Krone se réveilla aux aurores. Il se sentait beaucoup mieux. Malgré la nuit chargée en émotion, il avait dormi d'un sommeil profond. Il se leva, s'habilla d'une tunique légère, d'un pantalon ample et de bottes souples, puis sortit sur la pointe des pieds. Il laissa Fil à ses ronflements bruyants. Dans le couloir sombre, il serra la cordelette qui lui tenait les cheveux et caressa du bout des doigts la perle nacrée qui y pendait.
En bas, dans la salle vide de clients, il tomba sur l'aubergiste muet. Derrière son comptoir, il essuyait encore des verres avec un torchon usé. Krone se demandait si l'étrange personnage n'avait pas passé la nuit ici, à essuyer machinalement des chopes qui n'avaient pas besoin de l'être. Le petit homme souriait. Sa moustache souriait aussi. La veille, Krone n'avait pas porté une attention particulière à l'individu. Ce matin, quelque chose le mettait mal à l'aise. L'homme, petit et maigre comme un clou, nageait dans une salopette verte délavée. Ses mains propres et soignées s'agitaient contre la chope, dans un frottement frénétique qu'il ne semblait pas maitriser, comme un tic nerveux. Des cernes prononcés, de ceux qui ne dormaient jamais, lui tombaient jusqu'au menton. Son visage, petit comme une poire, accueillait des pommettes rouges généreusement rehaussées par un sourire figé. Oui. Le sourire. Voilà pourquoi la confusion s’invitait dans son esprit. L'aubergiste affichait en permanence un sourire forcé, crispé, même en l'absence d'interlocuteur.
Krone préféra détourner le regard. Il s'installa à la même table que la soirée passée. Lorsqu'il s'assit, la Dame fit son entrée et posa devant lui une assiette d'œufs brouillés. Avec, deux morceaux de lard disputaient la place à une tranche de pain. À la vue de la confiture de mûres sauvages, l’appétit de Krone se manifesta en un gargouillement peu discret. Généreuse hôtesse, la Dame posa un verre en terre cuite rempli de lait de chèvre et, tout comme ses gestes vifs, elle annonça énergiquement :
— Je vous ai entendu vous lever tout à l'heure. Vous êtes bien matinal mon brave monsieur ! Je suppose que votre ami dort encore et qu'il se joindra à vous plus tard. J'ai fait préparer une bassine pour que vous puissiez faire vos ablutions. Vos fontes sont chargées sur vos chevaux, brossés et décrottés. De belles bêtes que vous avez là d'ailleurs, dignes de grands seigneurs.
La Dame repartit dans ses cuisines sans attendre une réponse. Décidément, Krone trouvait les manières de ses hôtes bien curieuses. Cependant, il ne s'y attarda pas et prit la résolution de faire honneur à la maison sur-le-champ.
Krone eut une pensée pour Fil. Une mélancolie empathique se saisit de lui. Le jeune homme devait admettre qu'il ne s'était pas attendu à découvrir une blessure aussi vivace. Dans quel état retrouverait-il son ami ce matin ? Devrait-il faire comme s'il ne s'était rien passé ? Une compassion affichée, souvent, blessait plus qu’elle n’apaisait. Son aîné s'était ouvert à lui mais, le connaissant, il n’avait voulu susciter aucune pitié. Sa naïveté en excuse, il ne dirait rien. Par respect. Croyait-il. Ou plutôt par confort déculpabilisant.
Tandis que Krone se perdait dans ses réflexions et mordait à pleine dents la tartine de mûres, une voix fluette l'interpella :
— Quel joli fil...
Le jeune homme leva les yeux pour identifier l'individu à l'origine de ce propos suspect. Il ne vit personne autour de lui. La salle commune, toujours désespérément vide, le renvoyait à sa pitance. Krone fit une moue dubitative et croqua à nouveau le pain. La voix gracile compléta :
— ...brillant comme une toile d’araignée sous un rayon lumineux...
Krone n'avait pas rêvé. Il releva la tête, chercha à nouveau la provenance de cette déclaration. Mais, personne, uniquement lui et l'aubergiste. Intrigué, Krone regarda l’homme. La Dame n'avait-elle pas dit qu'il était muet ? Comment cela était-il possible ? Il astiquait toujours une chope, sourire exagéré aux lèvres et fixait un point loin devant lui. D'où il se tenait, Krone n'apercevait que son profil. Pourtant, une nouvelle fois, une douce voix sortit du petit bonhomme. Ses lèvres toujours étirées, fines et statiques, pareilles à celles d'un ventriloque, il murmura :
— ...solide comme l'acier manipulé par un forgeron expérimenté.
L'aubergiste tourna alors sa tête souriante vers Krone. Son regard, sans ciller, s'arrêta sur lui. Il ressemblait à une créature digne d'un conte effrayant, le sourire glaçant inaltérable. Abasourdi, une pointe de stupeur se nicha dans le creux du ventre de Krone. Il déglutit et tenta de ne pas laisser transparaître son malaise. Krone balbutia :
— Qu'avez-vous dit ?
— Je disais que le fil, celui de votre ami, est aussi joli pour l'œil, qu'une toile d'araignée qui aurait accroché un rayon du soleil.
