Interlude I : Andiberry
C’était comme si quelqu’un avait découpé un trou dans l’air, à environ deux mètres du bord de la route, un bloc de forme plus ou moins carrée, de moins d’un mètre de diamètre. Si vous vous teniez à la hauteur de la parcelle de vide, celle-ci était quasiment indécelable, et même totalement invisible vue de derrière.
La tour des anges — Philip Pullman
— 2000 ans avant l'apoptose — Sur les ruines de Vérone —
37.
Andiberry Richter se sentait à la fois excité et agacé quand il arriva aux abords du camp, environ vingt minutes après avoir traversé le hameau de Sainte-Mère-des-Plumes en suivant la Rivière Bleue.
Excité d’abord, parce qu’il avait enfin droit à une mission sur le terrain après des mois et des années d’une vie universitaire barbante, entouré d’érudits aussi gais que l’urne funéraire de sa grand-mère. Agacé ensuite, parce qu’il avait bien conscience qu’on lui avait refilé un sujet obscur dont personne ne voulait, pour se débarrasser de ce petit scientifique arriviste que Berry se flattait de ne pas être. Il avait trente-cinq ans et il était normal de commencer à avoir de l’ambition, donc autant débuter quelque part, même dans ce trou.
— Maudit soit Olween Mawow ! pesta-t-il en freinant sur son cycloptère, repensant à l’homme qui l’avait envoyé ici.
Il n’était jamais venu aussi haut dans le Nord. Suite à la chute de Morrigan, le monde avait tourné le dos à la Machine, de nouvelles cités avaient fleuri sur la côte sud près de la mer et plus personne n’avait jeté un regard en direction des plaines.
Après la dernière bourgade qu'il avait traversée, des ruines d’immeubles avaient commencé à jaillir de la terre mauve comme de grandes stalagmites sombres. C’était au milieu de cette forêt inquiétante que se dressait le bidonville que Berry cherchait. Il arrêta son cycloptère au niveau de la première baraque, devant laquelle un homme pilait du grain.
— Bonjour !
L’homme leva la tête vers lui : il avait un visage cuivré et olivâtre, et Berry fut troublé par la profondeur de ses yeux noirs. On lui avait dit que ces peuplades n’aimaient pas les étrangers. Le gitan était indéchiffrable, mais il répondit :
— Bonjour.
— Je suis scientifique et je cherche une famille qui vit près d’ici avec d'anciens humanoïdes, des sylphes.
L’homme le jaugea du regard.
— Vous arrivez du Sud ?
— De Nassau.
Andiberry avait l’habitude qu’on reconnaisse son accent.
— Vous venez pour les familiers ? Vous allez les emmener ?
— Non, je suis ici juste pour les étudier.
Le tzigane pointa une route de terre battue qui s’enfonçait parmi les champs :
— Par là, suivez le chemin. Ils sont en dehors du camp, dix minutes à pied, mais ce sera plus rapide avec votre machine.
Berry s’appliqua à lui sourire le plus poliment possible.
— Je vous remercie infiniment.
— Méfiez-vous si vous voulez vraiment aller là-bas. Ce sont des esprits mauvais. La nuit, fermez votre porte à clef et bouchez les interstices. Et les femmes de la Famille, ce sont les seules à qui ils obéissent alors soyez respectueux.
— Les sylphes leur obéissent ? Qu’est-ce que vous voulez dire ?
— Quand les mauvais esprits viennent jouer des tours, il n’y a que les femmes de la Famille pour les faire arrêter. Ce sont des sorcières.
Il avait prononcé le dernier mot sans animosité, mais avec un respect teinté d’inquiétude. Cela troubla Berry qui remercia à nouveau l’homme :
— Merci beaucoup pour vos conseils, j’en tiendrai compte. Je vous souhaite une bonne journée.
Le gitan le regarda s’engager sur la piste et de nouveau, Berry se sentit dérouté. Il ne croyait pas aux sorcières, mais il aimait les mystères. Il était venu étudier les derniers spécimens d’une espèce en voie d’extinction et il tombait sur une famille qui les commandait...
38.
Au bout du chemin se trouvait une maison. Andiberry gara son cycloptère sur le bas-côté, retira ses lunettes de pilote et son casque holographique à vision latérale décallée avant de se diriger vers la masure d’un pas énergique.
Ses paumes étaient moites, alors pour ne pas faire mauvaise figure, il les essuya sur son pantalon. Deux silhouettes étaient installées sur un banc grossier, juste devant la porte. Il soutint leurs regards et se rapprocha en traversant un groupe de poules qui picoraient. Distrait, il marcha dans un amas de fientes, grimaça, puis trébucha sur un gallinacé en essayant d’essuyer sa semelle ; les deux silhouettes se mirent à glousser. Andiberry se sentit ridicule, mais il était difficile de l’humilier ; alors affichant un sourire aimable, il s’adressa aux deux femmes qui continuaient à rire :
— Bonjour ! je suis Andiberry Richter, laquelle d’entre vous est Adêve ?
Elles le regardèrent en souriant et la plus âgée répondit :
— Mamie est partie avec notre mère, elles sont allées chercher du cresson dans les trous d’eau de la rivière et seront bientôt de retour.
Berry les détailla : elles étaient apparentées, c’était une certitude tant leurs visages ovales étaient semblables. Elles avaient les mêmes yeux clairs et d’identiques bouches pleines. Un œil était tatoué sur leurs fronts.
La plus grande devait avoir trente ans passés et arborait une longue chevelure noire. Son nez avait été brisé au moins une fois et elle était en train de réparer ce qui ressemblait à un petit moteur. La plus jeune n’avait pas plus de quinze ans, ses cheveux coupés en carré plongeant étaient d’une couleur châtaigne. Elle tenait dans ses bras un lapin gigantesque, une bête grosse comme un lynx et molle comme une limace. L’adolescente raffermit sa prise pour ne pas le laisser tomber. Sur son opulente poitrine reposait un long collier de perles dont Berry n'avait jamais vu d'équivalent dans les villes du Sud.
— Je suis Patie, dit celle qui avait les cheveux noirs. Et c’est ma sœur, Lùshka.
— Juste Lù. Lùshka ça ressemble à une louche.
Andiberry s’expliqua :
— Je suis envoyé par la F.T., j’ai écrit plusieurs fois à votre grand-mère pour lui parler de nos recherches.
— La F.T. ?
— C'est une alliance de chercheurs. Nous avons plusieurs branches et la mienne est l'ethnologie.
— Vous en avez une drôle de voix.
— Lù, ça ne se dit pas !
Andiberry eut un sourire indulgent, même s’il commençait à en avoir assez qu’on se moquât de lui. Indifférente à la remontrance, Lù se pencha sur sa bête pour la gratter entre les oreilles.
— Vous êtes venu pour Radje et Gyfu ?
— Ce sont leurs noms ? Aux sylphes ?
— Oui. C’est mieux de les appeler comme ça, ce sera plus facile.
— Vous n’avez qu’à partager notre repas, Monsieur Richter. Vous pourrez voir grand-mère. Cela vous tente ?
— Très volontiers, je roule depuis deux jours et je n’ai pas mangé grand-chose d’autre que d’horribles sandwichs.
Patie se leva et jeta un coup d’œil à sa sœur.
— Il va falloir s’y mettre alors. J’épluche les pommes de terre, tu t’occupes de la viande ?
Lù embrassa la tête de son énorme lapin et enfouit ses doigts dans la fourrure des joues.
— Ça marche.
La jeune fille se leva en hissant son fardeau sur son épaule, entra dans la cuisine et en ressortit une machette à la main avant de disparaître vers l’arrière de la maison. Andiberry la regarda faire avec un air effaré, puis se tourna vers la sœur qui rangeait le moteur et ses instruments sur un établi.
— Elle va tuer le lapin ?
Patie gloussa :
— Que vouliez-vous donc qu’elle en fasse ?
Elle lui sourit et il sentit quelque chose frétiller dans son estomac.
— Vous êtes bien loin de chez vous, Monsieur Richter. Les choses sont différentes ici, on n’est pas du genre à élever des lapins pour le plaisir.
C’était vrai... Rien dans ce patelin ne ressemblait à la ville dont venait Berry, depuis la forêt de ruines jusqu’à cette fille bizarre avec son œil tatoué sur le front.
— Aidez-moi à éplucher les légumes.
Elle le fit entrer dans la maison. Il y avait beaucoup de désordre dans la pièce principale : la table était couverte de miettes, d’engrenages huilés, et des canapés crasseux de couleurs vives longeaient les murs. Assis sur l’un d’entre eux, un très beau jeune homme aux cheveux rose indien était en train de tricoter.
— Taïriss, va me chercher des patates, un chou et des navets.
Sans la moindre hésitation, le garçon posa son ouvrage et se leva pour se rendre dans une autre pièce de la maison. Devant la question muette de Berry, Patie répondit :
— C’est un androïde. Il est à nous.
Le garçon revint avec un panier rempli de légumes. Patie débarrassa la table de ses pièces de métal et donna un coup de chiffon afin de nettoyer les miettes. S’installant sur un tabouret, Berry commença à éplucher des pommes de terre et observa discrètement l’automate qui avait repris son tricot.
