Chris s’inquiétait depuis un petit moment déjà lorsqu’elle perçut les premières secousses jusqu’au plus profond de son cœur. Elle ferma les yeux et sentit sa tension augmenter. Camille n’était pas rentré. Il était allé se fourrer dans elle ne savait quel merdier et il allait se retrouver dehors en pleine alerte. Depuis quand devait-elle prendre soin de lui et le surveiller comme si c’était un gamin ?
Elle hésita, mais finit par céder. Elle avait une mission. Que Camille retourne à l’hôpital parce qu’il n’était pas fichu de s’occuper de lui tout seul, elle s’en fichait. Ça lui ferait les pieds. Lui ne pouvait pas s’imaginer l’angoisse qu’il lui causait à chaque fois qu’il faisait le con. Il était immature et naïf, arrogant et son attitude mettait beaucoup de monde en danger. Normal, après tout. Ce n’était qu’un criminel de plus poussé dans cette ville.
Elle fulminait quand elle quitta la maison, mais sa colère fondit d’un coup lorsqu’elle le vit arriver d’un pas rapide, rouge de fatigue et essoufflé, vêtu de l’armure de la Brigade.
— Qu’est-ce que tu fabriquais ? demanda-t-elle sans se fâcher.
— Je te raconterai. Vas-y, dit-il avec un petit sourire penaud.
— Ouais…
Elle hésita, perdant une seconde de plus. Elle avait envie de savoir ce qu’il avait fait de son après-midi et pourquoi il s’était changé. Elle avait le cœur qui battait fort parce qu’il ressemblait à son père à s’y méprendre dans cette tenue. Elle avait l’impression qu’il rentrait enfin à la maison. Et en même temps, elle était convaincue sans l’ombre d’un doute que c’était juste une petite illusion sans conséquence qu’elle se créait de toute pièce pour se rassurer. Camille n’était pas Tony, ça se sentait à des kilomètres.
— Va te mettre à l’abri, conclut-elle avant de repartir en courant.
Ce n’était pas le moment de divaguer, loin de là. Il était l’heure de retourner chercher Tony, le vrai, le seul pour qui elle voulait s’inquiéter.
Trouver des minerais n’avait jamais été compliqué dans les limbes. Il suffisait d’avancer et d’être un peu observateur. Chris n’avait plus fait ça depuis longtemps. Ne travaillant plus pour la Brigade, elle n’avait plus aucune raison de ramener du diamant ou de l’or. À quoi bon ? Du coup, repérer les filons, les creuser proprement comme elle avait appris à le faire, le poids du sac à dos chargé, tout cela lui rappela des souvenirs et pour peu, elle eut presque l’impression de sentir Tony à côté d’elle. Ce n’était pas désagréable…
Arrivée au bout de la liste, son sac était plein à craquer, elle en avait jusque dans les poches. Elle avait croisé quelques points de repère. Est-ce qu’elle avait le temps d’aller chercher autre chose ? Elle estima que non. Et même si elle l’avait elle n’aurait pas eu la moindre place sur elle pour transporter le butin. Il ne lui restait plus qu’à explorer les alentours et peut-être repérer la porte de Layla… Elle jeta un coup d’œil aux environs et sur le chemin du retour aperçut une porte à spectre, évidente et facile d’accès. Elle n’hésita pas et se dirigea de ce côté. Après tout, après le minage, elle n’était plus à un peu de nostalgie près.
Elle s’apprêtait à appuyer sur la poignée quand elle entendit nettement une voix. Elle se précipita en arrière et se cala dans un renfoncement, l’arme à la main, prête à tirer. La porte s’ouvrit. Elle retint le doigt sur la gâchette en constatant qu’elle visait la nuque d’un humain. Il était grand, solide et noir et portait tout l’équipement de la Brigade. Son crâne rasé, sa taille et ses épaules larges ne lui disaient rien. Une nouvelle recrue. Elle le fila en silence tandis qu’il en rejoignait un second, plus petit, plus discret, plus vieux aussi. Ils avaient tous les deux un sac à dos bien chargé.
— Fin du chrono, Didier. On sort, cria le grand.
Fin du… chrono ? Ce type utilisait les recherches de Camille. Strada n’avait pas perdu de temps. Elle le suivit et tomba des nues en les voyant se rallier à deux autres hommes de la Brigade. Ceux-là, elle les connaissait, c’était les mineurs, ceux qui ne s’éloignaient jamais des portes.
Strada s’était trouvé de nouveaux explorateurs. Strada avait bien fait comprendre qu’il était content… Il l’avait à peine regardée à sa dernière visite, il ne lui avait même pas adressé la parole alors que d’habitude il la harcelait. Elle s’était dit que c’était parce qu’il avait Camille à qui parler, mais non. La réalité, c’était qu’il l’avait remplacée.
