— Tu fous quoi Gamin ? Si on reste plantés là, on va finir par se faire repérer et adieu la discrétion !
Myr dormait profondément, la pleine lune à son chevet. Elle enveloppait la cité d'une lumière aussi froide que réconfortante. Son halo apaisait les esprits brutalisés par la journée traumatisante. Au sein des rues plongées dans les ténèbres, les murs de pierres réverbéraient les voix de rogommes d'ivrognes déphasés. Le feulement de chats sauvages brisait la relative quiétude de l'esplanade endeuillée.
Krone était au pied de la Tour aux pendus, le regard porté vers le ciel, non pour contempler la coruscation d'une étoile filante, mais bien la dépouille d'Ilysane de Lactour. Fil, en compagnie de Bulle de Savon, se camouflait dans l'ombre des arcades qui faisaient le tour de la place.
Krone restait immobile, hypnotisé par ce spectacle macabre. L'homme à la bedaine prononcée lança un fil mental dans sa direction, il lui fouetta le lobe de l'oreille dans une chiquenaude réprobatrice. Sorti de sa torpeur, Krone rejoignit ses camarades derrière le pilier à l'abri de regards éventuels de badauds nocturnes. Fil attendit que sa paralysie s'effaçât puis arbora son air conspirateur le plus vaillant et chuchota :
— Bon, on s'en tient au plan, compris Gamin ? Tes errements vont nous faire remarquer.
Krone acquiesça pendant que Bulle de Savon osait lever un doigt timide pour intervenir. Fil, en maître de la parole, leva les sourcils en sa direction en signe d'approbation. Le petit bonhomme, comme un ventriloque, souffla timidement :
— Je sais que nous en avons parlé longuement mais, j'insiste vraiment ; je ne suis pas sûr de la dernière partie du ...
— Tout ira bien Savonnette ! Mes plans fonctionnent toujours à la perfection ! Parole de Fil. Nous n'avons plus le temps de tergiverser. J'laisse les barguignages aux gobe-mouches craintifs. À trop penser, on n'agit plus. On va leur servir un spectacle si éblouissant que le Parakoï en deviendra aveugle depuis sa cité merveilleuse. J'peux te dire qu'on va en entendre parler dans toutes les terres habitées ! Le Parakoï protège les Trois pays des présences démoniaques ? Faisons-lui gober sa doctrine avilissante ! Montrons-lui que les démons sont bien de sortie et qu'ils l'avaleront en entier même dans son lit ! Voilà notre premier jet de pavé dans la mare. Que ses remous annoncent le raz-de-marée à venir !
Fil portait une lourde corde en bandoulière qui ajoutait à sa posture ramassée, une lourdeur supplémentaire. Ne lui manquait plus que la pioche et une longue barbe pour parfaire la ressemblance avec ces nains mineurs que l'on contait dans les histoires d'antan. Chacun des trois acolytes revêtait une longue cape noire et un large capuchon qui plongeait leur visage dans les ombres.
Pour l'occasion, Bulle avait retiré son masque. Pour qui ne le connaissait pas, il ressemblait, dans cet accoutrement, à une chauve-souris drapée dans ses ailes refermées, avec pour seul éclat, un sourire démoniaque.
Les trois chiroptères enténébrés sortirent de sous les arcades et se mirent au pied de la tour crénelée. Ils s'appuyèrent contre une façade qui donnait sur une ruelle adjacente.
Fil lança son Don en direction des cieux noirs. Le fil remonta le long du mur et fit demi-tour autour d'un créneau pour replonger aussitôt dans la main de son propriétaire. Alors, il enroula le fil de sa création, dans une attache solide, autour de la corde robuste qu'il avait posée à terre. D’un geste délicat, il tira à nouveau sur son fil mental. Telle une voile qui se hissait le long d'un mât, la corde de chanvre grimpait sur la façade, entraînée par l'invisible. Elle ondulait verticalement vers le sommet de la tour, comme un serpent charmé par une musique hypnotique. Suivant le chemin du fil mental au rythme des gestes de rapatriement de Fil, il contourna le créneau et retomba dans le vide jusqu'aux pieds des trois amis. Krone en saisit les deux extrémités et les attacha en de nombreux nœuds qui formèrent alors un lasso géant.
Bulle fut le premier à se lancer. Il posa son pied menu sur la corde qu'il enroula en plusieurs boucles autour de sa cheville et sa semelle. De ses mains délicates, il s'agrippa à l'appareillage rugueux.
Fil empoigna à son tour la corde, du côté descendant, et la tira vers le sol, pareil à un sonneur de cloches. Le petit bonhomme s'éleva dans les airs à mesure que Fil abaissait l'autre côté. Fil dut répéter une dizaine de fois la manœuvre pour envoyer Bulle de Savon jusqu'au sommet.
Par le même procédé, Krone rejoignit les hauteurs. Bulle l'accueillit, sur un merlon, la main tendue. Hisser le camarade bedonnant au-dessus du vide était une opération trop périlleuse et délicate. Le risque était trop important qu'il ne s'écrasât en contrebas. Fil resta donc sur les pavés, dénoua la corde et partit se fondre dans l'obscurité des rues de la cité.
Krone, bien qu'hors de portée de toutes oreilles curieuses, chuchota :
— Viens m'aider Bulle de Savon. Remontons la corde et servons-nous en pour bloquer cette porte afin d'empêcher les renforts de nous atteindre.
L’issue fut barricadée dans un enchevêtrement anarchique de cordages. Le battant, qui s'ouvrait sur l'extérieur, se bloquait sur ce mur de lianes entremêlées.
