Les nausées m’assaillaient mais je n’avais rien à remettre. La bile me brûlait le fond de la gorge.
Lorsque Warner m’avait déposée au sol, on m’avait gentiment proposé l’eau d’une gourde - en peau de bête -, mais le cœur m’était remonté au bord des lèvres rien qu’en m’imaginant l’avaler. J’avais décliné l’offre, roulé sur le flanc face à l’immense brasier et n’avais plus bougé. J’étais trop éloignée pour en ressentir la chaleur, mais sa lueur irradiait la sécurité. La Haute Dune Herbacée, c’était la dénomination que le Roi avait donné de cet endroit. J’avais ouvert et refermé mes doigts tachés entre les brins d’herbe grasse qui tapissaient ce sommet.
Comme la tonsure d’un moine en négatif. Ce lieu porte bien son nom.
Ça avait été mes dernières pensées cohérentes. Peu après, l’adrénaline désertait mon corps et les premiers spasmes envoyaient mes forces et mon esprit sous une unique bannière : douleurs.
Je n’avais rien pour me soulager, je devais tenir, ne pas vomir, ne pas pleurer… le temps que Warner me rejoigne. Il m’avait promis de revenir avec de l’aide. Dire que j’avais pu supporter la pression de ses mains sur ma peau...
J’ignorais ce qu’il se passait autour de moi. J’avais conscience d’être en sueur, poisseuse ; je devais présenter un bien pitoyable tableau racrapotée ainsi sur cette pelouse sauvage. J’encaissais trop pour en avoir cure.
— Mam’zelle, chuchota-t-on à mon oreille, bois ça.
Je sentis le contact d’une surface lisse et froide qui devait être du verre et avalai mécaniquement le liquide qu’on déversa dans ma gorge. C’était sirupeux, assez doux et végétal. Heureusement, il n’y eut que la quantité d’une petite gorgée.
— Ça devrait aller, elle va reprendre ses esprits maintenant, c’est à base d’écume de berge. Surtout, qu’elle reste allongée. À la rigueur, assise. Le danger avec ces anesthésiants, c’est qu’on aggrave vite une plaie ou une fracture - comme on étouffe ce qui nous rappelle de nous ménager…
— Je ferai bien attention.
Cette voix, c’était Warner. Relevant les paupières, je le retrouvai agenouillé à mes côtés, visiblement soulagé.
— Tu peux lui donner cette deuxième dose si tu l’estimes nécessaire, continuait un homme au front orné d’un bandeau bleu torsadé, mais alors elle perdra probablement connaissance. Donc, attends la fin du discours pour ça.
Bandeau bleu lui remit un flacon vert foncé haut comme mon pouce et me salua poliment avant de nous laisser.
— Ça va mieux, Luce ? s’inquiéta Warner en glissant le petit cylindre dans la poche de son pantalon taché et déchiré.
— Je crois, croassai-je. J’étais partie loin, je me sens… mieux. J’ai encore mal, mais c’est supportable.
Je posai une main sur son bras et le pressai légèrement.
— Merci.
— Non, tu… tu ne dois pas. Je te demande pardon… Je t’ai secouée dans tous les sens, alors que tu souffres peut-être d’une hémorragie ou d’une commotion… Ce gars qui t’a fait boire le flacon, on m’a dit que c’était un guérisseur.
Il avait mimé des guillemets en prononçant ce dernier mot.
— On m’a vraiment regardé de travers quand j’ai demandé après un médecin ou un infirmier.
Il passa plusieurs fois les mains sur son visage ; il semblait las, détricoté de ses acquis - mais ce n’était peut-être qu’une projection de mes propres émotions.
— Il a dit que tu serais soignée correctement juste après le discours de leur Roi.
Il prit un air sceptique et marmonna que ces énergumènes n’avaient pas l’air d’être arrivés au stade de la médecine moderne. Je repensai à l’archère au foulard rouge, à cet autre flacon qui avait accéléré la cicatrisation de ses plaies profondes. Les frontières du réel étaient bousculées en ces lieux, nous évoluions hors de nos limites habituelles…
— Je pense qu’ils ont leur propre médecine, choisis-je de dire.
Un cor de Brume m’empêcha d’entendre ses autres incertitudes. Des martèlements de tambour lui firent écho.
— Que se redressent tout ceux qui le peuvent ! Regroupez-vous ! Place au Roi !
L’ordre fut répété plusieurs fois, avec les percussions en pulsations de fond. La note étirée du cor finit par s’évanouir ; un courant d’air tiède saisit ce signal pour s’élever. Sans se presser, son souffle chassa toutes les brumes du paysage. Le crépuscule laissa alors sa place à la nuit et tous les feux - tous - se ravivèrent, reprenant leur combustion là où ils l’avaient laissée, comme si les dernières heures n’avaient été qu’une illusion. L’homme qui faisait brailler le tambour - vêtu de couleurs vives et transportant l’ancêtre du mégaphone et une grande bannière… un héraut ? - se dirigeait vers nous, suivi du Roi.
Pourquoi ? me désespérai-je. Allez partout ailleurs, sauf ici.
Ils s’avancèrent jusqu’à n’être qu’à deux ou trois mètres de nous.
Bordel, merdouille et tout le reste !
— Au Roi Maguiar !
