Le soleil approchait son zénith. Les mouches se multipliaient sur le chat décomposé. L'air brûlait les végétaux et étouffait les hommes. À l'abri d'un chêne centenaire, dans une ombre hospitalière, les travailleurs des champs picoraient noix et fruits secs. La soif en bouche, ils se passaient de main en main une zahato en peau de bouc. Elle contenait une eau précieuse relevée de quelques gouttes d'un remontant secret. Ils s'entretenaient sur leur nouveau seigneur, le Vicomte de Mont-Clair, à qui ils appartenaient désormais, suite à la dot qu'il avait reçue de sa nouvelle épouse. Les premières rumeurs se propageaient à son encontre. Les uns le dépeignaient comme excentrique pendant que les autres le portraituraient comme sanguinaire et sadique. Bien évidemment, nul serf ne l'avait approché mais tous tenaient pour vraies ces affabulations.
Loin de ces considérations, Bulle de Savon attelait dans le chartil de l'auberge, une mini charrette en bois clair à deux roues à un Shetland très bien assorti. Tout dans l'appentis était minuscule et harmonieux : le bonhomme, la carriole et le poney. Un monde en rase-mottes aussi touchant que poignant à observer. Bulle, malgré son âge adulte et sa moustache souriante, ne dépassait pas la hauteur d'un enfant de dix ans. Sa monture, de taille réduite et de corps massif, était brave et robuste. Le chariot, qui n'aurait guère pu contenir plus qu'un tonnelet, complétait gracieusement le tableau. Bulle de Savon y entreposait tout le nécessaire à un honnête voyageur : outres d'eau, de cidre et de vins, divers fromages en croûte, un cageot de pommes rouges, des miches de pain et des viandes en bocaux, des haricots secs, carottes, choux et navets. Des casseroles, louches, bûchettes, couvertures et changes, un lourd bâton de marche et un gros sachet d'avoine, complétaient le tout. Le parfait attirail du marchand ambulant local. Bulle de Savon recouvrit la cargaison d'une bâche qui s'enroulait autour d'un treuil métallique à l'arrière du charriot. Il devait saisir la manivelle à deux mains et s'appuyer dessus pour exercer la force nécessaire à une rotation. Le prélart fixé, l’aubergiste se mit debout sur un petit marche pied et entreprit de brosser la longue crinière crème du petit cheval. En même temps, il la caressait. Si son sourire ne l'en empêchait pas, il aurait sifflé de bonheur.
Le plaisir, si longtemps qu'il n'avait pas goûté à sa saveur entêtante... Ce sentiment oublié qui lui avait été depuis trop de temps retiré, s’invitait à nouveau dans sa vie morose. Si son Don le préservait de toutes les souffrances, son sourire l'isolait du monde et le privait de toute jouissance. Une vie d'ermite, contrainte et forcée, loin de tous. Voilà que le Destin mettait sur son chemin deux utilisateurs de Don qui ne le méprisaient ni ne l'ignoraient. S'il voulait ressentir enfin ce que la vie assignait au commun des mortels, il devait les suivre.
À la croisée des chemins, deux voies se déroulaient devant lui. Celle de la solitude et du mépris, qui lui coulaient dessus et faisait de lui un homme terne et sans vie. Celle de la camaraderie, de l'aventure et du ressenti, qui pourrait faire de lui un homme, tout simplement. Son choix brillait d'évidence, irréfragable. Quiconque avait eu pour unique camarade de jeu et de vie le délaissement, n'aspirait qu'à s'en séparer.
La Dame arriva avec un panier de linge sur les bras. Elle le posa à ses pieds et à l'aide de son tablier, essuya les gouttes qui dégoulinaient sur ses joues rondes et son deuxième menton. Elle approcha de l'ombre de l'appentis, déposa une caresse sur l'arrière-train de l'animal puis prit une voix douce, teintée d'inquiétude :
— Es-tu sûr de toi ? Je sais l'opportunité qui s'offre à toi. Mais tout de même, une vie de scélérat ? Est-ce vraiment ce à quoi tu aspires ?
Bulle de Savon ne se défila pas et répondit par un hochement de tête. La Dame avait été la seule personne qui lui eût donné sa chance. Elle l'avait recueilli et donné un toit où vivre en échange de menus services. Elle savait les démons qui habitaient le petit bonhomme. Elle connaissait ses aspirations. Elle avait toujours été bonne et, jamais, ne s'était détournée de lui quand bien même le monde entier lui tournait le dos. Il lui devait plus d'explications qu'un simple signe de tête. Il contourna la bête pour la rejoindre et prit délicatement ses doigts dodus. Il releva le menton pour lui adresser son sourire crispé, puis parla de sa voix fluette :
— Une vie de hors-la-loi ne m'inquiète pas. Tu le sais bien. Tous les coups, les sentiments négatifs qu'elle devrait me coûter, je ne les sentirai pas. Par contre, j'ai l'espoir qu'elle me laisse entrevoir des émotions que mon Coût, mon fardeau, m'interdit d'effleurer. Je ne peux pas passer à côté de cette éventualité. Enfin, je vais vivre. Enfin, je me sentirai humain. Enfin, la vie aura le mérite d'être vécue.
— Et ta morale ? Tu dis toujours savoir ce qui est bien et mal. Comment peux-tu t'en écarter ? Ces deux vagabonds sont des scélérats. Pour sûr, ils ont volé ces magnifiques étalons. Une vie entière d’un labeur honorable n’aurait pu offrir de telles merveilles. Te rendre complice de ces malfrats, c'est accepter et assumer de faire le mal autour de toi. Et ne me parle pas de Justice. Le mal, c'est le mal, rien ne le justifie. Voler, escroquer et même tuer ! Ce n'est pas toi ! Pas celui que j'ai recueilli il y a dix ans de ça. Peu importe si la victime le méritait, une part sombre et mauvaise te mangera tout cru de l'intérieur. Elle grandira en même temps que tes forfaitures. Regarde-toi, comment pourras-tu assumer une telle charge ? Enfin, oui je sais, ta bulle te préservera de tes remords et de ta honte. Mais, même sans en souffrir, tu la sentiras au fond de toi, tu l'entendras cette voix qui te susurrera que tu penches du mauvais côté. Ton âme en sera noircie. À jamais. Elle te pèsera de tout son poids. Même si elle ne te fera pas de mal, tu la traîneras derrière toi, comme un lourd boulet. Toutes les joies que tu pourras vivre n'auront qu'un arrière-goût de bile acide et ne mériteront même plus d'être vécues.
