxième tome en vue où ils apparaitraient...mais déjà arriver au bout de cette histoire,ce sera pas mal.
Peridotite
Posté le 27/02/2023
Si tu n'utilises plus le chevalier de la Huchette par la suite, je te conseille de carrément supprimer ce personnage. Si ton roman est assez long, tu peux envisager de faire une phase de relecture spéciale coupes. Perso, je suis passée par là. Je crois que Stephan King disait qu'il supprimait toujours 10 à 30% du roman en relecture. Il vaut mieux un roman plus court et bien rythmé que trop long à mon avis. Mais c'est un soucis que j'ai avec le Darrain aussi. Il est long pour un premier roman. Par moment, j'ai bien failli m'y perdre.

Je pense qu'il est important de bien poser les décors et les persos quitte à faire quelques coupes, plutôt que de conserver des loops où l'ambiance n'est pas bien rendue ou un perso mal campé. Celles-ci peuvent être raccourcies ou enlevées en post-prod si elles n'apportent rien.

Je te dis tout ça, mais je comprends que ton but soit d'arriver à la fin du premier jet. Il vaut mieux finir quoi qu'il arrive afin de pouvoir repenser l'histoire dans son ensemble.
Sebours
Posté le 27/02/2023
J pense à supprimer le chevalier.
Chaque jour la liste des modifications que je veux apporter s'allonge. J'ai hâte d'arriver au bout du premier jet, comme ça je pourrais mettre sur le papier cette liste et j'y verrais plus clair.

Pour moi, ton histoire ressemblerait presque à une saga. La preuve, toi-même dans les titres de chapitre, tu indiques Livre XXX.
Peridotite
Posté le 28/02/2023
Haha courage ! Je fonctionne aussi par listes sinon j'oublie tout !

Le Darrain est conçu comme un one-shot, mais parfois quand je rêvasse, j'imagine la suite :-) Mais pour l'instant, j'aimerais me focus sur deux autres projets d'écriture, un livre crèpe de roman contemporain et un projet plus ambitieux de SF. Là, je finis un tout petit livre fantasy jeunesse pour le fun, avec des sorcières. Mon vrai rêve, ce serait un jour de faire une BD de A à Z, dessins inclus, mais ça risque de prendre tellement de temps !
Sebours
Posté le 28/02/2023
Des scénario de BD, j'en ai des wagons. Par contre, j'ai jamais réussi à les mettre en dessins! Je ne suis jamais satisfait de mon rendu, même sur des gags en une planche! C'est pas que je dessine mal, mais pour moi c'est impossible de me contenter du résultat si il ne correspond pas à ce que j'imagine dans ma tête.
Du coup, j'ai dans mes cartons un projet de livre illustré pour reconvertir ce que j'ai déjà bossé.
C'est quoi un livre crèpe?
Peridotite
Posté le 28/02/2023
J'avais écrit un ou deux scénars de BDs plus jeunes, mais ils sont assez nuls. Il y avait une histoire avec des clones pas si mal, mais elle ressemble à la planète des singes en y regardant de plus près ! Il faut que je trouve des idées plus originales que ça.

Pour m'entraîner à la BD, je me suis lancée dans un livre de fantasy illustré. Un album pour petits enfants. J'ai presque fini. En fait, il me reste 3 dessins sur les 50 ou quelques illustrations. Ça m'a pris genre 1000 ans ! À savoir que j'ai refait certains dessins deux ou trois fois quand j'étais pas satisfaite. Parfois, j'ai recommencer pour faire des tests de couleurs. Maintenant, il me reste toute la post-prod, virer les taches ou retravailler les couleurs sur Photoshop, puis faire le montage et toute la mise en page. Pour ça, j'aimerais utiliser InDesign. J'ai exprès fait un livre de voyage sur InDesign l'an dernier pour mes amis, avec montage photos, histoire d'apprendre à utiliser ce logiciel. Au début, c'est galère mais la prise de main est rapide. Pour une BD, j'hésite à investir dans une tablette. J'en ai testé récemment et c'est plutôt cool en fait. Ça pourrait vraiment aidé question rapidité sinon j'aurai fini cette BD quand je fêterai mes 80 ans.

Je dis livre crèpe, mais c est une façon de parler. Je pensais juste à un livre à la Amélie Nothond qui est bouclé en genre 100 pages. Parce que là, avec le Darrain j'étais partie sur un livre type Bible et l'écriture est sans fin. Mais je n'exclus pas de recommencer un long roman SF (je suis maso haha).