L'aubergiste n'avait toujours pas bougé les lèvres. Pourtant, le doute n'était pas permis. La crainte naissante que Krone ressentait se mêla à une incompréhension angoissante. Avait-il vu le fil mental dont Fil avait fait usage la veille ? Impossible. Seul l'utilisateur du Don l'apercevait. Cependant, les propos de l'aubergiste étaient sans équivoque. Que faire ? L’aubergiste brandissait-il une menace déguisée ? Un danger guettait-il derrière ce sourire atypique ? Dans un cas pareil, sa jeune expérience lui dictait de feindre l'ignorance. Il présenta alors son air le plus ingénu et haussa exagérément un sourcil interrogateur. Il clama :
— Je ne vois pas de quoi vous parlez Monsieur.
— Voir, oui, je le sais bien. Vous ne le pouvez pas. Mais vous n'en ignorez rien pour autant.
Assurément, l’aubergiste faisait référence au fil mental. Il ne servait plus à rien de feindre l'ignorance. Krone eut un regard sévère, de celui qu'affichait un jeune louveteau pour protéger la tanière de sa mère absente. Il grogna sèchement :
— Que voulez-vous ?
— Je ne veux rien.
Sa voix se confondait à un murmure, une berceuse envoûtante, tout juste un filet soufflé.
Soudain, tandis que Krone attendait une justification supplémentaire à cette réponse qu'il jugeait insuffisante, le tavernier détourna la tête et reprit son astiquage. Krone se figea, abêti. Que venait-il de se passer ? Qu'est-ce que cette scène irréaliste voulait dire ? Que savait cet individu sur Fil et son Don ? Krone ne pouvait pas le laisser se défiler de la sorte sans réagir. Il en allait de la sécurité de son compagnon. Le louveteau en lui n'avait pas fini de montrer les crocs. Sa tanière était visée et son frère de sang menacé. Il devait protéger la meute. Il ne pouvait autoriser quiconque à soulever une tempête qui menaçait d'ébranler leur duo. Cet homme avait parlé, il ne pouvait plus se taire.
Krone se leva d'un bond, puis se dirigea vers le comptoir sur lequel il aplatit fermement la paume de sa main. Il pointa un doigt menaçant sous les yeux bleu livide du petit homme.
— Non, non ! Vous ne pouvez pas ! Vous me balancez ça pour rien ? Hors de question qu’on s'en arrête là ! Vous allez parler, tout de suite !
Seul le frottement du torchon contre la chope répondit à cet emportement. Et ce sourire… on l'aurait cru peint, comme sur une poupée de cire. Le petit homme n'était nullement impressionné par la véhémence de Krone. Tant de dédain décupla la colère qui sommeillait en lui. Instinctivement, il tendit son bras droit pour saisir le col de la chemise vert olive que le chef de maison portait sous sa salopette. Il voulait le soulever, imprimer sa force sur le frêle personnage, faire peser une menace plus sérieuse sur cette carrure si menue, si fragile d'apparence.
La main de Krone glissa, littéralement, sur une plaque d'huile. Elle n’accrochait que du vide. Il avait beau recommencer, dès que ses doigts frôlaient le tissu, ils lâchaient prise dans un glissement incontrôlé. Oui, comme du savon. C'était la première image qui lui venait à l'esprit. La stupéfaction remplaça la colère, puis le calme s’imposa. Krone bégaya :
— Co.... Comment est-ce possible ? Avez-vous un Don ?
Il ne s'attendait à aucune réponse, pourtant l'aubergiste souffla :
— Bulle de Savon. Voilà comment je m'appelle. Bulle si vous préférez. Et oui, tout comme votre ami, et sans doute vous aussi, je possède un Don, un Don permanent. Nulle personne ne peut m'atteindre, par n'importe quel moyen. Tout glisse sur moi : un poing, une épée, une chaise, une insulte, une moquerie, les affres de l'amour, tout. Tout ce qui pourrait m’être néfaste.
Bulle de Savon avait partagé son secret naturellement. Pourtant, un Don se dissimulait. La Justice du Parakoï en traquait les utilisateurs dans une véritable chasse aux sorcières, une inquisition sauvage et acharnée. Au moindre soupçon, l'échafaud attendait les pourchassés. Krone le savait tout aussi bien que Bulle. S'il l’agressait derechef, le drôle de personnage pouvait les dénoncer. Lui et Fil seraient envoyés à la mort. Krone avait saisi le non-dit et il se calma tout à fait. Était-il une menace ? Devait-il lui faire confiance ? Que gagnait Bulle de Savon à se dévoiler ainsi ? Krone eut soudainement une révélation :
— Un Don permanent ? Votre Don est tout le temps actif ? Mais votre Coût ? L'est-il également ?
— Oui, continuellement, constamment. Perpétuellement ! Indéfiniment ! Éternellement ! Et mon Coût l'est tout autant. Ce fabuleux sourire ! Je ne peux m'en détacher. Jour, nuit, hiver, été, tristesse et colère autour de moi, calme et teigneux à l’intérieur. Indéfrisable. Pas comme ma moustache ! Souvent il m'a attiré des soucis et a mis mal à l'aise des gens sans cervelle. Les vilains garçons m'humiliaient, les méchantes filles se moquaient. J’ai subi nombre de brimades à cause de mon Coût, si visible, si dérangeant. Mais tout me coule dessus. Il est mon bouclier, mon rempart inviolable contre les horreurs de ce monde. Tout s'écroule et moi je souris. Ainsi va Bulle de Savon, jamais ne....
Krone attrapa vivement une chope qui traînait là et l'enfonça, sans ménagement, sur le sommet du crâne de Bulle. Son bras glissa le long du corps de l'aubergiste et l'arme improvisée se pulvérisa sur la lourde planche de bois.