Bulle de Savon serra un peu plus ses doigts fins autour de ceux de son amie. Il la regarda et murmura :
— Je te remercie de ta sollicitude. Tu as toujours été généreuse et bienveillante avec moi. Sans toi, je ne sais pas où je serais aujourd'hui. Tu m'as offert un toit, la sécurité et ton amitié. Tout ça n'a pas de prix à mes yeux et je te serai éternellement redevable. Je sais tout ce que je risque mais ne rien faire serait me perdre. Même si le prix est exorbitant, tout vaut mieux qu'habiter une coquille vide, quitte à offrir mon âme à la damnation.
La Dame soupira, résignée. Elle retira sa main de celle du petit homme :
— Très bien, puisque c'est ton choix. Mais réfrène ton impatience. Tu ne vas pas faire sortir Joyeuse par une canicule pareille. Attends que les températures soient plus clémentes avant de partir. Tu me dois bien ça.
Elle lui sourit. Elle le savait borné. Rien n'aurait pu lui faire changer d'avis. Sa décision était prise, bien avant même la venue des deux pérégrinateurs.
Le trio prit la route lorsque le soleil amorçait sa chute derrière une colline avoisinante. Ils allaient voyager dans les grandes ombres du soir. Ils avaient encore devant eux plusieurs heures de clarté et la lune gibbeuse finirait de leur apporter sa lumière indulgente. Krone se tenait toujours aussi droit sur sa monture pendant que Fil, les étriers bien remontés, faisait peser sa stature ramassée sur son destrier. À mi-hauteur, entre les deux acolytes, culminait Bulle sur sa partenaire Joyeuse et son pas lent mais précis. Bulle de Savon pouvait toucher du sommet de son crâne les semelles poussiéreuses de ses nouveaux camarades. Les roues de bois de la charrette grinçaient sur les pavés dénivelés de la route. Quelques soubresauts de la carriole ponctuaient la marche sereine du brave animal. Fil s'en amusa :
— Et bien, Savonnette, j'espère qu'on n'aura jamais besoin de détaler au triple galop. On risquerait de voir s'envoler ta charrette et avec, ta pauvre petite bête.
Bulle lui adressa un rire enthousiaste et lui répondit :
— Oh ne t'inquiète pas Brindille de fer, j'ai quelques ressources en réserve qui devraient te plaire.
Ses yeux bleus, emplis de malice, donnaient envie à Krone de connaitre le fond de sa pensée. La répartie du petit homme l'égaya car jamais de sa vie il n'avait entendu quelqu'un oser donner un sobriquet à son ancien. Fil se fit la même remarque car son rire tonitruant s'envola, comme un écho, et se mêla à celui de Bulle, déjà haut dans les cieux de cette belle soirée d'été. La bedaine du ventripotent dansait au rythme de la glotte du maigrelet et, dans cette jolie chorégraphie hilarante, Krone entra dans la danse.
La campagne randaise ondulait entre collines et forêts, un paysage harmonieux où la terre semblait épouser le ciel. Les routes, tantôt pavées, tantôt de terre battue, serpentaient entre les vallées souples, pareilles à des formes douces et ondulantes, comme des courbes secrètes offrant un passage vers l’infini. Les sous-bois se mêlaient aux vignes, infinies, se propageant à perte de vue, bordant la route comme une mer verte. Les chaumières, éparses, se fondaient dans ce décor, témoignant d’une vie laborieuse mais épanouie, un équilibre trouvé entre l’homme et la nature.
Les bastides randaises, implantées loin des unes des autres, marquaient la présence indomptable du Parakoï dans cette région, gouvernées par l’autorité rigide du Premier Sujet Cazoel. Ces villages fortifiés, points névralgiques d’échanges et de commerces, se fermaient dans l’ombre de la nuit, leurs lourdes portes comme des bouches scellées, se protégeant de l’assaut des brigands qui prospéraient dans l’obscurité.
Fil, Krone et Bulle progressaient paisiblement dans ce paysage rustique. Depuis le sommet d'une colline, ils virent en contre-bas, dans le creux de la vallée, une tour de pierres spécifique à la région. Fil arrêta sa monture et désigna la construction de la main :
— Un pigeonnier. Nous devrons être prudents à son approche, les gamins. Des gars armés ne doivent pas traîner bien loin.
Krone s’étonna :
— Pour garder des pigeons ?
Fil cracha à terre et acquiesça.
— Oui. Les seigneurs y élèvent des pigeons. Et les pigeons ça se bouffe. Mais ça chie aussi et une quantité de fientes que je tu n’peux pas imaginer, Gamin. Tu t'y noierais. Une vraie source de richesses ces étrons. Ils sont conservés dans des cuves puis utilisés en fumure dans les exploitations de sa Seigneurie. Un engrais qui vaut la peine de payer une solde à des troufions et de les équiper en conséquence. Le bousier, à la revente, on n'en tirerait pas que de la clinquaille, j'te l’dis.
— Et tu comptes en chaparder ?
— Non, ça n'en vaudrait pas la peine. Une véritable petite forteresse à prendre. Et puis quoi après ? On charge la carriole du moustachu de défécations ? J'espère pour toi que tu ne confondras pas les bocaux de daube avec ceux d’la bouse ! Non, et encore non. Il faudrait en emporter une quantité beaucoup trop importante. Nous ne sommes pas équipés pour. Mais si tu....
Bulle leva la main pour interrompre son compagnon. Il montra au loin un mouvement suspect.
Un nuage de poussière s'élevait dans les airs, s'étirant sur le chemin menant au pigeonnier. La nuit bleuissante, encore timide, se préparait à engloutir le monde sous son manteau obscur. Les collines, parées de leur teinte dorée sous le soleil du jour, se fanaient dans l'ombre, fusionnant avec le ciel comme un tableau où la lumière s'estompe. Des torches vacillantes éclairaient la procession. Krone plissa les yeux, un air sérieux sur le visage, et annonça, d'une voix calme :
— Des brigands, ils attaquent le pigeonnier. Sont-ils fous ? À peine cinq. Ils n'ont aucune chance de prendre la tour.
