La rivière cancane
Un conte plaisant,
De deux anges qui s’exclament
« Ô combien les Cymbidiums sont grands ! »
Et l’histoire semblait lui revenir,
Subrepticement…
Le temps avait entrainé le garçon,
L’esprit encore haut perché
Sur des sommets en floraison,
Au terme de la pente graminée.
Une descente sans querelles
Le cœur en inertie,
Qui doucement l’avait conduit,
Devant cette vieille passerelle.
À l’ombre de la colline…
Un vieux pont en mélèze
Bordé d’orchidées jaunettes,
En dessous duquel,
Accordée aux bavardages de colverts,
Se jouait le ruissellement d’une rivière.
De douces notes claires
Au gré des cancanements animés,
Qui, anodines, avaient doucement insinuer
Dans les yeux du garçon.
Un folâtre petit soupçon…
Alors.
En un instant,
Il fit un premier pas.
Sur le plancher de bois.
Et l’histoire paru ressurgir,
Discrètement…
Un deuxième pas,
Et la passerelle tangua.
Car il manquait une planche,
Sous ses pieds.
Alors il s’étendit,
Les mains sur les rembarres
Parsemées d’iris dorées,
Il se suspendit.
Son cœur battait la chamade.
Ses jambes tremblaient,
Et pourtant.
Sans crier gare,
En un battement de cil.
Il s’élança.
Car l’histoire commençait à s’ouvrir,
Furtivement…
Et la plateforme vieillie,
Au son des canardements,
Sous son poids
Ne cessait de s’agiter.
Mais il se lança.
Encore il sautilla
En cadence.
Pousser par les flots et les anatidés.
Et il bondit.
Et rebondit.
Entre les Cymbidiums citronnés.
Et chaque pas franchis,
Sur les lattes décomposées,
Sembla crayonner devant lui,
Des souvenances imagées…
Comme des rires,
Au sein d’une forêt.
Un pas.
Des brioches à la confiture,
Un matin d’été.
Deux pas.
Des bavures de couleurs,
Sur des feuilles cartonnées.
Trois pas.
Une respiration,
À ses côtés…
Alors le garçon soudain,
Le cœur en vrombissement
Sur le pont aux orchidées,
Se sentit presque s’envoler.
Planer par des éclats édulcorés.
Entraîné par une main familière,
Qu’il se hâta d’accompagner.
Au fur et à mesure
Que l’histoire continuait de fleurir,
Abondamment…
Et il s’élança.
Bondit.
Sautilla encore…
Le long des imageries
Qui continuaient,
Entre les Cymbidiums ambrés,
De lui dessiner ces réminiscences romancées.
Et il cabriola.
Retentit.
Fulmina !
Jusqu’à ce que le petit pont de bois,
Brusquement,
Se termina…
Le garçon sentit alors
De retour sur l’herbe des près,
S’éloigner comme le vent
Cette paume qu’il avait enlacée.
Et lorsqu’il se retourna
Pour la chercher.
Il ne vit qu’une aura,
Peinte de l’autre côté…
Les pupilles écarquillés
Son pouls s’accéléra !
Sa main s’élança au loin,
Dans un désir inespéré d’atteinte !
Mais avant même que tout son,
Ne sorte de son gosier.
Soudainement l’histoire, à coup de crayon,
Devant ses yeux s’était retracée…
Et il s’arrêta.
Aux abords
De ce vieux pont de mélèze,
À l’ombre de la colline.
Il arbora cette aura
S’effacer contre les orchidées,
Aux côtés des contrefaites souvenances
Et des sensations illusionnées.
Car tout, semblait lui revenir,
À présent…
La rivière venait de lui cancaner
Un conte idyllique.
L’histoire d’un « eux » qui aurait été,
Si seulement, il avait su lui dire…