57.
— Pardon ma petite !
Un marin gigantesque venait d’écarter Lù de son énorme patte avant d’emprunter la passerelle qui grimpait sur Ooya et Andiberry cligna des paupières :
— Wow, j’ai compris ce qu’il a dit.
— C’est normal, il parlait notre langue.
Cela faisait six jours qu’ils erraient sur le bord de mer parmi des marins de tout genre et c’était la première fois qu’il entendait des mots aussi familiers.
— Ces gens à la peau sombre ont un langage proche des Cordeliens.
— Comment est-ce possible ?
— Plus les mondes sont proches, plus les probabilités sont fortes de trouver des similitudes de langages, d’espèces et de cultures.
— C'est Radje qui te l'a appris ?
— Oui, ça veut dire que si l'on s’éloigne suffisamment, on devrait dénicher des univers où les lois de la physique ne sont pas les mêmes que les nôtres.
Comme c'était excitant !
— Tu viens ?
Lù était déjà debout sur la passerelle de la cité flottante, mais il hésitait :
— Qu’est-ce qui va se passer si la ville démarre et que nous sommes toujours à bord ?
— Eh bien, l'on sautera dans l’eau et l’on nagera jusqu’au rivage, ça n’est pas bien compliqué.
— Hum.
Il la rejoignit. Tous les deux avaient enroulé leurs têtes dans de grands foulards teints en noir tandis que leurs sarouels bouffants étaient bleu vif. Ils durent dégager la passerelle rapidement, car des tas d’ouvriers étaient en train de hisser de gros conteneurs sur le pont.
Ooya, la ville flottante qu'ils avaient surveillée pendant des semaines, était une plateforme marchande ; construite sur la masse spongieuse d’une plante particulièrement hydrophobe, elle servait de transporteur aux cargaisons de tous les marchands qui se rendaient d’un point à l’autre du golfe de Gobi. Il y avait sur cette ville incroyable autant d’ethnies, de langues et de cultures que dans l’ensemble du continent. Ils n’auraient pas pu mieux tomber pour ce premier monde : personne ne se penchait de trop près sur leurs origines ni ne s’intéressait à eux. Si on le leur demandait, ils avaient appris leur discours par cœur : ils étaient mariés et allaient vers le sud pour reconstruire des maisons suite au tremblement de terre. On leur avait dit qu’ils manquaient de petites mains, là-bas. Leur montée sur la ville flottante avait coûté deux coquillages et on leur en avait pris encore trois pour la location d’une cabine où dormir.
Lù se pencha par-dessus le bastingage : d’énormes turbines froissaient l’onde pour que la ville reste à flot et des nuées de créatures mi-poissons mi-chiens n’arrêtaient pas de venir faire flotter leur truffe à la surface.
— Wow, ils sont trop mignons...
Si seulement je pouvais en disséquer un... songea Berry.
Dans l’ensemble, Ooya était un énorme amas disparate — relativement moche si l'on ne prenait pas en compte les innombrables dômes transparents qui étaient en réalité des serres flottantes destinées à déplacer une importante cargaison de plantes exotiques.
— Devrions-nous chercher notre chambre ?
— Pas avant de savoir quand ce gros tas de plastique et de métal doit décoller.
— Je vais demander à cette voyageuse, là, avec le châle vert.
Andiberry suivit Lù du regard. Contrairement à lui qui était constamment sur ses gardes, Lù avait l’air très à l’aise. Bien sûr, elle avait traversé la faille plus souvent que lui, mais ce n’était pas tout... Jusqu’à quel point était-elle taillée pour le « job » de Changemonde ? Il l’écouta baragouiner quelques mots de plugien — la langue que tout le monde parlait un peu — mélangé à leur propre langage tandis qu’elle faisait de grands gestes pour se faire comprendre de la femme qui riait. Quand Lù revint, elle souriait de toutes ses dents.
— Elle s’appelle Gama et l’on a presque le même âge !
— Le vrai ou le faux ?
Lù prit un air courroucé.
— Le vrai, imbécile.
— Tu lui as demandé pour le départ ?
— Oh flûte ! J’ai complètement oublié !
Elle repartit en courant pour revenir aussi vite.
— La cité lève l’ancre dans trois semaines, ils doivent refaire le plein, mais la cargaison de mazout a eu un accident alors ils doivent la faire arriver de très loin et ça mettra du temps.
— Ça nous laissera de quoi voir venir, au moins.
— Hum...
Ils marchèrent jusqu’aux ponts inférieurs, mais ceux-ci étaient tellement bondés de marins de tout sexe et de tout poil qu’ils finirent par remonter.
— Tu crois que Patie a accouché ? demanda Lùshka d’une voix morose.
— Probablement.
Il préférait ne pas trop y penser. Finalement, il n’avait pas vraiment trouvé de solution à son problème. Lù avait laissé une lettre à sa famille, mais lui ? Devait-il revenir aussi ? Et si la bougie à la fenêtre était éteinte ? Devrait-il y aller tout de même ? Lù avait promis de quitter cet univers dans ce cas-là. Devrait-il l’accompagner et ne pas perdre des yeux la chose la plus scientifiquement extraordinaire qu’il eût jamais vue ?
— Allons chercher notre cabine et quelque chose à manger.
Ils achetèrent des brochettes de viande sur le chemin, échangées contre une demi-conque.
— Qu’est-ce que c’est ? demanda Lùshka.