Le robot ressemblait à un jeune homme de vingt ans, à la chevelure rose sombre coupée relativement courte et aux yeux noirs en amande. Une mèche de cheveux voilait un de ses profils dont la lentille oculaire semblait brisée et il était habillé en noir de la tête jusqu’aux pieds afin de dissimuler les trappes d’accès à ses multiples ports. Il aurait pu sembler humain si ses traits harmonieux n’avaient été aussi lisses. Berry commenta :
— C’est un travail remarquable. Je n’ai jamais vu son pareil à la capitale, on le croirait vivant.
Le robot releva la tête et dévisagea le chercheur un peu trop longuement alors Patie le réprimanda :
— Tu pourrais dire bonjour, Taï.
— Bonjour et bienvenue dans notre maison. J’espère que vous y trouverez un séjour agréable.
Berry lui sourit de la même façon dont il avait souri au tzigane dehors : une expression légèrement exagérée pour montrer l’étendue de ses bonnes intentions.
— Merci pour ton accueil Taïriss. J’espère que mes paroles ne t’ont pas froissé, il s’agissait d’un compliment.
— Je vous remercie infiniment, Monsieur. Les discours concernant mon absence de vie ont tendance à plus m’affecter qu’il ne le faudrait dans ma situation, Monsieur.
— J’en tiendrai compte à l’avenir.
— Je vous re... remercie... remercie... cie...
L’androïde fronça les sourcils et se tapota un peu la poitrine dans un bruit de boîte de conserve. Le bégaiement s’arrêta tandis que la plus jeune sœur apparaissait dans l’entrebâillement de la porte, tenant à la main la carcasse dépecée du lapin. Patie leva les yeux vers elle tout en continuant de découper son chou en fines lamelles.
— Taïriss a encore des problèmes d’élocution, il faudra que tu revoies sa borne labiale.
— Pourquoi moi ? C’était déjà moi la dernière fois !
— Justement, tu as fait ça n’importe comment. C’est important que tu apprennes à faire du travail correct.
Avec humeur, Lù jeta son lapin sur la table avant de commencer à le vider. Berry sentit son estomac se soulever quand elle déposa des intestins à côté de lui. Il s’humecta les lèvres et regarda la jeune fille.
— Ce n’est pas un travail ingrat pour une femme ? Tuer un animal je veux dire ?
Il avait toujours connu les plats préparés que l’on trouvait dans les galeries alimentaires du Sud du continent et avait rarement eu l’occasion de voir une chose morte. Lù sourit tandis qu’elle coupait le corps en morceaux avec son grand hachoir.
— Il faut choisir l’animal avec soin. Les lapins c’est bon, Mock les aime beaucoup, ils ont une place favorable dans l’après-vie. Ils écoutent sagement avec leurs grandes oreilles, mais ne répètent jamais rien.
— Mock ?
La plus jeune sœur pointa l’œil tatoué sur son front.
— Mock est le Dieu omniprésent. Il sait tout et voit tout.
Berry aurait bien demandé des précisions, mais la porte s’ouvrit pour laisser le passage à deux nouvelles femmes. La première était vieille et bossue ; son épaisse chevelure blanche était retenue en chignon au-dessus de deux yeux gris et froids comme du métal. La deuxième était une quinquagénaire sèche et noueuse comme une baguette, aux yeux et cheveux noirs. Comme leur descendance, elles portaient l’œil.
Berry se leva et s’inclina brièvement tandis que Lù intervenait :
— C’est Monsieur Richter, grand-maman. Il est venu pour Gyfu et Radje.
39.
Plus tard, à table, Adêve l’ancienne interrogea Berry :
— Je me souviens bien de vos lettres, Monsieur Richter. Cela fait de nombreuses années qu’on n’est pas venu me demander des choses au sujet de mes familiers. Vous étudiez les sylphes depuis longtemps ?
— Non Madame, je connais seulement ce qu’on trouve dans les livres d’histoire. Depuis la fin de la guerre, le monde n’a jamais cherché à trop en savoir.
— Ce n’est pas grand-chose, mais essayez tout de même de nous éclairer un peu...
Andiberry sentit ses paumes devenir moites ; il les essuya sur son pantalon. Il était assis entre les deux filles et de l’autre côté de la table, Adêve le jaugeait de ses yeux enfoncés dans son visage ridé, comme des vers dans une vieille pomme. Installée à côté d’elle, sa fille, une créature mutique et étrange au regard égaré, n’avait pas encore prononcé un mot.
Taïriss resservit une épaisse louche de ragoût à tout le monde tandis que Berry fouillait dans ses poches pour retrouver un carnet corné dont il lut les notes à voix haute :
— Les Sylphes mesurent entre deux et trois mètres et pèsent en moyenne entre deux et trois kilos. Les mâles sont plus grands que les femelles, mais souvent plus légers. Ils alternent entre des phases de croissance semblables à notre vieillissement et des phases végétatives où ils retrouvent une forme de jeunesse. Ils ne meurent ni de vieillesse ni de maladie et il est difficile de les tuer. Les sylphes vivent en solitaire et font peu d’enfants. Ils ne pratiquent pas la guerre sauf si on les chasse de leurs territoires. Leur chair translucide possède un goût désagréable pour l’homme et leur squelette comporte plus de vertèbres que le corps humain...
Berry leva les yeux vers la vieille dame qui aspirait son ragoût en faisant de multiples bruits de bouche.
— Vous m’écoutez ?
Les deux jeunes filles se mirent à glousser tandis qu’Adêve hissait vers lui son regard froid.
— Pas du tout, Monsieur Richter, quand on a mon âge et qu’on mange, on doit surtout se concentrer pour ne pas perdre son dentier.
— Moi je vous écoute, Monsieur Andiberry, vous êtes amusant.
Lù avait enfoui son nez entre ses mains et ses yeux brillaient. Son immense collier de perles se perdait dans les replis de ses vêtements. Berry l’ignora et répondit à la grand-mère d’une voix sèche :
— Si ce que je sais sur les sylphes ne vous intéresse pas, vous pourriez en revanche me parler de ce que vous, vous savez sur eux. C’est pour cela que je suis là, après tout.
— Mais ce sera beaucoup plus amusant de vous voir tenter d’apprendre par vous-même. Je vous ai autorisé à venir loger chez nous et à approcher nos familiers, mais je n’ai jamais promis que nous vous aiderions à quoi que ce soit d’autre.
Berry se dit que plus encore que les sylphes, c’était de la sorcière qu’il fallait se méfier.
40.
La première nuit que le jeune scientifique passa dans la maison de la Famille ne fut pas très agréable. Il se souvenait des conseils du vieux gitan, seulement le débarras qui lui servait de chambre n’avait pas de serrure. Il tenta de se rassurer comme il put en se rappelant que les sylphes ne pouvaient pas pousser un battant de porte si on posait un dictionnaire derrière. Il colmata les interstices avec des chaussettes et chercha le sommeil en essayant d’ignorer la poussière et le froid mordant auquel il n’était pas habitué.
Il se réveilla tard, se dirigea vers la cuisine et rencontra Lù qui sortait de sa chambre en t-shirt et culotte.
— ‘Lut, dit-elle en bâillant.
La grande sœur était déjà dans la salle, affairée devant le poêle. La petite s’effondra sur une chaise et saisit un bol quand Berry s’arrêta au milieu de la pièce.
— Puis-je aider pour le déjeuner ?
— Si vous voulez des œufs, il faudra aller les chercher au poulailler. Pour le reste, du café est déjà prêt.
En effet, une bouilloire fumante sifflait sur la cuisinière en fonte et Lù fit une grimace tandis que sa sœur lui remplissait son bol de liquide noir.
— Je déteste ça, grommela-t-elle entre ses dents tout en rajoutant quatre cuillerées de sucre.
— Je vais chercher les œufs, dit Andiberry.
— Je vais vous accompagner, ce sera plus simple pour trouver, ajouta Patie.
Andiberry la laissa faire avec reconnaissance. Patie était parfaitement à son goût : il aimait les filles grandes, plantureuses et sportives avec des yeux clairs. Il la suivit dans le jardin. Le long du sentier se trouvaient quatre monticules de terre surmontés de croix en bois.
— Vous savez par quoi vous allez commencer ?
La question de Patie le prit au dépourvu, il répondit bêtement :
— Hein ?
— Je vous parle des sylphes. Vous savez comment les approcher ?
— Oh… Eh bien, je dirais que je vais commencer par un solide petit déjeuner. Pour le reste, je compte me balader dans les environs et j’aviserai.
La fille lui sourit avant de disparaître à moitié dans la baraque à poule pour aller y chercher des œufs frais. Elle semblait beaucoup plus engageante que sa grand-mère, alors Andiberry tenta sa chance :
— À tout hasard, vous ne compteriez pas m’aider, vous ? Pour trouver les familiers ?
Patie ressortit la tête en riant :
— Oh non, ce serait beaucoup moins drôle pour nous. Et je ne voudrais pas raccourcir votre séjour, nous manquons cruellement d’hommes dans cette maison.
— J’avais remarqué. Votre maman n’a pas de mari ? Peut-être est-il décédé ?
— Les hommes ne restent pas chez nous, d'ailleurs Lù et moi n’avons pas le même père. C’étaient des saisonniers et on ne les a jamais connus. C’est pareil pour grand-mère, ses amants ne restent pas.
Andiberry fit un signe de tête en direction des tombes qui bordaient le chemin.
— Et ça ?
— Ce sont mes deux frères et mon oncle, qui sont tous les trois morts à la naissance. Il faut croire que le sang est plus fort chez les femmes dans notre famille.