Krone, satisfait de cette barricade improvisée, s'approcha du parapet et se pencha par-dessus le merlon où pendouillait pitoyablement Ilysane de Lactour. Krone s'était imaginé un effort plus intense pour remonter à bout de bras le corps sans vie de la Petite. Pourtant, en quelques mouvements, il fit basculer la dépouille à ses pieds. Ilysane faisait peine à voir. En plus de sa chevelure rasée, ses dents avaient été arrachées une à une, ses oreilles avaient été découpées et son nez fracassé.
— Voici donc le visage de la Justice.
Krone s'accroupit au côté du cadavre gelé et déposa sur son front un baiser tendre. Il se releva et s'assura que sa capuche était bien en place.
D'un pas silencieux, frôlant tout juste la pierre, il s'approcha de l'énorme corne en bois dans laquelle le crieur azurin avait, quelques heures auparavant, clamé la sentence impitoyable. Fixée par un pied d'acier incurvé à un créneau de la tour, la corne était impressionnante de majesté. L'embouchure plaquée d'or scintillait. Seule la voix sacrée du Parakoï, et donc des crieurs, devait y résonner. Déposer des lèvres impies sur cette ouverture constituait un affront impardonnable. Le bois sombre de la corne brillait sous les reflets lunaires argentés. De l'autre côté, le pavillon géant, bouche grande ouverte sur la cité, pouvait avaler un homme de forte corpulence. Krone regarda à l'intérieur du trou béant et constata qu'il était également recouvert d'or. La Voix pure ne pouvait vibrer que dans le métal des Puissants. Dans une ville soumise à la sérénité des songes, un appel tonitruant dans un tel instrument ne manquerait pas de réveiller le plus sourd des comateux.
La place devait retrouver son affluence optimale. Tout le peuple de Myr devait assister au miracle des démons. Cette trompette infernale annoncerait l'ouverture de l'Autre monde qui déverserait sur les Trois pays ses suppôts, insensibles à l'autorité faussement divine du Parakoï. L'ère des démons était venue.
Krone retourna devant l'embouchure et y déposa délicatement ses lèvres. Après quelques légères inspirations, pour calmer la tension qui s'accumulait en lui, il emplit ses poumons d'air à en faire éclater sa cage thoracique. Dans une expiration soutenue, violente, il propulsa un cri térébrant dans la corne qui claqua et vibra dans toute la cité. Le cri fit le tour de la ville. Un second, puis un troisième entrèrent dans la danse infernale. Ce braillement chtonien saisit la cité d'effroi.
Les premières lanternes s’allumèrent aussitôt. Les lumières de bougies apparurent aux fenêtres. La masse se déplaçait au cœur de l'appel. En un rien de temps, la place fourmilla de sujets incrédules. Un événement majeur se jouait au pied de cette tour et Myr ne s'y trompait pas.
Déjà les premiers murmures s'élevèrent. Le cadavre de la petite fille avait disparu. Le cri qui avait réveillé tout ce beau monde était le sien, elle revenait se venger de ses bourreaux.
Krone regarda discrètement entre deux créneaux l'agitation qui se propageait quinze toises plus bas. Les nombreuses torches projetaient des ombres inquiétantes sur le mur de la tour. Seulement, quatre suppliciés ornaient désormais la façade. Au milieu, la cinquième corde manquait.
Les premiers coups de boutoir firent trembler la porte. Krone se retourna vers son compagnon. D'une voix déterminée, il annonça :
— C'est le moment Bulle. Transforme-nous en démons. Libérons-les dans ce monde répugnant. Qu'une nouvelle justice éclose de cette tour et qu'elle se propage, qu'elle inonde, qu'elle purifie tout sur son passage.
Bulle de Savon fit quelques pas pour le rejoindre aux côtés d'Ilysane. Il apposa une main sur l'épaule de la défunte et saisit, de l'autre, le poignet de son ami. Sa bulle grossit et enveloppa les trois êtres.
En bas, les murmures inquiets se multipliaient. Un brouhaha tourmenté grondait. Une milice armée, portant la tunique jaune du Second Sujet De Launys, essayait, en vain, de s'introduire sur l'esplanade afin de disperser tous ces curieux. Mais la foule compacte ne bougea pas. Tous les yeux étaient rivés sur le sommet de la tour.
Des échanges amphigouriques hasardaient une explication rationnelle à tout ce remue-ménage. Bientôt la raison populaire balaya ces justifications. Les superstitions ressortaient. La rumeur s'affolait. Certains mentionnaient la rencontre démoniaque que Kaël le Robuste avait jurée avoir faite avant d'être pendu. D'autres rappelaient les disparitions spontanées des poules sous les yeux de nombreux fermiers. Les langues, mises en confiance par le nombre, se déliaient. Elles osaient évoquer des propos susceptibles de les mener à l'échafaud. Myr s'agitait.
Soudain, des voix s'élevèrent par-dessus la cacophonie :
— Regardez ! Là-haut, regardez !
— La voilà ! Elle est revenue !
— Oui c'est bien elle, la fillette est bien là !
— Elle est debout ! Elle nous sourit ! Elle est revenue d'entre les morts ! Regardez ce sourire ! Il est si effrayant !
— Mais qui sont ces deux personnes en noir à ses côtés ?
— Des démons ! Regardez comment ils sourient eux aussi ! C'est terrifiant ! Des démons !
La foule reprit dans un souffle partagé :
— Deux démons, deux démons ! Ils sont avec la petite fille !
— Regardez ! Le grand démon tient la fillette par la taille !
— Ho ! Regardez le petit démon ! Il lève la main de la fillette !
— Qu'est-ce que c'est ? Regardez ! Une aura violette s'échappe d'eux !
— Non, elle est verte !
— Elle tourbillonne !
— Mais, que font-ils ?