Bulle de Savon se redressa sur Joyeuse, scrutant la scène. Après un instant d’observation, il répondit :
— Je ne pense pas qu'ils visent le pigeonnier. Non, regarde bien. Ils se dirigent vers nous.
Fil, toujours nonchalant, se gratta l'oreille avec son auriculaire. Une étrange substance orangée en sortit, qu'il examina avec un air de curiosité. Après un instant, il conclut d'une voix sans fioritures :
— Voilà bien une soirée de merde.
Le nuage de poussière, semblable à un torrent dévalant une montagne en pleine fonte des neiges, filait à grande vitesse sur le chemin caillouteux, venant du sous-bois. Juste avant d'atteindre le pigeonnier, il vira brusquement, se dirigeant vers le sentier qu’empruntaient les trois compagnons. Les feux des torches grossissaient à mesure qu'ils approchaient. Pourtant, aucun des trois ne fit mine de bouger. Joyeuse, insouciante, broutait une touffe d’herbe qui poussait obstinément en plein milieu du chemin. Fil, tout aussi désinvolte, mâchait une brindille qu'il portait à la bouche avec une lenteur presque théâtrale. Krone, détendu, s’étira et bâilla avec l’élégance d’un homme qui ne craint rien. Bulle, bien sûr, souriait.
Montés sur des équidés faméliques, les cinq malandrins exposaient un sourire prédateur. Ils ralentirent le pas à l'approche du petit groupe. Ils sortirent des lames que la rouille commençait à grignoter et sur lesquelles la lune projetait un reflet d'argent.
Fil prit la parole :
— Chers amis ! Bien aimable à vous que de venir nous saluer ! Mais vous vous êtes donné bien trop de peine. Venir à grandes foulées, à la nuit tombée, aurait pu vous être fatal ! On ne sait jamais sur quoi tomber sur ces grands chemins. Ça frise l'imprudence! Plus aussi sûr qu'au temps de nos aïeux les routes du pays Randais. J'vous le dis, gardez-le pour vous, mais paraît-il que des bandits, vilains comme des poux, trainent dans les alentours. Des coquins squelettiques et bien répugnants. Parait-il qu'ils ont des chicots moisis jusqu'aux gencives. Des fripouilles à la frimousse infecte en somme. Leurs chevaux feraient peine à voir mais seraient bien plus agréables à la vue que leurs maîtres. Et, parait-il, que leur chef est le plus affreux. Il se ferait même refuser l'accès aux bordels de la région de crainte qu'il n'y répande ses morpions. Mais bon, vous savez les rumeurs, il ne faut pas trop s'y fier.
Krone observa le grand gaillard qu'il trouvait plus proche de l'ours que de la race humaine. Sa force devait être prodigieuse car il portait de sa seule senestre une lourde épée à double tranchant. Il menait le cortège des coupe-jarrets. Une barbe broussailleuse lui couvrait les joues et se confondait parfaitement avec les poils de son torse.
Ses quatre acolytes, de part et d'autre, faisaient penser à des fouines rieuses avec des braquemarts beaucoup plus légers et maniables. Celui le plus à droite attira davantage l'attention de Krone. Il tenait un arc à la main et un carquois pendouillait dans son dos.
Le chef de la bande parla d'une voix grave et goguenarde :
— Et bien, et bien. Je vois que nous sommes tombés sur un petit plaisantin. Mais, je vais te faire passer l'envie de rire, crois-moi.
Ses sbires accompagnèrent ses paroles de rires forcés. Le chef de bande examina ses futures victimes et, sûr de sa force, continua :
— Qu'avons-nous là ? Un petit ourson, un grand gringalet et... et qu'est-ce que tu es toi ? Je vais t'effacer ton sourire de ta face de poire ! Si tu crois qu'on plaisante mes gars et moi…
Fil cracha sa brindille au sol mais laissa le sacripant exprimer sa confiance jusqu'au bout.
— ...Vous mériteriez une bonne leçon de respect. Personne ne parle comme ça à Kaël le Robuste ! Cependant, je sais faire preuve d'indulgence. Je vous laisse le petit poney. Je garde vos deux beaux étalons, les fontes, vos bourses, la charrette et son contenu. Ne me remerciez pas, tout le plaisir est pour moi.
Nouveaux rires gras. Deux bandits, armes au poing, descendirent de leur monture et s'avancèrent vers le trio d'amis, prêts à prendre ce qu'ils pensaient être leur dû.
Fil soupira et s'adressa à Krone d'une voix désespérée :
— J’suis désolé Gamin. J'sais bien que tu viens tout juste de te requinquer mais ces andouilles nous y contraignent. J’m'occupe du gros nigaud et j’te laisse les deux benêts qui approchent. Quant au reste, on verra bien.
Fil fit appel à son Don, ses doigts effleurant l’air comme pour en saisir les ténèbres. Dans un mouvement sec, il projeta devant lui un fil mental, et celui-ci s’élança comme une liane fulgurante dans l’obscurité. Il s'étira, se tendit, filant dans la nuit avec une rapidité effrayante. Le fouet invisible perça l’obscurité, fendant l’air de son sifflement strident, une lueur d’argent dans le noir. Il fonça droit vers le colosse, frôlant à peine son visage menaçant, une vipère qui s’élançait sans morsure, mais avec la promesse d’un poison lent.
Le fil poursuivit sa trajectoire folle, caressant la joue du géant d’un frôlement presque intime, comme une brise soudaine. Puis, soudain, il vira, effectuant une courbe parfaite, et revint dans un ballet aérien pour frôler l’autre côté de son visage, une danse irréelle dans la nuit. À cet instant, le fil se resserra, se tordit en trois vrilles, s’enroulant autour du cou du colosse tel un serpent prêt à mordre. La lumière se fit plus vive. Le fil se tendit brutalement et se resserra avec une précision implacable.
Le géant, déjà pris au piège, se figea dans une soudaine horreur. Ses yeux s’agrandirent dans un élan de terreur muette, et son souffle se fit court, puis inexistant. Sa gorge se ferma sous l’étreinte invisible, comme si l’air lui-même l’abandonnait. Ses doigts, géants et maladroits, tentèrent de repousser cette chaîne qu’il ne pouvait saisir, que son corps ne pouvait toucher. Ils creusèrent sa peau jusqu’au sang, dans un dernier combat désespéré, mais en vain.