— Je suis désolé.
— C’est pas grave, on s’en fiche maintenant. Finalement, Taïriss est le seul mâle chez nous, avec Radje bien sûr.
Elle avait l’air détaché et Berry en fut troublé. Il jeta un autre regard vers les croix moussues qui jaillissaient au milieu des herbes. C’était décidément un étrange endroit : une famille sans hommes, un androïde très perfectionné dans le pire des taudis, deux esprits familiers qui obéissaient à des sorcières...
Un très étrange endroit.
41.
Le reste de la journée ne fut pas moins étrange.
Pour fuir le jardin où errait la mère mutique et hagarde, Berry avait élu domicile dans la pièce à vivre où il essayait d’organiser ses notes avant de partir à l’aventure, mais le bruit répétitif du balai le dérangeait. Berry soupira et leva les yeux vers Taïriss l’androïde qui s’acharnait à faire le ménage à côté de lui alors qu’à son arrivée la poussière semblait ne pas avoir été faite depuis des mois.
L’espace d’une seconde, il fut dérangé par l’aspect inhumain de sa beauté car son visage était parfait comme seul pouvait l’être celui d'une poupée. Il avait des lèvres pleines qui se courbaient dans un pli mélancolique et son ensemble noir jurait avec le tablier à carreaux rouges et blancs noué autour de sa taille.
Le robot finit par remarquer son regard et se tourna vers lui.
— Quelque chose vous dérange, Monsieur ?
— Pas du tout... et je t’en prie, appelle-moi Berry, cela me ferait plaisir.
— Cela me mettrait mal à l’aise, Monsieur. Mais vous pouvez m’appeler par mon prénom si le cœur vous en dit.
— Très bien, j’espère que nous allons être de bons amis.
— Des amis ?
Pendant une seconde, le visage morose du robot s’éclaira d’un maigre sourire.
— Cela serait très agréable, Monsieur !
Andiberry se demanda qui était l’horrible personne qui avait programmé cet androïde pour qu’il ait l’air si triste. Les gens ne savaient plus comment donner du sens à leur vie.
— Dis-moi, Taïriss, j’ai l’impression d’embêter tout le monde avec mes histoires, mais aurais-tu un conseil pour commencer mes recherches ?
Le visage du robot redevint grave.
— Vous devriez partir avant qu’il ne vous arrive quelque chose...
Andiberry sentit sa peau se glacer.
— À cause des sylphes ?
— Gyfu ne vous fera pas de mal. Mais elle est très loin et il faudra attendre longtemps pour la voir. C’est de Radje qu’il faut vous méfier, il n’aime pas les hommes du dehors et il vous le fera savoir. Il pourrait essayer de vous faire du mal.
Tout cela n’était guère rassurant, mais Andiberry avait toujours son arme automatique sur lui. C’est avec une certaine appréhension que l’ingénieur sortit devant la porte. Ici, les journées étaient aussi chaudes que les nuits étaient glacées. Une fois les champs dépassés, il ne restait que de grandes plaines mauves couvertes de buissons épineux qu'il arpenta pendant plusieurs heures sans rien trouver d'autre que des morceaux d’immeubles désaffectés.
Pour le moment, ces bâtiments lugubres lui filaient trop la frousse pour qu’il se risque à les explorer. Il se rappelait encore trop bien les paroles de Taïriss et où pouvait se cacher Radje sinon dans ces grandes formes vertigineuses ?
L'étoile Mangoin commençait à lui taper sur le crâne et il dut s’allonger dans l’ombre d’un des rares arbres qui poussaient ici. Berry se doutait bien que s’endormir n’était pas une bonne idée, mais la tête lui tournait. Il lutta contre lui-même, jusqu’à ce que ses paupières devinssent trop lourdes pour rester ouvertes plus longtemps. Il ne sut jamais s’il s’était endormi ou s’il avait simplement flotté à la surface du rêve sans y plonger.
Ce fut le souffle d’une respiration sur son visage qui le fit émerger. Quelque chose le touchait et il entendit le bruit d’une chute. Il ouvrit les yeux. Sa première réaction fut de sortir son arme de sa poche, puis il remarqua que tout était flou : la créature avait fait tomber ses lunettes, mais il put apercevoir une silhouette grande, pâle et nue qui fuyait dans le ciel.
— Non ! Attends !
Andiberry dut tâtonner sur le sol pour retrouver ses verres et quand il les eut de nouveau sur son nez, le sylphe n’était plus qu’une tache bleutée accrochée à un oiseau. Berry garda sa main dans sa poche, nouée sur la crosse de son automatique pour plus de sécurité et décida que c’était suffisant comme émotions pour aujourd’hui. Il repartit en direction du campement tout en surveillant ses arrières.
La journée aurait pu se finir tranquillement, mais il lui arriva encore un incident qui méritait d’être rapporté. Berry avait marché au moins deux heures avant d’atteindre les abords de la maison, à un endroit où des orangers avaient été plantés, rendant le paysage moins desséché. Il était encore à cinq cents mètres des bâtiments quand il entendit des bruits de pas parmi les herbes qui l’entouraient. Juste derrière lui.
Quand il marchait, l’indiscret marchait. Quand il s’arrêtait, l’autre s’arrêtait aussi. Il balaya les environs du regard, sans rien remarquer, mais l’intrus pouvait se cacher derrière n’importe quel arbre.
Cela pouvait-il être le sylphe ? Aurait-il pu le suivre depuis si loin sans que Berry s’en rendît compte ? Et surtout, serait-il aussi balourd ?
Il se mordilla la lèvre, resserra ses doigts sur son arme et dut attendre de passer derrière un énorme oranger pour pouvoir le contourner et bondir par surprise sur son poursuivant. Brandissant son pistolet, il le saisit par le bras en criant :
— Ah ! je t’ai attrapé !
Il reconnut sans peine la cadette de la Famille qui se débattit et poussa un cri de surprise en voyant le canon de l’arme dirigé vers elle. Alors qu’elle échappait à la prise de Berry, celui-ci fut témoin d’un étrange spectacle : Lù recula de quelques pas avant de trébucher de façon si maladroite qu’elle semblait feinte. Elle tomba sur les fesses et jeta au jeune chercheur un regard furibond.
— Vous m’avez fait peur ! Baissez ce truc !
Berry obéit, mais son visage demeura fermé et ses sourcils froncés.
— Qu’est-ce que tu fais là ? Tu m’espionnes ?
— J’étais juste curieuse, je me demandais si vous aviez rencontré Radje.
— Pourquoi t’être cachée, dans ce cas ?
Elle ne répondit pas et regarda le paysage d’un air effronté, alors Berry fronça davantage les sourcils.
— Qu’as-tu fait pour tomber ? Il n’y a même pas de pierre !
— Je suis maladroite, ça m’arrive tout le temps.
— Au point de trébucher contre de l’air ?
À nouveau, elle ne répondit pas, puis elle lui tendit la main.
— Vous pourriez m’aider à me relever.
— Les gamines devraient savoir se mettre debout toutes seules.
Lù lui lança un regard furieux.
— J’ai 24 ans, je vous signale !
— Et en plus, tu es une petite menteuse.
L’adolescente bondit sur ses pieds, épousseta sa salopette en jean puis le dévisagea de ses yeux gris et froids qui, à cet instant, ressemblaient parfaitement à ceux de sa grand-mère.
— J’étais venue vous proposer mon aide, mais je vois que vous n’en avez pas besoin. Et je ne suis pas une menteuse !
Elle détala en laissant derrière elle un Andiberry perplexe. Il soupira. Ce n’était pas la dernière fois qu’elle lui casserait les pieds, il en était sûr.
42.
— Alors vous avez vu quelque chose ?
— J’ai vu quelque chose de flou et j’ai senti une forte animosité à mon égard. Il n’a pas l’air commode, votre familier.
Patie lui sourit tandis qu’ils dressaient la table ensemble et son ventre se mit à danser la samba. C’était vraiment son genre de fille !
— Les sylphes ne sont pas connus pour leur gentillesse. C’est même un concept qu’ils ont des difficultés à saisir. Vous êtes sur son territoire et il ne vous connaît pas.
— Il pourrait essayer de me faire du mal ?
— Il peut vous tuer si nous ne le lui interdisons pas ou bien le faire parce qu’on le lui demandera.
— Ça vous apporterait un tas d’ennuis.
Elle haussa les épaules et Adêve, qui était en train de préparer la soupe, renifla.
— On vous enterrera dans le jardin et personne ne se rendra compte de rien. Croyez-moi, les gens qui vous ont envoyé ici essayaient de se débarrasser de vous.
La table mise, Andiberry s’arrêta devant la fenêtre : la sœur de Patie était assise dans l’herbe rase et l’androïde était installé entre ses jambes, sa trappe dorsale ouverte. Un tournevis à la main et plusieurs vis entre les dents, l’adolescente était en train de fourrager dans ses viscères électroniques. Tout autour d’eux, des poules continuaient à picorer avec entrain.
— Ça ne pose pas de problèmes qu’une ado répare un androïde de cette qualité ? Elle n’est pas un peu jeune ?
— Trop jeune pour tuer un lapin, trop jeune pour réparer un androïde ; il faut bien qu’elle apprenne... Lù est déjà très immature pour son âge.
Andiberry se mordilla la lèvre, pris d’un doute.