Les deux démons se laissèrent tomber, têtes la première dans le vide, dans un plongeon suicidaire. Ils enlaçaient dans une étreinte protectrice la jeune fille. La chute siffla. La foule s'écarta. L'impact fut fulgurant. Puis, ils disparurent.
Myr était sidérée. Les habitants des premiers rangs criaient pour être entendus de tous.
— Ils ont disparu ! Ils ont disparu ! Ils ont emporté la petite avec eux ! Les démons sont retournés dans leur monde ! Les démons sont parmi nous !
Krone renvoya son monde de marbre lorsqu'ils se trouvèrent à trois rues de là. Une ombre les attendait, ainsi qu'un petit cheval.
— Alors, Gamin ? Ça fait quoi de s'écraser au sol ?
— 'as g'and 'ose, 'erci 'ulle !
— Décidément, j'my ferai jamais à cette tête de benêt !
Les trois démons repartirent en carriole, emportant avec eux, un ange déchu.
La voie inégale chahutait gentiment l'embarcation. Le léger grincement des roues couvrait les paroles qu'échangèrent les amis :
— Enlevons nos capes, il ne faudrait pas qu'un noctambule ne tombe par mégarde sur notre horde démoniaque. Savonnette, enfile ton masque. Gamin... laisse tomber. Fondons-nous maintenant dans la cité, soyons discrets et allons offrir à Ilysane de Lactour une fin digne.
— ‘u n'as 'as 'it l'en'roit où l'en'errer, 'il. Où a''ons 'ous ?
— Qui a parlé d'une sépulture, Gamin ? Où allons-nous ? Mais voyons ! Ce que Myr a de mieux à offrir ! Un pied-de-nez à celui qui a voulu afficher le martyr de la petite aux yeux de tous ! Rendons-lui son ignominie en pleine face ! Offrons le plus beau des bûchers funéraires à cette cité despotique. Les Grands rejoignent les cieux par la fumée de leur crémation pendant que les Petits sont destinés aux froids de la terre ? J’dis nenni ! Élevons Ilysane au rang de Grande parmi les Grandes ! Offrons-lui une sortie digne de son rang ! Offrons-lui le plus grand des bûchers pour que son âme innocente s'envole, s'envole aussi haut qu'elle le puisse ! Qu'elle nous domine tous de sa splendeur et de sa pureté. Qu'elle puisse, d'où elle sera, jeter un regard dédaigneux sur tous ces rosses qui lui ont fait tant de mal ! Rendons visite au Second Sujet Odrian de Launys. Que son palais soit le foyer torride de la cérémonie du millénaire ! Il sera aux premières loges pour assister à l'anéantissement de son joli petit monde. Faisons-lui faire connaissance avec les démons du feu.
Bulle de Savon, dans un murmure qui lui était propre, ajouta :
— Je te suivrai volontiers Fil. Mais laisse-moi encore quelques heures. Je viens tout juste d'élargir ma bulle pour protéger Ilysane et Krone de la chute. Je ne peux pas récidiver avant l'aube.
— Qu’il en soit ainsi. Que le soleil naissant vienne embraser le plus beau des cérémonials. Que le nouveau jour qui se lève soit celui de l'avènement de la Justice, l'authentique.
***
Fil approcha, seul, de la Citadelle entre chien et loup. Un poudroiement orangé léchait les collines à l'est. Les quelques lève-tôt sillonnaient déjà les rues de Myr qui se réveillait, la veisalgie du lendemain d'une nuit d'ivresse plein les veines.
La citadelle du Second Sujet, Odrian de Launys, culminait sur la cité depuis une haute butte. Comme une Myr miniature, une muraille et une douve humide ceignaient la forteresse. Fil avançait prudemment vers l'unique porte qui donnait accès à l'intérieur, camouflé à l'angle d'un bâtiment. Deux soldats en livrées jaunes gardaient le pont-levis, en permanence abaissé en temps de paix. D'où il était, Fil entendait les échos de leur conversation. Bien évidemment, ils parlaient de la disparition mystérieuse d'Ilysane, emportée dans les Abysses par les deux démons. Un semblant d'inquiétude perlait leurs propos. Ils s'étonnaient que le Second Sujet n'ait pas fait appel à des renforts supplémentaires pour calmer les ardeurs du petit peuple.
Fil, à l'abri de leur attention, portait à la hanche, pour seule arme, une bourse remplie de pièces d'argent. Il connaissait la cupidité de l'Homme et comptait s'en servir pour entrer dans la citadelle.
Il attacha un fil mental à une pièce puis, du pouce, il l'envoya rouler à la limite du halo lumineux de la lanterne qui surplombait les deux vigiles. Pour un simple garde, une pièce d'argent constituait une petite fortune, plus que la solde mensuelle qu'il touchait. L'appât accrocha un rayon lumineux de la lanterne ainsi que l'œil rapace et vigilant de l'un des deux gardiens. Celui-ci interrompit son échange et approcha de l'objet de convoitise. Lorsqu'il s'accroupit et tendit la main gantelée, Fil tira brusquement sur son fil et fit reculer la pièce dans l'ombre du petit jour. L'attrayant bout de métal eut l'effet escompté. L'homme s'avança dans la pénombre, assez loin et assez longtemps pour isoler son binôme resté à son poste. Le temps nécessaire pour que Fil fît appel à son Don.