Le héraut cessa son tambourinement ; le silence fut absolu, la foule entière accordait son attention au Roi - trop proche. Le souverain se pencha vers un homme proche de lui pour quelques directives muettes puis se dressa fièrement face à son peuple.
— La dernière âme encore en vie vient de franchir la ligne… Le Chant des Brumes a expiré sa dernière note… En ma qualité de Représentant du peuple des Hommes, je déclare cette première Épreuve terminée !
L’assertion fit éclater de nombreux vivats. Le messager du Roi s’approcha discrètement pendant que la foule hurlait et scandait sa joie.
— Le Roi vous somme de vous relever, murmura-t-il à mon attention.
— Non, elle ne peut pas ! s’alarma Warner en se relevant précipitamment. Un de vos guérisseurs a été formel là-dessus !
L’homme sembla hésiter. Avisant un rocher proche aux allures de menhir, il intima à Warner de m’y adosser - il fut évident que celui-ci s’apprêtait à se rebiffer.
— Je vous assure, mieux vaut faire ce qu’il demande, insista le messager. Comprenez, nous vivons un moment exceptionnel, tous les engrenages doivent rester alignés. Mais soyez rassuré, son discours sera bref, elle n’aura pas à tenir longtemps.
… Sinon, il peut aussi s’adresser à moi ?
— C’est bon, m’impatientai-je, je ne veux pas d’ennui. Aidez-moi, tous les deux.
Je leur tendis les mains sans sourire.
Au moins, ça m’éloigne un peu du vieux despote, savourai-je en serrant les dents - mes côtes m’élançaient toujours méchamment.
Une fois adossée contre la pierre, le messager supplia Warner de se reculer de quelques pas. Il refusa net.
— Je file, mais vous mets en garde une dernière fois : mieux vaut se plier à sa volonté. Votre situation actuelle est trop précaire pour prendre le risque de lui tenir effrontément tête. Vous n’êtes pas encore des nôtres, nos lois ne s’appliqueront à vous qu’à la toute fin de la Moisson.
Il nous quitta promptement, se faufilant entre les quelques locaux extatiques qui nous séparaient de son Roi. Lorsqu’il l’eut rejoint, je vis le héraut décrocher son porte-voix cuivré avant de le positionner devant sa bouche.
— J’APPELLE AU CALME !
Trois cris suffirent.
— Au Roi Maguiar !
La foule lui répondit en écho. Tandis que le Roi parlait de joie partagée, j’attirai discrètement l’attention de Warner.
— S’il te plait, fais ce qu’il a conseillé, recule de quelques pas.
Il me regarda d’un air buté.
— Si tu étais ma fille, je souhaiterais de tout mon cœur que quelqu’un puisse veiller sur toi.
C’est donc ça. Combien d’enfants a-t-il ? Peut-être que des filles qui se chamaillent à longueur de temps.
Me retenant de lui rétorquer que, justement, il n’était en aucune façon mon père - étrange, le visage de mon propre paternel ne voulait pas me revenir -, j’eus la sagesse de plutôt lui faire remarquer qu’aller contre la volonté de ce Roi risquait de m’attirer des ennuis autant qu’à lui.
— Et ce n’est pas comme si je disparaissais de ta vue.
Il plia. J’en fus rassurée - pour lui.
— Au Roi Maguiar ! criait à nouveau le héraut.
Et à nouveau, la foule lui fit écho. Ledit Maguiar leva ses mains vers le ciel. Glissée à l’un de ses petits doigts, une chevalière ornée d’un joyau doré capta la lumière du brasier - chez nous aussi, ce type de bijou était associé à la noblesse.
— Huit âmes pour les Bêtes, énonça-t-il d’une voix lourde et empreinte de dépit, une pour l’esprit de la rivière…
Je revis l’énorme gueule écailleuse happer Grand Échalas.
— … et onze pour notre Peuple !
Des clameurs de joie explosèrent partout sur le plateau de la dune. Le Roi baissa les bras, l’air satisfait, et me jeta un regard que je ne compris pas - et qui, surtout, ne passa pas inaperçu… À mon grand dam. Je tentai de me fondre le plus possible dans le granit contre lequel je reposais. Je fus soulagée lorsqu’il reprit la parole, récupérant l’attention des quelques curieux qui m’avaient dévisagée. Je ne comprenais toujours pas ce que nous allions apporter à ce Peuple dont cet échantillon s’était déplacé pour nous sauver, mais j’avais saisi que le sacrifice serait lourd à porter pour certains. C’est d’ailleurs ce sujet que le monarque abordait. En glissant sur les visages tristes et endeuillés, je remarquai un amas de brume qui se condensait de l’autre côté d’un ruban d’eau louvoyant - l’herbe luxuriante qui tapissait le sol devait se gorger à cette source. D’autres que moi se troublaient de cette masse brumeuse, la pointant du doigt ou se détournant du Roi pour mieux l’examiner.
— … leur mort ne sera pas en vain, leurs noms seront loués et chantés…
Le grand Maguiar semblait ne pas l’avoir remarquée et poursuivait stoïquement son discours. Une forme se précisait ; je discernai un long tronc d’où partaient une paire de bras et de jambes. Ce contour indistinct me rappela la silhouette noire qui s’était battue contre les Bêtes dans le territoire des cavités rocheuses. Des chuchotements aux intonations choquées, effrayées voire excitées étaient de plus en plus audibles. Le Roi fut contraint d’arrêter de parler. Il fixa la forme un moment - je le vis retenir le porte-voix du héraut - puis il s’inclina légèrement en faveur de l’être éthéré.