— Pumpush ! répondit en souriant la marchande édentée en montrant du doigt les chiens-poissons qui bondissaient à côté du bateau.
Cela refroidit un peu l’enthousiasme de la jeune fille et tandis qu’Andiberry dévorait à belles dents, elle marmonna comme pour elle-même :
— Peut-être que Mock les aime beaucoup ? Mais ils n’ont pas l’air très sages...
— Il les aime très fort ! Bien grillés avec des herbes.
Elle grimaça et finit par manger sans appétit. Ils arrivèrent dans une cabine petite et étroite où la couchette était un peu exiguë pour deux. Andiberry soupira et s’assit pour enlever ses chaussures — c’était la première fois depuis qu’ils étaient arrivés dans le deuxième monde — et Lùshka se pinça le nez.
— Au cas où tu craindrais pour ta vertu, je peux te rassurer : je ne suis pas attirée par les odeurs de pieds dégueulasses.
— Je vais aller me laver.
— Alors je te conseille de rester sur tes gardes.
Il lui jeta un regard : son visage était noir de crasse sous le foulard, mais ses traits étaient réguliers et ses yeux gris brillaient. Appuyée nonchalamment sur la banquette, elle souriait. Elle était un peu bizarre, puérile, mais moins poule mouillée que lui. Et puis elle passait les mondes.
— Juste pour le sexe.
— On verra, dit-il en passant la porte de la salle de bain.
58.
— Non. Non, non, non.
Les yeux gris faisaient des mouvements incohérents. Assis sur la dune, Andiberry avait pris sa tête entre ses mains et Lù faisait péniblement les cent pas dans le sable.
— Ce devrait être ici !
— Peut-être que le vent a déplacé les dunes ?
Il n’était pas convaincu lui-même et elle riposta d’une voix aigre :
— Et la pierre serait toujours là ? Non. Ça s’est refermé !
— Comment ? Quelqu’un saurait que c’est là ? Radje aurait parlé et quelqu’un de ta famille aurait pu nous enfermer ?
Lù s’arrêta brutalement.
— Mais non, quelle idiote je suis ! Je te l'avais dit pourtant ! Tu te souviens ? Je sentais que c’était comme une blessure dans la trame du monde ! Ça a guéri ! Ça s’est refermé tout seul !
— C’est resté ouvert pendant des mois de l’autre côté.
— Parce que je n’arrêtais pas de la tripoter, je la rouvrais tout le temps !
Lùshka se laissa tomber sur le sable et tendit les mains devant elle.
— Est-ce que...
— Tais-toi !
Les mouvements étaient imprécis, désordonnés et elle dut s’y reprendre à trois fois pour entailler une faille qui s’ouvrait sur un monde totalement inconnu. Elle la referma et recommença. Encore, et encore, et encore... À un moment, Andiberry arrêta de compter.
Il faisait chaud, mais la jeune fille se mit à grelotter ; ses pupilles étaient dilatées.
— Stop ! Ça suffit ! Il faut qu’on pense à une solution.
— On aurait pu réfléchir dans la cabine si tu n’avais pas volé ces coquillages !
— Il fallait bien qu’on mange !
Pendant qu’elle parlait, elle continuait à ouvrir des failles comme une forcenée, jamais deux fois la même.
— Ce n’est pas possible ! hurla-t-elle avant qu’Andiberry lui fît signe de se taire.
— Chut ! N’oublie pas qu’on nous cherche.
Il avait entendu des voix, il y avait quelques minutes, en longeant le rivage. Elle ne répondit pas et se releva d’un geste incertain, le regard vide.
— Tu as raison, il faut qu’on trouve un endroit fiable où se cacher.
Andiberry lui lança une œillade appuyée.
— Quoi ?
— Ouvre un nouveau monde. Voilà notre cachette idéale.
— Et perdre celui-là aussi ?
— Perdre quoi ? La chance inouïe de passer la nuit en prison ? On se fiche de cet endroit, de ces gens et il y a une infinité d’univers à explorer et c’est tout ce qui nous reste.
— Et si l'on s’éloignait ?
— Ça va bien tant qu’on reste dans des mondes où des humains parlent une langue proche de la nôtre, non ?
Elle ne répondit pas et ouvrit plusieurs failles. Ils en choisirent une ensemble avant de la traverser et refermèrent l’ouverture derrière eux.
59.
Il n’y avait pas d’humains dans le monde numéro 3, plus en tout cas. Et personne pour leur dire comment cette ville fantôme s’appelait, alors Lù la baptisa « Chagrin ».
Les chemins terreux étaient bordés de petites tentes blanches et vides aux murs constellés de taches d’humidité et remplis de déchets divers. C’est fou ce qu’on trouvait comme sacs plastiques et emballages de chips ici, mais il n’y avait rien de vivant à cet endroit en dehors des artichauts et des choux-fleurs. Lù choisit une des huttes et y pleura durant une semaine entière pendant qu'Andiberry explorait les environs pour trouver des choses à manger. Il n’y avait rien de comestible dans les maisons, mais il déterra les artichauts dans les potagers.
Lù mangeait tout ce qu’il cuisinait sans protester, puis elle retournait se coucher sur le matelas pourri d’une des tentes pour essorer toute la peine qui se trouvait en elle. Berry ne se sentait pas triste : il n’était pas d’un naturel émotif, mais plutôt du genre à aimer les gens, toutes sortes de gens, même les plus idiots ; il était aussi du genre de ceux qui peuvent tout abandonner derrière eux sans un regard ni un regret. Il était libre et peut-être un peu vide aussi.
