La douleur en miroir

Notes de l’auteur : L'adultère, les trois sont responsables, les trois sont victimes.
Pour nous reconstruire, sachons nous regarder dans le miroir.

Moi moi moi, dit le mec qui se regarde dans le miroir.

La douleur ne se mesure qu'à l'hôpital.
"Alors Monsieur, comment est votre douleur sur 10 ?"
Je ne veux pas mesurer avec toi nos douleurs respectives. Il n'y aura pas entre nous de souffrance plus ou moins légitime. Ni de faute plus ou moins lourde.

Jeudi et vendredi, j'ai ressenti, comme à ta place, le sentiment d'abandon, une profonde solitude. 

Comme toi, j'ai vu la personne qui partage ma vie, m'accorder du temps et de l'écoute alors que le lendemain, tout redevient comme avant.
Comme toi, je t'ai vu active et heureuse de faire, pour faire plaisir. Préparant, maîtrisant, pour combler la place que j'ai laissée vacantes.
Comme toi, j'ai vu mon emploi du temps, commandé par les obligations alors que j'aurais aimé être tranquille. 
Comme toi, j'ai été irritable ou bien parfois absent. Perdu dans mes pensées ou une légère déprime. 
Comme toi pour ton Papa, je me suis battue pour maintenir la vie et l'espoir, alors que la personne était en perdition de son plein gré.

Tous ces parallèles ne sont peut-être pas très heureux. Mais ils me sautent au visage, comme mon reflet qui rebondit sur un miroir.
Et je me sens laid.

Tu as tellement souffert de mon absence.
Tu connais mon discours : les filles, la maison, le projet… toutes ces conneries.
Tout ce que j'ai assumé tête baissée, te répondant "d'accord, d'accord", comme la princesse à la balle d'or. Je t'entendais mais ne t'écoutais pas aussi bien que je l'aurais dû. 

Je me sens mal avec ça. 

Samedi dernier, à l'heure où j'écris ces lignes, j'ai pris un pieu au cœur et un pied au cul.
Je ne suis pas près de l'oublier.
Comme celui que j'ai pris en CE2 par M. Solère. Il faisait beau ce jour-là. Le temps passé dehors, viré comme un malpropre, n'était pas si désagréable. 
Aujourd'hui il y a le vent. J'espère juste qu'il ne me rendra pas fou.

Comme toi, cette impression que l'autre, à qui on a ouvert son cœur, est déjà passé à autre chose. C'est une sensation affreuse, on a envie de le secouer, de hurler ou de fuir.
"Ouh ouh ! Je suis là, j'ai mal, regarde-moi !"

Ton attitude me renvoie à celle que tu as connu. Mais comme je t'ai dis, nous avançons  côte à côte mais sans se voir.
Je sais pertinemment que tu connais mon état, et que tu es inquiète pour moi. Et pourtant je n'ai pas la paix. Comme je connais le tien et je m'inquiète pour toi. Et pourtant tu n'as pas la paix.
Dur paradoxe. Triste reflet.

Je te demande de m'excuser, encore et une dernière fois, pour toutes ces fois où j'ai pensé bien faire. Pour toutes ces fois où j'aurais dû fermer ma gueule. Pour toutes ces fois où mon avis est passé devant ton besoin. Où la réponse est arrivée avant d'avoir pris le temps de comprendre la question. Où j'ai pris unilatéralement les décisions que je pensais les bonnes pour toi ou nous.
Car malgré le temps, c'est resté blessure ouverte. Résilience mon cul ! La force de caractère, que nous avons l'un l'autre, n'exclut pas le besoin de se confier. On n'étouffe pas une souffrance comme on raye une tâche sur une liste.

Faisons, je l'espère, de ma prise de conscience la fondation de notre avenir et qu'elle sera force d'équilibre dans notre maison. 🙏
Le temps le dira.

Pour toi, pour moi.
Des compagnons de vie
Des confidents
Des partenaires
Des alter egos

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