— Merci, Brumeur. Je ne manquerai pas à ma parole.
Son agacement était évident, il posait cette formule par devoir. L’atmosphère, dans la foule, était électrique. J’observais la forme prendre de la hauteur en se redressant complètement. Deux points brillants, enchâssés là où j’aurais situé ses yeux, balayèrent le plateau jusqu’à mon menhir. Une sensation de tiraillement sous le nombril m’inquiéta.
Non, c’est ridicule, ce n’est pas moi qu’il fixe.
Et pourtant, l’être me fondit dessus.
****
J’eus le réflexe et le temps d’avancer d’un pas, peut-être de deux. Je m’attendais à être propulsée en arrière ou renversée brutalement à terre… Il n’en fut rien. Au contraire, je me sentis retenue, fermement soutenue par deux mains d’acier - glacées - qui se moulèrent sur mes hanches. En opposition, quelque chose de brûlant, à la limite du supportable, se pressa juste au-dessus de mon genou. Ce chaud-froid transperça l’épais tissu de mon jeans. J’abaissai le menton vers cette créature qui s’était déplacée trop vite pour être humaine, paniquée à l’idée de ce que je m’apprêtais à découvrir.
Une fois la ligne bleue franchie, on était sensés être en sécurité !
Un homme, au visage magnifique, les paupières closes, frottait ses lèvres sur les taches qui maculaient mon pantalon. Je savais mes genoux écorchés suite à mes multiples chutes des dernières heures : ce qu’il respirait, c’était l’odeur de mon sang séché. La chose sourit et enfonça son nez autant qu’elle le put, humant tout son soûl en remontant lentement jusqu’au milieu de ma cuisse, suivant un chemin connu d’elle seule. Rien ne retenait mes mains. De toutes mes forces, j’appuyai sur les épaules de cet être indécent pour le faire reculer ; autant chercher à déplacer le menhir dans mon dos. Je tentai de secouer les jambes, il les pressa contre lui. La panique devint de l’affolement. Le sachant proche, je cherchai le Roi, prête à le supplier d’ordonner à cette sangsue de me lâcher. Je le repérai, effarée : il me tournait le dos. Pire, les poings serrés, il s’éloignait.
Il ne va rien faire ?
Les personnes les plus proches de moi - rien que des locaux -, si elles ne s’étaient pas retournées, évitaient ouvertement mon regard.
Personne ne fera rien ?
J’ouvris la bouche, prête à secouer et incriminer vertement tout ce petit monde - c’était humiliant, ça me terrifiait -, quand la créature remonta d’un coup sec vers mon entrejambe. Je me cambrai avec violence et tentai à nouveau de la repousser en crachant un non ! primaire et catégorique. Le visage anguleux se recula de quelques centimètres, à mon vif soulagement. Mais c’était pour mieux écarter ses mâchoires qui se refermèrent avec brutalité sur ma cuisse : ses dents transpercèrent mon jeans et s’enfoncèrent profondément dans ma chair. Je hurlai comme une possédée.
C’est du délire !
— Ce peut être doux. Ferme les yeux…
Cette invitation avait résonné dans ma tête, comme une pensée, mais ce n’était pas ma voix.
— Abaisse tes paupières.
J’obéis au ton plus ferme et, douce surprise, la douleur s’évanouit.
— Laisse-moi te montrer, laisse-toi aller… Sois sans retenue.
Et je le sentis, une promesse de plaisirs inouïs, juste à la lisière de ma conscience. Mes désirs cachés, secrets et même inavoués… Je n’avais qu’à lâcher les rênes, je pourrais alors les vivre chacun et tous à la fois - je frissonnai. Je n’oubliais pas que cette créature était en train de se nourrir de moi, mais au fond… c’était agréable.
— C’est cela, ouvre-toi, tout entière.
Mais il n’était pas si aisé d’étouffer la raison de quelqu’un qui passait son temps à tout mouliner ; le plaisir serait là, certes, mais à quel prix ?
— Tu résistes ? s’étonna la voix intrusive.
Non, j’analysais, comme à mon habitude ; je n’étais pas dans une chambre sombre, abritée des regards, j’étais toujours sur le plateau de la Dune Herbacée, entourée d’une quarantaine d’autres personnes, si ce n’était plus. Je n’avais rien demandé et il ne m’avait rien demandé avant de s’enfoncer dans mon corps. Ce qu’il se passait, c’était mal. Par la force de mon mental, je me visualisai le chasser hors de mon esprit, avec ses promesses de plaisirs faciles et ces fausses sensations ; je rejetai tout cela en bloc. Une fois ma conscience déblayée, la vérité s’imposa à moi : il me retenait de force, me vidait de mon sang en labourant sauvagement ma cuisse et cela me faisait un mal de chien ! Je perdis toute notion de cohérence, le supplice m’emporta dans une suite de cris inarticulés. Je ne sais à quel moment j’avais ouvert les yeux mais, avisant ses cheveux, un bref instant de lucidité m’enjoignit de les agripper ; il me faisait mal, j’allais lui rendre la pareille. Je les tordis et les tirai dans tous les sens. Pas un seul d’entre eux ne se détacha de sa masse soyeuse et il ne cilla même pas.