Le matin du huitième jour, quand le jeune homme apporta son petit déjeuner à Lù, elle n’était plus roulée en boule sous une couette, mais assise, la tête entre les mains. Il était soulagé qu’elle ne pleurât plus, car ses petits halètements plaintifs commençaient à devenir vraiment pénibles. Ils étaient tous les deux dans la même galère, après tout ! Lù avait les yeux caves et les joues creuses.
— Je ne lui brosserai plus jamais les cheveux, et je ne saurai pas…
Berry haussa les sourcils et Lù compléta :
— La bougie. Ont-elles allumé la bougie ?
— Si elles ne l’avaient pas fait, on en serait au même point.
— Oui, mais on ne peut pas savoir. C’est terrible de ne pas savoir.
— Sans doute. Mange maintenant.
Lù se redressa pour mieux s’asseoir et s’étira avant de porter à sa bouche un morceau de chou-fleur.
— Qu’allons-nous faire maintenant ? demanda Berry.
Elle finit son assiette du bout des lèvres.
— Voyager ? Explorer le Multivers. Peut-être finirons-nous par tomber sur quelque chose. Notre univers, le monde de Mock, de nouveaux types de robots plus évolués que Taïriss. Je ne sais pas.
— Je suis content de commencer ce voyage, c’est bien que tu aies retrouvé un peu d’énergie.
Le visage de la jeune fille se ferma tout de suite ; elle ne voulait pas en parler. Elle avait tout perdu : grand-maman, maman, sœur, robot, familiers... Elle avait perdu la terre mauve qui l’avait vue grandir, avec ses immeubles noirs et fondus qui tapissaient la plaine.
— Fouillons le coin pour trouver de quoi nous équiper un peu mieux, dit-elle.
60.
Extrait du journal de bord 1 – Monde numéro 3 : Chagrin — 49e jour.
Nous avons décidé de pousser nos investigations un peu plus loin avant de quitter Chagrin. Ce monde mérite bien son nom, nous avons traversé à pied des chapelets de villages abandonnés sur des kilomètres où il y a toujours des sacs plastiques partout, mais nulle trace humaine ou d’intelligence, quelle qu’elle soit. Nous n’avons même pas trouvé de cadavres ni de cimetière.
Nous avons poussé notre marche pendant quatre semaines, jusqu’aux montagnes, mais l’air est devenu si chaud et humide qu’il semble irrespirable. J'ai proposé de changer d’univers, mais Lù est intriguée par ce qu’il se passe ici et désire rester pour trouver la raison de ces villages entiers laissés à l’abandon.
Extrait du journal de bord 2 – Monde numéro 3 : Chagrin – 68e jour
Nous allons quitter cet endroit sans avoir rien appris. Après avoir longé la chaîne de montagnes, Lù a été piquée par des insectes inconnus et présente une fièvre qui la fait délirer.
Je préfère ne pas prendre de risque car si Lù décède, je resterai coincé ici pour toujours. C’est un véritable sentiment d’échec pour nous deux que de devoir laisser tomber ce premier grand mystère, mais il faut savoir être pragmatique.
Extrait du journal de bord 3 – monde numéro 4 : Eggtorn — 73e jour
Lù a guéri. Sa guérison s’est faite si rapidement que nous regrettons d’avoir quitté Chagrin, mais nous ne pouvons plus nous permettre d’être nostalgiques.
Eggtorn est une immense plaine rase et desséchée, ainsi que la lune de Rah, une géante gazeuse où nous avons marché pendant trois jours sans rien avoir croisé d’autre que des cratères. Par chance, nous avions emporté des vivres de Chagrin qui nous ont permis de ne pas changer de monde tout de suite.
Nous avons fini par rencontrer des Eggtorniens, un peuple d'humains nomades qui vit en petites tribus. Ils ne parlent pas notre langue, mais sont courtois et accueillants et semblent fascinés par nos vêtements. Ils croient que nous venons de Rah. Ils nous ont emmenés dans leurs villages souterrains où ils cultivent des algues sur les parois des grottes ce qui constitue la base de leur alimentation.
Extrait du journal de bord 4 – Monde numéro 4 : Eggtorn — 120e jour
Les Eggtorniens nous ont proposé de rester avec eux. Leur vie est dure et ils ne possèdent pas grand-chose, mais ils sont gais et aiment rire : ce sont des gens véritablement charmants. Lù répare leurs machines et j’aide les travailleurs dans les mines pour récolter des algues.
Demain vient la navette pour Rah. Nous croyions que ces hommes nous prenaient pour des divinités ou des esprits quand ils disaient que nous en venions, mais la planète est colonisée : des humains y vivent sur d’immenses plateformes flottantes.
Eggtorn est la seule colonie spatiale qui produit ce type d’algue alors une fois par mois, une navette vient récupérer une partie de la récolte en échange de multiples objets qu’on ne pourrait pas obtenir autrement, comme des médicaments.
Lù trépigne comme une enfant : elle veut voir la fusée.
Ce monde est accueillant, exceptionnellement riche et nous allons accepter la proposition des habitants. J’aimerais remplir plus mes carnets de notes, mais j’ai peur de très vite ne plus pouvoir les transporter.