Attirée par le vacarme, la Dame fit irruption. Bulle la renvoya d'un geste apaisant. Tout allait bien. Elle repartit.
Krone sourit. Bulle également, évidemment. Une étincelle complice brillait au fond de ses yeux. Krone ressentit à l'instant de la sympathie pour cet étrange hurluberlu. Il en était certain, il ne lui ferait pas de mal. Il lui demanda sur un ton serein :
— Comment avez-vous su pour le fil mental ?
— Rien ne peut m'atteindre. Tout glisse sur moi. Même l'Invisible. Lorsque votre compagnon a éclaté la chope sur le crieur écarlate, le fil a continué sa course folle, porté par son élan, à travers pièce. Tout simplement, il me fouetta le visage. Du moins il l'aurait fouetté si mon Don ne m'avait pas protégé. Au contact de ma bulle, le fil s'est révélé à mes yeux. La paralysie dans laquelle se trouvait votre compagnon ne m'a pas échappé. La déduction s’imposa à mon esprit savonneux.
Quelle étrangeté d'observer un homme dont seul le larynx vibrait lorsqu'il parlait. On aurait dit un visage de marbre, de cire plutôt, dans lequel l’immobile régnait, exception faite des yeux. Krone s'imagina le calvaire que cachait ce sourire et, pour la deuxième fois en quelques heures à peine, eut de la compassion pour son prochain. Il continua sur le ton de la confidence :
— Pourquoi vous êtes-vous révélé Bulle ? C'est dangereux. Vous savez bien ce que l'on risque.
— L'on ? Vous avez donc aussi un Don.
Krone acquiesça. Bulle prit un ton rassurant :
— Ne vous inquiétez pas. Je ne dirai rien. Votre secret est en sécurité. Pour répondre à votre question, je me suis confié à vous car je le voulais, tout simplement. Tout me coule dessus, jeune homme : la crainte que je suis censée ressentir envers la Justice du Parakoï, les menaces, les intimidations et les rodomontades. Tout, même le risque que je prends à vous parler. Tout, absolument tout : la maladie, le deuil, la mort, la haine, la peur, la faim, la fatigue. Mon Don me protège de tout ce qui est négatif, physiquement mais aussi psychologiquement, moralement et sentimentalement. Je ne ressens rien de mal, pour le meilleur et parfois le pire, aucune douleur. En résumé, je me fiche de vous révéler que je possède le Don.
— J'taime bien p'tit gars. Savonnette, c'est ça ?
C'était Fil. Il descendait lourdement les marches en se grattant gracieusement l'arrière-train. Il bâillait aux corneilles. Krone lui adressa un hochement de la tête en guise de salut. Bulle de Savon regardait devant lui et ne releva pas la moquerie du sobriquet.
— Bulle de Savon. Bulle, tout simplement.
— Et bien Bulle, ça ne change rien. J't'aime bien.
Fil approcha en sifflotant un air gai, s'assit sur un tabouret le long du comptoir et lâcha un soupir d'aise appuyé. Krone ne s'attendait pas à le retrouver si joyeux ; son attitude frôlait l’exagération. Cette comédie était-elle un message indirect qu’il lui adressait ? Faire comme si la nuit qui venait de se passer n'avait jamais existé ? Certainement. Krone s'y plierait. La scène qui s'offrait à lui le fit sourire. Voir ces deux personnages, hauts en couleur, face à face, ne pouvait que le faire glousser. Ce fut Bulle de Savon, tout en crispation, de sa voix cristalline qui répondit :
— Merci pour le compliment, mon Don accepte les flatteries, même si elles sont rares. Je suppose que je dois vous remercier. Fil ? C'est bien ça ?
— Oui p'tit Gars, Fil. Alors qu'est-ce qu'on mange de bon ici ? C'est que j'ai une sacrée dalle moi !
Krone eut un rictus d'étonnement, de nouvelles questions en tête. Bulle de Savon venait de faire référence, devant Fil, à la discussion qu'ils venaient d'avoir. L’aubergiste aurait-il su que Fil écoutait leur échange depuis le départ ? Probablement. Après tout, si se révéler à lui n'était pas un problème, pourquoi en serait-il différemment avec Fil ?
La Dame fit à nouveau son entrée dans la pièce commune, plateau à la main, qu'elle posa devant Fil. Il eut un soupir d'émerveillement et se jeta goulûment sur les œufs brouillés. Circonspect, Krone décida de partager son ressenti avec son ancien :
— Bulle connait ton secret, nos secrets et tu sembles ne pas t'en soucier ?
— Toi non plus Gamin. Tu fricotais avec lui lorsque je vous ai interrompus. Quelques secondes de plus et tu le becquetais comme un jeune pubère. Comme il l'a dit, notre secret est en sécurité avec lui. C'est un bon p'tit bonhomme, j'le sens, j'te dis.
Fil ponctua son propos par une mastication bruyante. Krone se remémora alors leur mésaventure de la maison Mirabelle, de la garde auscitaine et de la frégate mais préféra se préserver de tout commentaire.
Les volets de l'auberge, légèrement entrouverts, plongeaient la salle dans une pénombre agréable. Dehors, malgré l'heure matinale, le soleil irradiait le sol et la terre fissurée. Un nuage de chaleur englobait la campagne d'une brume chaude qui déformait les lignes. Les ruisseaux agonisants s'effaçaient de leurs lits asséchés. En contre-bas de la colline, les travailleurs subissaient les morsures de l'astre, les dos courbés sous le poids de l'effort et du brasier. Nul d'entre eux n'osait mentionner leur collègue et ami absent, emporté la veille par la Justice du Parakoï. Dans un fossé, face à l'auberge, des mouches virevoltaient sur le cadavre d'un chat sauvage éventré par un goupil.