Saleté de sangsue !
Sans cesser de gémir de douleurs, je glissai mes mains jusqu’à ses tempes. Refoulant l’aversion de ce que je m’apprêtais à faire, j’amenai mes pouces sur ses paupières… et appuyai. Fort. Très fort. La créature s’écarta prestement en claquant la langue et me ré-adossa au rocher, jambes allongées - ce fut trop rapide pour mes sens, j’étais sonnée.
— Navré, murmura un souffle à mon oreille.
Devant moi, flottait l’être dématérialisé. Je sentis une caresse chaude sur mon front puis il disparut. L’air hagard, je fixai le vide en tremblant comme un flan. Quelques mouvements me ramenèrent aux gens qui m’entouraient, je lus toute une palette d’émotions diverses sur leurs visages inconnus : étonnement, dégoût, pitié, inquiétude. C’étaient trop de regards braqués sur moi, mon cœur se serra et je me focalisai sur mes pieds. Le cuir de mes chaussures avait craqué, juste à la pliure des orteils.
Mes bottines sont fichues, trouvai-je à penser pour occulter le reste.
Le héraut joua de son tambour ; lui et son Roi s’étaient déplacés si loin que je ne les voyais plus.
— Une entente nécessaire entre les Peuples, c’est pour cela qu’ils ont choisi d’offrir leur vie !
Maguiar-le-despote reprenait son discours là où il l’avait laissé. Comme s’il ne s’était rien passé. Je serrai les dents. J’étais impuissante. Je n’allais certainement pas faire un esclandre et je doutais que quiconque vienne me consoler si je me mettais à pleurer. Je ravalai mes larmes loin en moi, mais elles reviendraient, plus tard, quand je me retrouverais seule... J’ignorai le monologue en cours et me penchai pour inspecter ma cuisse. Précautionneusement, je relevai les pans perforés de mon jeans. Ce n’était pas beau à voir, et à mille lieux des deux petits trous propres qu’on associait aux vampires de l’imaginaire collectif. Ici, chaque dent avait laissé sa marque, et pas forcément nette - il avait bougé. Sécrétait-il quelque chose en mordant ? La plaie était laide mais saignait peu.
Impossible que ça ne s’infecte pas, m’inquiétai-je.
— Ôla. Utilise-ça pour panser ta blessure.
Je sursautai ; une femme rondelette aux traits bienveillants me montrait une bande de gaze immaculée.
— Découpe d’abord ton pantalon avec ceci juste au-dessus de ta plaie, ajouta-t-elle en me tendant une paire de ciseaux métalliques.
Je la lui pris des mains et suivis son conseil. Ma jambe était dans un état déplorable… Quand elle me donna la bande, je constatai avec surprise que le tissu était humide et non sec comme un pansement stérile. Il dégageait aussi une rassurante odeur d’huile essentielle.
— Ça sent bon.
— Secret de Guilde.
Je n’insistai pas et l’enroulai précautionneusement autour de ma cuisse dénudée. Une agréable sensation de fraicheur soulagea la brûlure de la morsure. Je remerciai cette femme généreuse en soupirant d’aise. Elle me sourit en retour.
— Luce !
C’était Warner, il semblait déconfit.
— On m’a empêché de venir t’aider, on m’a …
La femme lui intima de se taire en lui couvrant la bouche de sa main.
— C’était le paiement du Brumeur, il y avait droit. Mais arrêtons de parler, ce n’est pas bon d’interagir quand le Roi demande notre attention.
Ils regardèrent tous deux dans sa direction sans montrer de signe d’inquiétude ; j’en conclus que nous ne nous étions pas fait remarquer. Je me laissai aller contre mon menhir en fermant les yeux, prêtant à nouveau attention au discours en cours.
— … que le respect des anciennes coutumes apporte la prospérité à notre Peuple. Le matin de mon couronnement, je me suis engagé à les perpétuer. Ainsi, devant vous, je vais consacrer celle qui sera ma Reine en la liant à mon Clan.
Je me redressai en ouvrant les yeux.
— Peuple des Hommes, à genoux pour votre Roi ! cria le héraut dans son cornet cuivré.
Par vagues désordonnées, tous les locaux s’abaissèrent, s’assirent, s’agenouillèrent ou s’accroupirent. Parmi la petite poignée restée debout, je repérai une longue tresse noire, une crinière rousse, un short jaune fluo… Refermant les bras autour de moi, je choisis de rester au niveau du sol.
— N’aie crainte petite, se désola la femme à voix basse, même si tu lui as vaillamment résisté, je doute que le Roi se choisisse une femme souillée par la morsure d’un Brumeur.
Je tiquai sur le choix de son mot, aurais-je à subir autre chose qu’une ignoble cicatrice ? Elle était en tout cas perspicace ; le souverain regarda partout sauf dans ma direction.
— Choisis sans fierté, fils d’Esmus, impose-nous une âme juste et forte.
Elle avait pris soin de chuchoter. Au regard méfiant qu’elle me jeta, je compris que ces mots lui avaient échappés et n’étaient pas destinés à mes oreilles. Je fis comme si je n’avais rien entendu et elle s’en accommoda.
— Oh non, gémit Warner.
