Installation

Par deb3083
Notes de l’auteur : Les copier coller de Word suppriment les tirets cadratin, veuillez m'en excuser

Comme Estelle le lui avait recommandé, Amalia testa sa pseudo histoire de livre auprès de Candice trois jours plus tard juste avant son départ. À son plus grand étonnement, sa meilleure amie la crut sans émettre le moindre doute sur son projet.

  • C’est bien que tu puisses te lancer dans un projet aussi important. Cela te changera les idées, tu as eu raison d’accepter ce défi. A l’occasion j’essayerais de venir te voir, quand tu seras installée.

 

Un peu déstabilisée, Amalia préféra tempérer les ardeurs de son amie :

  • Hum…je t’appellerai pour que tu ne te déplaces pas pour rien. Je vais devoir me mettre très rapidement au travail et…
  • Oui, je comprends. Et puis, c’est vrai qu’un an pour écrire un bouquin, faire les recherches documentaires et les photos, c’est short quand même. Et au fait, tu vas t’installer où ?
  • Hum…au palais. Dans les quartiers réservés au personnel.
  • Wouah la chance ! Tu vas carrément vivre sur place ? Dis donc, ils sont super influents les gens de ta maison d’édition !
  • Je ne vais presque rien recevoir comme salaire en contrepartie puisque je serai logée et nourrie comme les employés qui vivent là à l’année.
  • Ah oui. Et donc,…
  • J’ai prévu de chercher un truc genre serveuse dans un resto le soir. Quand ce sera fini, je devrais chercher un nouvel appart.
  • Mais le bouquin va sûrement bien marcher…
  • J’espère. Mais de toute façon, là encore, je ne toucherai presque rien.
  • Ça te permettra de te faire un nom en fait.
  • Hum…
  • En fait, ça n’a pas l’air de t’enchanter.
  • Je suis stressée.
  • Il ne faut pas. Ils sont très accessibles dans la famille royale.
  • Pour ça, excuse-moi mais j’ai un sérieux doute. Quand on se permet de mettre à la porte de pauvres citoyens sans même prendre la peine de s’assurer de leur avenir…

 

La sonnerie du smartphone de Candice retentit, ce qui permit à Amalia de clôturer cette discussion qui la mettait terriblement mal à l’aise.

La jeune femme avait conscience qu’elle se lançait dans une drôle d’expédition mais elle était à cran, sans argent et sans domicile. Squatter l’appartement de sa meilleure amie ne devait être que temporaire, elle ne voulait surtout pas vivre à ses crochets.

Si les parents de Candice étaient très riches et pourvoyaient à ses besoins, Amalia, qui n’avait jamais connu son père et qui ignorait son identité, n’avait que sa mère pour seule famille.

Catherine Arcangioli, qui ne travaillait plus à cause de ses problèmes de santé, vivait dans un petit logement social à Melun et payait le loyer modeste avec une partie de sa pension d’invalidité.

Amalia l’avait quittée il y a trois ans à regret mais Candice avait réussi à la persuader de lancer avec elle l’agence immobilière.

Au début de son installation à Cannes, Amalia versait chaque mois une belle somme d’argent à sa mère mais par la suite, elle n’en avait plus été capable. Cependant elle n’avait pas pu se résoudre à ne plus aider sa mère et elle lui avait caché les difficultés de l’agence. Catherine Arcangioli de son côté, refusait que sa fille culpabilise et à chacune de ses visites elle faisait tout pour cacher ses problèmes de santé, toujours plus importants. Mais Amalia n’était pas dupe et tous les mois, elle transférait à sa mère le peu d’argent qu’elle gagnait encore en espérant qu’un jour sa santé s’améliore.

Si cet horrible prétentieux qui employait Catherine Arcangioli  ne l’avait pas virée parce qu’elle refusait ses avances, elle ne serait pas cloîtrée chez elle à l’heure actuelle. La plainte qu’elle avait déposée avait été classée sans suite par manque de preuves  et cela l’avait anéantie. Alors qu’Amalia avait une petite vie paisible où elle ne devait pas se préoccuper du contenu de son assiette, les choses avaient changé du jour au lendemain et les problèmes financiers n’avaient cessés de s’accumuler.

 

Tandis qu’elle enfournait ses maigres effets dans son sac de voyage, la jeune femme se dit qu’enfin, du moins dans un an, elle pourrait prendre soin de sa mère et passer plus de temps avec elle.

Amalia embrassa ensuite tendrement Candice puis elle se dirigea vers le port où l’attendait Estelle Neffrey.

La jeune femme fut très surprise car celle qui s’était présentée comme la directrice de la revue people n’était pas plus âgée qu’elle. Elles étaient d’ailleurs nées à quelques mois d’intervalle.

Amalia observa attentivement Estelle : elle était grande, longiligne, vêtue d’un tailleur noir très classe, qui lui donnait l’apparence d’une importante chef d’entreprise. Une paire de lunettes noires était accrochée dans ses longs cheveux blond vénitien et elle avait un sac qui devait sans doute provenir d’une luxueuse maroquinerie.