Malgré cette fournaise extérieure, Fil dévora sa ripaille. Un rot gras ponctua son déjeuner. Puis, il interrogea :
— Dis-moi moustachu. Saurais-tu te battre ?
— Bulle, je m'appelle Bulle de Savon. Je ne sais pas si je sais me battre. Je ne l'ai jamais fait. Je n'en ai jamais eu besoin. Pourquoi faire du mal à quelqu'un qui ne peut m'en faire ? Je ne ressens peut-être rien mais j'ai une morale. Je sais ce qu'est le bien et le mal.
Bulle de Savon parlait d'une toute petite voix, infantile, presque naïve.
— N'as-tu jamais rendu un coup que l'on t'adressait ? Une bonne beigne, une tarte, un soufflet, un coup de dague ?
— Non, jamais.
Fil eut l'air consterné, il secoua la tête de dépit.
— Et bien, avec un Don pareil, j'peux te dire que je ne m'en serais pas privé ! Foncé dans le tas, sans jamais pouvoir se faire agripper. Atteindre qui on veut, sans risquer la moindre éraflure. Envoyer tout valser, être inatteignable. Imbattable ! Inarrêtable ! Combien de fois l'ai-je souhaité.
Krone remarqua immédiatement la pointe de tristesse qui apparut dans le regard de Fil. Avec un tel Don, jamais son mariage ne se serait terminé ainsi. Puis, quelque chose changea, une vibration légère, un éclat discret. Krone saisit le changement. La peine qu'il avait décelée se transforma, opéra une mue. Elle avait disparu et s'était métamorphosée en malice. Krone en était certain. Il reconnaissait parfaitement ce regard, celui que Fil brandissait en se frottant pensivement la joue lorsqu'il manigançait un mauvais coup. Il avait une idée en tête.
— Tu penses à la même chose que moi, Gamin ?
Krone ne le suivait pas. À quoi était-il censé bien penser ? Il haussa les épaules. Désemparé, Fil soupira. Il reprit avec évidence :
— Imagine tout ce que l'on pourrait réaliser avec Savonnette à nos côtés, le champ des possibilités qui s'offre à nous ! Deux magouilleurs comme toi et moi, épaulés par un type comme Savonnette, un véritable bouclier humain inébranlable, un éclaireur invulnérable, en somme, un trio infernal !
Fil regarda le petit homme moustachu et s'excusa :
— Désolé Savonnette, j'parle de toi comme si tu n'étais pas là. Ce n'est pas très correct de ma part, mais la perspective de ce trio m'a enivré !
Bulle de Savon haussa les épaules et se caressa la pointe de la moustache.
— Si j'avais dû ressentir du dédain, ne vous inquiétez pas, ce n'est pas le cas. Je ne me vexe jamais. Mon Don m'en empêche. Bienfait ou malédiction ? Je n'en sais rien.
Bulle tourna sa tête souriante vers Fil et rit. Un rire concentré dans sa gorge, très saccadé, très dérangeant. Fil, lui, s'esclaffa à gorge déployée, postillonnant des restes de lard à tout va.
Krone avait l'impression d'être extérieur à cet échange surréaliste. Un ambitieux vicelard tentait de recruter un homme insensible à toutes formes de douleurs. Le cocktail pouvait en effet être explosif et dangereux. À savoir pour qui.
Fil aplatit subitement ses deux mains sur le comptoir, à en faire trembler tous les murs de l'auberge. Son air soudainement sérieux assombrit davantage la pénombre de la pièce. Sa voix était calme, mais sèche, bienveillante mais exigeante :
— Assez plaisanté, Bulle de Savon. J'suis pas du genre à tourner autour du pot. Droit dans la bedaine, pas de superflu, les chichiteux ça m'asticote les nerfs. Mon temps, et celui de mon brave ami, est précieux. J'te propose l'aventure, la vraie, celle qui nous mène sur des sentiers inconnus et imprévisibles. Filouteries et truanderies, j'dis pas qu'on s'en préserve, bien au contraire. Taper les Grands, piocher dans leurs poches, j'dis oui, tant que ça remplit les nôtres ! Aigrefin, crapule, escroc, fripon, coquin ou fripouille, appelle-nous comme ça te chante, les plus malhonnêtes resteront hobereaux et petits-bourgeois pantouflards. Ne te fais pas d'illusions, soyons clairs, francs et sincères ! J'te promets pas une vie de richesses mais riche d'ivresse. Celle qui te transcende, te transporte, te fait vibrer le moindre corpuscule de ton corps et de ton âme. Galères à répétition, jouissance à profusion. Justice pour les Petits, faire payer les Grands de ce pays. Tu n’connais pas la douleur, Savonnette ? Je t'offre la jouissance, l'extase. Celle de reprendre ce qui t'est dû, de reprendre au centuple ! Nasardes et mandales en intérêts, coups de pied au derrière pour bien imprimer. Guet-apens, arnaques et magouilles avec en prime, parfois, fil mental, coutelas ou coups dans les boules ! Foutre un bazar sans nom, s'en prendre à ceux qui ont ! Venger le faible lésé, et s'il le faut, assassiner ! On te poursuivra, on te recherchera, en vrai hors-la-loi, on te détestera. Oublie ton confort et tes privilèges, ta vie plan-plan et tous tes spicilèges ! Mets-toi à nu, goûte au frisson, mets tout sur le tapis pour vivre à fond. Montre au monde ton sourire, qu'on usera pour le meilleur et surtout, le pire ! Je t'offre aussi, en plus de l'aventure, notre amitié indéfectible et, surtout, sans rupture.
