Le soleil approchait son zénith. Les mouches se multipliaient sur le chat décomposé. L'air brûlait les végétaux et étouffait les hommes. À l'abri d'un chêne centenaire, dans une ombre hospitalière, les travailleurs des champs picoraient noix et fruits secs. La soif en bouche, ils se passaient de main en main une zahato en peau de bouc. Elle contenait une eau précieuse relevée de quelques gouttes d'un remontant secret. Ils s'entretenaient sur leur nouveau seigneur, le Vicomte de Mont-Clair, à qui ils appartenaient désormais, suite à la dot qu'il avait reçue de sa nouvelle épouse. Les premières rumeurs se propageaient à son encontre. Les uns le dépeignaient comme excentrique pendant que les autres le portraituraient comme sanguinaire et sadique. Bien évidemment, nul serf ne l'avait approché mais tous tenaient pour vraies ces affabulations.
Loin de ces considérations, Bulle de Savon attelait dans le chartil de l'auberge, une mini charrette en bois clair à deux roues à un Shetland très bien assorti. Tout dans l'appentis était minuscule et harmonieux : le bonhomme, la carriole et le cheval. Un monde en rase-mottes aussi touchant que poignant à observer. Bulle, malgré son âge adulte et sa moustache souriante, ne dépassait pas la hauteur d'un enfant de dix ans. Sa monture, de taille réduite et de corps massif, était brave et robuste. Le chariot, qui n'aurait guère pu contenir plus qu'un tonnelet, complétait gracieusement le tableau. Bulle de Savon y entreposait tout le nécessaire à un honnête voyageur : outres d'eau, de cidre et de vins, divers fromages en croûtes, un cageot de pommes rouges, des miches de pain et des viandes en bocaux, des haricots secs, carottes, choux et navets. Des casseroles, louches, bûchettes, couvertures et changes, un lourd bâton de marche et un gros sachet d'avoine, complétaient le tout. Le parfait attirail du marchand ambulant local. Bulle de Savon recouvrit la cargaison d'une bâche qui s'enroulait autour d'un treuil métallique à l'arrière du charriot. Il devait saisir la manivelle à deux mains et s'appuyer légèrement dessus pour exercer la force nécessaire à une rotation. Le prélart fixé, l’aubergiste se mit debout sur un petit marche pied et entreprit de brosser la longue crinière crème du petit cheval. En même temps, il la caressait. Si son sourire ne l'en empêchait pas, il aurait sifflé de plaisir.
Le plaisir, si longtemps qu'il n'avait pas goûté à sa saveur entêtante. Ce sentiment oublié qui lui avait été depuis trop de temps retiré, s’invitait à nouveau dans sa vie morose. Si son Don le préservait de toutes les souffrances, son sourire l'isolait du monde et le privait de toute jouissance. Une vie d'ermite, contrainte et forcée, loin de tous. Voilà que le Destin mettait sur son chemin, deux utilisateurs de Don qui ne le méprisaient et ne l'ignoraient pas. S'il voulait ressentir enfin ce que la vie assignait au commun des mortels, il devait les suivre.
À la croisée des chemins, deux voies se déroulaient devant lui. Celle de la solitude et du mépris, qui lui coulaient dessus et faisait de lui un homme terne et sans vie. Celle de la camaraderie, de l'aventure et du ressenti, qui pourrait faire de lui un homme, tout simplement. Son choix brillait d'évidence, irréfragable. Quiconque avait eu pour unique camarade de jeu et de vie le délaissement, n'aspirait qu'à s'en séparer et le laisser enfermer dans les méandres de la meurtrissure.
La Dame arriva un panier de linge sur les bras. Elle le posa à ses pieds et, à l'aide de son tablier, essuya les gouttes qui dégoulinaient sur ses joues rondes et son deuxième menton. Elle approcha de l'ombre de l'appentis, déposa une caresse sur l'arrière-train de l'animal puis prit une voix douce, teintée d'inquiétude :
— Es-tu sûr de toi ? Je sais l'opportunité qui s'offre à toi. Mais tout de même, une vie de scélérat ? Est-ce vraiment ce à quoi tu aspires ?
Bulle de Savon ne se défila pas et répondit par un hochement de tête. La Dame avait été la seule personne qui lui eût donné sa chance. Elle l'avait recueilli et donné un toit où vivre en échange de menus services. Elle savait les démons qui habitaient le petit bonhomme. Elle connaissait ses aspirations. Elle avait toujours été bonne et, jamais, ne s'était détournée de lui quand bien même le monde entier lui tournait le dos. La Dame était la bonté. Il lui devait plus d'explications qu'un simple signe de tête. Il contourna la bête pour la rejoindre et prit délicatement ses doigts dodus. Il releva le menton pour lui adresser son sourire crispé, puis parla de sa voix fluette :
— Une vie de hors-la-loi ne m'inquiète pas. Tu le sais bien. Tous les coups, les sentiments négatifs qu'elle devrait me coûter, je ne les sentirai pas. Par contre, j'ai l'espoir qu'elle me laisse entrevoir des émotions que mon Coût, mon fardeau, m'interdit d'effleurer. Je ne peux pas passer à côté de cette éventualité, de cette chance. Enfin, je vais vivre. Enfin, je me sentirai humain. Enfin, la vie aura le mérite d'être vécue.
