IX. Samedi soir

Par _julie_

Élise était allongée dans son canapé, abattue. Ça ne lui était pas arrivé depuis longtemps. Son postérieur ne touchait son canapé que lors des occasions, quand elle recevait du monde à la maison. Ce matin, c’était différent. Sa mine était affreuse, sa coupe de cheveux aussi. Elle se sentait comme son vélo électrique quand la batterie est à plat. Lourde. Amorphe. Sans vie. Sur l’écran de son téléphone portable, un message de Manu auquel elle n’avait pas répondu : « quand puis-je vous voir ? ». Cela faisait deux heures qu’Élise repoussait le moment de lui répondre. La vérité, c’est qu’elle n’en avait aucune idée. Ce n’était pas une question de disponibilité. Elle pouvait toujours s’arranger. En fait, elle commençait à douter. Vous savez, ce sentiment de perdre pied. L’instinct d’Élise lui soufflait que si elle revoyait Manu, leur relation basculerait. Vers quoi, elle l’ignorait. Mais les choses ne pouvaient pas en rester là. Qui était-elle pour Manu, et qui était-il pour elle ? Elle se sentait perdue, incapable de décrypter ses sentiments, et encore moins ses envies ou ses attentes. Que fallait-il faire ? Lui faire comprendre qu’elle ne voulait pas continuer à le voir ? Ce serait mentir, mais cela lui permettrait au moins de mettre fin à ses incertitudes et aux tortures mentales qu’elle s’infligeait, en imaginant dans sa tête tous les scénarios possibles. Fallait-il alors le revoir ? Mais dans ce cas, dans quel but ? Que se passerait-il ? Pourquoi voulait-il la revoir ? Pourquoi s’accrochait-il ainsi à elle ? Elle se sentait perdre le contrôle de la situation. Ça aurait pu être grisant, mais pour des gens comme Élise, en plus d’être inhabituel, c’était absolument terrifiant. Elle crevait de peur à l’idée de ce qui pourrait arriver. Sa vie prenait une trajectoire qu’elle n’avait pas anticipée. Elle sentait que c’était la dernière fois qu’elle pouvait encore décider de renoncer à prendre ce virage ; si elle ne le faisait pas, il faudrait assumer les conséquences, quelles qu’elles soient.

Élise s’est endormie sur le canapé sans avoir répondu à Manu, épuisée par ses propres pensées. Ses rêves étaient parsemés de pizzas froides et de caddies violets.

 

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