Fil but son lait de chèvre d'une traite assourdissante. Son manifeste lui avait asséché le gosier. Il s'essuya les lèvres d'un revers de manche. Après un soupir outrancier, il questionna :
— Alors t'en penses quoi Savonnette ?
Bulle de Savon arrêta de frotter sa chope et la posa devant lui. Il mit le chiffon sur son épaule. D’un sourire plus pétillant que de nature, il annonça :
— Je dois le confesser : je n’ai écouté que la moitié de tes mots pour n’en comprendre que le quart. Mais bon, ce n'est pas comme si tout me coulait dessus...
Le petit bonhomme tendit sa main et conclut de sa voix limpide :
— Quoiqu’il en soit, j'en suis !
Bulle me fascine comme personnage. Je l'aime déjà, même s'il est vraiment bizarre et un poil effrayant x) maintenant que Krone, Fil et lui forment un trio, je crains le pire... J'ai beaucoup aimé ce chapitre !
Merci pour ta lecture ! Le trio ainsi formé, tout peut désormais arriver. Ce qui est sûr c'est qu'ils ne vont pas restés tranquilles, j'espère que leurs aventures te plairont ! Merci beaucoup ! Et Bulle n'est pas si effrayant que ça tu vas voir, il est plutôt marrant ;(
Voilà bien trop longtemps que je n'étais pas revenue par ici x) Un plaisir de retrouver ton univers, le verbe haut de Fil et les observations de Krone dans cette auberge. Le côté très vivant de la scène m'a bien plu, avec d'abord cet aubergiste au sourire dérangeant et à la drôle de salopette, puis cette Dame et cet intriguant Bulle de Savon (gros kiffe pour son nom d'ailleurs, et j'ai souri à la fin quand il se fait appeler Savonnette xD ).
Cette affaire de Don commence à se préciser, avec d'autres personnages qui en sont pourvu. Je me demande ai passage s'il y aura une symbolique autour de tous ces personnages - entre le Fil et le Krone qui me fait penser à Chronos/le Temps, tout cela éveille ma curiosité.
Vraiment chouette comme rencontre ! Cela fait une fine équipe et je suis intriguée par ce que Bulle va bien pouvoir apporter dans ce marché final.
À bientôt ! =)
Content que l'univers te plaise :) le trio se met doucement en place et réserve de sacrées surprises :)
En effet pour les noms, tu tapes en plein dans le mil. Ils ont un rapport avec leur Don. Krone, on l'a pas encore vu, mais tu as bien compris le truc :) Ils vont être complémentaires tout ces trois briscards et ne vont pas manquer de se faire vite - trop vite ? - remarquer :)
J'espère que la suite te plaira. Un peu d'action dès le prochain chapitre ;)
À très vite dans le Trois pays ou dans ton hospice ! :)
J'ai vraiment bien aimé le début du chapitre. Le petit déjeuner de Krone m'a donné faim mais, surtout, la description du sourire de l'aubergiste et sa manière mystérieuse de se révéler étaient très réussies. Son visage m'a fait penser à celui d'un vieux pantin, comique et crispant à la fois.
La suite m'a un peu moins convaincu. Les multiples phrases interrogatives qui transcrivent les doutes de Krone brisent un peu l'atmosphère. C'est un procédé que j'ai toujours trouvé trop direct, trop évident. Cela dit, ça relève du détail. Ce qui m'a vraiment surpris, c'est que Fil ne se montre pas plus sournois pour obtenir ce qu'il veut et que Bulle accepte si facilement. Ça donne au récit un souffle naïf et joyeux qui tranche avec la noirceur du chapitre précédent.
Merci pour ton retour !
Mon récit se veut noir par moments mais il y a beaucoup de loufoque et d'humour dedans (tu verras notamment dans le chapitre 5, le ton est donné). Ce ne sera pas en permanence sérieux, au contraire, j'ai voulu y mettre de l'humour, quitte à ce que parfois la cohérence soit un peu chamboulée. Tu me diras ce que tu en penses !
J'espère que ce décalage ne va pas trop te sortir du recit, c'est vrai que les premiers chapitres ne montrent pas cet atmosphère !
Au plaisir de te relire !
Ce chapitre est très surprenant, il y a le troisième personnage avec un Don, je me suis rendue compte que le nom est en lien avec le don (Krone > temps ?), ils recrutent...
J'ai ma petite idée de où Fil finira pas aller XD
Par contre, je ne mets pas en doute la gouaille de Fil, mais je me demande vien pourquoi Bulle accepte apparemment si facilement...
Et tu as une ellipse qui m'a un peu perturbée j'ai du relire plusieurs fois (Les volets de l'auberge...), je ne comprenais pas combien de temps s'était passé j'ai cru que c'était le soir et que Krone était mort 🤣 peut être que le petit écran du téléphone n'aide pas, mais si tu as d'autres commentaires sur ce passage ça vaut peut-être le coup de voir si tu peux être un peu plus explicite
J'irai lire la suite :)
Que Krone était mort ? Comment ça ? Qu'est-ce qui ta fait penser ça? Ca m'intrigue ^^ il est juste un peu fatigué mais tout va bien pour lui !
Bien vu pour le nom des personnages ;) je te laisse découvrir le Don de Krone.