— Et ta morale ? Tu dis toujours savoir ce qui est bien et mal. Comment peux-tu t'en écarter ? Ces deux vagabonds sont des scélérats. Pour sûr, ils ont volé ces magnifiques étalons. Une vie entière d’un labeur honorable n’aurait pu offrir de telles merveilles. Te rendre complice de ces malfrats, c'est accepter et assumer de faire le mal autour de toi. Et ne me parle pas de Justice. Le mal, c'est le mal, rien ne le justifie. Voler, escroquer et même tuer ! Ce n'est pas toi ! Pas celui que j'ai recueilli il y a dix ans de ça. Peu importe si la victime le méritait, une part sombre et mauvaise te mangera tout cru de l'intérieur. Elle grandira en même temps que tes forfaitures. Regarde-toi, comment pourras-tu assumer une telle charge ? Enfin, oui je sais, ta bulle te préservera de tes remords et de ta honte. Mais, même sans en souffrir, tu la sentiras au fond de toi, tu l'entendras cette voix qui te susurrera que tu penches du mauvais côté. Ton âme en sera noircie. À jamais. Elle te pèsera de tout son poids. Même si elle ne te fera pas de mal, tu la traîneras derrière toi, comme un lourd boulet. Toutes les joies que tu pourras vivre n'auront qu'un arrière-goût de bile acide et ne mériteront même plus d'être vécues.
Bulle de Savon serra un peu plus ses doigts fins autour de ceux de son amie. Il la regarda et murmura :
— Je te remercie de ta sollicitude. Tu as toujours été généreuse et bienveillante avec moi. Sans toi, je ne sais pas où je serais aujourd'hui. Tu m'as offert un toit, la sécurité et ton amitié. Tout ça n'a pas de prix à mes yeux et je te serai éternellement redevable. Je sais tout ce que je risque mais ne rien faire serait me perdre. Même si le prix est exorbitant, tout vaut mieux qu'habiter une coquille vide, quitte à offrir mon âme à la damnation.
La Dame soupira, résignée. Elle retira sa main de celle du petit homme :
— Très bien, puisque c'est ton choix. Mais réfrène ton impatience. Tu ne vas pas faire sortir Joyeuse par une canicule pareille. Attends que les températures soient plus clémentes avant de partir. Tu me dois bien ça.
Elle lui sourit. Elle le savait borné. Rien n'aurait pu lui faire changer d'avis. Sa décision était prise, bien avant même la venue des deux pérégrinateurs.
Le trio prit la route lorsque le soleil amorçait sa chute derrière une colline avoisinante. Ils allaient voyager dans les grandes ombres du soir. Ils avaient encore devant eux plusieurs heures de clarté et la lune gibbeuse finirait de leur apporter sa lumière indulgente. Krone se tenait toujours aussi droit sur sa monture pendant que Fil, les étriers bien remontés, faisait peser sa stature ramassée sur son destrier. À mi-hauteur, entre les deux acolytes, culminait Bulle sur sa partenaire Joyeuse et son pas lent mais précis. Bulle de Savon pouvait toucher du sommet de son crâne les semelles poussiéreuses de ses nouveaux camarades. Les roues de bois de la charrette grinçaient sur les pavés dénivelés de la route. Quelques soubresauts de la carriole ponctuaient la marche sereine du brave animal. Fil s'en amusa :
— Et bien, Savonnette, j'espère qu'on n'aura jamais besoin de détaler au triple galop. On risquerait de voir s'envoler ta charrette et avec, ta pauvre petite bête.
Bulle lui adressa un rire enthousiaste et lui répondit :
— Oh ne t'inquiète pas Brindille de fer, j'ai quelques ressources en réserve qui devraient te plaire.
Ses yeux bleus, emplis de malice, donnaient envie à Krone de connaitre le fond de sa pensée. La répartie du petit homme l'égaya car jamais de sa vie il n'avait entendu quelqu'un oser donner un sobriquet à son ancien. Fil se fit la même remarque car, son rire tonitruant s'envola, comme un écho, et se mêla à celui de Bulle, déjà haut dans les cieux de cette belle soirée d'été. La bedaine du ventripotent dansait au rythme de la glotte du maigrelet et, dans cette jolie chorégraphie hilarante, Krone entra dans la danse.
La campagne randaise mariait collines et forêts. Les routes, tantôt pavées, tantôt de terre, sillonnaient entre les courbes généreuses des vallons pareils à des mamelons qui pointaient vers l'azur. Les sous-bois cohabitaient avec les vignes à perte de vue. Les chaumières, éparpillées de-ci de-là, témoignaient une présence humaine soumise à une vie rude mais non moins satisfaisante. Distantes de plusieurs lieues, les bastides randaises assuraient un ancrage des forces armées du Parakoï dans le pays, sous le commandement du Premier Sujet Cazoel. Ces villages fortifiés, véritables carrefours d'échanges commerciaux, fermaient leurs lourdes portes dès la tombée de la nuit pour se prémunir du brigandage florissant.
Fil, Krone et Bulle progressaient paisiblement dans ce paysage rustique. Depuis le sommet d'une colline, ils virent en contre-bas, dans le creux de la vallée, une tour de pierres spécifique à la région. Fil arrêta sa monture et désigna la construction de la main :
— Un pigeonnier. Nous devrons être prudents à son approche, les gamins. Des gars armés ne doivent pas traîner bien loin.
Krone s’étonna :
— Pour garder des pigeons ?
Fil cracha à terre et acquiesça.
— Oui. Les seigneurs y élèvent des pigeons. Et les pigeons ça se bouffe. Mais ça chie aussi et une quantité de fientes que je tu n’peux pas imaginer, Gamin. Tu t'y noierais. Une vraie source de richesses ces étrons. Ils sont conservés dans des cuves puis utilisés en fumure dans les exploitations de sa Seigneurie. Un engrais qui vaut la peine de payer une solde à des troufions et de les équiper en conséquence. Le bousier, à la revente, on n'en tirerait pas que de la clinquaille, j'te l’dis.
— Et tu comptes en chaparder ?
— Non, ça n'en vaudrait pas la peine. Une véritable petite forteresse à prendre. Et puis quoi après ? On charge la carriole du moustachu de défécations ? J'espère pour toi que tu ne confondras pas les bocaux de daube avec ceux d’la bouse ! Non, et encore non. Il faudrait en emporter une quantité beaucoup trop importante. Nous ne sommes pas équipés pour. Mais si tu....
