J+5
On y est, tu avais raison Raphaëlle.
Ça monte et ça descend.
Là c'est bas. Au plus bas même.
Je comprends que tu sois fatiguée, la journée a été longue et intense. Je sais, j'y étais. Avec toi. Pas collé, mais pas loin. Le café de 10h, les rendez-vous que je repousse pour prolonger nos moments… avec plaisir et tous les jours si tu veux !
J'ai parfois eu des attitudes bizarres aujourd'hui. Je t'ai même sûrement énervé à te toucher et biser constamment. J'en ai besoin ! Putain de besoin !
Par moment je ferme les yeux et je perds un peu l'équilibre. Tu me regardes inquiète.
Mais c'est juste du bonheur. Comprends-tu ? Comme un raz de marée sur le cœur. Je chavire, je ne le maîtrise pas.
Aujourd'hui, tu vois, c'est toi qui était dans le faire et moi qui avait besoin de ton temps.
Mais j'étais HEUREUX.
Puis le jour sombre, tu dors. La nuit redevient ma maîtresse. Comme lui, elle m'écoute et je me livre à elle. J'ai passé tant de temps avec elle. On se connait très bien. Elle m'envoie des dizaines de messages.
J'ai moi aussi souvent joui avec elle.
Mais pour moi, pas de conseils et de bienveillance, elle vient avec des cauchemars et des angoisses.
Les lignes qui vont suivre risquent d'être dures, tu pourrais m'en vouloir. Je ne sais pas encore ce qu'elles te livreront, mais c'est ainsi.
La nuit m'a laissée en paix pendant notre lune de miel. Tu m'avais donné la force de la mettre à l'écart.
Elle revient de plus belle. Et elle est crue. Projetant dans mon cerveau des images, des gestes, des mensonges ou des flashbacks comme à la fin de 6ème sens, quand on comprend tout et qu'on voit les choses d'un autre angle.
Alors je me demande.
Depuis quand ? Où ? Comment ? Et dans quelle position ? Quel était ton état d'esprit quand tu rentrais à la maison ? Et quand tu te préparais si bien POUR LUI ? Par quelle perversité me parlais-tu de ses problèmes ? Est ce qu'il a vu la femme que j'ai vu ? Aussi investie dans l'acte d'amour que je l'ai connu ? Comment pensais-tu que je pouvais ignorer l'odeur de la cire dans le micro-onde ? Jusqu'où êtes-vous allés dans ton local ? Est ce que ce clic-clac a été souillé ? Et si je m'étais réellement rasé le crâne, comme je l'ai enviseagé, comme lui, tu imagines l'horreur ? Est ce que je t'ai embrassé avec les restes de sa sueur ? Que faisais-je pendant ces moments ? Le travail ? Les enfants ? Le chantier parfois ? Est ce que ses messages te manquent ?
Il faut que je me calme. Un verre d'eau. Vite. 1h…
C'est difficile d'avoir de la hauteur tout le temps.
Ce week-end j'ai exploré l'inconnu : la situation et le refus de ses putains de codes de merde. Je ne t'ai pas dis ce que tu voulais entendre. J'ai au contraire été plus sincère que jamais.
J'ai vécu le plaisir de la compréhension, de l'écoute et du partage. C'était si bon. Je me suis senti si fort et j'étais si fier de nous.
Mais je ne suis pas tombé dans la marmite quand j'étais petit. Les codes sont tapis dans la nuit. Ils me disent de crier, ils me disent d'avoir la haine. Ils veulent me rendre aussi médiocre qu'un banal médiocre.
Alors je lutte et je cherche comment m'en sortir.
Je te le redis, tu avais raison. Haut, bas, haut, bas, haut, bas…
J'ai honte de sombrer cette nuit. Il faut que tu me rattrapes.
Je te demande de prendre soin de moi. Un peu encore. J'ai besoin que tu me touches. Les mains, les joues. J'ai besoin de regards. J'ai besoin que tu m'écoutes.
Je ne vais pas si bien…
Je ne mesurais pas ma blessure…
J'ai besoin que tu te fasses belle POUR MOI. Comme l'égoïste et le possessif que je ne suis pas. J'ai besoin que tu me donnes un peu de ce que tu lui as donné.
Et j'ai si peur, surtout, de retomber dans le quotidien et que l'on s'y reperde.
1h30, Le sommeil arrive enfin. Je ne veux pas le rater, je fais vite.
Je souhaite que, se dire ce qui va et ne va pas devienne notre petite routine. Haut, bas, un peu comme dans le film.
Chaque état d'âme, chaque souhait, chaque reproche, chaque compliment aussi… me permettra de garder la tête hors de l'eau.
Ne gardons aucun reproche en nous pour ne pas qu'ils s'accumulent. Si tu me demandes comment je vais, n'attends pas de "Ça va !", tu auras une vrai réponse. Ce texte en est un exemple. Et je souhaite ardemment que tu auras ce cœur ouvert avec moi.
Désolé pour mes angoisses ridicules et mon voyeurisme. Mais les mots sont passés sous mes doigts. Hors de questions que je les retire.
Je te vois et j'ai retrouvé la confiance. Mais je suis blessé. A l'aide ! Je veux m'élever avec toi, si haut, au-delà de l'ombre de la terre. Là où je ne reverrai plus jamais... la nuit.