— Quel âge a-t-elle ?
— Vingt-quatre ans le mois prochain.
Oh. Elle n’avait pas menti alors.
— Je ne lui en donne pas plus de quinze.
Patie laissa échapper un petit rire.
— Ouais. C’est ce que tout le monde croit, j’imagine qu’elle commence à en avoir marre. Elle doit avoir un dérèglement hormonal ou un truc. C’est pareil pour ses règles qu'elle a eues vers treize ans et puis à quinze, ça s’est arrêté, ça doit la travailler aussi.
Berry regarda Patie avec curiosité. Était-ce normal de parler des règles de sa sœur devant un homme étranger ? Mais la jeune femme ne semblait pas troublée du tout. Apparemment, le sujet n’avait rien de tabou dans cette maison.
— Bon, tuer le lapin d’accord, mais l’androïde...
— Taïriss ?
Adêve détourna le regard de son feu pour le poser sur le chercheur qui marmonna :
— Pardonnez-moi, mais je ne crois pas que cet endroit soit le plus adapté pour un modèle aussi perfectionné.
La vieille dame eut un sourire méprisant.
— Donnez-le à un de vos techniciens et il ne saurait pas le maintenir fonctionnel. Il est la création d’Héquinox, ma mère. Un grand succès, mais pas grand-chose en comparaison de ce qu’elle aurait pu faire si elle avait eu le temps de le finir.
— Vous parlez de la femme de Morrigan ?
— Oui, vous le saviez n’est-ce pas ?
On lui avait dit que les sylphes qu’il devrait étudier étaient rattachés à la famille du héros de la guerre : une famille qui n’avait pas eu la force d’aller au-delà du décès de son chef et s’était enfoncée dans une vie de pauvreté plutôt que de suivre le chemin de la modernisation.
— Vous étiez sa seule enfant ?
— Non, la troisième ; ma mère était enceinte de moi quand mon père est mort. Georges et Bebbe, mon frère et ma sœur, ont fui avant que je ne vienne au monde.
— Ils ont fui ? Et vous savez pourquoi ?
Les iris gris d’Adêve luisaient dans l’obscurité avant qu'elle ne baissât les yeux sur sa casserole.
— Comment aurais-je pu, Monsieur Richter ? Je n’étais même pas encore née.
43.
Les jours suivants se passèrent un peu différemment : Berry n’avait pas apprécié sa petite escapade dans les terres désolées de l’ancienne Machine et le sylphe qu’il devait étudier lui donnait froid dans le dos. Par sagesse ou par lâcheté, il allait attendre que la deuxième créature — plus amicale, paraissait-il — passât par la maison et, comme la vie est bien faite, il avait trouvé une activité fort agréable à une distance respectable pour occuper son temps libre : étudier l’automate.
Il pouvait passer la journée à l’espionner du coin de l’œil, armé d’un petit calepin où noter ses observations. Si l’androïde avait remarqué son manège, il n’en disait rien, lui parlant agréablement quand Berry essayait de vérifier ses connaissances sur tel ou tel sujet.
Le scientifique avait hésité à se réconcilier avec la benjamine de la Famille. S’excuser aurait été un bon début : il l’avait traitée de menteuse à tort et puis c’était elle qui réparait l’automate et elle avait dit vouloir l’aider, même si elle ne parlait que du sylphe.
Cependant, quelque chose continuait à le gêner avec la jeune femme : elle persistait à le suivre de façon plus ou moins discrète et à l’épier par la fenêtre quand il était dans le jardin. Ça aurait été compréhensible pour une ado de quatorze ans qui vivait une amourette à sens unique, mais pour une fille de vingt-quatre ans, ça devenait franchement bizarre. Berry n’aimait pas trop les gamines collantes : ça sentait l’embrouille à plein nez ! Il aimait beaucoup plus la sœur plantureuse, avec son sourire mystérieux et son nez cassé.
Mais c’était un comble de se plaindre ! Pour le jeune scientifique, la vie offrait d’appétissantes promesses : une belle fille, un beau spécimen et une passionnante thèse sur les sylphes qui prenait la poussière négligemment.
Tout cela ne pouvait pas durer. C’était un jour d'apparence anodine qu’il finit par rencontrer Radje. On approchait de midi, à l’heure où l’étoile Mangoin devient la plus chaude et Adêve avait envoyé Taïriss au marché de Sainte-Mère-des-Plumes à l’aube, pour échanger un moteur réparé contre deux ballots de farine.
Berry s’était levé tard et il s’ennuyait, alors la décision de marcher à la rencontre de l’androïde lui était venue très naturellement. Sainte-Mère-des-Plumes était à une poignée de kilomètres et il aurait pu prendre son cycloptère pour s’y rendre, mais il avait peur de manquer le robot qui longeait habituellement la rivière.
Il partit d’un bon pas en emportant simplement un reste de poulet froid et une galette dans une besace. Le ciel était si lumineux qu’il paraissait rose. Au bout de cinq minutes, le Mangoin brûlant faisait couler la sueur sur les tempes de Berry et sur ses mains ; il les essuya sur son pantalon. La Rivière Bleue était grouillante de poissons, ce qui était normal à cette période de l’année où les bleuets de prairies remontent le courant pour retourner pondre là où leurs parents étaient morts.
Il fallut une grosse heure à l’ingénieur pour rejoindre Taïriss. L’androïde était assis sous la ramure d’un arbre, le menton appuyé contre la poitrine, l’œil clos tandis que deux imposants ballots de farine étaient installés contre le tronc. Vaguement inquiet, Berry s’approcha de l’automate et posa une main sur la sienne avant de la retirer vivement : le plastique était brûlant !
— Wowow ! Taïriss, tu m’entends ?
Le jeune homme papillonna doucement de son unique paupière avant de redresser sa tête pour dévisager Berry.
— Monsieur Richter ? Que se passe-t-il ?
Il avait l’air très calme et Berry en fut dérouté.
— Je suis venu à ta rencontre et quand je t’ai trouvé, tu étais bouillant et inerte : j’étais inquiet.
Un sourire mélancolique se posa sur les lèvres du robot :
— Il fait trop chaud et je n'ai plus de liquide de refroidissement. Je me suis mis en veille sous cet arbre le temps de refroidir. Je peux difficilement marcher plus d’une heure sous le Mangoin.
— Court-circuit ?
Taïriss secoua la tête doucement.
— Non, mon système de refroidissement s’occupe de ça. Mais les matières plastiques qui recouvrent mon squelette métallique pourraient se ramollir un peu.
— De façon importante ?
— De façon suffisante pour changer légèrement mon visage et cela me déplaît.
Berry s’installa en tailleur dans l’herbe et résista à l’envie de sortir son carnet.
— Cela te dérange-t-il de parler avec moi pendant que tu refroidis ?
Le robot cligna lentement de son unique paupière et Berry imagina l’huile qui faisait coulisser le silicone sur la lentille optique.
— Pas du tout, mais je crains que ma compagnie ne vous ennuie.
— Cela n’arrivera pas. Tu parlais à l’instant de ton visage. En définitive, tu pourrais en changer quand tu le souhaites.
Andiberry se traita mentalement d’idiot après s’être souvenu que l’automate n’aimait pas qu’on lui rappelât son statut d’objet, mais Taïriss se contenta de répondre :
— J’ai passé suffisamment de temps devant un miroir pour l’avoir assimilé comme le mien. Je sais quelle expression il adopte si je dois montrer de la tristesse, de la colère ou du bonheur — mais pas rire, je n'ai jamais su rire. Les humains se sentent plus à l’aise quand ils ne sont pas conscients de ma vraie nature. Moi aussi je préfère ne pas être dévisagé.
— Si cela peut te faire plaisir, tu as l’air parfaitement humain.
— Les animaux ne sont pas dupes. Je les rends nerveux. C’est dommage, car j’aime beaucoup les chiens. Quand j’arrive à en caresser, je pense que je suis heureux. En tout cas, mon programme me le fait croire.
Cette dernière déclaration émut le scientifique plus qu’il ne se l’avoua et il dut lutter à nouveau contre l’envie de sortir son carnet de sa veste. Il allait poser une nouvelle question quand soudain un bruit violent d’éclaboussures vint déranger le calme de la berge.
— Qu’est-ce que c’est que ça ?
Machinalement, l’automate se leva et se dirigea vers les roseaux d’où provenait le bruit. Il écarta doucement les plantes et découvrit deux poissons argentés coincés dans une nasse de pêcheur.
Tout se passa très vite, car un androïde analyse une situation bien plus rapidement qu’un humain : avant que le jeune chercheur n'eût eu le temps d’intervenir, Taïriss sortit à moitié la cage de l’eau en prenant bien soin de ne pas se mouiller — ses circuits ne devaient pas être amateurs d’humidité — et brisa les arcs de bois qui la composaient. Berry poussa un cri de surprise tandis que le robot déposait la carcasse dans la rivière ; les deux poissons s’enfuirent comme deux éclairs d’argent.
— Hé toi ! Mais qu’est-ce que tu fiches ?
Le pêcheur n’était pas loin et avait tout vu. Naturellement, il était furieux. C’était un homme d’un certain âge et Berry supposait que sa nasse lui était indispensable pour pêcher et nourrir sa famille. Taïriss resta silencieux tandis que l’homme se rapprochait. Ses traits se contractèrent dans un mélange de colère et d’inquiétude quand il reconnut l’androïde de la Famille.