Elle avait une allure de femme fatale, terriblement sûre d’elle et l’éclat perçant de ses yeux verts réussit à intimider Amalia qui se sentit tout à coup terriblement banale et fade. Elle portait un jeans qui avait sans doute connu des jours meilleurs et un pull léger qui devait être le dernier acceptable de sa garde-robe.

Le décalage entre sa tenue pitoyable et le chic incontestable d’Estelle Neffrey fut comme une véritable gifle pour Amalia. Elle songea à ses cheveux ternes qui n’avaient plus bénéficié d’une bonne coupe chez le coiffeur depuis des mois, à son semblant de maquillage réalisé avec des produits très bon marchés, à ses cernes qui lui cerclaient les yeux, à son teint fade, à toutes ces choses qui lui donnait un aspect misérable et qui faisait ressortir sa situation précaire.

 

La jeune femme détestait se sentir aussi démunie et à nouveau, elle songea à cet argent qu’Estelle lui avait promis en échange de ses photos.

La journaliste, qui avait observé attentivement Amalia tandis qu’elle s’avançait vers elle, avait un instant grimacé face à la banalité affligeante de sa nouvelle employée. Mais elle songea que c’était peut-être une bonne chose puisqu’elle était censée se fondre dans la masse. Cependant, Estelle ne pouvait prendre aucun risque et il fallait que sa jeune recrue fasse bonne impression.

  • Bon, pour aujourd’hui ça ira mais je vais te faire parvenir deux ou trois tenues qu’il te faudra porter au palais. Amalia, cette mission est super importante, tu en as conscience ?
  • Juste une chose, vous n’allez pas utiliser les photos pour…pour publier des infos erronées et détourner la réalité ?
  • Notre but est d’informer nos lecteurs des activités de la famille royale, de leur permettre de les voir sur des clichés non officiels, de les voir tels qu’ils sont.
  • Et c’est légal ?
  • Ce sont des personnalités publiques, ils savent qu’ils peuvent être pris en photo à n’importe quel moment.
  • En fait je…je ne suis plus certaine de vouloir…
  • Tu as signé le contrat Amalia.
  • Et alors ? Je peux annuler mon engagement non ? Je n’ai même pas encore commencé…
  • Tu es liée à notre magazine pour douze mois. Si tu renonces à ce job, comme il est bien précisé dans les clauses de rupture, tu dois nous rembourser tous les frais que nous avons dû supporter.

 

Amalia regarda Estelle abasourdie : dans sa hâte de trouver du boulot et alléchée  par cet argent facilement gagné, elle n’avait pas pris la peine de lire le contrat jusqu’au bout. Elle avait complètement zappé certaines parties et elle comprit qu’elle venait de se faire piéger. La jeune femme demanda cependant quel était le montant des indemnités à verser si elle décidait envers et contre tout d’abandonner ce job qui lui semblait à présent totalement pourri.

La jeune femme frissonna en entendant le montant qui lui serait réclamé et, à nouveau, elle pesta d’être pauvre et sans revenus.

Le magazine d’Estelle n’était rien de plus qu’un énième torchon étalant la vie privée des stars et diffusant de fausses rumeurs au sujet de personnalités comme la famille royale de San Gavino et à présent, Amalia allait devenir complice de cette désinformation.

 

A contrecœur, la jeune femme suivit Estelle et elle grimpa à bord d’un yacht luxueux.

Tandis que ce dernier faisait route vers San Gavino, Amalia écouta distraitement les consignes d’Estelle puis elle sursauta quand la jeune femme face à elle tapa du point du la petite table du salon où elles se trouvaient :

  • Tu n’écoutes pas Amalia. Une seule erreur de ta part et notre projet s’effondre.
  • Votre projet…quel est t-il d’ailleurs ?
  • Je suis née à San Gavino et depuis toute petite j’ai pu constater que le roi Maximilian n’en avait rien à cirer de son peuple. Le fric, le fric, le fric, il ne pense qu’à ça. Maintenant que je dispose des moyens nécessaires, je veux que la population du royaume sache à quel point cette famille est déplaisante. Le prince Joachim est sans doute pire que son père. C’est un arrogant personnage, imbu de lui-même, incapable de saluer les personnes qui se tuent au travail tous les jours pour lui. Figure-toi qu’il a renvoyé plusieurs domestiques à New York et Londres simplement parce que l’un des oreillers de son lit était bleu et non blanc  ou qu’il n’avait pas eu son jus de fruits frais à son réveil. Ce type est sans doute l’homme le plus détestable qui existe sur terre. Il est temps qu’il prenne conscience que son peuple n’a pas du tout le même train de vie que lui.

 

Et vous alors ?

 

Amalia regretta à nouveau de s’être montrée aussi distraite : pourquoi avait-elle signé ce fichu contrat ? Agacée, elle reconnut cependant qu’elle était d’accord avec Estelle sur un point : le prince Joachim n’avait pas de cœur et se fichait pas mal des gens qui trimaient toute la journée pour se nourrir et payer leur loyer. Aucun employé du palais n’avait pris contact avec Candice avant de lui signifier leur mise à la porte de l’immeuble que possédait la famille royale à Cannes.