Extrait du journal de bord 5 – Monde numéro 4 : Eggtorn – 2e année
Lù s’ennuie. Elle repense à Sicq et à sa famille. Pour lui changer les idées, nous envisageons de prendre la fusée et de descendre sur Rah, un départ moins définitif que celui qui sépare deux mondes.
Nous sommes déchirés à l’idée de quitter notre tribu d’adoption, mais ils n’ont plus grand-chose à nous apprendre et Rah a l’air extrêmement intéressante.
Extrait du journal de bord 6 – Monde numéro 4 : Rah – 3e année
Nous avons atterri dans l’empire de Fran et sommes très curieux et enthousiastes même si l’ambiance est moins tolérante que sur Eggtorn : nous avons été contraints de nous marier afin de pouvoir vivre dans la même demeure. Cela n’aurait pas eu d’importance si le sacrement n’avait pas consisté en l’ingestion d’une quantité de drogues hallucinogènes particulièrement infectes qui ont fait délirer Lù pendant au moins quatre jours. À Fran, il fait bon vivre, mais les règles sont très strictes. Peut-être trop.
Les cités sont riches et résonnent de fêtes et de musique, mais le vol est puni par l’amputation des mains, l’adultère et le meurtre sont punis par la mise à mort. Nous avons teint nos cheveux pour ressembler à des habitants de Eggtorn. Nous connaissons suffisamment leurs langues et leurs coutumes pour que les autochtones tolèrent notre ignorance par un doux mépris. Le sport est une discipline très favorisée, c'est pourquoi je me lance dans le pressevent à corps perdu, car aucune de mes qualifications ne semble convenir ici. Lù assure notre revenu en travaillant dans un garage à la périphérie de la ville.
Je la maquille tous les matins pour tenter de lui donner un âge proche de la vingtaine et heureusement, nos passeports — que l’on nous a créés en arrivant de Eggtorn — sont parfaitement en règle puisque les habitants du satellite ne possèdent pas automatiquement d’état civil.
Extrait du journal 7 – Monde numéro 4 : Rah — 4e année
Il s’est passé une chose affreuse ! Je suis allé chercher Lù à son travail aujourd’hui et son patron m’a dit que la milice l’avait emmenée. Apparemment, nos droits d’asile sur Rah ont dépassé leur date de validité et nous sommes actuellement en situation illégale.
Je ne sais pas quoi faire.
Je ne sais pas où ils l’ont emmenée et aller me renseigner auprès du commissariat le plus proche équivaudrait à me mettre dans une position extrêmement délicate. Pour le moment, je pense à retourner dans notre quartier et à errer afin de vérifier si Lù parvient à s'en sortir.
Extrait du journal 8 – Monde numéro 5 : Ras-le-bol — 4e année
La main droite de Lù a été coupée.
Elle a pu m’envoyer un message par son mémo et je l’ai retrouvée sur le chemin alors qu’ils la raccompagnaient vers la station spatiale pour la renvoyer sur Eggtorn.
Nous avons changé de monde pour la 4e fois.
La plaie de Lù est extrêmement bizarre. Le moignon s’est refermé et maintenant il pousse. J’ai peur de savoir ce que ça veut dire. Ceci dit, c’est peut-être quand même une bonne nouvelle.
Le monde où nous avons atterri est composé d’une forme de vie que nous ne connaissons pas, mais qui ressemble à ces fils roses que nous avions vus dans une des failles ouvertes par Lù, il y a longtemps, comme si des bonbons avaient fondu pour créer des figures translucides. Nous pouvons en manger, mais cela perturbe grandement mon transit ; nous ne pourrons certainement pas rester longtemps ici.
Extrait du journal 9 – Monde numéro 9 : Blue – 5e année
Les derniers mois ont été pénibles : nous avons changé quatre fois de mondes avant de trouver un endroit à la fois sûr, riche en nourriture et pauvre en créatures évoluées qui auraient regardé d’un œil méfiant la repousse du bras de Lù.
C’est sûr maintenant, Lùshka est en train de se reformer. Elle présente pour le moment une toute petite main d’enfant, c’est extrêmement perturbant. Les premiers mois, cette main avait le réflexe de serrer tout ce qui passait à sa portée comme celle d’un nourrisson.
Quand nous couchons ensemble, cette main est à la fois répugnante et intéressante. Je crois que je suis un peu bizarre.
Extrait du journal numéro 34 – Monde numéro 19 : Vaudelevent – 19e année
Je suis fatigué.
Je devrais être heureux de ce que l’on m’a donné et que tant de scientifiques envieraient, mais j’aurai bientôt 50 ans et je n’ai rien fait de ma vie à part courir de monde en monde. Cela fait de trop longues années que nous sommes dans ce monde et les gens commencent à se poser des questions sur Lù et sur notre couple.
Puis-je continuer d’être le compagnon et l’amant de cette créature figée dans la jeunesse ? Aurais-je voulu avoir un foyer ? Aurais-je voulu avoir des enfants ?
Lù reste infiniment stérile. Je lui ai fait faire plusieurs prises de sang et elle semble bloquée en ovulation, ce qui explique peut-être son intérêt débordant pour la chose. J’ai peut-être un marmot, à Sicq, un gosse qui aurait dix-sept ans cette année (deux ans de plus que Lù, par mes chaussettes !). Je ne le saurai jamais.
Vaudelevent est agréable, mais je ne suis qu’une ombre étrangère, comme dans chaque nouveau monde que nous traversons. J’en apprécie les tavernes bruyantes et la faune extraordinaire où les dragons ne sont pas que des légendes, mais des reptiles immenses et doués de plus d’intelligence que les hommes.