— Qu’est-ce qui t’a pris de détruire mon travail ?
— Je suis désolé. Je ne voulais pas vous causer du tort.
— Et qui va réparer ma nasse, hein ? Comment je vais faire pour nourrir ma femme et mon fils en attendant qu’elle soit réparée ?
Berry voulut intervenir, mais il fut aussitôt interrompu par une voix claire et sifflante provenant du bosquet d’arbres :
— Est-ce que je peux vous aider ?
Le pêcheur tourna la tête et une expression de terreur muette se peignit sur ses traits. Une silhouette immense et mince apparut sur la berge, son corps pâle complètement nu. Alors que le sylphe émergeait de l’ombre, le Mangoin se posa sur son épiderme et le transperça, faisant apparaître les os et les organes par transparence. La créature dirigea son regard mauve sur le pêcheur, ignorant Berry, avant de se tourner vers Taïriss.
— Que s'est-il passé ?
— J’ai libéré les poissons que cet homme avait pris dans sa nasse.
— Et pourquoi donc ?
— « La sécurité des êtres vivants est la chose la plus importante », c’est la deuxième règle.
Un sourire léger se glissa sur les lèvres du sylphe qui finit par conclure :
— Donne à cet homme l’un des deux sacs de farine que tu es allé chercher.
— Mais… c’est ce qu’Adêve m’a demandé…
— C’est bon, j’en prendrai la responsabilité. C’est ce qu’elle voudrait. Souviens-toi que tu ne dois pas faire de tort non plus à cet être humain en l’exposant à la famine. Les poissons ont été sauvés, il est normal que tu dédommages cet homme.
Le sylphe s’adressa maintenant au pêcheur :
— Cela vous convient-il ?
L’homme le regarda avec une méfiance manifeste. Si ce qu’on lui avait raconté était vrai, cette créature pouvait le tuer sans aucune difficulté : il lui suffisait de glisser ses doigts dans sa gorge jusqu’à ce qu’il étouffe.
— Et comment je fais pour ma nasse ?
Andiberry, avec l’impression d’être devenu complètement transparent, retint son souffle tandis que Radje répondait :
— Nous allons l’emmener et nous la réparerons ; le robot vous la déposera demain à l’aube. Et je m’excuse de la part de ma maîtresse pour la gêne occasionnée, ce genre de choses ne se reproduira plus.
Avec un grommellement, l’homme attrapa le sac de farine ; son visage devint rouge sous son poids et il s’éloigna péniblement. Le sylphe se tourna vers Berry et le détailla avant de se tourner vers Taïriss.
— Récupère la nasse, l’étoile sera bientôt au zénith et il vaudrait mieux que tu rentres rapidement.
Le robot obéit après avoir posé le deuxième sac de farine sur son épaule comme s’il ne pesait rien, puis il s’engagea dans le sillon du sylphe après avoir murmuré à l’adresse de Berry :
— Restez près de moi. Ne vous éloignez pas.
L’ingénieur lui emboîta le pas en silence et répondit sur le même ton de voix :
— Il pourrait me faire du mal ?
La créature marchait vite et les avait déjà distancés.
— Pas en ma présence, il sait que je m’y opposerais et que notre échange conduirait à la destruction de l’un d’entre nous. Mais on ne sait jamais, Radje est difficile à analyser. Gyfu aussi est difficile à lire, mais Radje est plus complexe. Nous pouvons en parler maintenant, les sylphes ont une ouïe aussi médiocre que les humains, peut-être pire.
Sans relever le « médiocre », Berry s’engouffra dans la conversation :
— Tous les sylphes sont comme ça ?
— Je n’en connais pas d’autres. Il en reste des représentants ailleurs, mais pas beaucoup. Personne n’a jamais pris le temps de m’expliquer quoi que ce soit sur les sylphes, mais après avoir vécu une centaine d’années en leur compagnie, je commence à savoir certaines choses.
Berry coula son regard sur le corps de la créature qui marchait devant eux. Le chercheur était un peu gêné par sa nudité, mais pas suffisamment pour négliger de le détailler : il compta les trente-deux vertèbres — huit de plus que l’humain — et là, juste en dessous du diaphragme, il remarqua un organe spongieux à la teinte orangée qu’il ne connaissait pas. Il en fit la remarque à l’automate.
— Le kertum est spécifique aux sylphes. Sans doute intimement lié à leurs cycles d’apathie et de rajeunissement, le görk. Radje en sort à peine.
En effet, les traits de la créature étaient ceux d’un jeune homme au faciès étrange et Berry se sentit troublé. Le sylphe portait des cheveux courts d’une teinte bleutée presque blanche et Taïriss lui expliqua que les sylphes coupaient presque toujours leurs chevelures, pour ne pas s’accrocher par mégarde aux arbres quand ils volaient accrochés aux oiseaux.
— Au début, je voulais savoir si Radje pouvait devenir mon ami ou non. Je l’espérais, mais c’était en vain. Depuis toutes ces années, les humains naissent, vivent et meurent tandis que Radje, Gyfu et moi sommes toujours là, solitaires et indifférents les uns aux autres. Les sylphes n’ont pas d’amis. Pas d’amour, pas de haine. Au besoin, ils s’allient et se battent ensemble quand on leur vole leurs terres. Ils se reproduisent parfois si leur population diminue... J’ai déjà du mal à comprendre les humains, mais les sylphes me paraissent plus inaccessibles encore.
— Peut-être est-ce parce que tu as été créé par des humains ? Je suis sûr que les sylphes les déroutent tout autant.
— Sans doute. Gyfu est agréable, mais Radje me met mal à l’aise.
L’androïde s’arrêta soudain et son visage se perdit dans le vague.
— Est-ce que je me sens réellement mal à l’aise ou bien est-ce que l’ensemble de mes circuits m’indique que je devrais me sentir mal à l’aise alors je m’imagine que je le suis ?
Comme le robot avait davantage l’air de se parler à lui-même qu’à Andiberry, celui-ci ne répondit pas.
Les trois humanoïdes marchèrent encore une vingtaine de minutes avant d’arriver en vue de la maison. De la fumée sortait de la cheminée sommaire et Radje se tourna vers ses deux compagnons.
— Je vais parler à Adêve, tu n’as qu’à t’installer à l’ombre en attendant.
Taïriss déposa le sac de farine devant l’entrée et s’assit sur le banc qui la jouxtait. Il fit tourner la nasse de bois entre ses mains en analysant comment il pourrait réparer cette chose. Pendant ce temps, Radje s’était approché de la porte de la maisonnette, puis s’écarta pour laisser sortir Lùshka. Celle-ci leva ses yeux gris vers le visage du sylphe avant de descendre fugacement sur son sexe translucide ; elle rougit tandis que la créature entrait dans la maison en se pliant en deux, indifférente à l’émoi de la jeune fille.
Taïriss se tourna vers Berry.
— Vous devriez tenter de retrouver ses bonnes grâces. Lùshka seule est en mesure de vous aider.
Je m'excuse, ça fait bien trop longtemps que je ne suis pas passée par ici -.-'
Coquillettes :
"Il reconnu(t) sans peine la cadette de la Famille."
"Lou recula de quelque(s) pas"
"- (Comment) as-tu fais pour tomber?"
"Andiberry se mordilla la lèvre, prit (pris) d'un doute"
"tandis que la créature rentrait dans la maison en se pliant en deux, indifférent à l’émoi de l’adulescente (adolescente ?). "
Aloreuh... Déjà, je vais vérifier que j'ai bien compris, parce que cette histoire est bien trop compliquée pour ma mémoire de poisson rouge et mon absence de constance : il s'agit bien de la "première version", du monde avant qu'il soit détruit et qu'Honorine ne le refasse en copiant le passé ?
Ça fait bizarre de retrouver certains de tes personnages dans ce monde somme toute très différent (très sympa, d'ailleurs, ce monde, j'adore cette maison de femmes, coupées du monde <3). (Juste, je voulais dire que j'adore le nom de l'étoile, et le fait qu'il l'emploie comme nous on parle de "Soleil", je trouve ça super cool comme détail !) Autant Berry ne change pas trop (ses commentaires à propos de Patie m'ont faite sourire), autant Radge... Non mais l'imaginer troller l'ingénieur pendant sa sieste, c'est juste magique (Et puis depuis quand il se balade totalement nu XD) ! Et j'étais contente de retrouver Taïriss, j'aime bien les quelques interrogations sur le statut de robot et ses émotions, c'est sympa.
Et puis on rencontre Lou... (Lushka, c'est joli aussi, même si ça fait un peu "louche" comme elle l'a dit XD) Elle est vraiment intriguante. Un peu flippante aussi...
Je vais essayer de ne pas laisser autant de temps s'écouler avant ma prochaine lecture cette fois !
Alors il me semble que ce commentaire parle de l'interlude donc oui, tu as tout bien compris ^^. Effectivement, j'ai choisit de garder un Andiberry assez semblable, je pense qu'on avait besoin d'un perso assez sympa qui reste lui-même et auquel il soit possible de s'identifier un peu dans l'imersion dans la Famille. Il était parfait pour le rôle. Quand à Radje, il est beaucoup plus jeune que dans VN et il a moins eu le temps d'apprendre (la situation lui en laisse maoins l'occasion aussi).
