Julian

Par Lysamé
Notes de l’auteur : Chères lectrices et chers lecteurs, voici un second chapitre pour cette nouvelle. J'espère qu'il vous plaira. J'ai à cœur de l'améliorer, donc n'hésitez pas à poster des commentaires pour me faire part de vos conseils. Bonne lecture !

Gaspard Fée referme la porte derrière Julian. Tandis que le détective est de dos, le jeune homme lui jette un regard en coin. L’homme est grand, brun, une cravate toujours à son cou. Son costume trois-pièces est parfaitement ajusté, ses chaussures parfaitement cirées. L’exact inverse des vêtements râpés et usés que Gaspard Fée portait le jour de leur premier entretien. Là encore, tout était calculé pour endormir la méfiance des suspects.

Le détective pivote vivement, et Julian détourne les yeux.

- Bien, Julian. Raconte-moi tout s’il te plaît.

L’intéressé esquisse une grimace. Il a l’impression d’avoir affaire à un mauvais psychologue. Gaspard Fée hausse un sourcil, plissant ses traits fin.

- Raconter quoi ? Coasse Julian, tentant de repousser l’échéance.

Le détective, absorbé dans l’observation de ses ongles, répond tranquillement :

- Ton implication dans cette histoire.

Julian soupire. Son regard s’égare vers la fenêtre et il contemple les branches d’arbres malmenées par les puissantes rafales de vent. Puis ses yeux accrochent une pochette de musique des Beatles.

- Quel genre de musique écoutez-vous, monsieur Fée ? demande innocemment le jeune homme.

Le détective fronce de plus belle ses sourcils délicats, faussement décontenancé. Il ne répond pas, attendant la suite.

Le suspect baisse la tête, s’enfermant dans un mutisme farouche.

Tout avait commencé lors de cette soirée, quelques semaines auparavant.


***

 

C’était le lendemain du jour de l’an. Clémentine, Myriam et Oliver, les musiciens de la bande, se trouvaient avec Elvis et Julian, pour leur part de simples spectateurs, dans les coulisses de l’amphithéâtre de leur lycée. Le trac et l’enthousiasme se mêlaient en un étrange contraste, qui électrisait Clémentine, Oliver et Myriam. Ils sautillaient comme des enfants et piaillaient comme des poussins.

- Oh je n’y crois pas, notre premier concert ! commençait Clémentine.

- J’espère que ça plaira, complétait Oliver.

- Pas de doute, les rassurait Myriam.

Julian aussi était pétrifié. Mais pas pour la même raison. Pendant que les trois musiciens se mettaient en place sur scène et que le noir se faisait dans la salle, Le jeune homme s’éloigna vers la salle du régisseur. Il semblait à Justin que le gardien était sorti chercher sa veste. Il fallait donc faire vite : le cerbère ne tarderait pas à revenir.

Aussi silencieux qu’un renard, Julian se glissa dans la petite salle froide et avança vers le fond. Là, le système de soutien des projecteurs luisaient dans l’ombre. L’étudiant sortit un canif de sa poche et l’approcha du gros cordon métallique enroulé en une épaisse bobine autour d’un cylindre en acier. Julian alluma la lampe de son portable et éclaira l’ustensile. Son cœur s’arrêta. Pétrifié, il fixa les épais fils et se sentit devenir blême. Quelqu’un était passé avant lui. Puis, reprenant son sang-froid, il entailla profondément la bobine.

Soudain, une voix s’éleva derrière lui. Julian sursauta violemment et camoufla son couteau dans sa manche. Lentement, il se retourna. Myriam se tenait devant lui.

- Qu’est-ce que tu fais là Julian ?

- Je te retourne la question. Pourquoi tu n’es pas sur scène ? rétorqua son interlocuteur.

La jeune femme regarda brièvement la machine soutenant les projecteurs. Regarda son ami. Regarda le plafond.

Puis Julian comprit.

- C’est toi… Mais… Pourquoi… ? murmura-t-il.

Cela ne servit à rien : Myriam était déjà partie.

Dix minutes plus tard, Julian avait regagné sa place dans l’amphithéâtre. La deuxième chanson débutait. Une lumière bleutée illumina la salle d’un éclat irréel. Tout à coup, un énorme craquement retentit et ébranla la scène. Sous les yeux terrifiés de tous, les imposants projecteurs se décrochèrent. D’abord un côté, puis la ligne entière d’ampoules bleues. Myriam se décala vers les coulisses, stoïque, tandis que Clémentine et Oliver hurlaient de peur. Les deux tonnes de métal flottèrent un instant dans au-dessus du sol, puis s’écrasèrent sur la scène. Julian se leva, horrifié.

Le lendemain, la nouvelle fut annoncée : la chute des projecteurs avait tué Clémentine.


***

 

Julian relève les yeux. Il n’a toujours rien dit, et Gaspard Fée attend toujours. Le détective agite légèrement la main pour lui enjoindre de se confier. Le jeune homme se racle la gorge. Il passe la main dans ses cheveux et rougit.

- Je vous l’ai déjà dit, je n’ai rien fait. J’étais assis pendant tout le concert à ma place.

- Et concernant la mort d’Oliver ? marmonne le détective en griffonnant quelques mots sur son carnet.

- Vous le savez bien. Je n’ai rien à voir là-dedans, proteste Julian. J’étais en échange linguistique en Allemagne. Vous pouvez demander à la principale de mon lycée.

L’enquêteur hoche lentement la tête.

- Tu peux y aller. Mais n’oublie pas : tu es sous ma loi.

Il penche la tête sur le côté, puis ajoute :

- La Loi de Gaspard Fée. Je saurai la vérité. Que ce soit demain ou dans trois ans.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Luna Peregrine
Posté le 23/02/2023
Coucou !
Le suspens est toujours aussi fort, j'adore ! J'aime beaucoup comment tu dévoiles peu à peu le mystère de l'affaire.
Je vais de ce pas lire la suite !
CelCis
Posté le 24/12/2022
La tension reste durant ce chapitre. Tu me tiens par l'émotion! Tu y rajoutes ce flashback qui me permet d'avoir un peu plus d'idées concernant les coupables, mais peut-être pas ;)
Je reste toujours autant intriguée...
Vous lisez