Bulle leva la main pour interrompre son compagnon. Il montra au loin un mouvement suspect.
Un nuage de poussières s'élevait dans les airs et descendait un chemin en direction du pigeonnier. La nuit bleutée abaissait tout juste son rideau. Les collines, jaunes en journée, disparaissaient peu à peu sous un voile noir et se confondaient presque avec le ciel. Des torches brûlaient dans la procession. Krone plissa légèrement les yeux et annonça calmement :
— Des brigands, ils attaquent le pigeonnier. Sont-ils insensés ? Je n'en vois que cinq. Ils n'ont aucune chance de prendre la tour.
Bulle de Savon se redressa sur Joyeuse. Après une courte analyse, il déclara :
— Je ne crois pas que leur cible soit le pigeonnier. Non, regardez. Ils se dirigent vers nous.
Fil se gratta énergétiquement l'oreille avec son auriculaire et en sortit une substance orangée qu'il observa avec intérêt. Il conclut laconiquement :
— C'est bien une soirée de merde.
Le nuage sortait d'un sous-bois et filait à toute vitesse, tel un torrent de montagne en plein printemps, sur le chemin caillouteux du versant opposé. Juste avant le pigeonnier, il bifurqua et s'engouffra sur le sentier montant qu'occupaient les trois compagnons. Les feux des flambeaux grossissaient à vue d'œil et seraient sur eux sous peu. Pourtant, personne ne bougea. Joyeuse broutait une touffe d'herbes qui poussait au milieu du chemin. Fil mastiquait nonchalamment une brindille qu'il portait à la bouche. Krone étirait ses membres en bâillant largement. Bulle souriait, évidemment.
Montés sur des équidés faméliques, les cinq malandrins exposaient un sourire prédateur. Ils ralentirent le pas à l'approche du petit groupe. Ils sortirent des lames que la rouille commençait à grignoter et sur lesquelles la lune projetait un reflet d'argent.
Fil prit la parole :
— Chers amis ! Bien aimable à vous que de venir nous saluer ! Mais vous vous êtes donné bien trop de peine. Venir à grandes foulées, à la nuit tombée, aurait pu vous être fatal ! On ne sait jamais sur quoi tomber sur ces grands chemins. Ça frise l'imprudence! Plus aussi sûr qu'au temps de nos aïeux les routes du pays Randais. J'vous le dis, gardez-le pour vous, mais paraît-il que des bandits, vilains comme des poux, trainent dans les alentours. Des coquins squelettiques et bien répugnants. Parait-il qu'ils ont des chicots moisis jusqu'aux gencives. Des fripouilles à la frimousse infecte en somme. Leurs chevaux feraient peine à voir mais seraient bien plus agréables à la vue que leurs maîtres. Et, parait-il, que leur chef est le plus affreux. Il se ferait même refuser l'accès aux bordels de la région de crainte qu'il n'y répande ses morpions. Mais bon, vous savez les rumeurs, il ne faut pas trop s'y fier.
Krone observa le grand gaillard qu'il trouvait plus proche de l'ours que de la race humaine. Sa force devait être prodigieuse car il portait de sa seule senestre une lourde épée à double tranchant. Il menait le cortège des coupe-jarrets. Une barbe broussailleuse lui couvrait les joues et se confondait parfaitement avec les poils de son torse.
Ses quatre acolytes, de part et d'autre, faisaient penser à des fouines rieuses avec des braquemarts beaucoup plus légères et maniables. Celui le plus à droite attira davantage l'attention de Krone. Il tenait un arc à la main et un carquois pendouillait dans son dos.
Le chef de la bande parla d'une voix grave et goguenarde :
— Et bien, et bien. Je vois que nous sommes tombés sur un petit plaisantin. Mais, je vais te faire passer l'envie de rire, crois-moi.
Ses sbires accompagnèrent ses paroles de rires forcés. Le chef de bande examina ses futures victimes et, sûr de sa force, continua :
— Qu'avons-nous là ? Un petit ourson, un grand gringalet et... et qu'est-ce que tu es toi ? Je vais t'effacer ton sourire de ta face de poire ! Si tu crois qu'on plaisante mes gars et moi…
Fil cracha sa brindille au sol mais laissa le sacripant exprimer sa confiance jusqu'au bout.
— ...Vous mériteriez une bonne leçon de respect. Personne ne parle comme ça à Kaël le Robuste ! Cependant, je sais faire preuve d'indulgence. Je vous laisse le petit poney. Je garde vos deux beaux étalons, les fontes, vos bourses, la charrette et son contenu. Ne me remerciez pas, tout le plaisir est pour moi.
Nouveaux rires gras. Deux bandits, armes au poing, descendirent de leur monture et s'avancèrent vers le trio d'amis, prêts à prendre ce qu'ils pensaient être leur dû.
Fil soupira et s'adressa à Krone d'une voix désespérée :
— J’suis désolé Gamin. J'sais bien que tu viens tout juste de te requinquer mais ces andouilles nous y contraignent. J’m'occupe du gros nigaud et j’te laisse les deux benêts qui approchent. Quant au reste, on verra bien.
Fil fit appel à son Don et projeta loin devant lui un fil mental qu'il maintenait dans sa main gauche. Le fil ondula puis se déroula en une vitesse prodigieuse sur plusieurs toises. Un fouet invisible transperçait l'obscurité. Il plongeait comme un aspic déchainé en direction du visage gouailleur du colosse, sans le mordre pour autant. Le fil continua sa course folle derrière sa cible, lui frôlant la joue droite. Puis, comme animée d'une âme propre, il effectua une large courbe pour revenir caresser, dans le sens inverse, la joue opposée. Le fil s'enroula alors en trois vrilles virevoltantes autour du cou musculeux de sa victime et vînt terminer sa sortie éclair vers son maître. Fil abaissa violemment ses deux mains, le fil mental se tendit brusquement et se resserra autour de la gorge de Kaël.