On reverra d'autres interrogations de Taïriss, les robots sont un sujet qui me passionne!!! Merci encore pour tes com' De gros bisous et merci aussi pour les coquillettes!
Me revoici me revoilà ! J'avais pensé faire une pause plus conséquente, mais j'étais vraiment trop curieuse de plonger dans cet interlude, alors j'ai pas résisté longtemps !
Nous voilà donc plongés dans la première version. Eh bien, comme je m'y attendais, j'ai beaucoup aimé rencontrer Lou. Pas qu'on en apprenne énormément sur ce qui se passe dans sa tête avec cette première partie, mais c'est intéressant de la voir dans un environnement "normal" (si on oublie les familiers, l'homme de ménage et le cimetière d'hommes - d'ailleurs cette famille féminine m'a beaucoup fait pensé au roman de Gaiman "L'océan au bout du chemin", je sais pas si tu l'as lu ?). On arriverait presque à croire qu'elles ont un quotidien parfaitement banal, mais y'a quand même des choses qui mettent un peu la puce à l'oreille, ne serait-ce que l'attitude de la mère qui a l'air complètement traumatisée (un rapport avec son partenaire ? J'ai un peu de mal à croire qu'elles soient toutes toujours tombées sur des mecs de passage ; ou qu'aucune ait jamais souffert du précepte "dégommons les garçons").
Berry apporte un éclairage sympathique, en tout cas. J'aime beaucoup sa façon de voir et de regarder les choses, pour le lecteur c'est très facile de s'identifier. Il est marrant avec Patie x'D Mais j'espère que ça lui jouera pas de mauvais tour.
C'est super-intéressant de découvrir ça en ayant déjà quelques indices avec le récit de Gyfu de la partie I. Du coup on cherche les indices sur toutes les potentielles histoires d'amour et on attend de voir comment la relation Lou/Berry va se former. En attendant, c'est aussi très intéressant de le suivre dans son étude des sylphes. J'ai tellement ri en imaginant Radje faire le troll en pleine sieste et puis s'envoler en trollant accroché à un pigeon voyageur xDD Merci pour cette belle image !
Je dois dire que j'adore l'ambiance qui se dégage de ces scènes ; c'est reposant après toute l'intensité de la partie I, mais on a l'impression que c'est un peu trompeur aussi. Le décor, je le kiffe aussi ; toutes les petites touches qui mettent cet univers à part (l'étoile, la terre mauve, le mélange de bric et de broc, les moteurs à réparer pas loin d'une rivière plein de poissons ; c'est des associations qui fonctionnent super bien et qui donnent un charme fou à cet endroit).
Ah, et Taïriss aussi ! J'étais contente de le voir ; l'aperçu en fin de partie 1 m'avait beaucoup marquée et c'est intéressant de voir un peu mieux quelle place il avait dans la Famille ; je sens qu'on ne voit toujours que la partie émergée de l'iceberg le concernant, en tout cas c'est un personnage que j'adore pour le moment ♥
Une question : pourquoi tu dis que le récit de Berry a été reconstitué par Grenade ? Comment elle pourrait avoir eu accès à autant d'informations ? (dans la narration, on a quand même les pensées et les émotions de Berry ; il avait écrit dans son carnet qu'il aimerait bien tripoter Patie ? xD)
J'espère que ce commentaire modeste ne te décevra pas v.v (je sais que je t'avais habituée à mieux :p) mais comme il me semble avoir tout compris jusque-là, forcément, je râle moins :P (comme pour la fin de la partie 1, je lis sur mon doc de traitement de texte alors je te fais un petit relevé en parallèle et je t'enverrai tout ça à la fin !)
Des câlins patins et à très vite !!
Bien contente que tu apprécie ce début.Il permet de respirer un peu après tout le bordel de la VN; Effectivement dans cette famille je voulais donner un aspect à la fois tranquille et un peu inquiétant; Il y a une couille dans le paté quelque part ;).
Et je n'ai pas lu le livre de gaiman, ça doit être un hasard. dans l'ensemble mon inspration pour cette Famille vient plutôt de la saga des sorcières mayfair de anne-Rice qui est relativement mauvaise mais a été très inspirante dans mes jeunes années; En gros on y retrouve toute une génération de femme avec un esprit de famille.
Quand à Berry et Patie, à priori tu connais déjà la réponse.
quand au fait que ce soit le récit de Grenade, je me suis beaucoup posé la question. en gros les interludes correspondent à ce que grenade voit dans les masques, mais ce serait vraiment pénible de raconter tout ça de façon complètement extérieur. Il m'arrive même de quitter complètement le personnage qui est observé dans le masque pour raconter des choses qu'il ignore. C'est simplement plus agréable pour le lecteur. Mais il faudrait que je sois plus claire dans mon titre.
et ne t'inquiète pas, tes autres commentaires sont si complet que je consière ça comme une BL :D (une BL plus complète que ce que moi je fais T-T) doncne te sens pas mal de faire"juste" un long commentaire si tu n'as pas d'interrogatyion. L'interlude est volontairement plus simple que le reste :).
Calin hobbits!
Oui j'avais hyper envie de sauter la case "coucou Lou !" et de t'assomer avec de la bonne majuscule de batard !
Plus sérieusement, j'ai vraiment tout gobé avec un plaisir immense ! Et j'ai souri plus d'une fois à la narration de Berry, que j'aime de plus en plus. Il est top dans ce rôle d'étudiant/observateur/séducteur séduit <3
Niveau longueur c'était long mais agréable à lire malgré tout (tes coupures en saynettes, de toute façon, ça passe hyper bien ; mais pour le format "lecture PA" c'est pas mal d'avoir coupé en 4 morceaux finalement)
Boarf je ne sais même pas par où commencer ! Oh, si, sache que ça m'a fait grand plaisir de lire quelque chose de prenant et bien écrit sur les multivers (ouais le roman que j'ai attaqué est écrit vraiment bizarrement et l'aspect multivers y est encore hyper flou)
Ces quatre femmes sont... fascinantes et terrifiantes. Et c'est donc la découverte des pouvoirs de Lou ? Est-ce que sa mère, sa demi-soeur et sa grand-mère soupçonnent son immortalité ? Elles se seraient un peu plus inquiété de l'arrêt de ses règles et de son apparence si c'était pas le cas, non ?
J'ai trouvé pleins de moments supers. Déjà je suis amoureuse de Taïriss. Voilà voilà. Ensuite Radje dégage une classe infinie même s'il est franchement flippant. Ensuite, la conversation entre Adêve et Berry sur le marionettiste était vraiment belle, tout comme la scène de coït avec Patie.
Et si je ris toujours d'imaginer Radje cramponné à un pigeon dans le ciel, ça n'en est pas moins des créatures hypnotisantes que tu as créées. Autant Gyfu que Radje, on a aussi envie de prendre un carnet pour en savoir le maximum sur eux (d'ailleurs, les deux dernières phrases de cette partie sont parfaites <3)
Bref, je suis happée ! C'était trop bien Lou, j'ai réalisé à quel point ton univers m'a manqué. J'étais heureuse de le retrouver ce soir <3
Plus sérieusement, merci beaucoup pour cette lecture, ça me fait vraiment très plaisir :D. et désolée encore pour avoir oublié de mieux découper.
Et attend de voir ce que ça va donner sur les multivers parce que pour le moment, tu n'as que la pointe du nez dedans, la fin de cette interlude va être un peu plus bordélique ;).
Et je suis contente que la version "féminine" de la Famille soit finalement tout aussi foireuse que la partie masculine X). Par contre elles ne se doutent de rien pour l'immortalité d eLou car elles ignorent que le pouvoir dumarionnetiste peut-être transmis.
Et il faut être amoureuse de Taïriss, il le mérite parce qu'il est gentil et innocent, contrairement à presque tout le monde dans VN. Et merci pour les autres scènes, j'aime bien la toute fin aussi.
Ah bah il n'y a pas de pigeons dans VN XD. Les fendlevents sont plutôt des petits rapaces semblables à des faucons ^^. Mais ça peut avoir l'air bizarre effectivemen; Je dessinerai ça,juste après la scène de coupage de cheveux X).
Merci encorepour ta lecture et ton enthousiasme! Et de gros calinours <3
1) le hameau de Sainte-Mère des Plumes [Sainte-Mère-des-Plumes : je pense qu'il faut des traits d'union partout, comme dans Les Saintes-Maries-de-la-Mer ; au chapitre 1, tu as mis tous les traits d'union, mais il manque des majuscules]<br />Il n'était jamais venu aussi haut dans le nord [le Nord]<br />la première baraque, devant lequel un homme pilait du grain [laquelle]<br />Berry fût troublé par la profondeur de ses yeux noirs [fut : pas de circonflexe au passé simple]<br />Je viens du sud. Je suis scientifique [du Sud]<br />Ils sont en dehors du camp. Dix minutes à pieds [à pied]<br />Qu'est-ce que vous voulez dire? [il manque l'espace avant le "?"]