Le Roi s’était arrêté sur quelqu’un.
Je devais admettre qu’elle était saisissante avec ses longues jambes galbées allongées sur un rocher plat, le dos bien droit, arborant un port de tête naturellement royal. Le brasier en toile de fond faisait danser des reflets dorés dans ses cheveux et rehaussait son teint. Eryn était une belle femme. Un de ses pieds, dénudé, était bandé jusqu’à mi-mollet. Maguiar semblait satisfait de ce qu’il observait. D’un pas assuré, il la rejoint en fendant la foule. Les locaux se tassèrent et se bousculèrent pour s’effacer sur son passage. A peine fut-il à ses côtés, qu’il lui tendit une bague - d’où la sortait-il ? La femme à mes côtés émis un claquement de langue défavorable.
— Si rapide…
Le roi Maguiar parla à Eryn. Mais il avait abandonné sa voix d’orateur et, dans la foule, chacun y allait de son petit commentaire : tous ces petits chuchotements faisaient barrage à ce qu’il disait. J’étais frustrée de ne rien entendre. Si la majorité demeura assise, plusieurs personnes se redressèrent. Hormis cela, chacun gardait sa position.
En l’attente de la cérémonie à venir ?
Se déplaçant le plus discrètement possible, un homme mûr à la barbe noire bien touffue choisit de faire fit de cette immobilité en marchant à notre rencontre.
— Ôla Guérisseuse, dit-il tout bas en s’inclinant, un Protecteur de Clan requiert tes compétences pour une Étrangère mal en point. Il estime son état critique et craint qu’une trop longue attente ne lui cause d’irrémédiables séquelles.
Ma bonne fée rondelette pouffa gentiment.
— Quelle grandiloquente demande. Ces mots sont-ils les tiens ou ceux de ton maitre ?
Il se rembrunit. Elle s’excusa et lui répondit qu’elle ne pouvait pas accéder à sa demande.
— Comprends que ce n’est pas moi qui ait été désignée comme Guérisseuse du camp nomade.
— Je sais, mais ils se sont installés plus loin, à l’écart, et…
Il regarda où en était l’échange entre Eryn et le Roi.
— … ce serait mal vu de l’y transporter maintenant. Tu as prêté serment, insista-t-il d’un ton suppliant.
La femme renifla son mécontentement en ajustant le foulard bleu qui ornait ses cheveux.
— Me promets-tu de ne l’ébruiter à personne ? Si je suis venue, c’est pour accompagner mon homme, pas pour m’attirer des ennuis.
— Je te le promets, en mon nom et en celui de mon Protecteur de Clan qui est un homme d’honneur.
— Ils disent tous l’être, rétorqua-t-elle, acerbe. Cette Étrangère, l’aide-t-il par bonté ou parce qu’il a des vues sur elle ?
Barbe noire se rembrunit un peu plus en marmonnant que ce n’était pas ce genre d’homme. Ma bonne fée accepta de le suivre, mais au dernier moment, elle se retourna vers nous pour nous adresser une dernière recommandation.
— Ce que vous vous apprêtez à voir risque de vous choquer. Pour un bon départ en ce monde, ne vous avisez surtout pas d’intervenir. Ne dites rien, ne faites rien. Vous vous attireriez seulement d’inutiles problèmes. Gardez à l’esprit que, si cela arrive, c’est qu’elle aura donné son consentement.
Elle avait dévisagé Warner en prononçant sa dernière phrase. Lorsqu’elle disparut dans la foule, interpellée par ses mots, j’observai plus en détails l’échange en cours.
Si Eryn le contemplait comme s’il était le seul homme capable de la sauver d’une mort certaine, Maguiar ne laissait quant à lui filtrer aucune émotion, si ce n’était un grand sérieux.
Que lui demandait-il ? Hésitait-elle ?
Elle finit par lui tendre une main. Les chuchotements redoublèrent sur le plateau quand la bague habilla son doigt. Un bref roulement de tambour ramena un semblant de calme dans la masse de locaux. Le souverain cueillit galamment la jeune femme dans ses bras et l’emporta au plus près du grand feu où il l’allongea à même l’herbe grasse. Cette fois encore, la foule se mobilisa pour libérer l’espace choisit par le Roi. Maguiar se dépouilla de ses armes puis fit face à son Peuple.
— Soyez témoins, devant vous, je prends cette femme.
Pour épouse…, complétai-je. C’est expéditif comme cérémonie...
Il entreprit ensuite de se défaire de son pourpoint, ainsi que de sa chemise. Je tiquai lorsqu’il délaça ses souliers et retira ses chaussettes. Vint ensuite son pantalon... Chaque pièce de vêtement était soigneusement repliée puis déposée en pile bien droite sur le sol. Médusée, je le vis se séparer du dernier rempart de son intimité. Le Roi était nu - il fallait admettre que c’était un homme qui prenait soin de son corps ; il se tenait droit, n’était que muscles et la toison qui recouvrait une bonne partie de son torse, ainsi que celle de son entrejambe, était aussi minutieusement taillée que sa barbe. Cette nudité me mettait mal à l’aise, pourtant, j’étais aimantée par l’horreur de ce qui allait se produire.
Il va la prendre au sens littéral… Elle aurait donné son accord pour ça ? Devant tout le monde ?
