La Ruche - 22

— Non, la demeure principale n’est pas aussi fastueuse. Je dirais qu’elle est plus… fonctionnelle. Mais, petite anecdote, il y a tout autant de ruches là-bas qu’ici ! C’est étonnant. Et je suis véritablement heureuse de ne pas être allergique aux piqûres d’abeilles.

Tout le monde rit, moi y compris. Deirdre était charmante, aussi chaleureuse que ses cheveux couleur de flamme. C’était la première fois que je l’entendais mener et porter une conversation, la première fois surtout que je la côtoyais dans une pleine maitrise d’elle-même - jusqu’alors, je ne l’avais vue que mal à l’aise, tétanisée ou vagissante de cris primaires... Nous étions cinq Étrangers dans cette petite pièce aux murs crème couverts de tableaux. Ceux-ci représentaient des paysages des quatre coins de ce Monde nouveau avec, disposés autour de chacun d’eux, des portraits plus discrets de personnalités associées à ces lieux régis par un ou plusieurs Clans. J’aurais aimé que ces images soient associées à une carte comme celles de la bibliothèque du Château Lune ; j’avais besoin de visualiser ce qui m’entourait, je n’aimais pas me sentir sans repère.

Nous avions été menés dans cette petite galerie par nos Compagnes et Compagnons respectifs qui, peut-être tacitement et par respect pour ce que nous traversions, avaient chacun trouvé une raison de nous y abandonner un petit pan de soirée, seuls, entre nous. En plus de moi et de Deirdre, il y avait Armand-le-Géant, la jeune Awa et Warner, notre ainé, mon premier contact bienveillant en ce Monde. Ce dernier avait gardé cette note sombre et brisée qui s’était installée en lui au sommet de la Haute Dune herbacée, mais j’étais rassurée de le voir rire avec nous ; il restait capable d’humour.

Nous semblions tous relativement satisfaits du lieu où nous séjournions. Warner ne s’était pas caché du mépris qu’il éprouvait pour le système en place : Ils n’ont pas encore trouvé comment s’extirper de l’époque féodale. Awa avait doucement tempéré ses paroles en faisant remarquer que cela lui semblait un peu plus complexe ; selon elle, nous n’avions pas de bons points de comparaison car ce Monde n’était pas uniquement guidé par un Peuple d’Hommes. Attentive à ce qu’elle disait, j’avais méchamment réalisé que ma Compagne de Château s’était contentée de m’enseigner les us et coutumes quand la jeune Awa, de son côté, paraissait avoir été biberonnée de géopolitique locale.

Sentant qu’elle avait possiblement heurté son compatriote d’âge mûr, la cadette de la Moisson avait dévié sur Deirdre, l’Invitée de notre Clan hôte de la soirée, et l’avait poliment interrogée sur son quotidien. La rousse jeune femme était en train de nous dépeindre son quotidien. Pour éviter le désœuvrement, elle avait reçu en cadeau de bienvenue une vingtaine de ruches. On lui avait montré comment s’en occuper, extraire le miel des cadres, le filtrer, le stocker… Ce travail avait été une révélation.

— Je participe même à la chaine de production du miel vendu par le Clan, mais à ma demande, je suis devenue une vraie passionnée ! Qu’elle qu’ait pu être mon ancienne vie, celle-ci m’enchante.

Sa certitude m’ébranla. Je n’envisageais même pas me poser cette question…

— On ne t’oblige pas à parader aux fêtes ? dit Awa. On m’a rapporté qu’elles étaient nombreuses.

— Du tout, rit Deirdre. Je suis toujours invitée, mais à part pour celle de ce soir, je n’ai pas eu la moindre obligation, pas une seule fois. Je dois même dire que le Protecteur du Clan, Sieur Napoli, semble apprécier que je ne sois pas trop portée sur ce qu’il appelle les soirées grivoises.

— Grivois ? s’étonna Armand d’une voix forte. Ça veut bien dire coquin, déplacé, et tout ce barda de mots ?

Warner confirma d’un hochement de tête.

— Mais il n’y a rien de grivois dans les soirées que j’ai vécues ici, s’amusa-t-il. S’il y a des grivoiseries, elles ont plutôt lieu en dehors de la salle des fêtes, ou alors elles sont bien cachées.

Il pouffa gauchement. Deirdre sourit en haussant ses pâles épaules tachetées de son.

— Ici, chacun fait ce qu’il aime, tant qu’il n’oublie pas d’également servir son ensemble.

— Servir son ensemble, cela goûte un peu la fausse promesse. Tout le monde sert-il réellement tout le monde dans votre Clan ? N’y aurait-il pas un unique groupuscule de personnes qui ne ferait que récolter sous couvert de cette jolie phrase ?