2) et abordait une longue chevelure noire [arborait]<br />Elle tenait dans ses bras le lapin le plus énorme que Andiberry ait jamais vu [qu'Andiberry]<br />dans les villes du sud [du Sud]<br />Vous êtes venus pour Radje et Gyfu ? [venu]<br />Vous n'avez qu'à manger avec nous, Mr Richter [en français, Monsieur s'abrège M. ; il faudrait employer la fonction rechercher]<br />je n'ai pas mangé grand chose d'autre que [grand-chose]<br />Elle entra dans la cuisine et en ressorti une machette à la main [ressortit]<br />Vous êtes bien loin de chez vous Monsieur Richter [je mettrais une virgule avant "Monsieur Richter". Quand "Monsieur" est suivi d’un nom, j’ai l’habitude de mettre une majuscule (comme on le fait généralement en Suisse), mais normalement, il faut une minuscule : "monsieur Richter".]<br />et jeta un œil curieux à l'automate qui avait repris son tricot [jeta un œil : à changer]<br />avec des yeux noirs en amandes [en amande]<br />Il était habillé en noir de la tête jusqu’aux pieds [de la tête aux pieds]<br />ont tendance à plus m'affecter qu'il ne devrait dans ma situation Monsieur [qu'ils ne devraient / je mettrais une virgule avant "Monsieur"]<br />dans un bruit de boite de conserve [boite ou boîte, ça dépend de ton choix]<br />son épaisse chevelure blanche retenue en chignon au dessus de deux yeux gris et froid comme du métal [au-dessus / froids / il manque un verbe]
3) Je me souviens bien de vos lettres, Mr Richter [M.]<br />Ce n'est pas grand chose mais [grand-chose]<br />Andiberry sentit ses paumes devenir moite [moites]<br />sa fille n'avait pas encore prononcée un mot. [prononcé]<br />Les Sylphes mesurent entre 2 et 3m. [deux et trois mètres]<br />Leur squelette possède plus de vertèbres que le corps humain... [compte ou comporte ; ça évite la répétition]<br />en faisant de multiples bruits de bouches [de bouche]<br />Lou avait enfouit son nez entre ses main [avait enfoui / ses mains]<br />vous pourriez en revanche me parler de ce que vous vous savez sur eux ["ce que vous savez" ou ce "que vous, vous savez"]<br />C'est pour cela que je suis là après tout [je mettrais une virgule avant "après tout"]<br />de vous voir tenter d'apprendre par vous même [vous-même]<br />et a approcher nos familiers [à]
4) Il se rappelait des conseils du vieux gitan [les conseils]<br />descendit vers la cuisine et croisa Lou qui descendait l’escalier [ils vont les deux dans le même sens : logiquement, ils ne se croisent pas. Ils se rencontrent]<br />Par tout hasard, vous ne compteriez pas m’aider vous ? [À tout hasard / virgule avant le dernier "vous"]<br />C’était des saisonniers et on ne les a jamais connus [c'étaient]<br />Elle avait l’air détaché et Berry en fût troublé [fut]
5) Cela serait très agréable Monsieur [je mettrais une virgule avant "Monsieur"]<br />l’ingénieur sortit dehors [sortit dehors est un pléonasme]<br />que des morceaux d’immeubles désaffectées [désaffectés]<br />où pouvait se cacher Radje sinon dans ces grandes formes vertigineuses [il faut un point d'interrogation à la fin]<br />il dut lutter contre lui-même jusqu'à ce que ses paupières ne deviennent trop lourdes pour rester ouvertes plus longtemps [Pourquoi "il dut" ? "Il lutta" ou "il s'efforça de lutter" me paraîtrait plus logique]<br />La créature avait fait tomber ses lunettes mais il put apercevoir une silhouette [je mettais une virgule avant "mais"]<br />et quand il les eut de nouveau sur son nez la créature n'était plus qu'une tache bleutée [je mettrais une virgule avant "la créature"]<br />La journée aurait pu se finir tranquillement mais il lui arriva encore une chose qui méritait d'être notée [je mettais une virgule avant "mais"]<br />A nouveau elle ne répondit pas, puis elle lui tendit la main [virgule après "à nouveau"]
6) Il n'a pas l'air commode votre familier [je mettrais une virgule avant "votre familier"]<br />Il peut vous tuer si nous ne lui interdisons pas [si nous ne le lui interdisons pas]<br />Ça ne pose pas de problèmes qu'une ado répare un androïde de cette qualité? Elle n'est pas un peu jeune? [il manque les espaces avant les "?" ; ça revient souvent dans ce chapitre : il faudrait utiliser la fonction rechercher]<br />Elle doit avoir un déréglage hormonal [dérèglement]<br />Pardonnez-moi mais je ne crois pas [je mettrais une virgule avant "mais"]<br />Georges et Bebbe, mes frères et sœurs [s'il n'y a que ces deux : "mes frère et sœur" ou "mon frère et ma sœur"]<br />Les yeux gris d’Adève luisaient dans l'obscurité, comme des prunelles de chat. Elle baissa les yeux sur sa casserole [pour éviter la répétition, je propose : "Les prunelles grises d’Adève luisaient dans l'obscurité, comme celles d'un chat. Elle baissa les yeux sur sa casserole"]<br />Comment aurais-je pu savoir Mr Richter? [virgule après "savoir" / M. ou Monsieur / espace avant le "?"]
7) il avait trouvé une activité toute indiquée à une distance respectable [tout indiquée ; encore une règle compliquée]<br />à une distance respectable: L'automate le fascinait ["l'" minuscule]<br />Il l'avait traité de menteuse à tord [traitée ; à tort (astuce mnémotechnique: le tort tue) ; tord est une forme du verbe tordre]<br />Mais quelque chose continuait à le gêner avec la jeune femme / Elle continuait à le suivre [Elle persistait à le suivre, peut-être ?]<br />Mais c'était un comble de se plaindre! Pour le jeune scientifique, la vie offrait de belles promesses: [espaces avant "!" et ":"]<br />au marché de Sainte Mère des Plumes [il manque les traits d'union ; idem dans le paragraphe suivant]<br />alors la décision de marcher à la rencontre de l'androïde était venue très naturellement [lui était venue]<br />où les Bleuets de prairies [bleuets : minuscule]<br />Berry se rapprocha de l'automate et posa une main sur son bras [s'approcha]<br />Le robot cligna lentement son unique paupière [de son unique paupière]<br />Moi aussi je préfère ne pas être dévisagé [il faudrait une virgule après "moi aussi"]<br />Qu'est ce que c'est que ça ? Demanda Berry en se retournant [demanda :minuscule]<br />Je ne voulais pas vous causer du tord / Souviens-toi que tu ne dois pas faire de tord non plus à cet être humain [tort]<br />Berry voulut intervenir mais il fût aussitôt interrompu [je mettrais une virgule avant "mais" / il fut]<br />Le sylphe dirigea son regard mauve sur le pêcheur, ignora Berry, avant de se tourner vers Taïriss [ignorant Berry]<br />Son visage devint rouge sous le poids [sous son poids]<br />Le sylphe jeta un œil vague vers Berry [à modifier]<br />La créature marchait vite et les avaient déjà distancés [les avait]<br />Personne n’a jamais prit le temps [pris]<br />et compta les 32 vertèbres, 8 de plus que chez l’humain [ce serait préférable d'écrire les nombres en toutes lettres]<br />En effet les traits de la créature étaient ceux d’un jeune homme [je mettrais une virgule après "en effet"]<br />Pas d’amour, pas de haines [haine]<br />Ils se reproduisent vaguement si leur population diminue ["vaguement" ne convient pas ici]<br />Les trois humanoïdes [les trois humanoïdes ?]