L’avait-il forcée ? Amadouée ? Convaincue ou achetée ? Regrettait-elle à présent ?
Eryn était toujours allongée dans l’herbe. Il glissa ses mains sous ses aisselles pour la redresser en position assise - elle avait les yeux fermés. Le souverain fit descendre la fermeture de sa robe prune ajustée. Elle se laissait faire comme une poupée docile. Quand il lui enleva ses sous-vêtements, je me détournai. Ce n’était pas un acte d’amour, je me détestais d’être témoin de ça. Je surpris Warner en train de pleurer, l’impuissance dévastait ses traits. Juste après, j’entendis Eryn - ce ne pouvait être qu’elle - pousser un cri de douleur. Je regardai malgré moi, par automatisme, pour en comprendre la raison, et le regrettai amèrement ; cette image reviendrait me hanter. Le Roi Maguiar se tenait au-dessus d’elle, lui retenant un poignet d’une main, l’autre maintenant un genou écarté. Eryn avait la tête tournée sur le côté, elle ne le regardait pas. Je fuis la scène, mais l’entendais gémir encore une fois. Selon moi, c’était un viol. Et ce Peuple le cautionnait.
Tout le monde entendit quand le Roi imposa sa fin à ce terrible moment. Malheureuse Eryn… Je m’en voulus de ce qu’elle m’avait inspirée jusqu’ici. Au fond, je ne la connaissais pas. Avec ce qu’elle venait de subir, j’étais prête à lui être la plus sympathique possible.. Warner fixait le sol, les joues détrempées, l’air plus perdu que jamais.
— Peuple des Hommes, que se redressent ceux qui le peuvent ! claironna le héraut.
Le Roi avait revêtu son pantalon. Eryn, restée assise, avait été emballée dans sa large chemise d’homme en lin blanc. Son visage était inexpressif, je la trouvai déconnectée. C’est alors que Maguiar fit quelque chose d’étonnant : il se plaça devant elle, s’agenouilla, puis s’abaissa jusqu’à lui embrasser les pieds. Tous les locaux présents levèrent alors un bras vers le ciel et la foula scanda, plusieurs fois, en chœur :
— À la Reine !
Je ne distinguais plus le nouveau couple royal - j’aurais aimé voir si cela faisait réagir Eryn. Surprise, j’observai Warner se mêler aux vivats. Ceux-ci ne cessèrent que lorsque Maguiar se releva, digne.
— Gloire à notre Peuple ! rugit-il. Maintenant, soignons et préparons nos blessés pour le chemin du retour. Nous rentrons. Que les cent années à venir nous soient riches et prospères !
****
Le viol mental de Luce (car pour moi, il n'y a pas d'autres mots), et celui de Blondie - que j'au beau ne pas apprécier - sont dur a encaisser coup sur coup.
Je ne me prononcerais pas sur l'intérêt ou non de ces évènement dans l'histoire, car je n'ai pas encore lu la suite, mais je dois dire que comme pour les autres chapitres, tu as réussi à nous foutre mal xD
Je vais lire le suivant pour laver mon esprit de ces images peu ragoutantes de ce chapitre ♥
Je ne doute pas que tu y arrivera ❤️❤️
Je me dis que c'est le bon moment pour laisser un petit commentaire, comme "l'introduction" de l'histoire semble arriver à son terme.
Que dire ? J'aime bien, y a de l'action, on est directement plongé dans l'histoire avec la promesse de découvrir un univers impitoyable avec des personnages intéressants. Pis c'est bien écrit !
Pour le moment, je n'ai pas grand chose à redire, si ce n'est qu'il y a peut-être des problèmes de rythme par moment. Peut-être à cause de l'introspection ? L'héroïne passe beaucoup de temps à réfléchir, et je comprends bien que c'est une de ses caractéristiques, mais il y a peut-être un peu trop d'introspection par moment (ou pas au bon moment) ? ^^' Il y a plusieurs moments où les personnages semblent en danger de mort imminente, et alors qu'on s'imagine une situation où ils sont pressés, l'action, les dialogues et les pensées semblent traîner. Ça dure un peu trop et du coup ça donne un sentiment de lenteur là où on préférerait que ça aille vite.
Concernant ce dernier chapitre en particulier, je dois dire qu'il fait un beau travail pour mettre le lecteur mal à l'aise. x'D Pauvre Luce, qui se fait renifler l'entre-jambe par un homme-bête chelou... Pour le coup, c'est un comportement d'homme-bête assez accurate ! Mais qu'est-ce qu'il est, au juste ? Avec le titre et la description des bêtes, j'ai envie de pencher pour un loup-garou, mais la façon dont il se vaporise à la fin. Oo Est-ce qu'il a refilé sa maladie à Luce ? Hâte de voir ça !
La scène du viol était encore moins agréable à lire, je dois dire. x'D Bon, si ça sert l'histoire, et comme ça entre pas dans des détails non nécessaires, soit. Ça reste cohérent avec le ton et niveau de violence de l'histoire. Cela dit, je crois que le disclaimer de début de chapitre est pas approprié. Le "Présence de scènes sur le consentement sexuel" m'a fait croire qu'on allait simplement avoir une discussion sur le consentement, ou qu'on aurait un truc un peu léger comme le t-shirt arraché du chapitre précédent. J'ai pas compris qu'il y aurait du viol. ^^' Quitte à prévenir les lecteurs, autant être clair et parler d'agression sexuelle et de viol, je crois.