L'effet fut immédiat. Le géant devînt rouge. Ses veines gonflèrent et ses tendons se crispèrent. L'asphyxie l'embrassait. À la recherche d'une bouffée d'air salvatrice, ses larges doigts tentaient en vain d'écarter une chaîne indécelable, impalpable, insaisissable. Il se gratta la gorge, y enfonça ses ongles noircis jusqu'au sang. Inefficace. Fil accentua son étreinte en tirant davantage sur les deux extrémités qu'il empoignait ardemment. Un râle sortit de la bouche grande ouverte du supplicié. Ses yeux exorbités ne distinguaient plus que brume et terreur. La vie le quittait. Kaël serrait les dents. Il grognait. De la bave moussait dans sa barbe. Dans un geste désespéré, il tendit un bras vers cet étrange trio qu'il avait pensé soumettre, à la recherche d'une clémence inespérée.
Fil relâcha son emprise. Le fil se détendit. Kaël chuta violemment de sa monture et s'écroula sur le sol dans une syncope bienvenue. Fil se tétanisa, inapte au combat.
Les quatre vauriens avaient assisté, impuissants, au calvaire de leur meneur. Ils l'avaient vu combattre une chimère fantastique, foudroyé sur place par une main divine indiscernable à leur regard. La confusion les empoigna. L'angoisse étouffa leur sérénité vacillante. Les deux brigands qui s'étaient approchés de la charrette se retournèrent. Ils effectuèrent un pas hésitant vers le corps immobile de Kaël.
Krone descendit alors calmement de sa monture et fit appel à son Don. Le monde s'arrêta, complètement. La brise légère qui soufflait s'évanouit. Les herbes qui ondulaient sous sa caresse se figèrent. La voûte étoilée cessa sa rotation. Un oiseau en vol se fixa dans les airs. Tout devint marbre, tout devint pétrifié. Le temps n’était plus. L'immobilité régnait dans ce monde et Krone en était le maître.
Il avançait d'un pas tranquille vers les deux individus qui lui tournaient le dos. Puis, il accéléra la cadence pour finalement s'élancer sur eux à toute vitesse. D'une impulsion vive, il se projeta sur ses deux cibles, bras en avant. Il posa la paume droite sur l'arrière de la tête de l'un et de son autre main, s'appuya sur l'arrière tête de l'autre. Poussé par son élan, il fit basculer les deux hommes vers l'avant et enfonça simultanément les deux visages dans le sol. Krone accompagna la chute des deux statues en atterrissant sur un genou. Il se releva doucement et essuya la poussière qu'il venait de récolter.
— Impressionnant.
Krone se retourna brusquement. Comment était-ce possible ? Quelqu'un parlait dans son royaume de marbre. Cette voix, il la connaissait. Il sourit.
— Bulle, bien évidemment. J'aurais dû m'en douter. Ta bulle te protège également de mon Don n'est-ce pas ? Même l'invisible, l'impalpable ne peut t'atteindre. Bienvenue dans mon monde, celui où le temps n'est plus, celui où je suis le roi.
Krone s'approcha du bonhomme souriant qui descendit d'une Joyeuse figée, une touffe d'herbe emprisonnée dans la gueule. Krone s'accroupit devant lui et lui dit d'une voix affaiblie :
— Mon Don m'épuise. Je ne peux le maintenir guère plus longtemps. Ma fatigue sera encore présente de longues heures après. Crois-tu pouvoir t'occuper des deux derniers ?
Bulle de Savon posa ses mains sur les épaules de son compagnon et le rassura de sa tendre voix :
— Oui, repose-toi. Vous avez distillé la peur dans le cœur de ces gens-là. À moi de la faire exploser.
Krone libéra son monde et s'effondra au sol. Le Temps reprit ses droits et la vie se réanima.
Quel spectacle déconcertant était-ce pour les personnes qui subissaient l'arrêt imposé par Krone.
Fil aperçut les deux brigands qui lui tournaient le dos, subitement allongés la tête enfoncée sur le pavé. La chute qui séparait ces deux positions dans la ligne du temps était invisible à ses yeux, une véritable téléportation instantanée. Krone était allongé à ses pieds, évanoui. Fil avait un avantage considérable sur les deux malfaiteurs restants. Il connaissait l'origine et les secrets de ce miracle. Mais les deux adversaires en face étaient, quant à eux, plongés dans une incompréhension drapée d'effroi. Ils venaient d'assister, en l'espace d'un battement de cils, à l'évanouissement spontané de leur chef et à un carnage énigmatique de leurs confrères.
L'épouvante s'aggrava lorsqu'ils virent marcher sur eux un petit être moustachu, souriant comme un démon venu se repaître de leurs âmes. Dans un geste désespéré, l'archer encocha une flèche, banda son arme et propulsa le projectile sur le front du suppôt de l'Immondice. La flèche ricocha comme un vulgaire fétu de paille.
Bulle de Savon prit alors sa voix la plus glaçante :
— Et maintenant, je vais vous bouffer les entrailles.
Les deux canailles, guidées par la torpeur, tournèrent brides. Dans une fuite affligeante, ils abandonnèrent leurs camarades aux griffes du démon.
Le calme embrassait la nuit. Elle reprenait ses droits après cet interlude ténébreux. Krone dormait, appuyé sur le dos de son aîné dont il partageait le cheval. Fil n'avait pas fait de halte. Il avançait dans la campagne noire, sous la lune blanchâtre, au côté d'un Bulle de Savon aux anges. Il gloussait de plaisir, un sourire sincère sur les lèvres :
— Je me suis bien amusé, être un démon me plaît énormément.