Et elle avait besoin de cet argent…

 

La traversée se termina trop vite au goût d’Amalia. Dans le port de Castello di Gavino, capitale de la petite monarchie, une voiture officielle attendait les deux jeunes femmes. Un chauffeur vêtu d’un costume sombre, d’un képi et portant des gants blancs, leur ouvrit les portes de la luxueuse berline et moins de dix minutes plus tard, Amalia se retrouva face à l’imposant palais, résidence des Bourbon-Conti depuis plus de huit siècles.

Il se situait dans un vaste domaine composé d’immenses pelouses parfaitement entretenues et de jardins à la française où poussaient des essences rares.

Amalia suivit une allée bordée d’imposants palmiers et elle se retrouva face à la majestueuse bâtisse.

La jeune femme fut surprise par le nombre de vigiles qui patrouillaient dans le parc. Deux autres gardes étaient postés de part et d’autre de la porte d’entrée et Amalia se demanda comment elle allait pouvoir vivre sur place pendant douze mois.

Une voix grave à ses côtés interrompit ses réflexions :

  • Madame Neffrey, Madame Arcangioli c’est bien cela ?

 

Estelle Neffrey s’avança d’un pas conquérant vers le vigile au physique impressionnant et elle lui tendit la main :

  • En effet. Vous êtes sans doute Monsieur Sapiento, le responsable de la sécurité ?
  • Tout à fait.
  • Bien, je vais devoir vous laisser, j’ai un emploi du temps très chargé. Tous les documents ont été signés n’est-ce pas ?
  • Tout est en ordre.
  • Dans ce cas, je vous souhaite une excellente journée. Amalia, je t’appellerai dans la semaine.

 

La jeune femme regarda celle pour qui elle allait travailler les prochains mois en soupirant puis, d’un pas mal assuré elle suivit Michele Sapiento dans son bureau.

Le vigile examina attentivement le contenu de son sac tout en lui expliquant les consignes de sécurité qui étaient de mise au palais.

En voyant le lourd appareil photo il demanda à quoi il allait lui servir.

En espérant que le petit discours qu’elle avait soigneusement préparé soit crédible, Amalia répondit :

  • Pour photographier les détails architecturaux du bâtiment difficilement accessibles et obtenir des clichés d’une grande qualité. Ainsi par exemple, pour la frise qui se trouve au-dessus de la porte d’entrée du palais, je pourrais en capturer chaque élément sans devoir grimper sur une échelle et sans gêner le passage.
  • En effet. Il est vrai que la technologie permet de bien belles choses à présent.

 

Lorsqu’il eut terminé sa vérification, Michele Sapiento entraîna Amalia dans l’aile la plus excentrée du palais.

L’homme lui fit visiter toutes les parties du château dans lesquelles elle était autorisée à circuler et, au bout d’un temps qui lui sembla interminable, il conduisit Amalia dans le couloir où se situait la chambre qu’elle allait occuper durant un an.

 

  • Bien, je vais vous laisser vous installer. Vous pouvez manger à la cuisine avec les autres employés entre dix-huit et vingt heures. Vous demandez après Régis, c’est notre chef cuisinier. Il est au courant de votre venue. Pour la lessive et le repassage de vos affaires, Louise, la gouvernante s’occupera de tout. Et si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à vous adresser à elle.

 

Lorsque le vigile fut parti, Amalia s’effondra sur le lit de sa petite chambre en songeant que jamais elle ne pourrait tenir douze mois à jouer cette comédie.

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Yannick
Posté le 12/08/2020
Salut!
Je tombe sur cette conversation en déambulant sur le site...
Les tirets se transforment en points parce qu’ils sont configurés comme une liste à puces sur Word.
Il faut supprimer cette option (Fichier – Options – Vérification – Onglet « options de corrections automatiques », décocher les cases « listes à puces automatiques » et « listes numérotées automatiques ».
:)
deb3083
Posté le 12/08/2020
ok je vais essayer !
Marie Saba
Posté le 06/08/2020
J'aime vraiment cette histoire, j'ai hâte de lire la suite - C'est bien écrit, les situations et les sentiments sont détaillés ce qui permet de bien se fondre dans le personnage - J'aime beaucoup moins la présentation des dialogues avec un point en début de ligne - Je vais continuer ma lecture avec plaisir -
deb3083
Posté le 07/08/2020
merci pour ton commentaire ! pour les points ce n'est pas moi, les tirets cadratin ne passent pas avec les copier coller venant de Word je n'ai toujours pas trouvé comment faire
Marie Saba
Posté le 07/08/2020
OK pour les points - Merci pour ce bon moment de lecture
deb3083
Posté le 07/08/2020
d'ailleurs je viens de voir, je l'avais indiqué en note ,-) je suis en tout cas preneuse d'une astuce parce que c'est ennuyant quand même
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