Le râle du colosse brisa le silence, une plainte déchirante qui s’échappa de ses lèvres entrouvertes, une sonorité basse et pleine de souffrance. Les muscles de son cou se tendirent, ses veines se gonflèrent, prêtes à éclater sous la pression. La terreur se lisait dans ses yeux, mais la fin était inévitable. Il se battait, grimaçant, les dents serrées, une bave écumant à sa barbe, mais tout semblait un dernier sursaut avant l’inévitable. Il tendit la main, suppliant, cherchant un salut dans l’irréel, une pitié qu’il n’aurait jamais offerte à un autre.
Fil, ses mains tremblantes, resserra l’étreinte. L’étau invisible se ferma sur la vie du géant. Puis, tout à coup, il relâcha. L’air se fit à nouveau respirable, mais l’écho de l'étreinte se faisait encore entendre dans le silence lourd de la scène. Kaël, privé de sa force, de sa volonté, s’effondra, son corps lourd comme une montagne brisée. Il tomba de sa monture avec un bruit sourd et s’écrasa sur le sol, inerte, son souffle brisé dans l’étreinte du vide.
Fil, le regard trouble, sentit une onde glacée envahir ses entrailles, il se tétanisa, inapte au combat.
Les quatre vauriens avaient assisté, impuissants, au calvaire de leur meneur. Ils l'avaient vu combattre une chimère fantastique, foudroyé sur place par une main divine indiscernable à leur regard. La confusion les empoigna. L'angoisse étouffa leur sérénité vacillante. Les deux brigands qui s'étaient approchés de la charrette se retournèrent. Ils effectuèrent un pas hésitant vers le corps immobile de Kaël.
Krone descendit alors calmement de sa monture, ses gestes mesurés comme ceux d'un homme habitué à la lenteur des choses éternelles. Il ferma les yeux, prit une profonde inspiration, puis fit appel à son Don. Le monde s'effaça dans un souffle silencieux. La brise légère qui faisait frémir les herbes s'éteignit, emportée par l’absence de mouvement. Les herbes, figées dans leur danse, se pétrifièrent dans une immobilité parfaite, comme des sculptures sans âge. Le ciel, tout à coup, cessa de tourner. Les étoiles se figèrent, suspendues dans une mer d’encre, éternelles et muettes. Un oiseau, pris dans sa course, se figea dans l’air, ses ailes à peine déployées, suspendu entre deux battements. Le temps, lui, n’était plus qu’un souvenir effacé. Tout était devenu marbre, tout avait perdu son souffle. L'immobilité était la seule loi ici, et Krone, seul maître de ce royaume sans mouvement, en détenait la clé.
Il avança, un pas à la fois, et chaque mouvement semblait déchirer le voile de silence autour de lui. Ses pas, pourtant lents, portaient la marque d'une puissance qu’aucun instant ne pouvait déstabiliser. Puis, d’un coup, il accéléra. Un éclair de vitesse, un souffle brusque et il fonça, tel un prédateur, bras tendus, immobile au cœur de l’immobile. En une fraction de seconde, il toucha l’arrière de la tête des deux hommes, les poussant ensemble dans une chute inéluctable. Ils s’écrasèrent contre le sol, leurs visages percutant la terre avec une brutalité silencieuse. Krone, toujours en mouvement, posa un genou au sol, comme un serviteur devant un trône. Il se releva lentement, enlaçant l’air de ses mains pour en chasser la poussière qu’il avait soulevée, comme si même cette poussière, figée, appartenait à son royaume. Une voix souffla dans le silence :
— Impressionnant
Krone s'arrêta net. Comment était-ce possible ? Quelqu'un avait parlé dans son monde de marbre, un monde où la parole semblait elle aussi pétrifiée. Il tourna lentement la tête, et un sourire se dessina sur son visage, éclairant son regard d’une lueur familière.
— Bulle, bien évidemment. J’aurais dû m’en douter. Ta bulle te protège également de mon Don, n’est-ce pas ? Même l'invisible, l'impalpable, ne peut t'atteindre. Bienvenue dans mon monde, celui où le temps n’est plus, où je suis le roi.
Krone s'approcha du bonhomme souriant qui descendit d'une Joyeuse figée, une touffe d'herbe emprisonnée dans la gueule. Krone s'accroupit devant lui et lui dit d'une voix affaiblie :
— Mon Don m'épuise. Je ne peux le maintenir guère plus longtemps. Ma fatigue sera encore présente de longues heures après. Crois-tu pouvoir t'occuper des deux derniers ?
Bulle de Savon posa ses mains sur les épaules de son compagnon et le rassura de sa tendre voix :
— Oui, repose-toi. Vous avez distillé la peur dans le cœur de ces gens-là. À moi de la faire exploser.
Krone libéra son monde, et la lourde cloche du Temps se remit à sonner. Le sol, figé dans l'instant, se redressa en un frisson de vie retrouvée. L’air se remplit à nouveau du souffle du monde. La brise se leva, l’herbe frémissant comme si elle venait de renaître sous un ciel dont les étoiles, figées tout à l’heure, s’étaient remises à danser. Mais ce qui semblait être une renaissance n’était qu’un retour brutal au chaos de l’instant.
Fil, témoin de ce spectacle vertigineux, aperçut les deux brigands, leurs corps soudainement projetés à terre, leurs têtes enfoncées dans le pavé comme un coup de poing dans l’espace, un ballet suspendu entre l’immobile et le mouvement. La ligne du temps qui séparait les deux positions était invisible à ses yeux ; ce qu’il avait vu était moins un déplacement qu’un éclatement de l’instant, une téléportation fulgurante, une distorsion déchirante du monde. Krone, désormais à ses pieds, gisait inerte, évanoui, laissant derrière lui un sillage d’incompréhension figée.
Fil, armé de la connaissance des secrets de ce miracle, savait d’avance qu’il détenait l’avantage. Il n'était pas seulement le spectateur ; il était l'acteur d'une scène qu’il avait observée maintes fois dans ses rêves. Mais les deux brigands restants, eux, ne comprenaient rien. Leur esprit n’avait pas encore saisi ce qui venait de se produire. Ce qu’ils avaient vu en un instant n’était rien de moins qu’un cataclysme du réel : leur chef disparu dans un souffle, leurs compagnons écrasés, comme si l’espace lui-même avait avalé leurs corps.