Au fait, j'ai regardé des épisodes de l'Alchimie d'un roman que tu m'as conseillés. J'ai commencé en réalité par l'Alchimie de l'Écriture et c'est sympa. J'avais d'ailleurs dans l'idée de regarder quelques épisodes ce soir. :-)
Sylvain
Posté le 24/01/2022
Hello!

Alors, pour commencer, je trouve vraiment dommage que tu conserves les noms traditionnels des jours dans ton histoire: Tu recréés un système calendaire, tu imagines un monde complexe, bien ficelé, et tu restes sur lundi, mardi... Je trouve ça tellement dommage! Va jusqu'au bout! Invente le nom des jours!

On reste dans la manipulation d'Ugmar et c'est toujours aussi croustillant. La rencontre avec les humains est bien menée, elle se lit bien et le dénouement est cohérent. Ils acceptent car ils ont reçu les bons arguments.

Ôme et Fame? Est-ce un clin d'œil, ou sont-ils un peu les Adam et Eve de ton histoire? Qui donneront plus tard leurs prénoms au deux genres humains? C'est drôle en tous cas^^

Je voudrais te faire part d'une chose, qui ne concerne pas forcément ce chapitre d'ailleurs:
Pour moi qui suis fan des univers complets, cohérents et matures, les longueurs ne me dérangent pas, j'aime quand le décor se pose lentement. Mais n'as-tu pas peur que certains lecteurs se lassent ? (j'ai le même problème sur mon histoire^^)
Finalement, à part l'arc sur la dryade, tu as pour l'instant peu d'action. Ne serait-il pas bien d'intégrer un peu plus de mouvement? Juste pour amorcer tes chapitres et faire passer la même chose, mais avec un peu plus d'action? L'enlèvement d'Ugmar par exemple, ou quelque chose comme ça.
Je pense que quand tu écris un chapitre, tu sais précisément où tu veux aller, mais ca manque un peu d'enrobage pour tenir le lecteur en halène.
Je me pose juste la question.

A bientôt!
Sebours
Posté le 25/01/2022
Pour le système calendaire, je me suis posé la question.Et en fait, d'un point de vue pratique, si j'utilise lundi dans mon texte, le lecteur comprendra, mais si je mets un nom de jour inventé, j'ai peur de le perdre.
Pour Ome et Fame, tu as raison, ils vont donner leurs noms aux derniers nés de Nunn.

Qu'entends-tu par action? Si c'est bataille, mon objectif est de montrer toute la montée avant la reprise de la guerre, donc les réflexions et manipulations.
Après, je me suis fais la réflexion pour Nomrad, la naine. J'ai peur de trop monter ses réflexions et pas assez ses actions. J'essaie d'évoluer dans mon écriture. On se trouve là sur les premiers chapitres que j'ai rédigé et je les retravailleraient très certainement.
Ce qui est curieux également, c'est que j'ai la crainte de ne pas faire assez de descriptions. Et ce sentiment est contradictoire avec ta remarque comme quoi ça manque d'actions. L'écriture est une remise en question permanente!!!
Sylvain
Posté le 25/01/2022
Je pense qu'au niveau description, tu es bien, je n'ai pas la sensation qu'il en manque.
Lorsque je parle d'action, je pense à mise en situation.
Lorsque tu écris un chapitre, tu veux faire passer une idée, un dialogue, mais tu peux l'introduire grâce à une situation pas forcément nécessaire à l'intrigue, mais qui rajoute du peps à ton écrit.
Au lieu de simplement développer un dialogue pour aller d'un point A à un point B, tu peux rajouter des artifices pour le faire passer. Par exemple, pourquoi ne mettrais tu pas Ugmar ou Slymock en difficulté de temps en temps, sans que ça n'influence ton histoire derrière? Ca pourrait être chouette de voir Slymock se dépatouiller d'une galère pour illustrer ses talents. Parce que finalement, on se fait une certaine image de lui, mais on ne l'a encore jamais vu en action. Ca te permettrait en plus de le crédibiliser davantage.
Je ne sais pas si je suis assez clair^^
Sebours
Posté le 26/01/2022
D'accord, je comprends. Par contre, je ferais ça dans la phase de réécriture je pense.
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