La confusion de l'oeuf d'or

Enzo se lança dans un discours.

— C’est une course sans fin, tu ramasses un cristal, tu acquiers de l’énergie magique que tu dépenses pour acquérir d’autres cristaux, mais si tu n’es pas assez bon dans ta chasse et que tu te retrouves sans réserves, comment résister à l’envie de retrouver ces pouvoirs fabuleux ? Or sans pouvoir, tu n’as quasiment aucune chance de réussite, tu vas juste te faire tuer…

— Tu me reproches de trop m’intéresser au sujet, mais tu es resté tellement ignorant que tu fantasmes sur des risques inexistants.

— C'est-à-dire ?

— Absorber un cristal, ce n’est pas comme absorber de la nourriture, tu n‘as pas besoin de le faire chaque jour pour pouvoir continuer à utiliser la magie, ce serait plutôt comme… Absorber une partie du soleil, oui, c’est ça Enzo ! Le soleil nous éclaire du matin au soir, puis se repose pendant la nuit, mais il revient chaque matin, et lorsque tu as absorbé un cristal, même si tu épuises ton énergie, il te suffit de te reposer pour en avoir à nouveau.

— Mais alors pourquoi les traqueurs ne s’arrêtent-ils jamais ? Une fois accumulé assez de cristaux, ils devraient être en mesure de faire tout ce qui leur plaît, non ? Alors pourquoi continuer ?

— Qui te dit que cela n’arrive jamais ? Nous n’en entendons pas parler, mais c’est peut-être fréquent. Cependant j’en doute, comme tu l’as souligné, manipuler la magie semble fabuleux, avec plus d’énergie à disposition chaque jour, tu peux faire plus de sorts chaque jour. Or si tu fais de plus en plus de choses sans effort, cela doit être frustrant d’épuiser ses réserves et de se dire qu’il faut attendre. Je pense qu’un magicien prudent n’épuisera pas sa réserve quotidienne, il ne prendrait pas le risque de se retrouver complètement pris au dépourvu en cas d’attaque.

— C’est une vie dangereuse malgré tout, tu ne devrais pas y toucher, recommença-t-il en jetant un regard vers le cristal qui était toujours devant nous avant de détourner les yeux à nouveau.

— Tu sais, la plupart du temps, un traqueur qui arrive trop tard se contente de repartir. Il est difficile d’évaluer précisément la puissance d’un adversaire et littéralement impossible de connaître son niveau de maîtrise. Il faut être sacrément casse-cou pour provoquer un affrontement, dis-je avant de me décider à prendre le cristal.

— Ou alors il faut être patient en écoutant aux portes, répliqua une voix que je ne connaissais pas, mais on dirait que c’est mon jour de chance, je vais pouvoir m’amuser un peu.

Je m’étais retourné d’un bond au début de sa prise de parole. L’étranger rigola lorsqu’Enzo commença à courir vers un bord de la clairière. Il leva le bras, une flamme déjà dans la main. J’ai lancé mon attaque, il utilisa un sort défensif et pourtant mourut. Mon sort avait fait mouche. Ses yeux écarquillés devaient venir de sa surprise, il avait dû avoir le temps de se rendre compte de son erreur. On ne devrait jamais sous-estimer l’adversaire. Cette leçon ne lui servira pas, enfin, ça dépend du point de vue, puisqu’il ne la fera plus.

Je n’ai pas déjà oublié la règle numéro 1 de mon professeur : Vaut mieux être malin que puissant.