Un nouveau fil mental assaillit le guetteur resté en arrière. Il s'enroula sous le menton et remonta jusqu'au sommet de la cervelière en un nœud coulant terriblement efficace. Fil tira violemment, le nœud se resserra et étrangla sa victime en lui maintenant la mâchoire fermée. Nul appel au secours ne put franchir ses rangées de dents maintenues serrées. Avant qu'il ne pût esquisser le moindre geste, Fil, comme s'il fauchait un champ de blé doré, bascula vivement ses mains sur le côté et renversa sa cible en dehors du pont. Entraînée par une force implacable, elle chuta dans la douve. Alourdi par son équipement, toujours sous l'emprise de l'invisible, l'homme s'enfonça dans l'opacité des eaux troubles pour ne plus jamais en sortir.
Fil dut payer le Coût de ce double appel. Son immobilisation dura le temps que le cupide trouvât son trésor. Obnubilé par sa recherche, il n'avait pas entendu son camarade tomber dans le fossé. Il se redressa et en se retournant, il annonça fièrement :
— Regarde ce que j'ai trou... Mayeul ? Où es-tu passé encore ?
Dans un cliquetis métallique, le fortuné retourna sur le pont-levis pour démêler cette mystérieuse disparition. Des remous sur sa gauche attirèrent son attention.
— Mayeul ?
En une incompréhension tragique, le malheureux rejoignit son camarade dans les profondeurs gelées. Sa pièce chuta avec lui. Fil apparut après un nouveau Coût et il cracha dans l'eau :
— Pingre, t'aurais pu me la laisser.
Fil arriva au pied d'une grande butte fleurie d'aigremoines. Le palais du Second Sujet du pays Randais surplombait le paysage au sommet de l'éminence. Quatre flèches majestueuses, à chaque coin du monument, s'élançaient vers le ciel. Une coupole magistrale, sur laquelle s'enroulait de la dentelle marbrée, coiffait l'édifice principal. Pour y accéder, Fil montait un escalier imposant de pierres blanchies qui tranchaient le mur végétal jaune.
Des domestiques embesognés couraient çà et là sans prêter la moindre attention à l'intrus. Fil avançait d'un pas confiant, de celui qui était tout à son aise, allongeant sa foulée et tapant du talon dans le gravier nacré. Pour passer inaperçu, Fil adoptait la démarche de ceux qui l'entouraient. Il était vêtu d'une tunique simple. Il aurait pu passer pour un des nombreux lads qui travaillaient dans les écuries du Second Sujet.
Fil ne se dirigea pas vers la merveilleuse entrée voûtée. Il prit la tangente et longea le bâtiment jusqu'à arriver devant une porte réservée au personnel du service. Il y frappa énergétiquement.
Après quelques instants de patience, un jeune garçon, de dix ans tout au plus, commis aux cuisines, lui ouvrit et fit apparaître sa tête dans l'entrebâillement. Sans lui laisser le temps d'exprimer la moindre question, Fil poussa la porte, entra d'un pas énergique et emprunta une voix pleine d'autorité :
— Et bien mon petit, ce n'est pas trop tôt ! Tu as voulu que je m'enracine ? À moins que tu ne veuilles m'achaler ? Avec tous ces démons qui traînent dehors, tu mériterais une admonestation ! Pourquoi me regardes-tu avec des yeux ébaubis ? N'as-tu jamais vu d'androcéphale ? À moins que tu ne me prennes pour un barbon cacochyme ? Ou serait-ce mon corps campaniforme ? Ou ma diaphorèse exagérée ?
Fil voulut inonder le garçonnet de paroles, le noyer, ne lui laisser aucun répit :
— Je ne suis pas un faquin, garçonnet ! Ni un galapiat ! Je suis là pour une affaire de la plus haute importance ! Suffit les billevesées. Va me chercher le grand Argentier.
L’enfant balbutia :
— Le... le quoi ?
— L'Argentier, triple nigaud ! Et ce n'est pas le Grand homme que je qualifie ainsi mais bien toi !
Fil attrapa la main du petit, l’ouvrit et y déposa cinq belles pièces d'argent. Il s'exprima sur le ton de la confidence :
— Va chercher l'intendant du Second Sujet et dis-lui que Théophile Gontran l'attend ici. Donne-lui quatre pièces. Il comprendra. Garde la cinquième pour toi, Gamin.
Des étincelles d'excitation emplirent ses petits yeux naïfs :
— Une pièce d'argent pour moi ?
— Tu peux même en avoir une deuxième si tu files sur-le-champ !
Il ne se le fit pas répéter deux fois et, comme une flèche, il déserta son poste aux cuisines pour disparaitre dans les escaliers de service. Fil referma l’huis laissé ouvert. Il avait la voie libre.
Fil entendit l'effervescence matinale qui animait les cuisines toutes proches. Il s'en éloigna et prit le même escalier en colimaçon mais, contrairement au petit, descendit. La fraîcheur souterraine accueillit Fil sur le seuil de pierres bosselées. Un long corridor s'étirait devant lui, éclairé par des lanternes fixées au mur. De lourdes portes en bois se succédaient sur le mur de droite. Au bout du couloir aveugle, un deuxième escalier remontait aux étages supérieurs.
Une chambrière, bras chargés de linges propres, sortit de l'une de ces pièces. Elle passa devant Fil qui s'écarta pour la laisser passer. De nouveau seul, il poussa une à une les portes, examina le contenu qu'elles révélaient quand derrière l'une d'entre elles, il déclara pour lui-même :
— La voilà.
Dans une immense pièce plongée dans l’obscurité, des dizaines, des centaines de grands tonneaux de bois se serraient les uns aux autres. Plusieurs rangées d’entre eux s'étendaient à perte de vue. Certains eussent pu contenir Joyeuse et sa carriole dans son entièreté. Toute la réserve de liqueurs, spiritueux, vins exotiques ou locaux d'Odrian de Launys était contenue dans un même et seul espace. Sur un pan entier de mur, des étagères montant jusqu'aux voûtes, exposaient des bouteilles d'eau-de-vie, de cidre, la quintessence des plaisirs de la bouche, hypocras, hydromel, claret, cervoise, saugée, bochet. Un amas de breuvages d'ivresse ; un amoncellement de combustibles luxueux.