8) qu’il allait devoir jouer la carte des humbles [de l'humilité]<br />Je suis venu m’excuser pour mon comportement l’autre jour [de l'autre jour] <br />Elle le fixait de son regard métallique avant de dire d’une voix buttée [fixa / butée]<br />Ses sourcils étaient plus sombres que le reste de sa chevelure, c'était la seule chose un peu intéressante sur son visage [que sa chevelure / je mettrais plutôt un point-virgule]<br />Maintenant qu’il s’est dévoilé il va changer de stratégie, il va rester par là et essayer de vous faire partir [je mettrais une virgule après "dévoilé" et deux points après "stratégie"]<br />Andiberry en avait la tête qui tourne [tournait]<br />Il ne se sentait pas encore de partir pour l’autre monde [Il ne se sentait pas encore prêt à partir] <br />Berry sut qu’il était en train de marcher sur des œufs mais pour cette question il décida de jouer la franchise [je mettrais une virgule avant "mais"]<br />Je suis à votre service mademoiselle [je mettrais une virgule après "service" et comme tu mets une majuscule à "Monsieur" dans le même contexte, ce serait plus cohérent de le faire ici aussi : "Mademoiselle"]
9) en faisant miroiter près de la cadette plus qu’il ne souhaitait lui donner et le désir qu’il avait de la sœur –et potentiellement des autres créatures qui gravitaient autour de la famille, qu’elles soient organiques ou pas- [pour la sœur ; les tirets sont dissemblables]<br />Et bien que la solution d’une abstinence réfléchie eut pu arranger beaucoup de monde, l’on sait bien que les Hommes sont ainsi faits [virgule après "Et" / l'on sait bien : je trouve que le "l'" n'apporte rien ici]<br />Et bien que la solution d’une abstinence réfléchie eut pu arranger beaucoup de monde [aurait pu ; eût pu (avec l'accent circonflexe) est la 2e forme du conditionnel, que je te déconseille vivement, parce que c'est vraiment une option littéraire qui va de pair avec un langage soutenu)]<br />C’est de cette façon, qu’un jour que Lou était partie gagner un peu de monnaie [la virgule est de trop / qu'un jour où Lou]<br />et Berry se sentait particulièrement con à chaque fois qu’il la regardait [ici, je trouve que le mot "con" jure avec le style ambiant]<br />Elle lui sourit et pendant quelques secondes ils se regardèrent jusqu’à ce que la jeune femme montre des signes d’impatience [je mettrais déjà "pendant quelques secondes" entre virgules ; l'association de "pendant quelques secondes" et "jusqu'à ce que (...)" me dérange]<br />Son affaire terminé [terminée]<br />Le sylphe avait l’air dans un état proche du désespoir [avait l’air d’être]<br />Andiberry voulut bouger mais la créature rampa vers lui avant qu’il ne puisse bouger [il y a deux fois "bouger"]<br />« Il veut m’étouffer » Pensa Berry, paniqué tandis qu’il essayait de se débattre [pensa : minuscule / paniqué devrait être entre deux virgules ; "pris de panique" serait préférable à "paniqué"]<br />Le visage de Radje, les traits révulsés et les pupilles mauves dilatées à l’extrême devint un simple ensemble de tâches de couleurs [virgule après "à l'extrême" / taches]<br />que son cerveau était en train de foutre le camp [je trouve que "foutre le camp" fait tache ici]<br />-Il ne peut pas te tuer. Lushka lui a interdit [le lui a]
10) après s'être réveillé en sursaut à 4h du matin / il resta dans sa chambre jusqu'à 11h [quatre heures / onze heures]<br />d'être de nouveau confronté au sylphe [je dirais plutôt "à nouveau"]<br />aux yeux noirs en amandes [en amande, c'est à dire en forme d'amande]<br />Bonjour! Dit Lou / Vous êtes Gyfu? Demanda Berry [dit, demanda : minuscule]<br />Il paraît que vous étudiez notre race Monsieur Richter... [virgule avant "Monsieur"]<br />tout en s'adressant à la Sylphe [précédemment, tu écrivais "sylphe" avec une minuscule. Il faut te décider pour la minuscule ou la majuscule et faire la même chose partout]<br />N'avez vous jamais envisagé de vous multiplier avec votre... confrère. [N'avez-vous / Il devrait y avoir un point d'interrogation]<br />un chouette article sur le sujet / Un sujet le tracassait [répétition]<br />Qu'est-il arrivé aux enfants. Ce sont vraiment des fausses-couches ? [Il faut un point d'interrogation après "enfants"]
11) et il commençait avec soulagement à penser à pouvoir quitter cet endroit flippant [à penser à pouvoir quitter : c’est maladroit]<br />De qui veux-tu que ça viennes ?! [vienne]<br />Pardon ? Tu as vu passer Lou ? [Pardon, tu as vu passer Lou ?]<br />mais quand elle le vit elle essaya de s'échapper. Il essaya de la retenir, elle se déroba. [Pour éviter la répétition : "elle tenta de s'échapper"]<br />avant de regarder la tâche de lumière [tache]<br />Elle renifla puis jeta un œil [à modifier]<br />L'atmosphère semblait semblable un leur. [???]<br />Est-ce que c'est moi qui ai fait ça? Demanda Lou [demanda : minuscule]<br />Andiberry retira sa main. La jeune fille glissa sa main [glissa la sienne]<br />elle agrippa les bords et en souda une partie et le trou fût en partie refermé [virgule après bords à la place de "et" / fut / il y a deux fois "en partie"]<br />Ne fait pas ton prude [fais]<br />de grosses chaussures de marches [de marche]<br />qui poussaient parmi le sable [parmi le sable, c'est bizarre]
Ma lecture de Ville Noire est toujours agréable et j’aime toujours l’univers et tout, mais je dois admettre que ça me fatigue un peu de ne jamais tout comprendre… il y a toujours des tas de questions que je me pose qui ne seront toujours expliquées que plus tard, et les révélations choc me rendent souvent encore plus confuse qu’avant. Du coup, je ne suis jamais tout à fait satisfaite, on dirait que je suis dans un perpétuel inconfort léger. C’est pas bien grave, j’apprécie quand même, mais je te signale ça au cas où ce ressenti t’intéresserait. Je suis peut-être la seule à vivre cet inconfort constant, donc ya pas forcément quelque chose à modifier ^^
Je suis contente d’avoir commencé à mieux connaître Lou, enfin ! :D Je l’aime bien, elle est maladroite et c’est charmant. Je l’aime mieux que sa sœur Patie, qui est plus posée et me semble presque trop équilibrée pour que je m’intéresse à elle. Lou me semble plus vivante. Et c’était bien aussi de voir Radje avant qu’il devienne Serpent ! Il a l’air plus sauvage. Je ne comprends pas comment il peut tuer des humains en les étouffant, par contre. Il est tellement léger ! Il me semble qu’Andiberry aurait pu le chasser d’un coup de main facilement. Je ne crois pas que Radje puisse exercer une pression assez forte pour ne pas pouvoir être délogé, je ne suis pas sûre que ça fonctionne avec la physique, les forces et tout ça. Il peut peut-être être trop rigide pour être, disons, déformé, mais d’après moi Andiberry serait capable de lui donner un coup de pied ou je sais pas quoi qui l’enverrait valser plus loin.
J’ai adoré le robot ! Particulièrement au moment où il veut sauver les poissons. Finalement, les humains non plus ne contrôlent pas l’arrivée de leurs émotions et la raison pour laquelle elles apparaissent, donc peut-être qu’il n’y a plus vraiment de différence entre lui et nous... Qu'est-ce que la vie ? haha
Les petites erreurs :
« De nouvelles cités avaient fleuries sur la côte sud » : fleuri
« Les sylphes leurs obéissent ? » : leur ?
« il tombait sur une famille qui leur commandait » : les à la place de leur
« carré plongeant étaient châtains clairs » : châtain clair, je crois
« enfouis ses doigts dans la fourrure des joues » : enfouit
« un panier remplit de légumes » : rempli
« la chevelure rousse coupé courte » : coupée
« bienvenu dans notre maison » : bienvenue
« découper son chou en fine lamelle » : fines lamelles
« des phases de croissance semblable » : semblables
« Il se rappelait des conseils du vieux gitan » : Il se rappelait les
« Je vais vous accompagnez » : accompagner
« se trouvait quatre monticules de terre » : trouvaient
« Et bien je dirais que je vais commencer par un solide petit déjeuner » : Eh bien. Et aussi : au début, Andiberry parle d’aider avec le déjeuner, et pas le petit déjeuner. Je me suis demandé si tu avais d’abord décidé d’utiliser l’ancienne manière française (et actuelle manière d’autres endroits francophones :D) d’appeler les repas et que tu avais oublié par la suite.
« un des rares arbres qui poussait ici » : poussaient
« la créature n'était plus qu'une tâche bleutée » : tache
« Lou est déjà très immature pour son âge. » : déjà très mature ? ou encore très immature ?
« mais pas grand chose en comparaison » : grand-chose
« la force d'aller au delà du décès de son chef » : au-delà
« La plastique était brûlant ! » : Le
« Cette dernière tirade émue le scientifique » : émut
« vers les roseaux d’où provenaient le bruit » : provenait
« Avant que le jeune chercheur eu le temps d'intervenir » : n’ait le temps (ou ait le temps ?)
« Qu’est ce qui t’as prit de détruire mon travail ? » : pris
« cet homme avait prit dans sa nasse » : pris
« Les poissons ont été sauvé » : sauvés
« les avaient déjà distancé » : avait déjà distancés
« si il y avait quelque chose de fonctionnel » : s’il
« que je vois si c’est mieux » : voie
« tandis que la chanson mourrait » : mourait
« Et bien je vais vous laisser » : Eh bien
« Ses sourcils étaient plus sombre » : sombres
« la sécurité qu’il avait acquis » : acquise
« les Hommes sont ainsi fait » : faits
« Et bien je ne sais pas » : Eh bien
« elle avait relevée sa robe sur des cuisses » : relevé
« Andiberry voulu bouger » : voulut
« Berry cru qu’il s’agissait d’une illusion » : crut
« Berry toussa, inspira à grands hoquet » : hoquets
« Le Mush et le Kin nous sont propre » : propres
« pas orgueilleux de nous même » : nous-mêmes
« Seul compte le Kin et son apothéose » : Seuls comptent, je crois
« Lou s'était redressé » : redressée
« avant de regarder la tâche de lumière. Lou retira prudemment son pied, mais la tâche resta à sa place » : tache (2x)
« Ces sourcils se froncèrent » : Ses
« Il ne faut pas qu'on nous voit » : voie
« On est déjà assez hardi » : hardis
Donc quand: Il y 2000 ans avant le grand retour en arrière qui a recréé le passé.
Et concerant Andiberry, ce n'est pas le même Andiberry que dans les premier chapitre. Cette histoire raconte la vie du premier Andiberry "l'original" et l'interlude (partie 2) ira jusqu'à sa mort.
Le deuxième Andiberry est une copie qui a été refaite par Honorine quand elle a détruit le monde pour le reconstruire en premnant pour modèle le monde d'il y a 2000 ans.
Du coup ça me fait plaisir que tu aimes l'ambiance mais je ne sais pas trop quoi concerant la comprehension, je vais attendre d'avoir un peu plus de retour pour savoir si l'ensemble est compréhensible pour les autres ou non.
En tout cas je te remercie infiniment de tes retours et de tescorrections, ça m'aide beaucoup ^^.