— Tu m'étonnes qu'ils aient détalé comme des lapins. J'en avais la chair de poule. Ils n'ont rien dû piper de ce qui leur tombait dessus. Une véritable rencontre avec le maître des Enfers !
Une nouvelle fois, leurs rires complices se mêlèrent les uns aux autres.
À un croisement tout proche, Fil arrêta son cheval. Devant lui, la route se séparait en deux chemins. Un panneau fléché en indiquait les directions. Vers le nord, le pays Lectois et son nouveau Premier Sujet, Loren. Arriverait-il à se rendre enfin dans le pays de son enfance dans lequel il n'avait plus mis un pied depuis trente années ? Maydine méritait que la vérité de son assassinat éclatât au grand jour. Fil méritait d'assouvir une vengeance depuis trop longtemps contenue, de laisser enfin exploser sa rage pour l'enfoncer dans le thorax de son tortionnaire. Faire tomber en disgrâce son bourreau soignerait sans doute une partie de ses blessures.
Vers l'ouest, le panneau indiquait les villes de Berd et San Tin, toujours en pays Randais. La construction de ce pont intriguait Fil. Ça le démangeait de l'intérieur. Un monde grouillant d'opportunités et de magouilles lui ouvrait les bras.
Fil renifla et propulsa une glaire mousseuse sur le panneau indiquant le nord. Il saisit les rênes et les tourna vers l'ouest.
La vengeance pouvait encore attendre.
Je profite de mes vacances pour repasser par ici =)
C'est toujours un vrai plaisir que de replonger dans ton univers, grâce à ta plume très travaillée et immersive. Je suis particulièrement sensible aux ambiances, aux décors, aux petits détails du quotidien, et le moins qu'on puisse dire c'est que dans ton roman j'y trouve mon compte - ici avec la description de l'ai étouffant, des travailleurs des champs, puis de toute la parfaite panoplie du voyageur. <3
Beaucoup apprécié également le moment de débat avec la Dame. Question intéressante que celle de la définition du bien et du mal, surtout dans ce contexte où la bande rôde en quête de coups à mener. La moralité douteuse est un point légitime à soulever mais on comprend tout à fait les motivations derrière.
Loren et quelques autres personnages ont l'air de parfaits salauds, brrrrr ! Pour l'instant, ça ne me gêne pas. Après tout ça existe, ce genre d'énergumènes et il est tout à fait logique de les trouver comme antagonistes. Et puis ce n'est que le début du roman, tu as tout le temps d'amener des nuances, des personnages plus "gris".
En revanche, je rejoins Makara sur un point : pour moi aussi, la description d'un paysage en filant la métaphore des parties érotiques d'un corps de femme, c'et dispensable. Y a plein d'autres métaphores tout à fait poétiques (et associées au plaisir) qui peuvent être mobilisées - comme par exemple partir sur la courbe de collines qui pourrait rappeler celles d'une vague, de la mer. Ou encore de fruits, bien ronds et charnus, avec leurs odeurs et tout. Là on garderait cette idée de sensualité sans partir sur de la sexualisation.
Mais vraiment, je chipote ! C'est toujours aussi soigné et j'apprécie des descriptions de cette qualité, des textes qui prennent leur temps sur les ambiances, les émotions, non sans une touche de poésie. <3 Et on termine sur un bon suspens au passage !
Je passe continuer ma lecture très vite, comme j'ai encore une bonne semaine de congés devant moi ! =D
Bonne journée, à une prochaine
Content de te revoir ici continuer les Pérégrinations ! L'histoire s'installe doucement, j'ai voulu chaque chapitre comme une histoire dans l'histoire, mais petit à petit l'intrigue principale et les personnages "gris" vont arriver :)
Je suis content que le style te plaise, j'ai peur par moments qu'il soit un peu trop soutenu, et donc rebutant.
Je note pour la métaphore sur les collines, je vois que ça "heurte" quelques lecteurs... :)
Le prochain chapitre est assez cocasse, exemple d'un mauvais coup dans lequel le trio excelle :(
A tres vite !
Je vais commencer par les points que j'aime moins, comme ça ce sera fait. D'abord, la justification de Bulle qui intervient en début de chapitre ne me semble pas très naturelle : on dirait qu'elle a été mise là pour apporter des éclaircissements qui manquaient dans la partie précédente, mais du coup ça fait un peu maladroit. La deuxième chose qui m'a fait tiquer, c'est la décision de Fil à la fin. Sa rancune très forte, il a même enrôlé Bulle spécialement pour l'aider à se venger... C'est étrange qu'il se laisse distraire de son objectif si facilement.
En dehors de cela, le texte fonctionne bien. J'apprécie beaucoup tes descriptions des décors et de la chaleur ambiante. Elles sont très immersives. Tu ne te contentes pas de dire "il fait chaud", tu trouves toujours le détail qui exacerbe la sensation. (Par contre, pourquoi Bulle emporte-t-il des légumes d'hiver en été ?)
La scène de baston, également, était bien menée. On voit qu'elle sert surtout de prétexte pour montrer les personnages en action avec leurs pouvoirs, mais personnellement ça ne m'a pas gêné. Il y a souvent des passages de ce type dans les mangas.
D'une manière générale, ton écriture "coule" toute seule. De mon point de vue, ce sont plutôt les articulations qui pèchent au niveau scénaristique et aussi dans l'équilibre entre drame et burlesque. Je crois que c'est l'aspect le plus difficile à gérer dans l'écriture d'un roman...
Merci pour ton commentaire, ça me touche beaucoup !