La terreur s’enroula autour de leurs cœurs comme un serpent. Ils étaient paralysés, plongés dans une confusion extatique, une terreur glacée. Et puis, ils virent un petit être moustachu, l’air aussi inoffensif qu’un sourire, mais porteur d’une promesse sinistre. Bulle de Savon s’avançait vers eux, ses lèvres esquissant un sourire de prédateur. Il se mouvait comme une ombre avide, prêt à engloutir l’âme des malfaiteurs dans une étreinte d’acier.
Dans un dernier sursaut désespéré, l'archer, tremblant, empoigna son arc, encocha une flèche, et la banda avec frénésie. Il lança son projectile droit sur le front de l’insaisissable créature. La flèche s'écrasa contre Bulle de Savon comme une plume heurtant une pierre. Elle rebondit, inoffensive, glissant sans bruit sur le sol.
Bulle, d’une voix aussi glacée que l’hiver, prit alors la parole, ses mots se transformant en lames invisibles :
— Et maintenant, je vais vous bouffer les entrailles.
Leurs yeux se remplirent d'horreur, et dans un frémissement de terreur, les deux brigands se retournèrent. Leur fuite n’avait rien de héroïque. Ils galopaient, paniqués, emportant avec eux la fuite désespérée d'êtres conscients de leur défaite, abandonnant leurs camarades aux griffes du démon.
Le calme enveloppait la nuit, restituant à la terre la paix qu’elle avait temporairement perdue. La lune, spectatrice distante, jetait une lumière douce et fantomatique sur la campagne noire, maintenant apaisée après l'ombre du tumulte. Krone dormait, sonuit torse appuyé contre le dos de son aîné, son corps abrité par la chaleur du cheval qu’ils partageaient. Fil, lui, ne s’accordait aucun répit. Il poursuivait sa route marchant dans le silence seulement troublé par le souffle tranquille de son compagnon, Bulle de Savon. Celui-ci semblait en extase, son sourire ravi éclatant dans la lueur de la lune :
— Je me suis bien amusé, être un démon, c’est définitivement mon truc.
— J’imagine qu’ils n’ont pas dû en mener large. J’en ai encore la chair de poule. Ils ont dû se demander dans quel enfer ils venaient de plonger. Une vraie rencontre avec le prince des ténèbres !
Leurs rires se mêlèrent, une complicité insouciante, comme si l’obscurité même applaudissait leurs facéties.
Arrivés à un croisement, Fil stoppa son cheval. Devant lui, la route se divisait en deux directions. Un panneau en bois, usé par les intempéries, indiquait les choix à faire. Au nord, le pays Lectois, avec à sa tête le Premier Sujet Loren. Serait-il enfin possible de poser un pied dans cette contrée qu’il n’avait pas foulée depuis des décennies ? Là, la vérité sur la mort de Maydine pourrait enfin éclater. Et avec elle, la possibilité d’une vengeance trop longtemps retenue. Une rage mûrie dans les tréfonds de son être, prête à s’abattre sur celui qui l’avait dépossédé de tout. Faire tomber Loren dans l’abîme de la disgrâce, un pas vers la guérison de ses blessures.
Vers l’ouest, l’indication des villes de Berd et San Tin, toujours en pays Randais. Le projet de construction de ce pont l’intriguait. Cela bouillonnait en lui comme un appel irrépressible, une fièvre inaltérée par le froid nocturne. Le monde à l’ouest semblait un enchevêtrement d’opportunités et de complots, un endroit où ses talents pouvaient s’épanouir dans un tourbillon d’intrigues et de magouilles.
Fil renifla, son esprit oscillant entre les deux chemins. D’un geste distrait, il expulsa une glaire visqueuse et mousseuse qu’il laissa atterrir sur le panneau indiquant le nord. Puis, d’un coup sec, il tourna les rênes de son cheval vers l’ouest.
La vengeance attendrait encore un peu.
Je profite de mes vacances pour repasser par ici =)
C'est toujours un vrai plaisir que de replonger dans ton univers, grâce à ta plume très travaillée et immersive. Je suis particulièrement sensible aux ambiances, aux décors, aux petits détails du quotidien, et le moins qu'on puisse dire c'est que dans ton roman j'y trouve mon compte - ici avec la description de l'ai étouffant, des travailleurs des champs, puis de toute la parfaite panoplie du voyageur. <3
Beaucoup apprécié également le moment de débat avec la Dame. Question intéressante que celle de la définition du bien et du mal, surtout dans ce contexte où la bande rôde en quête de coups à mener. La moralité douteuse est un point légitime à soulever mais on comprend tout à fait les motivations derrière.
Loren et quelques autres personnages ont l'air de parfaits salauds, brrrrr ! Pour l'instant, ça ne me gêne pas. Après tout ça existe, ce genre d'énergumènes et il est tout à fait logique de les trouver comme antagonistes. Et puis ce n'est que le début du roman, tu as tout le temps d'amener des nuances, des personnages plus "gris".
En revanche, je rejoins Makara sur un point : pour moi aussi, la description d'un paysage en filant la métaphore des parties érotiques d'un corps de femme, c'et dispensable. Y a plein d'autres métaphores tout à fait poétiques (et associées au plaisir) qui peuvent être mobilisées - comme par exemple partir sur la courbe de collines qui pourrait rappeler celles d'une vague, de la mer. Ou encore de fruits, bien ronds et charnus, avec leurs odeurs et tout. Là on garderait cette idée de sensualité sans partir sur de la sexualisation.
Mais vraiment, je chipote ! C'est toujours aussi soigné et j'apprécie des descriptions de cette qualité, des textes qui prennent leur temps sur les ambiances, les émotions, non sans une touche de poésie. <3 Et on termine sur un bon suspens au passage !
Je passe continuer ma lecture très vite, comme j'ai encore une bonne semaine de congés devant moi ! =D
Bonne journée, à une prochaine
Content de te revoir ici continuer les Pérégrinations ! L'histoire s'installe doucement, j'ai voulu chaque chapitre comme une histoire dans l'histoire, mais petit à petit l'intrigue principale et les personnages "gris" vont arriver :)
Je suis content que le style te plaise, j'ai peur par moments qu'il soit un peu trop soutenu, et donc rebutant.
Je note pour la métaphore sur les collines, je vois que ça "heurte" quelques lecteurs... :)
Le prochain chapitre est assez cocasse, exemple d'un mauvais coup dans lequel le trio excelle :(
A tres vite !