— Comme nous, elle n’est pas ici depuis longtemps…, intervins-je en voyant l’expression de Deirdre se décomposer sous l’attaque de Warner.

 Awa nous extirpa une nouvelle fois d’un sujet épineux en déviant sur quelqu’un ; cette fois c’était moi.

— Et toi, comment se passe ton quotidien Luce ? J’ai entendu de terribles choses sur ton Clan, mais tu sembles bien te porter.

Son sourire d’ivoire en demi-lune tranchait sur l’ébène de sa peau. Awa était une jeune sage. Pour ces deux observations, je la trouvais saisissante.

— C’est le cas. Tout est très calme là-bas. Il y a peu de monde et cela me convient tout à fait. Je n’ai pas l’impression qu’on tente de me cacher quoi que ce soit, je suis au courant de leur terrible passé. Mais justement, je pense que tout cela appartient au passé.

— Reste tout de même sur tes gardes, trancha Warner d’un ton que je trouvai paternaliste. Eryn et moi avons aussi entendu de terribles rumeurs… Et tu connais sûrement cet adage : quand il y a beaucoup de fumées, le feu est toujours quelque part.

— Merci, mais réellement, à part la météo, tout va bien là-bas.

— Luce, ne t’entête pas à rejeter un conseil, s’agaça-t-il. Juste, prends-le. Surtout qu’Eryn, par sa position, est la mieux renseignée sur les vérités de ce Monde. Si seulement il n’y avait pas ces choses qu’elle doit garder pour elle...

— Au fait, l’interrompit Deirdre, pourquoi n’est-elle pas avec toi ?

— Sa Compagne de Château lui a déconseillé de circuler dans la foule. Si tu désires la rencontrer, elle est installée dans l’alvéole royale.

Il soupira en la plaignant pour sa position si délicate…

— Cela ne se passe pas comme il le faudrait à la cour ? l’interrogea-t-elle encore sur un ton qui semblait plus désolé qu’étonné.

Avait-elle eu vent des mêmes échos que moi ? Warner se replia dans la défense.

— Eryn fait de son mieux. Elle est épatante. Mais sa position est complexe et lui demande d’en apprendre plus et plus vite que nous tous.

— J’imagine, dit Awa avec compassion. C’est une bonne chose que vous ayez pu vous retrouver à deux au même endroit, tu dois lui être d’un bon secours.

— Je fais de mon mieux pour lui être utile.

— Sacré Warner, s’esclaffa Armand en lui envoyant une claque dans le dos. Depuis notre premier jour ensemble, je ne t’ai vu qu’en chevalier servant. Tu es une bonne âme, comme on dit par chez-moi !

Deirdre secoua un doigt sous son nez.

— Tut tut tut, attention grand gaillard, j’ai eu mon lot de froncements de sourcils mes premiers jours ici pour ce genre de gaffe.

Je ris à mon tour, me représentant Dana en police des mœurs aux allusions étrangères. Nous échangeâmes chacune et chacun une courte anecdote dans cette veine.

Ça fait du bien…, je me sens plus légère, réalisai-je.

— Et toi, Awa, interrogeai-je la jeune fille, comment vas-tu et quel nom porte le Clan que tu as fini par choisir ?

— C’est le Clan du Souimanga et je suis heureuse, dit-elle simplement en souriant. L’Univers m’a bien gâtée.

Warner se mit à rire.

— L’Univers, ah ! Te voilà convertie !

Je tiquai.

— Ce n’est pas une religion, si ?

— Je ne pense pas, commenta Deirdre, mais l’expression est répandue ! D’ailleurs, à ce sujet, c’est vrai que j’ai été étonnée qu’on ne cherche pas à me convertir de quelque chose… Il y a une religion dans votre Clan hôte ? Par ici, seules les abeilles sont vénérées. Elles et tout ce qui se pollinise.

Je secouai la tête, n’ayant rien relevé de ce genre. J’étais curieuse d’avoir le retour des autres.

— Dans le Clan Souimanga, il y a un autel dédiée à une déesse, révéla Awa. Une représentation féminine de l’esprit de la flore locale. Mais je n’ai pas relevé de prière ni de cérémonie particulière.

— J’y pense, dis-je en dressant l’index comme une première de classe, j’ai remarqué quelques fois des personnes signer dans le ciel.

— Ah oui, moi aussi, dit Armand en gloussant. Quand j’en ai parlé, on m’a juste dit que c’était un geste pour se protéger du mauvais œil, de la guigne quoi.

