Salut, moi, c’est Alessia, mais on m’appelle Yaya.
J'connais pas grand-chose, si ce n’est que la vie, c’est un fatras.
Je sais aussi que le noir, c’est beau,
Dans le creux des mots.
Moi, le blanc, j’y crois pas.
Trop surfait, sans éclat.
« Yaya, arrête tes médicaments. »
« Yaya, oublie pas, c’est important. »
Je me noie dans une marée basse, j’avale l’eau salée,
Sur mes plaies ouvertes, ça vient brûler.
Je sais que je vais mal, mais c’est banal,
Pour moi, c’est le cours normal.
« Yaya, pense pas au pire, vois le beau en toi. »
« Yaya, cesse de trembler, tes angoisses ne servent à rien. »
Et moi, leurs paroles, je les bois,
Comme du bon vin, un matin sans fin.
J’sais pas grand-chose, mais ça, je le sais.
Attendez, défilez :
Les réseaux sociaux peuvent tuer,
Nous rendre malade à force de comparer.
Oups ! Je suis touchée, Docteur,
J’ai le mal de moi, j'en ai bien peur.
Dans ce monde où il faut être normal,
J’ai la nausée, ça me fait mal.
J’sais pas grand-chose de la vie, mais ça, je le sais :
75 % des borderlines veulent en finir, s’effacer,
Et 10 % partent pour de bon,
Moi, je creuse encore le fond,
Pour m’en faire une couverture cet hiver.
Je vous jure, j’sais plus quoi faire.
« Yaya, qu’est-ce qui te passe par la tête ? »
« Sors, amuse-toi, va faire la fête. »