"Sa rancune très forte, il a même enrôlé Bulle spécialement pour l'aider à se venger... C'est étrange qu'il se laisse distraire de son objectif si facilement." > Fil n'a pas recruté Bulle pour sa vengeance spécialement (ça fait plus de 30 ans que son mariage a eu lieu, il ne vadrouille pas spécialement pour se venger de Loren, bien que ca risque d'arriver un jour), il le recrute surtout pour avoir une aide supplémentaire pour arnaquer tout le beau monde.
J'ai la fâcheuse tendance à "justifier" certains éléments d'un chapitre dans le suivant, ce procédé se répète dans d'autres chapitres, une autre plume m'avait déjà fait la remarque. Après, dans le récit, ça arrive très rapidement, je pensais pas du coup que ça amenait un côté "bancale", pour moi ça restait dans la continuité.
"De mon point de vue, ce sont plutôt les articulations qui pèchent au niveau scénaristique et aussi dans l'équilibre entre drame et burlesque. " > Je comprends parfaitement ce que tu dis, c'est vrai que ce n'est pas toujours facile. Mais je me voyais mal (en tout cas, c'est pas ce que je voulais faire), rester sur un même "genre", que sombre, ou que comique. Je voulais m'aventurer dans ce monde qui mélange un peu les genres. Je prends note de toutes tes remarques !
Merci beaucoup
Un petit chapitre avant d'entamer la semaine de boulot, ça réveille !
Je n'ai pas grand chose à dire, a part que c'est très bien ^^
Je rejoins certains commentaires précédents: bonne introspection mais un peu redondante avec le dialogue avec la dame, méchants un peu vides pour l'instant (mais c'est le début, attention aussi à l'effet " shonen" : ici ta première bataille semble vraiment facile), et je rejoins makara sur l'erotisation quand on est pas sur ce que pense le personnage, moi aussi ça me fait rouler des yeux ^^
Tout ça c'est rien de majeur, et je pense que tu peux facilement améliorer :)
Point intéressant je trouve en construction, tu as une excellente opportunité d'évoquer plusieurs thématiques, on a senti la vengeance déjà, mais pourquoi pas aussi le "on ne peut pas refaire le passé même quand on a un Don lié au temps", la différence et l'acceptation. Je trouve que tu gagnerais à creuser :)
Et pour finir sur du super bon, je sais pas si tu as écrit en période de canicule, mais quand je te lis, j'ai chaud pour les persos !
Merci pour ton retour, ça fait toujours plaisir :)
Oui le méchant est ici un peu vide, je suis d'accord, c'était plus un prétexte pour présenter le pouvoir de Krone tout tranquillement, dans un cadre qu'ils maîtrisent- à peu près. Les méchants consistants arriveront plus tard :)
Je vais développer plusieurs thèmes tout au long de l'histoire, mais je prends note de ta remarque fort judicieuse :)
Et non ! :) j'ai écrit ce début d'histoire plutôt en fin d'automne, un mois de novembre si tu veux savoir. La chaleur de l'été me manquait peut être à ce moment là ^^
Merci pour ton retour, j'espère que la suite te plaira !
Un chouette chapitre qui lance les pérégrinations de tes héros. J'ai bien aimé voir leurs dons en action. J'aime trop l'utilisation de la magie et je trouve que tu décris très bien comment ils l'utilisent ! Ensemble, ils sont assez imbattables ! Bulle de savon est pour l'instant mon perso favori :)
J'ai tout de même quelques remarques :
1)Dans la première partie, Bulle de savon fait une large introspection sur les raisons que le poussent à partir. Des raisons que tu énumères à nouveau dans le dialogue avec la Dame. Je trouve cela redondant. Tu pourrais alléger le chapitre ou choisissant l’une ou l’autre (perso, j'ai une préférence pour le dialogue).
2) La tirade de Dame est vraiment très longue. Si j’entends que Fil puisse faire de longs discours. Deux personnages qui ont cette particularité en quelques chapitres me parait un peu trop.
3) A ce stade du récit, où vont-ils ? Que font-ils ? Ont-ils une mission ? Pourquoi ce choix à la fin du chapitre d'aller vers l'ouest ? Est-ce que j'ai loupé une info ?
4) J'aime beaucoup tes principaux protagonistes qui sont originaux, mais leurs opposants me paraissent un peu clichés pour le moment. Loren, tout d'abord, qui est présenté comme le parfait ennemi (violeur et tueur sans remords) puis ces voleurs qui n'ont pas l'air d'avoir beaucoup de jugeote et qui écoutent tranquillement la tirade de Fil avant d'attaquer. Dans cette scène, j'avais l'impression que tu voulais tellement montrer comment réagissaient tes persos que ça en devenait presque caustique (surtout le début, à partir de l'utilisation des Dons, c'est mieux).
5) “La campagne randaise mariait collines et forêts. Les routes, tantôt pavées, tantôt de terre, sillonnaient entre les courbes généreuses des vallons pareils à des mamelons qui pointaient vers l'azur.”=> personnellement cette phrase me gêne. Si elle avait été dans la bouche d’un de tes héros, pas de soucis. La c’est le narrateur donc toi. Je ne suis pas fan de l’objectivation ou de l’érotisation des femmes par le biais d’un paysage. C'est pas grave, hein. C'est juste qu'en tant que lectrice, ça m'arrête et je lève les yeux au ciel.
6) Je suis triste qu'ils n'y ait pas de femme dans leur équipe :/. La dynamique pourrait être très sympa avec le petit groupe. Dis est-ce que tu vas rajouter une femme ? (pleeeeease)
Dans tous les cas, j'ai hâte de voir la tournure des évènements !
A bientôt !
Merci pour ton retour et je suis content que tout ça te plaise malgré les défauts que tu as relevés.
Pour répondre au petit 3, pour l'instant ils vont où le vent les mène, à la recherche de mauvais coups à faire. Du coup, en allant vers l'ouest, ils vont dans la cité mentionnée dans le chapitre 1, où des opportunités s'offrent à eux.