— La superstition est souvent le moteur des ignorants, rebondit Warner. Je ne dis pas cela dans le but de dénigrer le Peuple local, mais vous admettrez que les découvertes scientifiques manquent cruellement à leur société.

La discussion n’alla pas plus loin, le Compagnon de Deirdre et la Compagne d’Awa faisant leur retour dans la pièce. On les invita à aller présenter leurs hommages au Roi. Warner se proposa de les accompagner. Armand et moi déclinâmes ; nos Compagnes s’attendaient à nous retrouver ici, nous préférions éviter de nous perdre dans la foule hors de la petite galerie. C’est ainsi que je me retrouvai seule avec mon géant compatriote.

 

****

 

Je regardais le même tableau depuis un moment. Ses dimensions hors normes montraient du sable, rien que du sable. Des tons chauds, presque suffocants, sous un implacable ciel bleu dépourvu de nuage. Des montagnes de grains mouvants aux versants creusés de petites vagues, certains ombrés, d’autres durement exposés. Des buttes, des creux, une étendue sableuse infinie… et une unique oasis perdue du côté droit de l’œuvre, minuscule, isolée dans l’ocre océan qui la cernait de toutes parts. Le tableau était titré Vallées arides.

Si cet endroit existe vraiment, je n’aurais pas grand plaisir à y vivre, pensai-je.

Armand était posté devant sa propre toile d’un air absent, donnant l’impression d’être perdu dans ses pensées ; en petit comité, il s’avérait n’être qu’un grand timide. Je voulus rompre le silence.

— De ce que j’ai compris, ta vie se passe bien au Clan de l’Ours. Tu t’es découvert un passe-temps nouveau comme Deirdre ?

Je le vis rougir sans en comprendre la raison.

— Oh, non…, bafouilla-t-il.

Et ce fut tout. Je tentai une autre question, mais là aussi, la conversation retomba comme un soufflé raté. Mon estomac se contracta. Et si ?

— Armand, il y a un souci avec moi ? demandai-je d’une voix faussement assurée pour en avoir le cœur net.

Il s’empourpra un peu plus et en se décomposant.

— Non ! Oh… non ! Oh, Luce, je te le promets.

Il tordit nerveusement ses mains. Je le rassurai qu’il n’y avait pas de mal, on n’était pas obligé de parler ; regarder les tableaux, c’était très bien aussi. Je reportai mon attention sur les portraits d’hommes et de femmes enturbannés qu’on avait accrochés autour de l’immense désert. Avaient-ils tous vécu dans cette petite oasis ou y en avait-il d’autres non représentées dans l’immense toile ? Sentant la présence d’Armand dans mon dos, je me retournai, étonnée. Pourquoi s’était-il rapproché ?

— Ça ne va pas ?

Il tirait une de ces têtes…

— Et bien… J’aurais bien quelque chose à te demander, mais… enfin… cela me gêne.

Super, un épandage, commençai-je par penser.

Puis, forcément, je m’en voulus et mon inexplicable besoin de me mettre au service de l’autre prit les choses en main.

Bah, je l’aime bien, ce grand Géant.

— Armand, on n’est que tous les deux et, entre nous, j’entends entre Étrangers, on sait qu’on peut se parler un peu plus librement… Si quelque chose te pèse, ce peut être un bon moment pour le partager. Et si cela peut te rassurer, je suis capable d’écouter en réservant un jugement.

Il étira sa tête en arrière et j’eus l’étonnante impression qu’il comptait avant de se lancer :

— Depuis que tu es arrivée ici, … as-tu été courtisée ?

Je clignai des yeux, surprise.

— Non. Enfin… je n’ai pas envie d’inclure cette chose qu’ils appellent Brumeur.

— Oh, bien sûr !

Il tordait toujours nerveusement ses mains.

— Mais, à part cette créature ?

— Non… Il y a bien parfois quelques allusions de Sieur Cazelain, mais il agit ainsi avec plus de la moitié de la gente féminine. Et je pense que c’est surtout une manière de me rendre chèvre, ris-je, ça n’a jamais été plus loin que des mots.

— Vraiment ? Tu n’as pas même échangé un baiser ? Avec personne ?

— Non, bafouillai-je.

Sa bouche expira un Oh troublé. Il fut secoué d’un bref rire nerveux.

— J’aimerais que tu ne l’ébruites pas, mais, pour ma part… C’est le monde à l’envers… Dans mon Clan - Mais pas que ! insista-t-il en tapant du pied -, c’est comme si j’étais un dieu dont on s’arracherait sans cesse l’attention et les faveurs…

Il paraissait honteux. Nous qui parlions de religion juste avant, je ne pus m’empêcher de me représenter Armand en homme d’église.