Fil envoya son Don loin dans la pénombre devant lui. Le fil mental, pareille à une flèche d'acier, transperça tous les tonneaux sur son passage, sans faiblir. Le fil s'étendit jusqu'aux profondeurs de la salle laissant dans son sillage, des éclats de bois voltiger, des liquides éclabousser et des flots aux vapeurs alcoolisées se déverser. Le fil fit demi-tour et le carnage continua. Chaque tonneau fut traversé de part en part par ce projectile fou. Certains éclatèrent sous l'impact, d'autres roulèrent sur le sol imbibé. Le fil repartit dans une nouvelle rangée. Encore une autre. Encore une autre. Et encore une autre. Le fil ne laissa que ruine et submersion.
Fil fut paralysé quelques secondes. Il sortit de la cave, une mare alcoolisée débordait déjà dans le couloir. Il rebroussa chemin et entra dans la pièce d'où était sortie la chambrière. Il jeta tout son contenu dans le corridor, sur toute la longueur, où la mare gagnait de plus en plus de terrain. Draps, édredons, serviettes, linges de lit, uniformes et livrées s'imbibaient du liquide inflammable. Une véritable coulée d'alcool se répandait vers les deux cages d'escaliers. Ne manquait plus que l'étincelle qui alimenterait la fournaise.
Fil attrapa une lanterne fixée au mur. Depuis le seuil de l'escalier, il la lança aussi loin qu'il le pût. Il n'eut pas le temps d'admirer l'embrasement de cette étuve inflammable.
Il remonta aussi vite qu'il le put à l'étage, ressortit par la même porte qu'il avait prise pour entrer. Pressant comme jamais le pas, il longea l'immense bâtiment dans le sens inverse, redescendit l'escalier aux aigremoines qui donnait sur le pont-levis.
Arrivé à la dernière marche, une secousse terrible ébranla la butte. Une explosion, une détonation aussi assourdissante que le tonnerre proche déchira le ciel et vibra sur des lieues à la ronde. Une onde de choc terrifiante fit vaciller l'homme trapu. Fil se retourna et, stupéfait, assista au cataclysme qu'il avait provoqué.
Une des quatre tours s'effondra sur elle-même. Le dôme majestueux s'éventra. Des façades sculptées s'affaissèrent et des vitraux colorés explosèrent en mille éclats aiguisés. Des immenses langues de feu jaillissaient déjà des trous béants en léchant les façades. Des cris d'agonie, des pleurs déchirants, des appels poignants s'élevaient de ce brasier mortel. Une nouvelle secousse fracassante fit trembler le sol. Des projectiles enflammés s'envolaient dans le ciel de Myr. Les tentures, les tapis, fauteuils et lits s’enflammaient. Les boiseries et les charpentes s’évaporaient. L'incendie était intenable. La ruine était totale. De pauvres gens, bloqués sous les décombres, écrasés par des blocs de marbre agonisaient. De jeunes pages, libres mais immolés, couraient désespérément vers les douves en quête d'une eau rédemptrice.
Fil regardait, impuissant, le malheur de ces petites gens. Aussi cruelle qu’était leur destinée, il ne put lâcher que pathétiquement :
— Bon sang, Fil, tu y as été un peu fort là...
***
L'incendie embrasait tout l'édifice. Une immense foule médusée observait, de l'autre côté des remparts, l'impitoyable insatiabilité des flammes. Le crépitement du brasier, l'effondrement de quelques poutres en bois, les plaintes écorchées de malheureux couvraient l'assemblée d'horreur. Une chaleur infernale soufflait jusqu'au peuple de Myr. Son joyau architectural, sa fierté, sa renommée, partaient dans les fumées noires. Les jardins luxueux prirent feu. Une pluie de cendres rougeoyantes et brûlantes carbonisait fleurs et parterres. Ne restaient plus que désolation et dévastation.
Nul n'avait vu le Second Sujet De Launys sortir. Tous murmuraient sa mort.
Alors, ils s'écartèrent.
Dans un silence mêlé d'effroi et d'admiration, les deux démons de la Tour aux pendus avancèrent à pas feutrés. Leur longue cape noire traînait derrière eux. Ils portaient dans leurs bras la dépouille d'Ilysane, enveloppée dans un linceul blanc immaculé. L'aura verte et violette les englobait. Personne n'osait bouger, ni civils, ni militaires. Tous leur ouvraient le passage. Les démons franchirent le pont-levis, montèrent les escaliers incendiés, entrèrent dans le flamboiement de la grande voûte majestueuse et disparurent derrière le mur de flammes.
Il s'en passe des choses dans ce chapitre ! Le lecteur est tenu en haleine, j'aime beaucoup comment se "hiérarchisent" les moments forts : le coup des démons (petit passage bon enfant), l'infraction dans le palais et bam, explosion. Je ne m'y attendais pas. Ça me soulage de lire que Fil non plus, je rejoins les autres commentaires à ce sujet, si cela avait été volontaire, j'aurais trouvé la vengeance excessive. Surtout que, juste avant, il donne une pièce au garçon. Si c'était pour le faire mourir dans les flammes juste après, pas sûre que ça rachète son âme ^^
Comme d'habitude, le style est au rendez-vous. La lecture est toujours aussi fluide et ponctuée de petites pépites que j'ai adorées (la métaphore de Fil des pavés dans la mare filée vers le raz de marée, par exemple). Je ne connaissais pas le mot "veisalgie" ! Ça alors, il y a un aussi joli mot pour dire gueule de bois xD
Si je peux ajouter deux petites remarques :
* Tu parles d'une chambrière, j'aurais plutôt mis lavandière ou lingère, car normalement le chambrier donne les ordres mais ne fait pas.