4/ Tu as raison, les personnages que tu as cités sont en effet un peu clichés, mais à dessein, j'en ai parfaitement consciente. J'espère que les prochains tu ne les trouveras pas aussi "grossiers" :)
5/ Je n'avais pas perçu le côté érotisation dans cette métaphore, je suis désolé de t'avoir provoqué de la gêne, ce n'était pas le but visé ici, clairement pas :)
6/ Je peux te spoile, vu que les chapitres sont déjà en ligne sur PA : une femme va effectivement intégrer le trio. Je te laisse découvrir tout ça :)
Merci beaucoup pour ta lecture,
A bientôt
"une femme va effectivement intégrer le trio. Je te laisse découvrir tout ça "=> YES ! trop hâte de lire ça ! hihihihi
A bientôt
Très sympatique cette rencontre fortuite entre les brigands du jour et le trio du lendemain. Très belle occasion pour un peu d'action et découvrir ce que ce groupe envoie sous le capot.
Je m'interroge tout de même quant au fait que nos aventuriers les laissent en plan sans rien leur prendre au passage. Pas d'arroseur arrosé et surtout, laisser des figurants filer suite à leur déconvenue face à des détenteurs de Don me laisse un peu perplexe. J'espère que tu recycleras cette Team Rocket !
Venons-en à tes petites allusions pour lesquelles tu as dédié tout un titre. La croisée des chemins s'opérerait donc en trois temps si j'ai bien suivi :
- Le choix de Bulle entre sa vie de solitude préservée du mal ou d'aventure préservée des dangers,
- Le choix de laisser partir ce groupe au lieu de le massacrer et de le dépouiller. (Mon petit Krone était tenté par des armes pourtant...),
- Le choix entre les deux pancartes. Un pont remporte les suffrages de Fil qui avait pourtant tué au nom de sa vengeance.
Pardon, je n'ai compris que le premier. On va dire que tu fais exprès de prendre le lecteur à contre-courant pour les deux autres. Que tu ne laisses rien au hasard :p
Au grand plaisir de te lire. Le petit démon recruté est vraiment adorable. Et regarde, tu as décidé toi-même de le faire taquiner Fil. Comme à l'auberge dans sa nouvelle version ! Il n'a fait que rester fidèle à lui-même, ça colle super !
Deux petites coquilles sinon :
Bien évidemment, nul serf ne l'avait approché mais tous tenaient pour vrai ces affabulations. -> vraies*
Un râle sorti de la bouche grande ouverte du supplicié. -> sortit*
Pour le titre du chapitre. Je pensais effectivement au choix 1 et au choix 3 mais le choix 2 ne m'a jamais traversé l'esprit ! Ne t'inquiète pas pour le choix de la vengeance. Ca arrivera (et surtout pas au moment où tu t'y attendras ;) )
J'aime bien donner des titres à mes chapitres avec un double-sens. Le prochain "sourire exquis" n'échappera pas à la règle, j'espère qu'il te plaira.
Bulle et Fil vont passer leur temps à se chamailler, à se titiller. Il est vrai que lancer la première pique dès la fin de son monologue était judicieux!
Merci pour les coquilles... S'il y en a encore, n'hésite pas à me les signaler ! :D
Sinon, on a enfin pu voir le pouvoir de Krone en action ^^ Vu le nom, je m'attendais effectivement que ça soit lié au temps, et je n'ai pas été déçue =D Les malfrats avaient mal choisis leurs victimes x) D'ailleurs, les trois qui sont restés, ils ont été laissés en vie ou non ? Ca me parait potentiellement un peu dangereux de les laisser en vie (ils peuvent peut-être réussir à faire le lien avec des Dons et donc les dénoncer, ou peut-être juste les dénoncer comme démons si ya une inquisition), mais si c'était pour les tuer après, pourquoi Fil a pas étranglé le sien ? Je n'aurai pas dit non à une phrase de précision en plus sur ce point ^^
Sinon, j'ai beaucoup aimé comment Bulle a géré la fin, juste en souriant et en leur faisait globalement "bouh !" ='D Je ne m'y attendais pas non plus au début du combat, mais je trouve que ça va vraiment très bien à Bulle de s'amuser comme ça ^^
Bon, visiblement, la vengeance attendre, mais je suis un peu curieuse de pourquoi cette histoire de pont perturbe autant Fil. Je suppose qu'on verra bien ^^
Bulle est vraiment attachant (j'avoue que c'est mon chouchou :p) et la Dame, tu la reverras bientôt, vers le chapitre 11 ...
Alors le coup de la fuite des brigands, est-ce dangereux? Parfaitement. Tu as mis le doigt dans quelque chose qui va se retourner effectivement contre le duo... Chapitre 10, ce que tu as décrit arrive... je n'en dis pas plus :))
La vengeance attendra, viendra-t-elle ? Surprise ! ;) petit indice : j'aime surprendre mon lectorat !
Au plaisir de te lire
Enfin après, c'est que mon ressenti =D
J'en suis à la moitié (je lis entre midi et 2, pendant la pause café, et là je dois filer malheureusement), mais je te mets déjà les notes avant que je les perde dans les méandres de mon portable :
"Bulle, malgré son âge adulte et sa moustache souriante, ne dépassait pas la hauteur d'un enfant de dix ans"
> Wha cette description de Bulle vient de poper dans mon esprit. Tu devrais la caser avant, là le lecteur a déjà formé une image du perso dans sa tête. D'autant que Bulle était derrière le comptoir à nettoyer des assiettes, du coup sa tête dépassait à peine ? Comment le voyaient-ils derrière le comptoir s'il est tout petit ?