Elle resta immobile plusieurs secondes à digérer l’information. C’était bizarre comme sensation, elle avait l’impression qu’un ex particulièrement collant était enfin passé à autre chose. Non, pas un ex… un père. Un père nul. Elle secoua la tête. C’était bien comme ça. Ça allait lui compliquer la tâche, mais tout était pour le mieux.
C’était peut-être la fin du chrono, mais selon ses estimations à elle, elle avait encore quelques minutes, alors elle retourna jusqu’à la porte pour voir ce que les explorateurs avaient fouillé. Elle jeta un bref coup d’œil à une pièce sobre, le genre qu’on trouverait dans un hôtel et qui n’apportait aucune indication sur celui qui y avait passé la nuit. Il n’y avait que très peu de chances pour que ce soit la chambre de Layla. Il était inutile qu’elle reste plus longtemps, les brigadiers avaient déjà emporté tous les indices possibles pour démasquer le spectre.
Elle allait faire demi-tour quand quelque chose retint son attention. Un murmure, très léger, qui lui fit dresser les poils sur les bras.
Elle agrippa le lit et le renversa. Elle fit pareil avec la table dans un coin, attrapa une chaise et la fracassa contre un mur. Un spectre jaillit du mur juste là où la chaise venait d’exploser. Elle leva son arme et tira. La créature tomba en lambeaux devant elle.
Ça, c’était une bonne nouvelle. Si le spectre était chez lui, c’était qu’il n’était pas dehors. Mais pourquoi les deux explorateurs avaient-ils pu entrer, fouiller et repartir sans se faire attaquer, sans se rendre compte de rien ? Mystère…
Elle se rapprocha doucement du tas guenilles et grimaça. Un échantillon de moins à trouver pour le doc. Elle sortit une boite en polystyrène de son sac et en tira une éprouvette dans laquelle elle glissa quelques résidus prélevés avec les outils confiés par le docteur Daniels.
La créature se redressa d’un coup. Les mains prises, elle recula, mais perdit l’équilibre à cause d’un débris et tomba sur les fesses. Le spectre poussa un cri strident et se jeta sur elle. Elle releva les yeux vers lui et lui hurla sauvagement à la figure. Il se figea et la contempla.
— Où est Tony ! demanda-t-elle en se rendant compte qu’elle avait son attention.
— Je te cherche, répondit le spectre. Reste encore un peu que je te trouve…
Il fondit sur elle. Elle roula sur le côté en récupérant son arme et tira. Le silence crépitant des limbes revint aussitôt. Elle l’écouta un instant puis ramassa son sac en se tenant cette fois loin du tas de guenilles.
C’est en sortant qu’elle se rendit compte que la créature lui avait fait perdre un temps précieux. La température atteignait sa limite cruciale. Elle repartit en sprintant. Elle sentit une présence derrière elle, une aura puissante et féroce. Elle courut de toutes ses forces. À la dernière seconde, elle vira et se jeta en arrière dans le portail tout en empoignant son arme. Elle tira. Son cœur manqua un battement en reconnaissant Tony. Non, ce n’était pas Tony, c’était un démon. Elle tira encore, mais son laser toucha simplement le portail à l’instant où il explosait. Elle rengaina et brandit son grappin alors qu’elle chutait au milieu des cristaux acérés et fut brusquement attirée à couvert.
Bordel… elle allait en avoir des choses à raconter à Camille.
Ça fait plaisir de retrouver de l'action, même si la fin de la scène est un peu confuse pour moi. Mais c'est peut-être parce que je n'ai plus tout en tête. Et je suis à peu près sûr que le chapitre suivant nous éclairera sur ce qu'il se passe vraiement. Sur qui est ce faux Tony qui en veut à Chris.
Je suis quand même curieux de savoir comment elle a pu rater le spectre et ne pas s'en apercevoir... ça ne lui ressemble pas !
Merci pour le partage !
LX
Oui, je suis toujours dans les travaux, j’y suis pour un bout de temps encore.
Je prends en note pour la correction globale que j’aurai à faire, merci pour ton retour <3
Pas trop dur de reprendre, j'ai un peu oublié des détails bien sûr, mais je me rappelle les enjeux. Chapitre rythmé, avec une fin à la james bond ! Tu nous ajoutes quelques mystères....
Si je devais dire un truc, peut être que ça va même trop vite ? Tu pourrais passer plus de temps sur le faux Tony ?
Mais sinon, top, merci à toi ! Et courage pour l'IRL <3
L’IRL n’est pas un problème, au contraire, c’est génial. J’ai acheté une maison en ruine avec ma copine et nos deux pères nous filent un coup de main pour la retaper. Autrement dit je n’ai plus un instant pour poser mes doigts pleins de ciment sur les touches de mon clavier, haha… Ils repartent bientôt, alors je profite à fond de leur aide.
Comme toujours, je note tes suggestions, et je te remercie ! <3