L'ascenseur s'est mis en marche pendant que je dormais. Je ne sais pas ce que cela signifie, pour autant j'espère de tout cœur que je pourrai l'utiliser aisément, même s'il n'est pas remonté depuis. Je reste sur mes gardes, ce serait beaucoup trop beau de voir des secours arriver. Il ne s'agit pas du seul changement en ces lieux. Des portes se sont ouvertes de l'autre côté des bureaux, menant à un long couloir plongé dans l'obscurité. L'anxiété étant à son paroxysme, j'attends de reprendre mon souffle pour aller l'explorer. J'ignore ce que je trouverai une fois là-bas, mais je veux m'assurer de n'avoir pas raté une occasion de m'échapper. Au pire, je pourrai découvrir un endroit un peu plus sûr. Le bureau dans lequel je me cache est beaucoup trop proche de la bête de chair. Comment vais-je faire. J'ai si faim et je sens déjà des douleurs intenses sur tous mes membres, difficile de dire si je serai capable de courir.
Une vibration se fait sentir dans ma poche. Je dégaine mon portable. Est-ce que le réseau est de retour ?? Je lis avec attention.
Oui ! Le froid qu'elle dégage évoque une créature liée à l'autre-monde... si elle dort les lumières sont éteintes. Il faudrait profiter de son sommeil pour se ravitailler, peut-être ?
Oh, ce sont des réponses à mon message ! Comment ces gens peuvent avoir tant d'informations ? Peut-être que des caméras sont placées quelque part. La chance est peut-être de mon côté.
On peut te lire ! Peut-être peux-tu essayer d'aider la créature ?
Je tape frénétiquement sur mon clavier.
Seigneur merci pour vos message !! Je suis en danger pouvez-vous m'aider ? Envoyer du secours ou voir coment on peut sortir de cette zone ? Répondez vite s il vous plait je sais pas combien de temps je pourrai tenir.
Je prie pour en recevoir d'autres. Des larmes de soulagement coulent sur mes joues froides. Aider la créature, je ne sais pas. Je ne l'ai entendue que grogner et son apparence me terrorise. De mémoire, dans les backrooms (j'en riais intérieurement d'avoir atterri dans une de ces zones, maintenant, je suis convaincue que c'en est une), il peut y avoir des créatures hostiles pour s'en prendre aux personnes qui sont tombées dedans. Je peux toujours l'observer un peu plus longtemps pour voir si elle représente une véritable menace. Et pour me ravitailler... Ce qui me fait peur, c'est de devoir me déplacer jusqu'aux cuisines, et risquer de me faire attraper.
L'ascenseur remonte.
Serait-ce une des personnes qui a écrit un des messages ? Je patiente. Le temps sera très long. En fixant les chiffres, je remarque qu'ils ne changent pas. J'en déduis que l'ascenseur ne s'arrête à aucun autre étage. Pendant qu'il poursuit son trajet, je me glisse hors du bureau. Vers la salle d'attente, je peux percevoir une infime partie du corps de la bête. Elle ne bouge pas, les lumières sont éteintes. J'y pense... Le bruit de l'ascenseur ne l'a pas réveillée. Je peux tenter de rejoindre les cuisines ? Un drôle de bruit résonne dans le couloir, de l'autre côté. Je me tourne en évitant tout mouvement brusque. Les plafonds s'allument. Furtive, je me précipite vers un autre bureau. La créature rampe. Ses pas ressemblent au déplacement d'une foule. Elle ne paraît pas me suivre, mais je me méfie. Je regarde derrière moi à mesure que j'avance. Mon cœur bat si vite. Des douleurs au niveau de l'estomac se manifestent. J'arrive enfin dans un autre bureau. Le dos appuyé contre les tiroirs, je respire profondément. Une ombre manque de me faire hurler quand je remarque qu'il s'agit d'une autre personne. Même à terre, elle semble plus grande que moi, une longue natte tombant sur son dos robuste. Sa peau est si pâle, est-ce le froid ? Son regard a une couleur singulière que je ne parviens pas à décrire. Elle garde ses distances avant de s'approcher doucement. Je ne suis donc pas seule, garde ton calme...
Elle me dévisage, ne comprenant rien à la situation. L'air interrogateur, je lui fais signe de garder le silence en lui signifiant que quelque chose rode. Elle hoche la tête. Bien qu'inquiète, elle demeure sereine. Il ne faut pas crier victoire si tôt. Après de longues minutes inertes, à attendre que les lumières s'éteignent de nouveau, nous pouvons enfin dialoguer. Je ne me souviens pas avoir chuchoté aussi discrètement de toute ma vie, une joie éphémère dans les yeux.
— Vous êtes ici depuis combien de temps ? Vous parlez ma langue ?
— Oui, je vous comprends. Je ne sais pas... Et vous ?
— On peut se tutoyer si tu es ok. Un peu plus de 24 heures, je crois. Comment tu t'appelles ?
— Ynesfyra. Et c'est d'accord. Vous... Tu sais ce qu'il s'est passé avant d'être ici ?
En entendant son nom, je me fige un instant avant de faire mine que tout est dans l'ordre des choses. Notre seule et unique priorité est la sortie.
— Rien de particulier, j'étais dans ma routine et je me suis simplement endormie. Pareil de ton côté ?
— J'attendais ma petite amie. Je me suis évanouie avant de me retrouver ici.
Elle me regarde avec beaucoup d'insistance, comme si elle se méfiait de moi, scrutant mes moindres gestes.
— Ok... Tu t'es réveillée ici il y a peu ?
— Quelques minutes, je dirais. Je trouve ça quand même étrange que nous soyons les deux seules personnes.
— Comment ça ?
— Un endroit vide, une seule autre personne présente, une situation dangereuse. Serais-tu un démon ?
— Pardon ?
— Je te pose cette question sérieusement.
— Non, je suis bien humaine, ne t'en fais pas. Tu es sûre que ça va ?
Elle me fixe avant de soupirer longuement, comme libérée d'un poids qui pesait lourd sur ses larges épaules.
— Excuse-moi... Tout ça est si bizarre. Je ne sais plus quoi penser.
— Je suis croyante, je ne peux pas t'en vouloir d'envisager cette option. On ne se connaît donc je comprends.
— D'accord.
— Nous devons trouver une sortie. Et vite. Mais attends... Si tu es ici, alors qu'est-ce qui est dans l'ascenseur ?
— L'ascenseur ? Il y a un ascenseur ?
Un son signale l'ouverture de ses portes.
Méfiez vous de l'ascenseur, je ne pense pas que c'est un bon moyen pour s'enfuir s'il à pu bouger sans s'arrêter pendant un long moment