"le tableau"
> Quel tableau ? Il manque un truc dans la description
"fromages en croûtes, un cageot de pommes rouges, des miches de pain et des viandes en bocaux, des haricots secs, carottes, choux et navets. Des casseroles, louches, bûchettes, couvertures et changes, un lourd bâton de marche et un gros sachet d'avoine, complétaient le tout."
> Attends voir, juste avant tu dis : "Le chariot, qui n'aurait guère pu contenir plus qu'un tonnelet"
Où est-ce qu'il case tout ça ?
Par ailleurs, si Bulle de Savon est un marchand ambulant, tu devrais le montrer avant, par exemple il essaie de lui vendre des trucs ou quelque chose parce que là je pensais que c'était l'aubergiste ou tout du moins un employé de l'auberge. Aux réactions de la dame qui dit qu'il est avec elle depuis 10 ans, je ne comprends pas bien ce qu'il est. Aubergiste ? Marchand ambulant ?
"qui ne le méprisaient et ne l'ignoraient pas."
> Il s'avance un peu vite non ?
"S'il voulait ressentir enfin ce que la vie assignait au commun des mortels, il devait les suivre."
> Je ne suis pas convaincue à 100% par cette explication
"La Dame arriva un panier de linge sur les bras."
> Il manque une virgule ou un "avec" selon moi
"Elle avait toujours été bonne"
Et "La Dame était la bonté."
> Tu dis 2 fois le même truc
"de cette éventualité, de cette chance."
> Je choisirais entre l'un ou l'autre
"car, son rire tonitruant s'envola, comme un écho, et se mêla
> Attention aux virgules mal placées (enlever celle après car et celle avant comme). Je dis ça mais je fais pas mal d'erreurs de virgule moi-aussi dans mes textes
"Les chaumières, éparpillées de-ci de-là, témoignaient une présence humaine"
> Phrase bizarre
"Les routes, tantôt pavées, tantôt de terre, sillonnaient entre les courbes généreuses des vallons pareils à des mamelons qui pointaient vers l'azur."
> Je n'aime pas trop cette phrase. Peut-être parce que les vallons ne sont pas des collines mais plutôt les pentes sur une colline, la def précise est : "Petite dépression allongée entre deux collines, deux coteaux." Du coup, le vallon n'est pas comparable à un mamelon à mon sens. Aussi, cette comparaison n'est pas originale je trouve, je l'ai déjà vu ailleurs.
Je reviens très vite pour la suite :-)
Dans le premier chapitre je le décris déjà comme tout petit. Je dis même "chose étonnante pour Fil, l'aubergiste était plus petit que lui" ou encore " il etait aussi petit et maigre que sa Dame était grande et corpulente" (je n'ai plus les phrases exactes).
Bonne lecture !
Je me suis demandé, combien de temps peuvent-ils utiliser leur Don ? Avec de nombreux ennemis (une bataille par exemple), ça n'est pas si utile, surtout s'ils s'évanouissent après. Et peu de gens ont le Don ? Je demande juste ça par curiosité, y aurait rien à changer dans ce chapitre-ci, on comprend bien et ça me fait me poser des questions justement.
J'ai un peu moins aimé la première partie du chapitre, un peu longuette à mon avis, avec la Dame et Bulle de Savon où on n'apprend finalement pas tant que ça sur Bulle.
Mais le combat ensuite est chouette :-)
La suite de mes pinaillages
"Krone plissa légèrement les yeux"
> Légèrement pas utile selon moi, on ne plisse pas les yeux à demi
"tel un torrent de montagne en plein printemps"
> ?? Que veux-tu dire ? Ça ne m'évoque rien, à moins que ce ne soit des titans ou quoi, aussi grands qu'une montagne ?
"exposaient un sourire prédateur"
> Ils sont encore loin ? Comment voient-ils qu'ils sourient ? Et ça fait répétition avec le sourire de Bulle
"le grand gaillard"
> Qui ça ? Tu ne l'introduis pas avant. Un grand gaillard ? Ou bien tu peux remonter l'info " qui menait le cortège des coupe-jarrets."
Pour le cheminement d'idées, je décrirais d'abord sa barbe etc comme tu le fais puis je mettrais l'impression d'ours qu'il donne. Là tu fais l'inverse.
"Fil se tétanisa, inapte au combat."
> Pas la peine de préciser inapte au combat, on a compris qu'il s'agissait du coût
"et fit appel à son Don"
> Trop bien, j'ai hâte de voir ce que c'est
Une bonne démonstration de leurs pouvoirs.
Par contre, ça doit être bien emmerdant de s'évanouir à chaque fois après l'avoir utilisé !
Par contre, tu fais un saut temporel alors que justement, j'aurais aimé les voir se réveiller peu après. Là dans ma tête ils sont étendus par terre forever, veillés par Bulle ! :-)
Il est vrai que j'abuse des adverbes... Grace à toi, je les supprime presque systématiquement lorsque je corrige mes chapitres suivants. :)
En créant mon histoire, je voulais imposer une limite aux pouvoirs des héros, pour éviter les abus que l'on peut voir dans certaines histoires et qui rendent les personnages trop puissants. Les coûts obligent les personnages à un peu réfléchir à comment se sortir d'une situation délicate, sans foncer bêtement dans le tas. Tant qu'ils paient leur coût, ils peuvent s'en servir... Mais comme tu l'as remarqué, pas tjs évident d'assumer un coût sur un champ de bataille. A nos héros de bien doser leur implication (comme on le verra dans d'autres chapitres)
Merci pour tes pinaillage :)
A bientot
Oui, tu fais bien de limiter leurs pouvoirs, c'est plus "réaliste" et plus intéressant, plutôt que d'avoir des héros surpuissants. Ça peut amener à des scènes intéressantes. En tout cas, moi j'aime bien.
Je lirai la suite tout bientôt :-)