Une histoire prometteuse ! Je vais continuer ma petite lecture.
A bientôt!
Merci pour ta lecture et ton retour :) Et pour avoir dit que c'était bien écrit <3 ça rassure la percluse de doutes que je suis (ça se dit ? ^^').
Je note pour le rythme et l'équilibre des introspections. Je tente d'y faire plus attention dans la construction actuelle des chapitres. Moi-même j'ai l'impression de ne faire que ça, ça cause tout le temps dans ma tête, parfois ça m'échappe et je parle toute seule ^^''''''' J'ai tout naturellement refilé ce truc à cette chère Luce. J'aimerais bien savoir, parfois, si les gens font pareil, ou si pas. :p
Mais je garde bien cela à l'esprit, cet équilibre à trouver entre les deux. C'est noté en gras dans mon dossier "réécriture".
Je vais adapter ma note et être clash. Le consentement revient assez souvent dans cette histoire, sous différentes formes, je m'en rends compte en me relisant parfois... Ce n'était pas du tout un choix de départ ^^'. Mais cette scène de viol est l'unique décrite. Et je ne compte pas en décrire une autre. Ce n'est absolument pas un kiff, bien au contraire.
J'espère à bientôt par ici, et aussi, que la suite te plaira.
:)
J'ai fait une lecture silencieuse des autres chapitres, je n'avais pas vraiment de commentaire pertinent à faire (à part : wouah, j'ai envie de savoir la suite ^^).
Voici un commentaire de ce chapitre ; tout d'abord, j'ai accroché à l'histoire, et j'ai très envie d'avoir la suite : je trouve que tu poses un univers original, des personnages intéressants - même celleux que l'on croise brièvement ont suscité mon intérêt, j'ai la sensation qu'il y a de la densité derrière les silhouettes croisées. J'aime beaucoup qu'on ait le point de vue de Luce, ça marche très bien et ça permet de surmonter avec elle toute la violence psychique et physique dont elle est victime dans ce début d'histoire.
Par rapport aux scènes violentes, que ce soit lors du combat contre les Bêtes ou celles des "locaux" contre les nouvelles venues, elles me paraissent être des jalons dans l'histoire des personnages, je les accepte à ce titre en tant que lecteurice.
De mon point de vue, ce dernier chapitre recèle deux scènes de viol. Peut-on parler de consentement lorsque la victime est étrangère dans ce monde, sous le coup d'une lutte à mort à laquelle elle a dû survivre quelques minutes avant ? Si je dois me battre pour ma survie, dans un lieu où je ne maîtrise pas les codes, et qu'un mec, qui est le roi, vient me demander un truc à l'oreille devant tout son peuple, qui me méprise, et me désigne de toutes façons comme étrangère ; à quel moment je peux avoir le choix ? A aucun moment, Luce ou l'autre femme n'ont le choix de ce qui se passe.
Depuis le début de l'histoire, les personnages sont dépossédés de leur volonté - clairement, iels ne peuvent pas s'opposer à quoique ce soit depuis le début de l'histoire, ce sont des survivantEs à des épreuves. Et ça m'intéresse en tant que lectrice de savoir comment Luce, notamment, va s'en sortir. Du coup, malgré la violence des scènes, personnellement, je me sens très en empathie avec ces personnages venuEs de mon monde, parachutéEs là-dedans ; je suis prête à les suivre pour savoir comment iels vont surmonter tout cela.
En lisant ce dernier chapitre, j'ai retrouvé l'impression que je pouvais avoir en regardant la Servante Ecarlate, par exemple. ça me met mal à l'aise, mais les grands obstacles font les grandes victoires - le viol est un obstacle de taille à surmonter et ce qui m'intéresse alors, c'est comment cette expérience traumatisante va transformer les personnages. Bon, j'ai réussi à aller seulement jusqu'au bout de la saison 1 de la Servante Ecarlate, mais ça, c'est ma sensibilité et mes choix. Je trouve qu'en tous cas, c'est possible de faire vivre des événements traumatisants à ses personnages, le plus difficile c'est de savoir comment on le traite. Le fait qu'on passe par les yeux de Luce, dans ta scène, je trouve que ça permet d'avoir son point de vue, qui est assez proche du mien pour que je m'y retrouve, que je puisse éprouver à travers elle de l'empathie pour cette femme. A contrario, le Roi et le Brumeur m'apparaissent comme des antagonistes menaçants. Quel univers !
J'espère que ce commentaire t'aidera - mon but est en tous cas de t'encourager à poursuivre - et franchement, de mon point de vue, ces premiers chapitres peuvent exister tels quels, je n'ai aucun changement à suggérer.
Bravo pour ces premiers chapitres, et encore une fois, quel que soit le degré de violence auxquels sont soumis les personnages, l'important, pour moi, c'est : qu'est-ce qu'iels en font, comment ça les transforme.
Un immense merci d'avoir pris le temps de me laisser ce riche commentaire. <3 Sur le moment, j'ai eu envie de plonger sur mon pc pour continuer à écrire le chapitre en cours - malheureusement, pas pu... Il rééquilibre ma balance qui bataille en permanence avec ma conscience qui me fustige parfois pour tout ce que je mets de côté pour concrétiser *enfin* un roman. Vive PA. ^^
Je suis super contente de savoir que tu aies lu avec plaisir jusqu'ici.