Je vais commencer par les points que j'aime moins, comme ça ce sera fait. D'abord, la justification de Bulle qui intervient en début de chapitre ne me semble pas très naturelle : on dirait qu'elle a été mise là pour apporter des éclaircissements qui manquaient dans la partie précédente, mais du coup ça fait un peu maladroit. La deuxième chose qui m'a fait tiquer, c'est la décision de Fil à la fin. Sa rancune très forte, il a même enrôlé Bulle spécialement pour l'aider à se venger... C'est étrange qu'il se laisse distraire de son objectif si facilement.
En dehors de cela, le texte fonctionne bien. J'apprécie beaucoup tes descriptions des décors et de la chaleur ambiante. Elles sont très immersives. Tu ne te contentes pas de dire "il fait chaud", tu trouves toujours le détail qui exacerbe la sensation. (Par contre, pourquoi Bulle emporte-t-il des légumes d'hiver en été ?)
La scène de baston, également, était bien menée. On voit qu'elle sert surtout de prétexte pour montrer les personnages en action avec leurs pouvoirs, mais personnellement ça ne m'a pas gêné. Il y a souvent des passages de ce type dans les mangas.
D'une manière générale, ton écriture "coule" toute seule. De mon point de vue, ce sont plutôt les articulations qui pèchent au niveau scénaristique et aussi dans l'équilibre entre drame et burlesque. Je crois que c'est l'aspect le plus difficile à gérer dans l'écriture d'un roman...
Merci pour ton commentaire, ça me touche beaucoup !
"Sa rancune très forte, il a même enrôlé Bulle spécialement pour l'aider à se venger... C'est étrange qu'il se laisse distraire de son objectif si facilement." > Fil n'a pas recruté Bulle pour sa vengeance spécialement (ça fait plus de 30 ans que son mariage a eu lieu, il ne vadrouille pas spécialement pour se venger de Loren, bien que ca risque d'arriver un jour), il le recrute surtout pour avoir une aide supplémentaire pour arnaquer tout le beau monde.
J'ai la fâcheuse tendance à "justifier" certains éléments d'un chapitre dans le suivant, ce procédé se répète dans d'autres chapitres, une autre plume m'avait déjà fait la remarque. Après, dans le récit, ça arrive très rapidement, je pensais pas du coup que ça amenait un côté "bancale", pour moi ça restait dans la continuité.
"De mon point de vue, ce sont plutôt les articulations qui pèchent au niveau scénaristique et aussi dans l'équilibre entre drame et burlesque. " > Je comprends parfaitement ce que tu dis, c'est vrai que ce n'est pas toujours facile. Mais je me voyais mal (en tout cas, c'est pas ce que je voulais faire), rester sur un même "genre", que sombre, ou que comique. Je voulais m'aventurer dans ce monde qui mélange un peu les genres. Je prends note de toutes tes remarques !
Merci beaucoup
Un petit chapitre avant d'entamer la semaine de boulot, ça réveille !
Je n'ai pas grand chose à dire, a part que c'est très bien ^^
Je rejoins certains commentaires précédents: bonne introspection mais un peu redondante avec le dialogue avec la dame, méchants un peu vides pour l'instant (mais c'est le début, attention aussi à l'effet " shonen" : ici ta première bataille semble vraiment facile), et je rejoins makara sur l'erotisation quand on est pas sur ce que pense le personnage, moi aussi ça me fait rouler des yeux ^^
Tout ça c'est rien de majeur, et je pense que tu peux facilement améliorer :)
Point intéressant je trouve en construction, tu as une excellente opportunité d'évoquer plusieurs thématiques, on a senti la vengeance déjà, mais pourquoi pas aussi le "on ne peut pas refaire le passé même quand on a un Don lié au temps", la différence et l'acceptation. Je trouve que tu gagnerais à creuser :)
Et pour finir sur du super bon, je sais pas si tu as écrit en période de canicule, mais quand je te lis, j'ai chaud pour les persos !
Merci pour ton retour, ça fait toujours plaisir :)
Oui le méchant est ici un peu vide, je suis d'accord, c'était plus un prétexte pour présenter le pouvoir de Krone tout tranquillement, dans un cadre qu'ils maîtrisent- à peu près. Les méchants consistants arriveront plus tard :)
Je vais développer plusieurs thèmes tout au long de l'histoire, mais je prends note de ta remarque fort judicieuse :)
Et non ! :) j'ai écrit ce début d'histoire plutôt en fin d'automne, un mois de novembre si tu veux savoir. La chaleur de l'été me manquait peut être à ce moment là ^^
Merci pour ton retour, j'espère que la suite te plaira !
Un chouette chapitre qui lance les pérégrinations de tes héros. J'ai bien aimé voir leurs dons en action. J'aime trop l'utilisation de la magie et je trouve que tu décris très bien comment ils l'utilisent ! Ensemble, ils sont assez imbattables ! Bulle de savon est pour l'instant mon perso favori :)
J'ai tout de même quelques remarques :
1)Dans la première partie, Bulle de savon fait une large introspection sur les raisons que le poussent à partir. Des raisons que tu énumères à nouveau dans le dialogue avec la Dame. Je trouve cela redondant. Tu pourrais alléger le chapitre ou choisissant l’une ou l’autre (perso, j'ai une préférence pour le dialogue).
2) La tirade de Dame est vraiment très longue. Si j’entends que Fil puisse faire de longs discours. Deux personnages qui ont cette particularité en quelques chapitres me parait un peu trop.
3) A ce stade du récit, où vont-ils ? Que font-ils ? Ont-ils une mission ? Pourquoi ce choix à la fin du chapitre d'aller vers l'ouest ? Est-ce que j'ai loupé une info ?
4) J'aime beaucoup tes principaux protagonistes qui sont originaux, mais leurs opposants me paraissent un peu clichés pour le moment. Loren, tout d'abord, qui est présenté comme le parfait ennemi (violeur et tueur sans remords) puis ces voleurs qui n'ont pas l'air d'avoir beaucoup de jugeote et qui écoutent tranquillement la tirade de Fil avant d'attaquer. Dans cette scène, j'avais l'impression que tu voulais tellement montrer comment réagissaient tes persos que ça en devenait presque caustique (surtout le début, à partir de l'utilisation des Dons, c'est mieux).