A bientôt !
Tu étais dans l'auberge, à décrire ce qu'il se passe dedans, entre les personnages, et éventuellement à côté d'eux, et hop soudain tu décris ce qu'il se passe dehors, sans que aucun de tes personnages présents ne puisse réellement voir le dehors (volets presque fermés).
C'est peut-être volontaire de ta part, mais ça me crée un effet de flottement, comme si soudain la caméra changeait d'angle et de porteur, pour prendre une comparaison cinéma, et du coup j'ai interprété ça comme une ellipse et cherché à comprendre qui était dehors à regarder les gens qui travaillent sous le soleil, qui avait été embarqué par la justice du Parakoi (ça m'a donné l'impression qu'une deuxième personne avait été prise), et autres, j'ai beaucoup d'imagination...
Après si ça ne dérange pas les autres lecteurs, considères que c'est juste moi qui louches XD
Il y a qu'un type emmené par la Justice, on refait référence à celui de la veille
Je me suis dégagée du temps pour me pencher sur ton écrit, je dois m'arrêter ici mais je reprendrai plus tard :)
J'ai lu le chapitre précédent également, je n'ai pas commenté car pas de remarques particulières, j'ai adoré en apprendre plus sur le passé de ce personnage, et je trouve le prénom de la demoiselle très joli et bien trouvé. Je me suis demandée si savoir aussi tôt le passé du personnage était le mieux, car le personnage a moins de mystère du coup ! je vais continuer ma lecture pour creuser à ce sujet :)
Hop, on retourne dans l'auberge. Je ne m'attendais pas du tout à ce que le tavernier parle ! L'effet est superbement réussi, je me représente vraiment le côté étrange de ce personnage quand il parle ! Si le récit avait une adaptation visuelle, ça rendrait carrément bien.
Je tique un peu sur l'appellation de la tavernière, la Dame. En fantasy, je trouve que comme ça, avec une majuscule, c'est connoté et ça fait penser aux personnages de la Compagnie Noire et de Terry Pratchett. Mais bon ça ne gêne peut être que moi.
Ah, et le passage "Avec un tel Don, jamais son mariage ne se serait terminé ainsi" m'a fait sourire. Avec un tel Don, son mariage n'aurait jamais été consommé surtout x)
Enfin, trêve de grivoiseries. Je continue avec plaisir :)
Ps : le monologue de Fil, très réussi ! J'étais prête à m'engager.
Merci pour ton commentaire, je suis content que cette suite te plaise.
Si tu connais maintenant une partie du passé de Fil, il a encore beaucoup de choses à te faire découvrir ! C'est un personnage rempli de contradictions tu vas voir.
Pour l'appelation de la Dame. Je n'avais pas pour ambition de faire une connotation négative en l'appelant comme ça. C'était plutôt comme un surnom, comme Patronne par exemple. D'ailleurs cest pas son vrai prénom, on l'apprendra bien après... C'était plutôt un surnom donné par sa clientèle, en tout cas c'est comme ça sur je l'imaginais. (Au passage j'aime beaucoup la compagnie noire et les annales du Disque-Monde !
J'espère que la suite te plaira.
Au plaisir
Je m'attendais tout de même à une petite rencontre subtile au milieu d'autres clients. C'était pas à craquer la veille ? Cela aurait pu renforcer le côté "marginal" des possesseurs de Dons. En tout cas, celui de Bulle est très sympa, le coût associé très original.
Mais je m'attendais à une petite savonnade de ta part ! Ok, Bulle joue les Fil avec ses dialogues romancés, le filtre familier en moins. Il peut donc comprendre les lllloooonnnngggggsss monologues. Le gros pavé de Fil aurait dû glisser sur lui ! Son concours d'impro est une totale réussite et je pouvais même l'imaginer à faire son slam depuis le comptoir... avant que tout cela ne glisse sur Bulle. Allez quoi, c'était parfait !
Un petit Bulle qui aurait pu faire éclater le monologue de Fil avant d'enchérir par un "Pardon, je me suis égaré dans ton argumentaire qui a dû glisser sur moi. Par contre, tu me donnes grave envie de vous suivre. Je peux en être ?".
Après, ce n'est que mon humble interprétation. Du fait de ces monologues romancés, mon petit préféré ne peut être que le petit louveteau.
Et non, ne me sors pas que Krone a un lien avec la bière dégeulasse, je te vois venir là !
Très charmé par ton histoire, hâte de voir le petit trio explorer ton univers en nous emportant dans leur humour :)
Je vais méditer là-dessus. Ca ne ferait pas trop humour lourd quand meme? Ou alors autodérision de l'auteur sur son propre monologue imbuvable. Lol
Le lien de Krone avec quoi que ce soit se fera au chapitre 4 ! Je te laisse découvrir ça ;)
Fil va peut-être faire encore 1 ou 2 monologues. Promis après, il se calme.
Une fois de plus, je ne suis pas encore habitué à de si longs monologues, cela découle seulement de mon propre vécu de lecteur. Tes dialogues sont très riches et ultra-développés, c'est tout :o
Mais dans les chapitres suivants, tu verras qu'ils ne vont pas louper la moindre occasion pour se balancer des gentillesses
Super chapitre ! Très agréable à lire. L'écriture est fluide, les descriptions efficaces et originales ! J'ai passé un très bon moment de lecture. J'aime bien Bulle de Savon :). C'est pour l'instant mon perso préféré :p
Je suis contente qu'il rejoigne l'aventure ! Je trouve que la découverte de son Don est bien mené. D'abord la description de l'aubergiste puis, les phrases qui sortent de nul part, et enfin le face à face !