Extrait du journal numéro 38 – Monde numéro 19 : Vaudelevent – 24e année
Lù sait que j’ai pris une maîtresse.
Je ne sais pas encore bien les conséquences de cet acte, peut-être étais-je innocent de penser pouvoir rendre moins violents les excès de jalousie d’une adolescente.
Il faut que Lù retombe sur ses pieds : je suis un homme dans la force de l’âge, bientôt au-delà, et je suis attiré par des femmes de mon âge et de mon intellect. Lù a été malgré moi et malgré elle la femme de ma vie, celle qui en a tiré toutes les ficelles, mais ce jeu ne peut plus continuer...
Lù veut quitter Vaudelevent et me laisse le choix de rester ou de partir. Il se trouve que j’aime ce pays : j’aime ses landes et ses châteaux en ruines, j’aime ses cités entourées de créneaux et ses immenses champs sauvages... j’aime ma maîtresse aussi.
Rester ou partir ?
Puis-je laisser cette enfant parcourir seule l’étendue des dimensions sans jamais vraiment faire partie d’aucune ? Il y a longtemps qu’elle a trébuché et ouvert sa première faille. C’était à cause de moi.
Extrait du journal numéro 39 – Monde numéro 20 : Solitude – 25e année.
J’ai suivi Lù.
Sa haine pour moi est comme un poison.
Solitude est un univers gris et poussiéreux. Des insectes vivent sous ses cailloux et nous pouvons survivre en léchant la rosée sur les pierres le matin. Nous devrions partir d’ici, mais Lù ne veut pas, pas encore. Elle me punit dans ce monde vide où je suis seul avec elle et sa rage.
Son silence est à l’image de son adolescence : puéril, aveugle, douloureux. Ais-je eu tort de chercher le bonheur ailleurs ? Je n’aurais pas dû mentir, mais notre situation est impossible.
J’admire cette enfant, mais je ne peux pas l’aimer. J’aurais dû rester sur Vaudelevent, mais maintenant, c’est trop tard.
Extrait du journal numéro 40 — Monde numéro 21 : Lorian – 25e année
Après les heures tristes de Solitude, Lorian est une bouffée d’air frais.
Il y a peu d’humains sur cette planète où la race dominante a gardé plus de gènes du côté des singes. L’on trouve néanmoins des hybrides d’humains et de Shik, une espèce de lémurien particulièrement poilue.
Ici, la terre est mauve et cela nous rend immensément nostalgiques de notre monde natal.
Nous avons élu domicile dans un petit village perdu dans des fjords près de la mer lunique. Les habitants de Lorian ne connaissent pas grand-chose à la technologie alors les connaissances de Lù ne servent à rien.
Elle m’a présenté elle-même comme son père et pour la première fois de sa vie, elle endosse un rôle qui correspond à son physique.
Alors que j’aide au travail du bois, elle va à l’école pour apprendre l’histoire, les mathématiques et le Lorianais. Cela l’amuse un peu, mais j’ai peur que ce petit jeu ne l’ennuie rapidement.
Extrait du journal numéro 51 – Monde numéro 27 : Egée – 29e année
Lù n’arrive pas à se poser et moi je ne rêve que de ça : nous enchaînons les univers à une grande vitesse sans jamais nous arrêter plus d’un an.
Chaque départ est un nouveau dilemme : Veux-tu partir avec moi ? Veux-tu rester ?
Nous nous parlons peu. Elle me présente toujours comme son père, mais dans peu de temps je sais que je pourrais devenir son grand-père. Bien sûr, je ne la touche plus et elle ne fait plus de tentatives dans cette direction et prend ses propres amants de son côté. J’essaie parfois de faire de même, mais dans ces moments, nous changeons de monde inexplicablement.
Je comprends à demi-mot quels sont les termes de son contrat : je peux continuer à voyager avec elle, mais l’amour d’un autre individu m’est interdit. Cependant, je peux m’en aller à tout moment.
Quel être cruel que Lùshka.
Extrait du journal numéro 70 — Monde numéro 29 : Heki-heki- 34e année
Cela fait trois ans que nous sommes installés sur Heki-heki et je peux enfin souffler un peu :
Lù adore ce monde.
Heki-heki est l’univers le plus évolué où nous ayons vécu jusqu’ici : c’est une planète entièrement dédiée à la robotique et à l’informatique et ce n’est qu’un des multiples astres qui composent le système d’Endo. Lù n’avait plus trifouillé dans les entrailles d’un androïde depuis notre départ et c’est une vraie joie pour elle de s’y remettre : elle construit des modèles réduits pour son simple plaisir, mais certains d’entre eux sont commercialisés et nous assurent une subsistance.
Lù va bien mieux et nous entretenons des rapports cordiaux même si elle sort de plus en plus fréquemment sans moi. Je retrouve une forme de paix qui m’avait manqué.
Extrait du journal numéro 72 — Monde numéro 29 : Heki-heki- 37e année
Il y a un mystère que je n’arrive pas à comprendre sur Heki-heki. Les habitants de cet univers sont athées et n’ont que faire des superstitions, mais il existe cependant ici ce que ce peuple appelle un Deck. J’ai déjà vu dans d’autres mondes des bâtiments de ce genre qui n’étaient rien d’autre que des temples dédiés à une idole quelconque et poussiéreuse.
