Myriam hésite sur le seuil du bureau. Elle se tourne vers Julian, qui vient d’en sortir, l’air inquiet. Le jeune lui adresse un discret oui de la tête. Rassurée, elle s’engouffre dans la salle d’interrogatoire.
Gaspard Fée s’affale dans un fauteuil.
- Myriam, déclare-t-il d’une voix neutre. Raconte-moi tout. Ton implication dans cette histoire.
- Je n’ai rien à dire, répond la jeune fille du tac au tac.
- Mais si voyons, l’encourage le détective.
- Je ne vous dirai pas que je regrette qu’Oliver soit mort. Ce serait mentir, concède l’interrogée. Mais je ne l’aurais jamais tué.
- Qu’a-t-il fait pour mériter ton courroux, s’enquiert Gaspard Fée ?
Myriam serre les poings de rage et pince les lèvres.
- Il m’a volé mes chansons. Il m’a volé mon succès. Il m’a volé ma carrière. Tout le monde l’écoutait lui plutôt que moi. C’est comme ça, il avait plus de charisme. Un producteur l’avait repéré. Et il n’a parlé ni de moi, ni de mon travail. Il m’a abandonnée dans l’ombre.
Son menton tremble. Gaspard Fée croise les mains sur ses genoux.
- Et à propos de la mort de Clémentine ?
- J’étais sur scène.
Gaspard Fée n’ajoute rien et la congédie d’un signe de ses deux doigts. Alors qu’elle entrouvre la porte, l’enquêteur la retient.
- Attends, n’oublie pas : tu es sous ma loi. La Loi de Gaspard Fée. Je saurai la vérité. Que ce soit demain ou dans trois ans.
Myriam trouve que cela sonne un peu comme un discours appris par cœur. Elle referme soigneusement la porte, puis elle ferme les yeux, le pouls battant.
Elle a omis quelques détails. Gaspard Fée s’en doute-t-il ? Peut-être. L’étudiante se remémore la soirée du nouvel an. Ce jour-là, lorsque Julian avait voulu couper les fils maintenant les projecteurs, il avait vu quelque chose. Quelque chose qui l’avait faire frémir. La vérité, c’est que les fils étaient déjà entaillés. Et c’était elle, Myriam, qui l’avait fait. Pour se venger. Comme Julian. Ce qu’ils ne savaient pas, cependant, c’est qu’ils avaient endommagé les fils au point que la barre soutenant les projecteurs cède. Les deux amis voulaient seulement saboter le fonctionnement du projecteur, de manière à ce que l’éclairage fonctionne mal et ruine le concert, et l’avenir d’Olivier, ce musicien menteur. Car Myriam et Julian le savaient, le directeur de la maison d’édition assistait à la première représentation musicale du groupe, pour jauger le talent d’Oliver.
Julian s’approche d’elle et lui frotte le dos.
- On ne pouvait pas savoir que cela tournerait au désastre, souffle-t-il.
- Je sais, mais… personne ne mérite de mourir. Pas même un sale type comme Oliver.
- Les innocents comme Clémentine encore moins…, ajoute Julian, la voix tremblante.
Gaspard Fée ouvre brusquement la porte. Les deux amis se taisent instantanément et se regardent. A-t-il écouté leur conversation ?
- Elvis ? claironne le détective.
Je me demande si Gaspard Fée arrive à tirer quelque chose des mensonges que lui racontent les suspects... J'aime beaucoup cette suite d’interrogatoires ! À quand la suite ?
À bientôt !
Merci pour tes commentaires !
Tu auras la réponse à tes questions très bientôt, dans la suite ^^
Tu expliques alors ce qui s'est réellement passé. Mais je suppose qu'il y aura encore des rebondissements après :)
Par contre, je ne suis pas sûre que les coupables oseraient parler juste à côté de la porte de Gaspard. C'est la seule chose dans laquelle je n'ai pas cru. Tout le reste tient et me tient en haleine.
Concernant les mots: je me demandais si "courroux" était le meilleur terme pour un langage oral. Mais tu peux décider que Gaspard parle de cette manière-là, aussi.
Vivement la suite!
merci pour tes commentaires encourageants (sur ce chapitre ainsi que sur les autres) !
Je te remercie également pour ces remarques , je les garde précieusement pour la réécriture de la nouvelle (lorsque je l'aurai postée en entier) :)
J'espère que la suite te plaira !