La fille sans histoire - Prélude (partie 2/2)

Par MarieZM
Notes de l’auteur : TW : santé mentale dégradée + vulgarité

J'ai cours avec Guillaume, le frère de Solène, justement, Élise m'a gardé une place avec elle au premier rang. J'ai les jambes qui fondent rien qu'à l'idée d'y penser.

 

Valentin est parti, la fumée me pique les yeux, je ressens les effets de la nuit blanche passée dans la rue à consoler Solène de sa rupture, sans empathie, à me retenir de lui dire ce qui me semble être ses quatre vérités. Parce que ça n'était pas le moment de l'accabler. La colère me monte au nez. Je crois m'assoupir rien qu'un court instant et je me retrouve assise à côté d'Élise, dans l'amphithéâtre. Je sens la voix suave de Guillaume m'envelopper : « L'effet papillon... Beaucoup croient que c'est qu'une petite chose peut avoir de grands effets ». L'air subjugué d'Élise me glace le sang, je prends ma paire de ciseaux et je coupe compulsivement les pointes de mes cheveux en espérant rompre le charme du serpent hypnotisant.

 

Des bouts de cheveux tombent sur la table devant moi, « un peu comme si votre sœur vous demandait un petit service comme de l'héberger pendant quelques jours », je lève la tête et je le vois m'adresser un signe entendu, il sait que je sais à quoi il fait référence. C'est notre secret. « Petite Salope ! » crie alors une voix dans ma tête. Il poursuit, « Ce que bien sûr, vous acceptez, c'est le battement d'ailes du papillon », les yeux d'Elise sont toujours aussi grands ouverts, elle boit ses paroles prophétiques avec avidité : « et que tout à coup vous vous rendiez compte que ça implique de l'avoir sur le dos pendant des années... la tornade au Texas ». Je n'entends plus que mon coeur battre, et la voix qui m'insulte « À quoi tu t'attendais, petite salope ?! »  pendant que j'essaye de suivre et de noter le cours. Peine perdue.

 

Juste à côté de moi, Camille, une étudiante, caricature d'intello à grosses lunettes rondes, avec deux tresses et un petit col de chemise propret, interrompt Guillaume : « Monsieur... excusez-moi, est-ce que vous pourriez nous donner EXACTEMENT la définition de l'effet papillon au lieu de digresser ? »

 

Impossible de me concentrer, je n'entends que les rires de l'amphi qui s'agglutinent autour d'elle, et les battements de mon cœur qui s'accélèrent de plus en plus... cette fille n'est pas si stupide que ça, mais quand elle parle il faut qu'elle se rende ridicule, c'est plus fort qu'elle on dirait. Elle n'a jamais vraiment tort, mais il faut toujours qu'elle la ramène.

 

« BADABOUM !! » Un bruit sourd m'a fait sursauter. Ce sont des mecs au fond qui ont fait tomber une tour d'objets hétéroclites. Mes nerfs sont à vifs, je voudrais lutter, mais je vois des étoiles et ma vision s'obscurcit, je croise mes bras et je m'effondre sur le pupitre devant moi. Boum. Boum. Boum. Boum.

 

BLANC.

 

***

En ouvrant les yeux, je suis installée à une table devant un ordinateur, à fixer le voyant de la tour informatique pendant les travaux pratiques sur les pendules oscillants. Tout autour de moi, les filles de ma promo essayent de draguer Guillaume, dont l'ombre projetée sur moi est menaçante. J'entends les battements sourds de mon cœur qui me harcèlent encore : Boum. Boum. Boum. Boum. Camille, l'espèce de première de la classe à côté de la plaque inonde le professeur de questions sans intérêt, ce qui me laisse à peine le temps de souffler un peu, mon rythme cardiaque se calme... Je n'entends plus que des bruits de fond, des stylos qui tombent, le cliquetis d'un bic quatre couleurs, et la voix de Guillaume qui explique à l'insupportable étudiante zélée ce qu'il faut comprendre sur le tableur du logiciel...

 

La salle s'agrandit, le plafond s'éloigne, des petites paillettes se mettent à « popper » autour de moi, l'air devient pesant et soudain une atmosphère douce et chaude m'enrobe. Je commence à avoir les oreilles qui bourdonnent et m'évanouis...

 

FLASH..

 

***

 

En face de moi, je vois son sourire au milieu d'un point de lumière aveuglante. Je suis debout et j'avance vers lui.

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