Les rokhs ayant disparu de la surface du bouclier-monde et les dragons se montrant par trop menaçant, les seules sources de mana encore disponible sont les sept présents des Sept. De nature divine, ces artefacts conservent leur mana alors que les autres objets se déchargent graduellement.
L’origine de la mana.
Encyclopeadia gnomnica
« Hiii ! Nous avons besoin de plus d’objets magiques, Matriarche Nomrad ! Et des artefacts chargés de mana ! »
La requête du Maîtremort nécromancien Saga le morbide était lancinante. Jour après jour il la répétait. Pourtant Nomrad avait lessivé l’infra-monde. Sa quête d’objets magiques ne pouvait à présent passer que par la surface. Heureusement, les Marteaux d’Airain possédaient d’excellentes relations commerciales partout sur le bouclier-monde grâce à l’exceptionnelle facture de ses armes.
La matriarche décida de se rapprocher des gnomes et notamment de Bivot, le maître négociant de Pyrbe. Elle était en « affaire » avec celui-ci depuis fort longtemps et elle le savait proche de la princesse Epiphone. Les rapports des espions de Krim laissaient supposer que Bivot possédait des objets encore chargés de magie et en organisait la rareté. Les seuls artefacts fonctionnels apparus au cours des neuf-cent dernières cycles trouvaient leur origine dans la cité de Pyrbe.
« Hi ! Hi ! Hi ! Matriarche Nomrad. Je peux aisément vous fournir des objets magiques ayant perdu leur pouvoir, mais je ne désire pas les vendre. Je préfère vous les échanger contre votre mousse phosphorescente. Hi ! Hi ! Hi ! Nous ne parvenons pas à répondre à la demande avec nos propres cultures ! »
« Soit ! Maître Bivot ! Mais qu’en est-il des objets chargés de mana ? »
« Nous n’en possédons pas ! Hi ! Hi ! Hi ! Plus personne n’en dispose ! Les rokhs ont disparu et personne n’est assez fou pour aller chasser le dragon ! »
« Allons ! Maître Bivot ! Nous sommes de vieux partenaires commerciaux ! Vous êtes certain de n’avoir aucune piste sur le sujet ? »
« Hi ! Hi ! Hi ! Ma foi je peux toujours me renseigner ! Mais cela peut coûter cher ! Très cher ! Peut-être trop cher ! Même pour une famille aussi opulente que celle des Marteaux d’Airain ! Hi ! Hi ! Hi ! »
« Je sais que vous possédez le dernier rokh vivant du bouclier-monde ! Vendez-le-moi ! Votre prix sera le mien, Bivot ! »
« Comme je vous l’ai dit, même pour votre famille, le prix est trop élevé ! Hi ! Hi ! Hi ! »
« Combien, maître Bivot ? »
« Hi ! Hi ! Hi ! Là encore, il ne s’agira pas d’or ! Si par miracle je possédais un rokh, je serais prêt à vous le vendre uniquement contre l’un des sept présents des Sept. Hi ! Hi ! »
Nomrad quitta l’entretien dépitée. Comment pouvait-elle s’aligner sur une telle demande ? Malgré toutes ses richesses, tout son or et toutes ses pierres précieuses, la matriarche ne pouvait pas parvenir à ses fins ! Les sept présents des Sept, seuls les rois et les héros du temps jadis en possédaient ! Ou bien ils s’étaient perdues dans les terribles batailles des guerres lemniscates. Oui, tout n’était pas perdu.
Sans prendre le temps de retourner gérer les affaires du clan à Kur-Dhural et Muggulor, la matriarche rejoint son fils à Negudur, la capitale de l’infra-monde. Nomrad et Krim recrutèrent une armée d’étudiants archivistes. En toute discrétion, ils commencèrent à éplucher les ouvrages de la grande bibliothèque royale à la recherche du moindre indice sur les divins artefacts. Les limiers des Marteaux d’Airain enquêtaient sur la moindre piste potentielle.
Au bout de deux semaines sans aucun résultat, la matriarche se résigna. Elle regagna sa bonne vieille cité de Kur-Dhural en ayant la conviction nouvelle que le savoir était une force, mais que celui-ci ne résidait pas uniquement dans le renseignement et l’espionnage. Nomrad commanda alors à Tordur la construction d’une grande bibliothèque. Elle donna ensuite pour mission à son réseau de boutiques magiques et sa nouvelle armée d’archivistes d’alimenter l’établissement en achetant un maximum d’ouvrages.
De son côté, Krim poursuivit ses investigations et un jour, il revint avec le trésor tant recherché, un présent des Sept. Il s’agissait des boucles télépathes offertes par Cess-khal aux satyres. Nomrad n’avait jamais été aussi fière de son fils. Chaque jour il progressait et se rendait plus moteur dans la réussite du clan. Bientôt, il serait le grand chef de guerre des Marteaux d’Airain.
La naine retourna donc triomphalement à Pyrbe accompagnée d’une solide escorte dirigée par Krim l’inflexible et le chef des manticornes Solveig. Bivot ne put que reconnaître qu’il possédait le dernier rokh vivant du bouclier-monde. Après avoir vérifié l’authenticité des boucles télépathes, le gnome invita la matriarche à la suivre dans un entrepôt sordide caché entre deux éperons rocheux.
Lorsque les portes s’ouvrirent, Nomrad fut horrifiée par le spectacle qui se présenta à elle. Là, à même la terre battue, un immense oiseaux-feu jonchait le sol. Ses ailes déplumées étaient arrimées par de lourdes chaînes. Des solides sangles de cuir maintenaient son immense bec fermé. Afin que le rokh ne puisse pas fuir, ses geôliers, de puissants golems l’avaient énucléé et lui avaient coupé les pattes. La pauvre bête puait la mort. Elle poussait des râles de souffrance en continu. On taxait les nains de cupidité maladive, mais les gnomes ne présentaient-ils pas une vénalité plus malsaine encore ? Comment pouvait-on maltraiter à ce point une créature intelligente ? On sentait que les geôliers avaient passé les derniers jours à dépouiller le rokh de la moindre plume. Si des haut-le-cœur assaillaient Nomrad, à ses côtés, Krim demeurait aussi stoïque que Bivot.
« Hi ! Hi ! Hi ! Coupez-lui la tête et débitez-le en morceaux ! » ordonna le maître négociant.
Les golems opérèrent leur macabre mission. Le clan des Marteaux d’Airain ramenèrent ainsi en catimini leur nouveau trésor dans le territoire qui n’existe pas. Les nécromanciens obtenaient ainsi la dernière source de mana disponible sur la surface du bouclier-monde.