* De la cervoise entre de l'hypocras et l'hydromel : si jamais tu veux travailler la vraisemblance historique, les nobles ne buvaient jamais de cervoise. C'est une sorte de bière sans houblon pas chère à produire, sans réel intérêt, donc d'en voir à côté d'un hypocras, qui pour le coup est vraiment luxueux, ça interroge. C'est un peu comme si aujourd'hui, je voyais un pack de Heineken entre deux chateaux-Latour x)
En tout cas, ça donne envie de voir comment le trio va s'en sortir cette fois ! Oh, je rajoute que la scène avec les "démons" était très visuelle, personnellement ça m'a beaucoup parlé. C'est tout à fait le genre de coup auquel on s'attend de la part du trio : abuser des superstitions des braves gens :p
Merci pour ta lecture ! Je suis content que ce chapitre t ait plu.
Effectivement, Fil n'a pas fait exprès de tout faire sauter, ce n'était pas prévu ! Il va le raconter au début du chapitre suivant. Mais bon, avec lui, tout finit tjs en eau de boudin ! Il ne venait pas dans la Citadelle avec des intentions si meurtrières. Le véritable plan est révélé dans le chapitre 8.
Merci pour les relevés des phrases qui ont plu et celles qui peuvent être améliorées ! Apres tout, un peu d'Heineken dans un resto 3 étoiles, ça fait pas de mal hein ? :p
Jespere que la suite te plaira !
P S : Je suis un peu malade cette semaine, j'ai du mal à lire les écrans... je retourne voir tes aventures dès que ça va mieux !
Remets toi vite !
Tu as un concept vraiment intéressant où les 3 compères vivent aventure après aventure, dans une idée bien à eux de la justice, j'aime beaucoup. J'espère que tu maîtrises ton intrigue générale parce que le risque, c'est qu'au bout d'un moment ça risquerait de faire répétitif (croise les doigts), mais pour l'instant c'est super !
Je suis perplexe tout de même ici, combien de morts pour "venger" une petite fille ?
Quelques petites remarques de forme:
> " Krone restait immobile, hypnotisé par ce spectacle macabre. L'homme à la bedaine prononcée lança un fil mental dans sa direction, il lui fouetta le lobe de l'oreille dans une chiquenaude réprobatrice. Krone sortit de sa torpeur et rejoignit ses camarades derrière le pilier à l'abri de regards éventuels de badauds nocturnes. Fil attendit que sa paralysie s'effaçât puis arbora son air conspirateur le plus vaillant et chuchota "
>>> Ici tu as beaucoup de phrases qui commencent par le sujet ça donne un effet un peu monotone. Je n'ai pas remarqué ça ailleurs donc je pense que tu sauras vite corriger ça :)
> " Chacun des trois acolytes revêtait une longue cape noire et un large capuchon qui plongeait leur visage dans les ombres. "
>>> Je suis notablement nulle en concordance des temps, donc ceci n'est pas forcément une erreur, mais ici je me suis interrogée, moi j'aurais écrit "revêtit".
> " Suivant le chemin du fil mental au rythme des gestes de rapatriements de Fil"
>>> Rapatriement me parait peu adapté, et si tu le laisses, je pense qu'il serait mieux au singulier
> De façon générale tu mets beaucoup de majuscules aux noms communs (Dame, Petite, Voix, Puissant...), ici c'est probablement une question de goûts, mais je n'aime pas trop ça. Quand tu parles de concepts ou de titres pourquoi pas, mais là perso je trouve que ça commence à faire beaucoup :') (mais ça ne m'empêche pas de lire! )
A bientôt !
Merci pour ta lecture et ton commentaire !
J'ai voulu ce début d'histoire comme une suite de petites nouvelles, l'intrigue principale va peu à peu de dessiner ! Encore quelques chapitres comme ça avant que le sérieux ne prennent le pas! J'espère que tout ça te plaira :)
Je sais pour les majuscules... dis toi qu'avant il y en avait beaucoup plus mdr... je sais pas pourquoi, j'ai l'impression que pour identifier une personne ou une idée, la majuscule appuie mieux les propos. Peut-être à tord ^^
Fil ne voulait tuer personne au début de sa vengeance de la petite. Ceci a mal tourné (comme souvent avec lui). Ca va être l'ouverture du prochain chapitre justement. Je te laisse découvrir ça !
Merci pour tes remarques sur le forme, je jette un coup d'oeil attentif à tout ça !
A très vite
Du grand art le plongeon des démons qui entrainent dans leur chute l'ange déchue ! Ta première partie du chapitre fut grandiose à lire. Vraiment, tes tournures de phrases, la description des actions qui s'enchainent et cette douce poésie sur le choix des mots sont très bien pensés ! Bravo !
Cette scène fut tellement géniale que je t'épargne le Coût de Fil que tu lui as offert ! Il est rapidement paralysé quand il réveille Krone de ses songes et a le temps d'attacher une corde et de partir discretos sans une seconde de paralysie après son deuxième appel. Oops... J'en ai parlé :p
J'aime beaucoup ce coup de théâtre pour officialiser l'ascension des trois démons. On se laisse emporter par les trois âmes vengeresses ! Même Krone a le droit de s'exprimer ! C'est la fête !