Mais dans le Deck de Heki-heki ne se trouve pas de divinité, mais un « Ver de rêve ».
Il s’agit là d’un être de chair et de sang qu’on peut aller consulter pour en savoir plus sur l’un de nos rêves qu’on aurait voulu retrouver ou bien pour connaître les rêves de quelqu’un d’autre. Il existe ce genre de supercherie dans tous les univers, mais à Heki-heki, ce n’est vraiment pas le style des autochtones.
Nous sommes allés consulter cet homme qui paraissait avoir presque deux cents ans, ce qui était somme toute assez banal dans ce monde. Je lui demandai à quoi j’avais rêvé et il me répondit avec justesse que j’avais rêvé cette nuit de mon ancien supérieur, Olween Mawow, et que celui-ci prenait le contrôle d’une ville qui flottait sur l’eau.
Impressionné, je lui demandai à quoi avait rêvé Lù et il me dit qu’elle avait fait un rêve où elle avait perdu son visage.
Je regrettai ensuite de ne pas lui avoir posé plus de questions, mais le temps de notre visite était écoulé et il y avait encore une très longue queue derrière nous.
Extrait du journal numéro 77 – Monde numéro 30 : Gabba – 40e année
Nous avons dû quitter Heki-HeKi en catastrophe car Lù a volé le modèle d’un automate extrêmement perfectionné et compte le démonter. Bien sûr, toutes les polices de ce monde se sont jetées à nos trousses, mais en vain, je le crains pour eux, car au moment où l’alerte a été lancée, Lù était déjà en train d’ouvrir la faille qui allait nous mener à cet univers.
Nous allons passer la nuit ici, mais nous choisirons un autre monde d’ici demain. L’automate est dans un caisson isolé et c’est une chance, car Gabba est essentiellement composé de marécages saumâtres pour ce que j’en ai vu.
Je suis trop vieux pour ces conneries.
Extrait du journal numéro 78 – Monde numéro 31 : Hern – 40e année
Depuis trois jours, je présente une forte fièvre, mes pupilles sont dilatées et j’ai la sensation d’avoir du mal à écrire, tous mes membres deviennent tout raides.
Je crois que j’ai chopé une merde dans ces marécages. Par mes chaussettes !
61.
Monde numéro 37 : Frise-Morte — 55e année
Lù n’était pas seule dans la cour.
Il l’observait par la fenêtre tout en avalant machinalement ses gélules. Elle était appuyée contre le mur plasmatique et un garçon de sa classe était en train de lui lécher les amygdales avec application. Quand il ne l’embrassait pas, Berry pouvait la voir rire.
Pourtant, hier, elle disait encore qu’elle s’ennuyait, qu’elle voulait partir découvrir un nouveau monde. Berry était contre, il n’était pas sûr de retomber de sitôt dans une dimension capable de prendre aussi bien en charge l’évolution de sa paralysie.
Il avait soixante-dix-sept ans et voulait vivre encore un peu.
Ça rendait Lù folle : elle en avait marre d’être ici. Ça faisait quoi ? Quinze ans ? QUINZE ANS dans le même univers ? Pourtant la vie de Lù à Frise-Morte n’était pas si horrible : le monde numéro 37 était une démocratie paisible et humaniste où l’on trouvait facilement de quoi s’amuser ; d’ailleurs, Lùshka n’était presque jamais à la maison.
Alors qu’une maladie inconnue à Sicq dévorait tout doucement le corps de Berry, Lù buvait, dansait, sortait avec l’énergie infinie d’une adolescente. Parfois, elle lui proposait de l’accompagner, alors il lui disait « Je suis épuisé Lùshka. » et elle répondait froidement « Tu n’es pas drôle surtout. »
À chaque fois qu’elle quittait la maison pour aller se mettre la tête à l’envers avec ses « amis », il se disait qu’elle allait changer de dimension sur un coup de folie en le laissant derrière elle. C’était avec soulagement qu’il l’entendait rentrer à quatre heures du matin pour vomir ses tripes dans les toilettes.
Lù et son copain avaient arrêté de s’embrasser. Un hermaphrodite les avait rejoints sous le porche et ils bavardaient tous les trois. Il était peut-être jaloux du garçon, jaloux de sa jeunesse et de sa possibilité de vivre encore des aventures.
Au début, les relations amoureuses de Lùshka l’avaient troublé. Il n’était pas lui-même un exemple de pudibonderie, mais il y avait quelque chose de perturbant chez cette adolescente de soixante ans et des brouettes qui couchait avec des mineurs.
Est-ce parce qu’on a l’air jeune qu’on a droit de goûter à la chair fraîche ? La réponse est non, bien sûr, mais la jeunesse de Lù dépassait son corps : elle gardait un goût prononcé pour les aliments simples ou sucrés, pouvait se prendre des fous rires hystériques qui lui faisaient mal au ventre pour des blagues médiocres, était égoïste sans raison et pouvait s’opposer à lui simplement pour marquer son indépendance. Dans chaque monde, elle ressentait le besoin de s’identifier aux adolescents qui paraissaient son âge, comme si elle se cherchait.
Dans la cour, elle avait disparu. Andiberry nota sur son carnet :
Lù est un formidable sujet d’étude sur l’inné et l’acquis. Elle a une excellente mémoire en ce qui concerne les apprentissages, peut assimiler des connaissances et les mettre en pratique. Cependant, la maturation de son comportement semble figée dans le temps, elle reste une adolescente pénible, parfois brillante, souvent idiote, qui fait preuve de mauvaise volonté. Je ne suis plus assez jeune pour la maîtriser et l’empêcher de faire des bêtises.