Une de mes craintes, c’est la cohérence dans l'enchainement des parties. J'ai hâte d'avoir ton retour avec la prochaine (la partie Chasse se clôturera dans le chapitre 8).
Oooh, la Servante Écarlate. Je l'avais regardé enceinte en plus - - ' Je suis toujours en train de digérer certaines scènes ^^'' (grand cœur sensible aussi). Je te comprends, j'avais été à la fois choquée et aimantée. J'ai tenu la saison 2 encore, puis, selon moi, c'est parti en cacahuète - à un moment, humainement, personne ne peut encaisser autant ^^''''. Je lirai peut-être le livre un jour, je me dis que l'adaptation tv a dû tirer ce que le livre aura su finir à temps. J'ai toujours eu un faible pour les sociétés totalitaires où le peuple se réveille et se soulève. Je digresse. ^^'
Encore merci et merci <3
:)
Contente d'en savoir un peu plus sur ce monde étrange et sur le décompte des passagers du bus. J'ai apprécié ce petit récapitulatif ;) bien utile.
C'est super intéressant aussi d'avoir des points de vue des locaux sur le fonctionnement interne de ce monde. Pour l'instant je trouve que cet univers ressemble à une sorte de purgatoire.
Les scènes que tu décris sont violentes mais le lecteur est "protégé" de plusieurs façons au travers des différents points de vue des personnages. Toi en tant qu'auteur tu ne prends pas le lecteur par surprise. On est prévenu.
Dans ce chapitre, les passages qui m'interpellent sont les suivants (comme d'habitude, quand je dis que ces passages m'interpellent c'est positif, ce sont des passages qui m'inspirent de la curiosité sur la construction de ton univers et qui me donnent envie de lire la suite:
le premier passage :
"Gardez à l’esprit que, si cela arrive, c’est qu’elle aura donné son consentement."
difficile tout de même pour un étranger de donner son consentement dans un monde dont il ne connait pas vraiment les règles ? C'est un peu comme enfermer quelqu'un dans une pièce en lui disant qu'il peut partir quand il veut, mais sans lui montrer la sortie (certains auront l'habileté de trouver l'issue, mais pas tout le monde, ce n'est donc pas seulement une question de consentement mais aussi une question de capacité.)
Mais bien sûr, je me réfère à notre monde à nous, dans ton univers à toi tout est possible, et on le voit bien, les modes de communications sont différents et à plusieurs reprises j'ai eu le sentiment que les défis rencontrés par tes personnages s'adaptaient justement à leurs capacités ? (d'où cette impression de purgatoire)
et le deuxième passage :
- "Surprise, j’observai Warner se mêler aux vivats"
Qu'est ce qui a bien pu opérer cette conversion ?
Ce chapitre donne de bonnes clés de compréhension et il donne envie de poursuivre. On voudrait en savoir plus sur le sens de tout ce qui vient de se produire (la chasse, la moisson, le brumeur... ) et aussi sur le type de gouvernance. Pour la première fois, on trouve des locaux qui ne sont pas en totale adhésion avec le fonctionnement de leur société, alors que jusqu'à présent le message était plutôt "vous êtes choqué parce que vous ne savez pas, mais si vous saviez vous ne le seriez pas".
Je suis aussi super curieuse sur la fameuse phrase que tu as retirée ?
bonne continuation à toi !
à bientôt
"Gardez à l’esprit que, si cela arrive, c’est qu’elle aura donné son consentement."
difficile tout de même pour un étranger de donner son consentement dans un monde dont il ne connait pas vraiment les règles ? -> On est d'accord. ^^ D'où le point de vue choqué de Luce. C'est ce que j'essaie de faire passer.
- "Surprise, j’observai Warner se mêler aux vivats"
Qu'est ce qui a bien pu opérer cette conversion ? -> On verra si la suite te permettra d'y voir plus clair là-dessus. Je l'espère.
Heureuse que de fin en fin de chapitre, tu gardes le désir d'aller découvrir la suite <3.
La phrase retirée disait sans détour qu'Eryn souffrait. J'ai eu peur de mettre trop à mal avec...
Merci beaucoup pour ce riche retour <3 ^^
Encore un super chapitre, ça me fait toujours autant plaisir de lire ton écriture.
Pour la scène du consentement, en soit il n'y a rien de très "choquant", mais je comprends la classification "Interdit aux moins de 16 ans".
Hâte de lire la suite ! <3
Chouette, ça te plait toujours. :)
en soit il n'y a rien de très "choquant" -> Peut-être selon les vécus ou la sensibilité, comme tu l'avais dit précédemment. Au moins, ainsi, pas de mauvaise surprise. ;)
Pour l'anecdote : Avant de le mettre en ligne, j'ai supprimé une phrase, la trouvant trop malaisante. Finalement, c'est peut-être juste moi la trop sensible dans l'affaire. ^^' J'attendrai d'autres retours pour voir si je la remets ou non.
Encore merci en tout cas d'avoir pris le temps de commenter <3
Oui ^^, je pense que ça dépend surtout de la sensibilité des lecteurs.
J'espère que tu auras d'autre retours pour t'orienter :)
De rien, ça me fait vraiment plaisir <3