5) “La campagne randaise mariait collines et forêts. Les routes, tantôt pavées, tantôt de terre, sillonnaient entre les courbes généreuses des vallons pareils à des mamelons qui pointaient vers l'azur.”=> personnellement cette phrase me gêne. Si elle avait été dans la bouche d’un de tes héros, pas de soucis. La c’est le narrateur donc toi. Je ne suis pas fan de l’objectivation ou de l’érotisation des femmes par le biais d’un paysage. C'est pas grave, hein. C'est juste qu'en tant que lectrice, ça m'arrête et je lève les yeux au ciel.
6) Je suis triste qu'ils n'y ait pas de femme dans leur équipe :/. La dynamique pourrait être très sympa avec le petit groupe. Dis est-ce que tu vas rajouter une femme ? (pleeeeease)
Dans tous les cas, j'ai hâte de voir la tournure des évènements !
A bientôt !
Merci pour ton retour et je suis content que tout ça te plaise malgré les défauts que tu as relevés.
Pour répondre au petit 3, pour l'instant ils vont où le vent les mène, à la recherche de mauvais coups à faire. Du coup, en allant vers l'ouest, ils vont dans la cité mentionnée dans le chapitre 1, où des opportunités s'offrent à eux.
4/ Tu as raison, les personnages que tu as cités sont en effet un peu clichés, mais à dessein, j'en ai parfaitement consciente. J'espère que les prochains tu ne les trouveras pas aussi "grossiers" :)
5/ Je n'avais pas perçu le côté érotisation dans cette métaphore, je suis désolé de t'avoir provoqué de la gêne, ce n'était pas le but visé ici, clairement pas :)
6/ Je peux te spoile, vu que les chapitres sont déjà en ligne sur PA : une femme va effectivement intégrer le trio. Je te laisse découvrir tout ça :)
Merci beaucoup pour ta lecture,
A bientôt
"une femme va effectivement intégrer le trio. Je te laisse découvrir tout ça "=> YES ! trop hâte de lire ça ! hihihihi
A bientôt
Très sympatique cette rencontre fortuite entre les brigands du jour et le trio du lendemain. Très belle occasion pour un peu d'action et découvrir ce que ce groupe envoie sous le capot.
Je m'interroge tout de même quant au fait que nos aventuriers les laissent en plan sans rien leur prendre au passage. Pas d'arroseur arrosé et surtout, laisser des figurants filer suite à leur déconvenue face à des détenteurs de Don me laisse un peu perplexe. J'espère que tu recycleras cette Team Rocket !
Venons-en à tes petites allusions pour lesquelles tu as dédié tout un titre. La croisée des chemins s'opérerait donc en trois temps si j'ai bien suivi :
- Le choix de Bulle entre sa vie de solitude préservée du mal ou d'aventure préservée des dangers,
- Le choix de laisser partir ce groupe au lieu de le massacrer et de le dépouiller. (Mon petit Krone était tenté par des armes pourtant...),
- Le choix entre les deux pancartes. Un pont remporte les suffrages de Fil qui avait pourtant tué au nom de sa vengeance.
Pardon, je n'ai compris que le premier. On va dire que tu fais exprès de prendre le lecteur à contre-courant pour les deux autres. Que tu ne laisses rien au hasard :p
Au grand plaisir de te lire. Le petit démon recruté est vraiment adorable. Et regarde, tu as décidé toi-même de le faire taquiner Fil. Comme à l'auberge dans sa nouvelle version ! Il n'a fait que rester fidèle à lui-même, ça colle super !
Deux petites coquilles sinon :
Bien évidemment, nul serf ne l'avait approché mais tous tenaient pour vrai ces affabulations. -> vraies*
Un râle sorti de la bouche grande ouverte du supplicié. -> sortit*
Pour le titre du chapitre. Je pensais effectivement au choix 1 et au choix 3 mais le choix 2 ne m'a jamais traversé l'esprit ! Ne t'inquiète pas pour le choix de la vengeance. Ca arrivera (et surtout pas au moment où tu t'y attendras ;) )
J'aime bien donner des titres à mes chapitres avec un double-sens. Le prochain "sourire exquis" n'échappera pas à la règle, j'espère qu'il te plaira.
Bulle et Fil vont passer leur temps à se chamailler, à se titiller. Il est vrai que lancer la première pique dès la fin de son monologue était judicieux!
Merci pour les coquilles... S'il y en a encore, n'hésite pas à me les signaler ! :D
Sinon, on a enfin pu voir le pouvoir de Krone en action ^^ Vu le nom, je m'attendais effectivement que ça soit lié au temps, et je n'ai pas été déçue =D Les malfrats avaient mal choisis leurs victimes x) D'ailleurs, les trois qui sont restés, ils ont été laissés en vie ou non ? Ca me parait potentiellement un peu dangereux de les laisser en vie (ils peuvent peut-être réussir à faire le lien avec des Dons et donc les dénoncer, ou peut-être juste les dénoncer comme démons si ya une inquisition), mais si c'était pour les tuer après, pourquoi Fil a pas étranglé le sien ? Je n'aurai pas dit non à une phrase de précision en plus sur ce point ^^
Sinon, j'ai beaucoup aimé comment Bulle a géré la fin, juste en souriant et en leur faisait globalement "bouh !" ='D Je ne m'y attendais pas non plus au début du combat, mais je trouve que ça va vraiment très bien à Bulle de s'amuser comme ça ^^
Bon, visiblement, la vengeance attendre, mais je suis un peu curieuse de pourquoi cette histoire de pont perturbe autant Fil. Je suppose qu'on verra bien ^^
Bulle est vraiment attachant (j'avoue que c'est mon chouchou :p) et la Dame, tu la reverras bientôt, vers le chapitre 11 ...
Alors le coup de la fuite des brigands, est-ce dangereux? Parfaitement. Tu as mis le doigt dans quelque chose qui va se retourner effectivement contre le duo... Chapitre 10, ce que tu as décrit arrive... je n'en dis pas plus :))
La vengeance attendra, viendra-t-elle ? Surprise ! ;) petit indice : j'aime surprendre mon lectorat !