Au-delà de tout, il faut bien conclure : Lù a quinze ans.
La clef tourna dans la serrure du vestibule et Lù entra. D’un geste nonchalant, elle jeta son trousseau sur l’autorangeuse du vestibule, enleva ses chaussures avec ses orteils et vint se vautrer sur le canapé du salon.
— Bontelesculs ! J’en peux plus de ce monde de cons !
— C’est la nouvelle expression à la mode ?
Elle ne répondit pas et se leva pour aller se préparer un sandwich à la cuisine. Berry serra son stylo entre ses doigts raidis par la maladie et ajouta à la fin de son paragraphe :
Pour toujours.
62.
Monde numéro 37 — Frise-Morte — 60e année
Chaque respiration faisait craquer de toutes parts ses poumons sclérosés.
— Je pensais... Je pensais que tu partirais.
Lù était assise à côté du lit sur une chaise et lisait jusqu’à ce qu’il prononçât ces mots, puis releva le regard sur son visage froissé de vieil homme.
— Ne parle pas, tu vas te fatiguer.
— Nous devrions parler. C’est la dernière fois.
Elle le savait. Il lisait dans son regard métallique une profonde lassitude et peut-être du soulagement. Ce soir, elle serait libérée de sa vieillesse et pourrait repartir. Bondir de monde en monde en compagnie de rien si ce n’est de ses quinze ans.
— Lùshka.
Il lui prit la main. Qu’est-ce que l’âge pouvait vous rendre émotif, c’était pénible.
— Je pensais que tu m’abandonnerais, répéta-t-il.
Elle détourna le visage pour regarder dehors. Ses cheveux châtains, courts, qui n’avaient jamais poussé jetèrent un voile sur sa mâchoire.
— Je t’ai profondément aimé.
À la dureté de sa voix, il sentit qu’elle avait de la peine, mais qu’elle ne s’autoriserait pas à pleurer. Il toussa et se tourna vers sa table de nuit. C’était sans doute cruel après une telle déclaration, mais tant pis. Il sortit son carnet d’un tiroir et le lui tendit.
— C’est pour toi. Ce sont les notes que j’ai prises ces dernières années.
— J’ai déjà ma propre copie de nos observations.
— Ce sont les notes que j’ai prises sur toi.
Elle ne dit rien et prit le carnet avec une hésitation puis le feuilleta avec plus de calme qu’il ne l’aurait cru. Berry inspira bruyamment. Son thorax était comme dans un étau et la douleur s’étendait progressivement à chacun de ses membres. Il regarda Lù lire ce qu’il avait noté sur ses habitudes, sur ses manières immatures, sur le fonctionnement de son cerveau, son corps et sa sexualité. Il pensait qu’elle aurait de la peine, mais son visage resta impassible. Elle posa le carnet sur la table après avoir lu les dernières pages.
— Que dois-je apprendre de ceci ?
— Je l’avais écrit au cas où nous rentrerions un jour. Pour mettre sa pâtée à Olween Mawow. Il est sans doute mort aujourd’hui. Ça n’a plus d’importance et ça t’appartient.
— Je vais le garder, c’est un cadeau intéressant.
Elle lui sourit.
Il prit conscience de son fardeau, à elle qui l’avait vu vieillir chaque jour, qui le voyait mourir, immobile sur le rivage du temps qui emportait tout sauf Lù. Il comprit qu’elle avait été lointaine aussi pour ne pas avoir trop de peine, pour ne pas être trop triste devant sa propre impuissance. Il avait été si froid, à disséquer tous les instants de sa vie comme si elle était un spécimen plutôt qu’une jeune fille en quête d’absolu. Ce fut lui qui pleura.
— Je suis tellement navré, Lù. Que vas-tu devenir ?
Elle sourit à nouveau.
— Je ne sais pas, je vais chercher Mock.
Un rire se glissa dans les sanglots d’Andiberry.
— Imbécile. Trouve-toi un compagnon... un humanoïde romantique qui vive vieux.
Lù secoua la tête.
— Je suis seule.
Il ne répondit pas et haleta encore tandis que ses yeux devenaient vitreux.
Elle se leva de son siège et se pencha sur le lit pour embrasser ses lèvres de vieillard. Le chapelet de perles glissa un instant sur sa poitrine.
Puis Andiberry mourut et là s’arrêtait le souvenir.
Allez, me reste deux commentaires :P
Coquillettes :
"- Le vrai où (ou) le faux ?"
"- On devrait trouver notre cabine, dit-il finalement. Et trouver quelque chose à manger." Repet<br />
J'aime bien l'idée de découvrir ce voyage à travers le monde à travers le carnet/journal de Berry, ça passait très bien ! Et puis surtout - je sais je me répète - ce monde me fait halluciner, je veux ton imagination o.O
Et puis j'ai pas grand-chose à ajouter parce que juste OH MON DIEU. J'aime beaucoup la façon dont tu abordes certains thèmes dans cet interlude, puis ça doit être tellement horrible ! Condamnés à traverser les mondes sans jamais se fixer, ces départs définitifs, et puis le sort de Lushka, cette solitude et ces quinze ans éternels... Oui, bon, j'avoue, j'ai pleuré sur toute la fin XD Mais en même temps je pleure assez facilement, cependant ce chapitre-là m'a vraiment touché. C'était magnifique <3
Bon j'avoue, je suis un peu contente que tu ai pleuré, j'ai vachement bossé sur cette fin et sur le perso de Lushka. J'essaie de créer de l'empathie pour elle même si elle a beaucoup de défauts et qu'elle se comporte parfois très mal. C'est un personnage difficile, mais je l'aime fort.
