Le bal de Noël du lycée est dans 3 semaines. Lena s’est faite inviter par le jumeau Tom. Hugo, son frère m’a proposé d’y aller avec lui. Il préfère les garçons mais ça personne le sait. Il m’a dit qu’il était important que nous, les minorités : les gays et les peaux de dragons, soyons représentés. Alors j’ai accepté, aussi pour que ma mère me lâche un peu et arrête de pleurer. Alors samedi, elle était toute folle quand elle m’a emmenée en ville pour acheter une robe. Je me demande avec qui Youcef ira…
J’étais un merveilleux alibi pour Hugo qui disait à tout le monde que j’allais au bal avec lui. « Il raconte que tu lui as sauté dessus », s’indignait Lena, « tu vas finir par avoir une sacrée réputation si tu ne le cadres pas un peu ». J’haussais les épaules. Peu importe, si ça lui faisait plaisir.
Le bal qui approchait c’était surtout les fêtes de noël…sans mamie…Je repoussais rapidement cette pensée au tout fond de mon esprit en secouant la tête « je ne veux pas y penser ».
Youcef était distant et les rares fois où je croisais son regard, il me dévisageait avec colère. Il est comme mon père, il ne me reconnaît pas…Elena, une fille de l’autre classe était souvent avec lui pendant les pauses, elle le dévorait littéralement des yeux. Elle a raison, il est beau Youcef quand il range ses yeux de guerre.
« Stella, il faut vraiment que tu parles à Hugo, tu ne peux pas laisser dire n’importe quoi sur toi! » me gronda Lena. « sincèrement, Lena, qui ça intéresse? ». « toi ! Stella, toi! Et si c’est pas suffisant, les gens qui t’aiment ! » « une…ça va, je pense que tu ne vas pas en mourir ». Un livre se ferma brusquement à côté et nous vîmes Youcef partir brusquement en faisant tomber sa chaise.
« Hey, Peau de dragon ! » ..?! Je me retournais pour faire face à un Youcef furieux qui s’avançait vers moi d’un pas décidé. Il m’attrapa par le bras et avant que j’eus le temps de faire quoique ce soit ! Il ronchonna « je n’ai pas du être suffisamment clair! » et il colla sa bouche à la mienne, comme ça, en plein milieu de la place. Il m’a relâché et je suis tombée. Il est reparti tout aussi furieux. Les passants me regardaient hagards, comprenant aussi peu que moi ce qui venait de se passer. Un jeune homme m’a tendu la main pour me relever en me demandant si ça allait et si je le connaissais. « Oui, oui, c’est mon petit copain…on s’est disputé »
J’ai décidé de passer voir Youcef chez lui. Il faut qu’on discute de l’événement. Il faut qu’il m’explique ce que j’aurais dû comprendre que je n’ai de fait pas intégré ...Et qu’il m’embrasse encore parce que là c’était un brin trop rapide pour que je puisse apprécier.
Il habite dans l’une de ces tours, ça va pas être simple de trouver. Je me dis que je vais faire les boites aux lettres en espérant que l’étage soit indiqué. Je m’imaginais déjà prenant le thé et des petits gâteaux avec sa mère le temps qu’il rentre à la maison…Elle me parlerait de lui, de leur famille, du voyage depuis d’Algérie…
J’y ai passé 2h mais je n’ai pas trouvé. Ma tête commençais à me faire mal comme quand je me concentrais trop longtemps sur ces fichus pas de danse. Ses parents sont peut-être séparés, je n’ai pas vu son nom. Les gens me regardaient de façon suspicieuse. En même temps, la capuche de mon sweat cachait mon visage. Il ne faudrait pas leur faire peur avec ma peau de dragon.
« T’es nouveau dans le quartier? Qu’est-ce que tu fout à fouiller les boîtes aux lettres?! » « Youcef ! Enfin » Il baissa ma capuche et voyant mon visage se décomposa. « Qu’est-ce que tu fais la? » …Merde, ce n’est pas un accueil chaleureux.
Dans ma tête, milles pensées et émotions se sont bousculées en l’espace d’une demi seconde. Je suis risible, stupide, qu’est-ce que j’ai cru. Les larmes qui pourtant ne coulaient plus depuis qu’elles s’étaient évaporées lors de la transformation en dragon pointaient, inopportunes, le bout de leur nez. Alors je l’ai poussé et je suis partie en courant loin, le plus loin possible.
J’ai décidé de ne pas aller au bal. C’est ridicule cette histoire de minorité et je n’ai surtout pas envie de voir Youcef, et encore moins, de voir Youcef avec une fille dans les bras. Il a le droit bien sûr, mais, ça fait trop mal. Maman est déçue mais elle dit qu’elle comprend.
Mon psy dit que c’est bien, les larmes sortent, c’est un signe de mieux. Je ne suis pas d’accord, c’est ridicule un dragon qui pleure. Je passe mon temps à regarder le sol, je ne veux pas croiser son regard ni lui parler. Pourtant je le sens quand il est prêt, autour de moi, mon corps a comme l’intuition de sa présence quand il entre dans une pièce où je suis….surement un 6ieme sens de dragon, alors je l’évite.
Je ne me morfond pas au lycée, non, j’essaye d’être un peu plus dans mes bouquins…Le soir c’est plus compliqué, les larmes reviennent. J’ai récupéré un petit flacon, je me dis qu’elles sont magiques ces larmes de dragons qui sont restées à l’intérieur si longtemps. Je pourrais peut être en faire une potion.
J'ai beaucoup aimé ce nouveau chapitre, la métaphore du dragon rajoute toujours un brin de poésie en plus, avec un champ lexical qui fait référence à la magie!
Nos tourtereaux se rapprochent, puis s'éloignent, puis se rapprochent...! Je sens qu'on a pas terminé avec ces deux là!