Par contre, l'hommage funéraire de notre Ilysane contraste trop avec la mise en place minitieuse de ce coup de théâtre. Fil s'en sort trop bien dans son infiltration de la forteresse : gardes rapidement neutralisés, accès aux salles trop simple (un simple garçon en cuisine ?) et alcool dopé à la poudre explosive elle-même saupoudrée de mélanges chimiques ultra explosifs. Fil confesse lui-même d'en avoir trop fait. Ce fut d'une facilité déconcertante à lire, donc ça dérange.
L'autre point dans tout ça est le côté "pyromane fou" qui ne se soucie guère des pauvres âmes innocentes. On parle d'un homme qui culpabilisait d'envoyer au bûcher un paysan ou d'une domestique lynchée pour lesquels il a tâché de se racheter une conscience. Là, il me manque une pièce sur la psychologie du trio. Leur Justice à tout prix ? Vers la naissance de vrais démons sanguinaires ?
On s'éloigne des magouilles de bas-étage pour passer cinquante étages au-dessus avec cette attaque terroriste ! Je m'attendais, au fil de la lecture, à une diversion orchestrée par les deux autres show men. Surtout que tu les exploite très bien pour leur mise en scène.
Du coup, petit bémol pour la seconde partie. Je m'attendais peut-être à un brasier aussi théâtral que le saut de l'ange des démons. Là, on tue délibérement pour faire passer un message. Aussi noble et rebelle soit-il, j'ai du mal à accrocher.
Je ne retiendrai donc que la première partie, nah ! J'insiste sur le fait de beaucoup aimer ce vent de révolte !
Allez Krone, tu as tout mon soutien. Hâte de te voir affranchi des fils de l'autre marionettiste là :p
Mon trio a bon fond... c'est juste qu'avec eux, leur enthousiasme vire souvent à la catastrophe...
Je suis par contre beaucoup moins convaincue de la deuxième partie du plan ^^" Je trouve qu'au final, Fil s'introduit très facilement dans la forteresse. Certes, il utilise son Don, mais ça ne m'a vraiment pas donné l'impression d'être dangereux à un moment ou un autre. Ca a aussi soulevé une interrogation pour moi, si les fils produits par Fil sont capable d'éventrer un tonneau de vin, pourquoi ne pas directement les planter dans le coeur de ses adversaires ? Cela serait plus simple, non ? Aussi, un autre élément qui m'a un peu réfréné là, c'est que certes, de l'alcool, ça brûle bien, et encore, pas tous les alcool, mais ça ne brûle en général pas longtemps. Et même en ajoutant les draps et tout, j'ai du mal à croire que ça ait fait un incendie suffisamment violent et chaud pour prendre tout le bâtiment (principalement en pierre j'avais l'impression) aussi rapidement, pour détruire une tour et provoquer autant de dommages en si peu de temps, ça j'ai vraiment du mal avec ça. Après, c'est peut-être juste moi, mais normalement, un incendie ça prend plus de temps à se répandre, ou alors c'est vraiment que tout est en bois partout et pour une forteresse, ça serait bizarre.
Sinon, le coup de vouloir s'attaquer aux grands pour libérer les petits, mais en tuant les gardes (ça encore) mais une bonne partie des gens qui bossaient dans la forteresse, ça fait quand même pas mal remettre en doute leur moralité et leur bonne volonté ^^" Autant dans le premier chapitre, il a agi sur le coup de l'impulsivité, autant là tout était préparé et il savait ce qui allait se passait. Autant j'approuve la première partie, autant la seconde laisse un arrière goût désagréable. Après, on fait pas de révolution sans casser des oeufs, ils vont peut-être se le justifier, mais terminer là-dessus, ça fait un peu bizarre après les grands discours de Fil x)
Après, j'apprécie toujours autant l'histoire et je continuerai sans faute, mais c'est vrai que pour le moment (ça changera peut-être après lecture de la suite), je suis moins convaincue par la deuxième partie de ce chapitre que par le reste.
Car en l'état, en effet, pas normal que quelques tonneaux puissent créer une explosion et mettre le feu partout. Pareil pour tous ces innocents qui n'ont rien demandé, pas en accord avec l'esprit justicier du trio. Mais je pense corriger ça juste après par mes explications. Dis-moi si ça se justifie !
Je me demande juste si tu ne devrais pas les faire connaître la petite fille de quelque part, genre la fille d'un commerçant qu'ils fréquentaient ou quelque chose comme ça, ce serait plus poignant, même si la scène marche comme ça aussi 🙂
Mes petites notes (tu dois avoir l'habitude maintenant 🙂)
"aussi froide que réconfortante"
> Quand c'est froid, ce n'est pas réconfortant à mon sens (enfin en général). On pourrait croire a de l'ironie, pourquoi pas, mais la phrase suivante vient contrecarrer ça.
"Au sein des rues plongées dans les ténèbres, les murs de pierres réverbéraient les voix de rogommes d'ivrognes déphasés. Le feulement de chats sauvages brisait la relative quiétude de l'esplanade endeuillée."
> Beaucoup de "...de quelque chose" dans ces phrases-ci
"L'homme à la bedaine prononcée lança un fil mental dans sa direction, il lui fouetta le lobe de l'oreille dans une chiquenaude réprobatrice."
> Je me demande si le début de la phrase est utile, "un fil mental (ou d'or je ne sais pas) lui fouetta le lobe de l'oreille". Après ta phrase est grammaticalement correcte, c'est juste que je crois qu'on devinerait aisément qu'il s'agit du fil de Fil.
"à l'abri de regards éventuels de badauds nocturnes."
> Ça on s'en doute aussi, l'explication n'est pas nécessaire, on comprend bien qu'ils se cachent à mon avis.
"en sa direction"
> Dans sa direction ?
"vraiment"
> 2 adverbes, je n'en garderais qu'un seul perso.