Merci encore ^^. Même si je répond tard, ça me fait super plaisir de relir tout tes com!!
J'ai bien conscience qu'il y avait sûrement plein d'indices là-dedans (l'androïde perfectionné, le Deck, le rêveur) mais voir Lou à travers les yeux de Berry et surtout l'évolution de leur relation, c'est ce qui m'a le plus marquée pendant cette dernière lecture. Et oui, OUI, j'avoue, j'ai versé ma larme, voilà, NE ME LE FAIS PAS REPETER.
C'est typiquement le genre d'histoire crève-coeur que j'aime lire, et écrire, parce que je suis un peu maso (en vrai c'est probablement le sujet qui me fout en l'air à chaque fois, ça et les gens qui s'oublient les uns les autres x'D).
Bref, j'ai vraiment beaucoup aimé cet interlude et l'éclairage qu'il apporte sur Lou ; la pause qu'il permet après la première partie, aussi, et les questions qu'ils soulèvent pour la suite. Je trouve que t'as là des personnages vraiment fascinants et un univers tentaculaires absolument renversant. Alors je terminerai par te dire que je suis JALOUSE et FAN à la fois. Je suis fanouse, voilà.
Plein des bisous, et comme je ne suis plus très sûre de réussir à attendre la fin de la partie II pour continuer, peut-être à très vite ♥ (je t'enverrai le doc avec mes petites corrections dans la journée !)
...
Pardon. Je m'excuse platement :(.
Je suis vraiment vraiment contente qui tu ais apprécié cette fin ^^. Je me suis bien amusée à créer tout ces mondes (et je me sens particulièrement curieuse concernant le monde vide où l'on trouve des chats, j'écrirais peut-être dessus un jour <3)
A priori, tu as même vu plus d'indices qu'il n'y en a. L'androïde perfectionné compte juste pour appuyer que la robotique, c'est le dada de Lou. Et ça le reste. Le rêveur est effectivmeent le premier Pilier que Lou croise et il se trouve qu'elle ne réalise pas ce qu'il est, même si le lecteur oui.
Et objectivement, sans dire que ça me fais plaisir, ça me touche toujours quand je fais pleurer mes lecteurs. Je suppose que si on est empathique avec des personnages c'est qu'on les trouve suffisament "vivants".
C'est quoi le sujet qui te fout en l'air du coup? c'était pas complètement clair. Les gens bloqués dans le temps?Les gens qui se disent au revoir? Ou qui s'éloignent et se blessent sans savoir faire mieux.
Moi aussi j'adore les histoire qui me font souffrir Danou T-T. Le masochisme ça fait pleurer, mais c'est beau. <3
FANOUSE XD
Merciiiiii ^^. (je dis beaucoup merci mais je me sens vraiment contente et touchée à chaque fois :D <3)
Et si jamais tu veux continuer, ça ne me gêne pas de te passer la suite des chapitres pas encore posté sur PA puisque la partie 2 est normalement finie et corrigée en entier.
Des bisous et à très bientôoooot!
TRISTESSE INFINIE
Bonjour la bonne humeur du dimanche, après ce chapitre. Tu vas me dire que c'était une conclusion logique, et je te rejoins parfaitement. Il n'empêche que c'est crève-coeur (et fascinant, cette relation mortel/immortelle, j'adore lire ça mais dans les bouquins ça reste assez rare, on voit plutôt les mortels trouver un chemin vers l'éternité. Cette froide logique m'a beaucoup plu <3)
Leur voyage était tellement génial ! Tous ces petits bouts de monde, de créatures, de coutumes, de lois... Tu as dû t'éclater à citer tout ça ! Et voir leur relation évoluer ainsi... c'était parfaitement rendu.
Tu peux être très fière de cette interlude, je l'ai trouvé très très bien écrite et prenante de bout en bout ! (et crève-coeur pour mille et une raison (la bougie à la fenêtre, on ne saura jamais nous non plus ? ToT))
Ce voyageur de rêves n'était pas Griffon, hein ? Ce n'était pas son monde (oui je suis peut-être un peu perdu, mais c'est ma faute, j'aurais dû davantage enchaîner les chapitres ><)
Rah je ne sais pas quoi dire de plus, j'ai tout aimé ! La main de nourisson c'était hyper bien trouvé (et la petite remarque chelou de Berry dessus, aussi xD).
Pauvre Lushka
Amour sur elle <3
Je suis profondément désolée pour la tristesse :'(. Mais voilà je suis une meuf pleine de tristesse.
Bah du coup Andiberry meurt mais dan sle présent un autre Andiberry est vivant. C'est un peu de la triche :p.
Et merci pour tout les mondes, j'ai galéré à trouver un moyen de les décrire sans y passer trop de pages, mais oui, je me suis bien amusée :D.
Pour la bougie à la fenêtre, je laise planer le doute, je ne sais plus si j'ai donné la réponse plus tard ou pas. Dans l'ensemble, ce n'est pas vraiment important.
Et non, le ver de rêve qu'ils croisent n'est pas GRiffon ^^.
De gros calin et à très bientôt poulette!