C'est marrant car quand Krone parle du coût de l'utilisation du Don, je pensais que ça allait être le fait de ne pas parler. Pour moi, c'est tout de même plus gênant que de sourire ! Mais alors, pourquoi Bulle de savon peut-il pas parler ? ça n'a rien à voir avec son coût ?
J'avais une aitre question. Est-ce que le Don ne touche que les hommes ?
A bientôt !
C'est un plaisir de te lire !
Non, les femmes aussi peuvent avoir des Dons. Je ne te spoile pas la suite;) tu verras ! :)
Merci pour ton message. J'espère que la suite te plaira
En tout cas, le pouvoir de Bulle est aussi fascinant que terrible je trouve ! Le personnage est bien décrit, entre truc un peu glaçant bizarre, mais qu'on comprend quand même. Sa présentation est bien menée ^^ Mais du coup, tout le monde n'a pas le même Don. Les gens sont nommés en fonction de leur Don ? Ce sont des pseudonymes, ou les parents sont vraiment ultra doués pour choisir les noms de leurs enfants ? Il y a une liste de pouvoirs connus et il suffit de faire le lien ou chaque Don est vraiment unique ?
Ce chapitre permet d'en apprendre pas mal plus, notamment comment les Dons sont perçus, tout en posant pas mal de nouveaux questionnements, c'est bien dosé je trouve =D
Bizarrement, quelque chose me dit que ces trois là, ça va pas être triste de suivre leurs aventures ='D
Chaque Don est unique. J'ai choisi de nommer chaque personnage en fonction du Don qu'il possède, pour faciliter la compréhension de la lecture. Bien évidemment, ce sont des pseudonymes que chacun s'est donné en grandissant. (D'autres futurs personnages eux, ont gardé leur prénom de naissance...) On apprendra un peu plus tard, la véritable identité, le vrai prénom de Krone, et tout ce qui va avec !
Les Dons ne se manifestent pas forcément à la naissance, mais apparaissent subitement au cours de la vie pour la personne qui a la chance, ou non, d'en posséder un. Les possesseurs de Dons sont très rares et doivent plutôt rester très discrets, car par leur nature, ils font de l'ombrage au Parakoï, espèce de Dieu-Empereur qui ne veut pas être contredit dans son pouvoir.
En ce qui concerne la Dame, dès le début du prochain chapitre, tu auras un peu plus d'explications sur les motivations de Bulle de Savon. J'espère que ca sera suffisant, n'hésite pas à me dire si ce n'est pas le cas :)
Son pouvoir est très fort (combiné avec les deux autres membres, ça fera de belles étincelles) mais son Coût est aussi malheureusement dur à porter. Après, ils vont devoir composer avec tout du long de leurs aventures!
Au plaisir de te relire.
Fil m’a l’air assez insupportable, mais je dis ça positivement. En fait, il me fait penser à un ami pas mal insupportable lui aussi haha 😊 donc c’est plutôt cool.
Il y a une sorte d’humour que j’aime bien.
Par contre, ils sont tout seuls dans cette auberge ? Tu devrais ajouter un ou 2 clients histoire de poser le décor, car l’auberge était pleine la veille.
Mes notes de lecture :
« comme un clou”
> Un peu surfait cette expression non ?
« Il s'installa à la même table que la soirée passée. »
> « que hier »
« la Dame”
> Mmh ? Qui ça ?
"L'aubergiste"/"la cuisinière"/"la tavernière" ?
“Avec, deux morceaux de lard disputaient la place à une tranche de pain. »
> Phrase bizarre ou c’est moi ? La ponctuation peut-être, je ne sais pas ?
« Une mélancolie empathique se saisit de lui. »
> Perso, je ne ressens pas la même chose. Fil a envoyé un mec à l’échafaud et le prêtre s’est pris une chope sur la tronche, alors que les deux n’avaient rien fait et n’avaient rien à voir avec l’histoire de la meuf morte.
« Son aîné s'était ouvert à lui »
> Pourquoi a-t-il fait ça à ce moment-là ? Krone ne lui a rien demandé. Au contraire, il était fatigué et Fil a monologué toute la nuit ! Imagine t'as un pote comme ça, t'en peux plus quoi :-)
« Il ressemblait à une créature digne d'un conte effrayant »
> sortie d'un ?
« pour l'œil, qu'une toile d'araignée »
> pas de virgule à mon avis
« L'aubergiste n'avait toujours pas bougé les lèvres. »
> « ne bougeait pas ses lèvres » ? (le passé simple pour être plus direct, et le toujours n’apporte rien ici selon moi)
« La crainte naissante que Krone ressentait se mêla à une incompréhension angoissante. »
> Ce mec semble lui parler dans sa tête et il trouve ça normal ? Je rajouterais une question de plus.
Par exemple : « La crainte naissante que Krone ressentait se mêla à une incompréhension angoissante. Avait-il vu le fil mental dont Fil avait fait usage la veille ? Impossible. Seul l'utilisateur du Don le pouvait. Cependant, il ne faisait plus aucun doute que cet individu s’adressait à lui par la pensée. Maîtrisait-il le Don ? »
Je trouve qu’il a l’air idiot de feindre l’ignorance, alors qu’il suspecte clairement un truc louche. J’ôterais ces quelques lignes (à moins que Krone soit lent d’esprit, dans ce cas, il faut les garder).