Au plaisir de te lire
Enfin après, c'est que mon ressenti =D
J'en suis à la moitié (je lis entre midi et 2, pendant la pause café, et là je dois filer malheureusement), mais je te mets déjà les notes avant que je les perde dans les méandres de mon portable :
"Bulle, malgré son âge adulte et sa moustache souriante, ne dépassait pas la hauteur d'un enfant de dix ans"
> Wha cette description de Bulle vient de poper dans mon esprit. Tu devrais la caser avant, là le lecteur a déjà formé une image du perso dans sa tête. D'autant que Bulle était derrière le comptoir à nettoyer des assiettes, du coup sa tête dépassait à peine ? Comment le voyaient-ils derrière le comptoir s'il est tout petit ?
"le tableau"
> Quel tableau ? Il manque un truc dans la description
"fromages en croûtes, un cageot de pommes rouges, des miches de pain et des viandes en bocaux, des haricots secs, carottes, choux et navets. Des casseroles, louches, bûchettes, couvertures et changes, un lourd bâton de marche et un gros sachet d'avoine, complétaient le tout."
> Attends voir, juste avant tu dis : "Le chariot, qui n'aurait guère pu contenir plus qu'un tonnelet"
Où est-ce qu'il case tout ça ?
Par ailleurs, si Bulle de Savon est un marchand ambulant, tu devrais le montrer avant, par exemple il essaie de lui vendre des trucs ou quelque chose parce que là je pensais que c'était l'aubergiste ou tout du moins un employé de l'auberge. Aux réactions de la dame qui dit qu'il est avec elle depuis 10 ans, je ne comprends pas bien ce qu'il est. Aubergiste ? Marchand ambulant ?
"qui ne le méprisaient et ne l'ignoraient pas."
> Il s'avance un peu vite non ?
"S'il voulait ressentir enfin ce que la vie assignait au commun des mortels, il devait les suivre."
> Je ne suis pas convaincue à 100% par cette explication
"La Dame arriva un panier de linge sur les bras."
> Il manque une virgule ou un "avec" selon moi
"Elle avait toujours été bonne"
Et "La Dame était la bonté."
> Tu dis 2 fois le même truc
"de cette éventualité, de cette chance."
> Je choisirais entre l'un ou l'autre
"car, son rire tonitruant s'envola, comme un écho, et se mêla
> Attention aux virgules mal placées (enlever celle après car et celle avant comme). Je dis ça mais je fais pas mal d'erreurs de virgule moi-aussi dans mes textes
"Les chaumières, éparpillées de-ci de-là, témoignaient une présence humaine"
> Phrase bizarre
"Les routes, tantôt pavées, tantôt de terre, sillonnaient entre les courbes généreuses des vallons pareils à des mamelons qui pointaient vers l'azur."
> Je n'aime pas trop cette phrase. Peut-être parce que les vallons ne sont pas des collines mais plutôt les pentes sur une colline, la def précise est : "Petite dépression allongée entre deux collines, deux coteaux." Du coup, le vallon n'est pas comparable à un mamelon à mon sens. Aussi, cette comparaison n'est pas originale je trouve, je l'ai déjà vu ailleurs.
Je reviens très vite pour la suite :-)
Dans le premier chapitre je le décris déjà comme tout petit. Je dis même "chose étonnante pour Fil, l'aubergiste était plus petit que lui" ou encore " il etait aussi petit et maigre que sa Dame était grande et corpulente" (je n'ai plus les phrases exactes).
Bonne lecture !
Je me suis demandé, combien de temps peuvent-ils utiliser leur Don ? Avec de nombreux ennemis (une bataille par exemple), ça n'est pas si utile, surtout s'ils s'évanouissent après. Et peu de gens ont le Don ? Je demande juste ça par curiosité, y aurait rien à changer dans ce chapitre-ci, on comprend bien et ça me fait me poser des questions justement.
J'ai un peu moins aimé la première partie du chapitre, un peu longuette à mon avis, avec la Dame et Bulle de Savon où on n'apprend finalement pas tant que ça sur Bulle.
Mais le combat ensuite est chouette :-)
La suite de mes pinaillages
"Krone plissa légèrement les yeux"
> Légèrement pas utile selon moi, on ne plisse pas les yeux à demi
"tel un torrent de montagne en plein printemps"
> ?? Que veux-tu dire ? Ça ne m'évoque rien, à moins que ce ne soit des titans ou quoi, aussi grands qu'une montagne ?
"exposaient un sourire prédateur"
> Ils sont encore loin ? Comment voient-ils qu'ils sourient ? Et ça fait répétition avec le sourire de Bulle
"le grand gaillard"
> Qui ça ? Tu ne l'introduis pas avant. Un grand gaillard ? Ou bien tu peux remonter l'info " qui menait le cortège des coupe-jarrets."
Pour le cheminement d'idées, je décrirais d'abord sa barbe etc comme tu le fais puis je mettrais l'impression d'ours qu'il donne. Là tu fais l'inverse.
"Fil se tétanisa, inapte au combat."
> Pas la peine de préciser inapte au combat, on a compris qu'il s'agissait du coût
"et fit appel à son Don"
> Trop bien, j'ai hâte de voir ce que c'est
Une bonne démonstration de leurs pouvoirs.
Par contre, ça doit être bien emmerdant de s'évanouir à chaque fois après l'avoir utilisé !
Par contre, tu fais un saut temporel alors que justement, j'aurais aimé les voir se réveiller peu après. Là dans ma tête ils sont étendus par terre forever, veillés par Bulle ! :-)
Il est vrai que j'abuse des adverbes... Grace à toi, je les supprime presque systématiquement lorsque je corrige mes chapitres suivants. :)
En créant mon histoire, je voulais imposer une limite aux pouvoirs des héros, pour éviter les abus que l'on peut voir dans certaines histoires et qui rendent les personnages trop puissants. Les coûts obligent les personnages à un peu réfléchir à comment se sortir d'une situation délicate, sans foncer bêtement dans le tas. Tant qu'ils paient leur coût, ils peuvent s'en servir... Mais comme tu l'as remarqué, pas tjs évident d'assumer un coût sur un champ de bataille. A nos héros de bien doser leur implication (comme on le verra dans d'autres chapitres)
Merci pour tes pinaillage :)
A bientot
Oui, tu fais bien de limiter leurs pouvoirs, c'est plus "réaliste" et plus intéressant, plutôt que d'avoir des héros surpuissants. Ça peut amener à des scènes intéressantes. En tout cas, moi j'aime bien.
Je lirai la suite tout bientôt :-)