"à sa posture ramassée, une lourdeur supplémentaire"
> Pas de virgule je pense et attention tu as lourd/lourdeur très proches
"Pour l'occasion, Bulle avait retiré son masque. Pour qui ne le connaissait pas, il ressemblait, dans cet accoutrement"
> Comme tu parles de son accoutrement et donc de sa cape, tu peux rattacher tout ce morceau au paragraphe d'avant où tu décris la cape.
"leur visage dans les ombres."
> "dans l'ombre" ?
"Alors, il enroula le fil de sa création, dans une attache solide, autour de la corde robuste qu'il avait posée à terre."
> Plus simple ? "Ce dernier l'enroula à la corde de chanvre à terre"
"Telle une voile qui se hissait le long d'un mât"
> La comparaison avec un drapeau fonctionnerait mieux, là avec la voile on l'imagine déployer une voile mais en fait non, ce n'est qu'une corde, donc l'image ne va pas.
"Telle une bannière, il hissa la corde de chanvre le long de la tour, grâce à son fil invisible." Ou un truc du genre
"Elle ondulait verticalement vers le sommet de la tour, comme un serpent charmé par une musique hypnotique"
> Tu as carrément 2 comparaisons pour la même chose ! Too much selon moi, je choisirais entre l'une et l'autre 🙂 ça ne peut pas être à la fois une voile et un serpent dans ma tête !
"pour envoyer Bulle de Savon"
> Il ne l'y envoie pas comme un ballon, il le soulève/le tracte, je sais pas, le choix du verbe n'est pas le meilleur je pense.
"et partit se fondre dans l'obscurité des rues de la cité."
> Il n'est pas paralysé ?
"bien qu'hors de portée de toutes oreilles curieuses"
> La précision alourdit et n'est pas utile
"sur ce mur de lianes entremêlées."
> What ? Je croyais qu'ils n'avaient qu'une seule corde. Ils en ont combien là ?
Et il me manque une petite description de où ils sont, je visualise mal.
"Ilysane faisait peine à voir."
> Ce serait mieux s'il la connaissaient à mon sens, même si c'est que la petite d'une vague connaissance, ils seraient sûrs de sûr de son innocence et la scène serait plus poignante.
"et déposa sur son front un baiser tendre."
> Berk !
"Déposer des lèvres impies sur cette ouverture constituait un affront impardonnable"
> Petite suggestion débile : il pourrait poser ses fesses dessus et péter dedans (oui j'ai 12 ans d'âge mental 😄)
Je reviens très vite pour la suite, je me demande ce qu'ils vont faire de ce cadavre, avec eux, on ne sait jamais !
Je te laisse découvrir la suite, mais effectivement ils ne vont pas restés discrets avec un cadavre sur les bras :))
"Fil tira violement, le nœud se resserra et étrangla sa victime en lui maintenant la mâchoire fermée."
"De pauvres gens, bloqués sous les décombres, écrasés par des blocs de marbre agonisaient."
> C'est bizarre le fait qu'ils n'hésitent pas à tuer des innocents mais qu'ils se disent être là main de la justice. Est-ce volontaire de ta part pour montrer leur bêtise et leur hypocrisie ? Parce que parfois les discours de Fil tendent à le faire passer pour un Robin des Bois alors qu'en fait ils ne le sont pas, ce sont des meurtriers, j'ai juste ?
"— Pingre, t'aurais pu me la laisser."
> Il ne peut plus chercher sa pièce en utilisant le Don ?
"Fil voulut inonder le garçonnet de paroles"
> Je pense que tu peux mettre "inonda", le pauvre garçon est bel et bien noyé dans ses paroles 😄
"Fil fut paralysé quelques secondes"
> Juste quelques secondes ? Quand il est paralysé, c'est tout son corps qui est paralysé ? D'ailleurs, il ne tombe pas ?
De manière générale, je me pose vraiment des questions sur la morale de la troupe. Parfois, ils disent qu'ils veulent défendre la veuve et l'orphelin , car ils sont horrifiés par injustices, dans d'autres ils tuent de sang froid et font bien pires que ceux qu'ils critiquent. Du coup, j'ai du mal à savoir où se positionner en tant que lecteur. Pour eux ou contre eux ?
Je reviens très bientôt pour la suite 🙂
"Fil tira violement, le nœud se resserra et étrangla sa victime en lui maintenant la mâchoire fermée."
"De pauvres gens, bloqués sous les décombres, écrasés par des blocs de marbre agonisaient."
> C'est bizarre le fait qu'ils n'hésitent pas à tuer des innocents mais qu'ils se disent être là main de la justice. Est-ce volontaire de ta part pour montrer leur bêtise et leur hypocrisie ? Parce que parfois les discours de Fil tendent à le faire passer pour un Robin des Bois alors qu'en fait ils ne le sont pas, ce sont des meurtriers, j'ai juste ?
"— Pingre, t'aurais pu me la laisser."
> Il ne peut plus chercher sa pièce en utilisant le Don ?
"Fil voulut inonder le garçonnet de paroles"
> Je pense que tu peux mettre "inonda", le pauvre garçon est bel et bien noyé dans ses paroles 😄
"Fil fut paralysé quelques secondes"
> Juste quelques secondes ? Quand il est paralysé, c'est tout son corps qui est paralysé ? D'ailleurs, il ne tombe pas ?
De manière générale, je me pose vraiment des questions sur la morale de la troupe. Parfois, ils disent qu'ils veulent défendre la veuve et l'orphelin , car ils sont horrifiés par injustices, dans d'autres ils tuent de sang froid et font bien pires que ceux qu'ils critiquent. Du coup, j'ai du mal à savoir où se positionner en tant que lecteur. Pour eux ou contre eux ?
Je reviens très bientôt pour la suite 🙂