« Sa voix se confondait à un murmure, une berceuse envoûtante, tout juste un filet soufflé. »
> Que veux-tu dire ? En première lecture, je pensais qu’il lui lançait un sort pour l’endormir ou quelque chose, mais en fait non. j'enlèverais l'histoire de la berceuse.
« Krone ne pouvait pas le laisser se défiler de la sorte sans réagir. Il en allait de la sécurité de son compagnon. Le louveteau en lui n'avait pas fini de montrer les crocs. Sa tanière était visée et son frère de sang menacé. Il devait protéger la meute. Il ne pouvait autoriser quiconque à soulever une tempête qui menaçait d'ébranler leur duo. Cet homme avait parlé, il ne pouvait plus se taire. »
> C’est pas un peu too much ce passage ? D’une, le lecteur se doute que Krone ne va pas laisser tomber Fil. Ils ne sont pas une meute, mais deux types. Krone est-il un louveteau ? Il m’a apparu comme un homme adulte qui boit de la bière. Et ça fait trop de métaphores, entre les loups et la tempête. Pour moi, c’est un peu too much 😊
« dans une véritable chasse aux sorcières »
> Attention, s’il n’y a pas eu de chasse aux sorcières historiquement dans ton monde, tu ne peux pas utiliser cette expression. Sinon, c’est tout bon 😊
« une inquisition sauvage”
> Sauvage ? Tu es sûr ? Tu compares cette chasse à l’inquisition qui était faite par l’Église, donc plutôt organisée et donc pas sauvage.
« Krone s'imagina le calvaire que cachait ce sourire »
> Oh ça va, c’est pas si terrible non ? 😊
« — L'on ? Vous avez donc aussi un Don.
Krone acquiesça.”
> Ne devrait-il pas hésiter, au moins un peu, à lui dire.
« Krone eut un rictus d'étonnement »
> Attention à ne pas les faire sourire à tout va
« Krone se remémora alors leur mésaventure de la maison Mirabelle, de la garde auscitaine et de la frégate mais préféra se préserver de tout commentaire. »
> Il te faut une phrase d’explication en plus ou on ne comprend pas pourquoi il se remémore ça.
« Krone leva les yeux au plafond en se remémorant leurs mésaventures, la maison Mirabelle, la garde auscitaine, la frégate, pendant lesquelles leur secret avait été révélé, mais préféra se passer de commentaire. » (ce n’est qu’un exemple, histoire de montrer que c’est pas une bonne idée de révéler leur secret)
« Les volets de l'auberge, légèrement entrouverts »
> Je virerais légèrement. Après tout pourquoi légèrement entrouverts ? Sont-ils entrouverts ou non ? De façon légère ??
« Dehors, malgré l'heure matinale, le soleil irradiait le sol et la terre fissurée. Un nuage de chaleur englobait la campagne d'une brume chaude qui déformait les lignes. Les ruisseaux agonisants s'effaçaient de leurs lits asséchés. En contre-bas de la colline, les travailleurs subissaient les morsures de l'astre, les dos courbés sous le poids de l'effort et du brasier. Nul d'entre eux n'osait mentionner leur collègue et ami absent, emporté la veille par la Justice du Parakoï. Dans un fossé, face à l'auberge, des mouches virevoltaient sur le cadavre d'un chat sauvage éventré par un goupil. »
> Pourquoi décris-tu l’extérieur alors qu’ils sont encore à boustifailler à l’intérieur ? Je garderais cette description sous le coude pour plus tard.
« jamais son mariage ne se serait terminé ainsi. »
> Une idée : « jamais son mariage ne se serait terminé ainsi. Ou peut-être n’aurait-il jamais eu lieu : avec un sourire aussi stupide, la belle aurait fui ! »
« Krone ne le suivait pas. »
> J’enlèverais, on a compris
« Fil, lui,”
> Pas forcément necessaire ce lui
« J'suis pas du genre à tourner autour du pot. »
> Hihi ! Dit-il alors qu’il se lance dans un long monologue !
Est-ce que Savonnette est aussi un filou comme eux. Perso, j’en ai l’impression, ce qui explique pourquoi il accepte tout de suite de les suivre. Tu pourrais lui faire glisser quelques remarques en ce sens, si c’est ton intention, voire qu'il essaie de les filouter la veille en les arnaquant par exemple (ce n'est qu'une idée comme ça, j’ignore si tu le vois comme un filou à ce stade comme moi ou non).
Très bon chapitre, il m’a bien plu !
Mais merci par avance!
Savonnette est filou oui, mais pas autant que Fil ;) Il sera très taquin et filou, mais amicalement envers ses nouveaux amis. Je te laisse découvrir ça dans la suite des épisodes :) C'est un bon p'tit gars après tout.
Une idée : « jamais son mariage ne se serait terminé ainsi. Ou peut-être n’aurait-il jamais eu lieu : avec un sourire aussi stupide, la belle aurait fui ! » Ahaha, j'aime beaucoup l'idée ! belle punch-line... Tu me donnes le copyright? :D
Merci pour tous les autres commentaires. Je piocherai dedans avec plaisir !
Je trouve que Bulle de Savon accepte bien vite, tu peux renverser le truc, c'est Bulle de Savon qui leur demande s'il peut se joindre à eux ? En plus comme ça créerait un mystère, on se demanderait pourquoi il veut ça, qu'est-ce qu'il a en tête et on se douterait que c'est parce que les deux ont le Don comme lui. Mais je dis ça comme ça :-)
Haha sûr, tu peux utiliser la phrase si tu veux :-)