— Pour toi, c’est mal de séduire ? tâtonnai-je.

— En fait… ça va plus loin que ça.

Il se pencha en vérifiant nerveusement que nous étions bien seuls dans la petite galerie puis murmura vivement le mot sexe avant de se redresser. Ses épaules se relâchèrent un peu - il l’avait dit - mais il se statufia dans l’attente de ma réaction.

— Et ça n’arrête pas, ajouta-t-il dans un murmure, c’est même presque chaque soir.

Il plongea son nez dans ses grandes paumes moites.

— Et pas toujours avec la même, ânonna-t-il les yeux fermés, elles tournent, elles changent !

Sa voix montait lentement dans les aigus et ses paumes agrippèrent ses cheveux.

— Je ne fais rien pour ! Ce sont elles qui viennent à moi ! Et je suis trop faible pour leur dire non…

Ses bras retombèrent, ballants, le long de son corps. Il termina d’un ton éteint :

— Chez nous, les filles, je sais que je ne les ai jamais attirées… Je m’en souviens, de ça. Pas du reste, mais de ça, oui. J’avais la peau vérolée… Une maladie, petit. Et j’avais des lunettes, toujours tordues parce que je m’asseyais encore et encore sur les montures. J’étais le balourd de service, un peu bête, qu’on accepte quand même parce qu’il est gentil… J’ai jamais dit non pour rendre un service… Certaines filles me voulaient bien comme copains, pour parler et rire un peu, mais ça n’allait jamais plus loin. Jamais. Tu comprends ?

L’image d’Armand en soutane vola en éclats. À la place, je l’imaginai mal fagoté, grand mais gauche, courbé sur lui-même, maladroit dans son humour…Mais, jusqu’à présent, l’homme devant moi n’avait pas cette allure. Il est était drôle, insouciant et souriant.

Sauf là tout de suite…

— Et tu… tu n’as pas envie de ces moments intimes avec ces filles ?

Il se frotta la nuque en évitant mon regard, ses joues se colorèrent à nouveau.

— Oh, je… je ne dirais pas ça. Enfin, tu sais, c’est agréable tout de même… Enfin, tu sais.

Je pinçai brièvement les lèvres.

Non, je ne sais pas.

Il ne pouvait pas savoir.

— Pardon Armand, je ne saisis pas où est ton problème, dis-je le plus gentiment possible. Si ce sont elles qui viennent à toi, que tu y prends du plaisir…

— Mais enfin, me coupa-t-il, ne crois-tu pas qu’il soit mal de prendre autant et si souvent du plaisir sans avoir rien fait pour le mériter ?

— Tu en as parlé avec ces filles ? De ta crainte ?

— Une fois… Sofie a ri quand je lui ai demandé s’il me faudrait payer d’une manière ou d’une autre pour ces moments passés avec elle. Mais après, elle a été adorable et m’a sérieusement promis que non. Elle m’a dit qu’elle était et serait toujours l’unique responsable de ces ébats et qu’elle m’était reconnaissante d’accepter ses avances à chaque fois. Elle m’a même invité à dire non si je n’en avais pas envie…

Que pouvais-je lui dire de plus ?

— Armand… Ma foi… Soit cette situation te plait et tu continues, soit elle te déplait et tu dis stop. Et si tu ne sais trop où te situer, tu peux aussi choisir de la mettre en pause un moment, le temps d’y voir plus clair.

— Oui… Oui, ça me semble bien.

Il repassa sa grande patte sur sa nuque.

— Je préférerais quand même qu’elles soient toutes comme Sofie. Il y en a une, une nuit, qui…

Il redevint cramoisi.

— … une qui… Quand je me suis réveillé, elle avait déjà tout pris en main. Mais pas avec ses mains… Elle était… déjà sur moi.

Je lui indiquai que j’avais compris. J’en restai coite un instant. Cela me rappelait un roman lu à l’adolescence ; le jeune personnage masculin subissait cela chaque nuit, de la part de sa sœur perdue et perturbée. Détruit, pour fuir ce qui lui était un supplice quotidien, il était entré dans les ordres. Armand interpréta mal ma réaction pince-rire.

— J’imagine que tu te dis que ce n’est pas possible, que j’avais probablement bu et eu un trou noir au début du spectacle… Mais je t’assure que je ne bois jamais, Luce. Je déteste ce qui peut me rendre plus sot que je ne le suis déjà.

Je posai une main que j’espérais apaisante sur son bras. Si seulement il pouvait transférer un peu de cette force brute dans son mental ; Armand était un Géant tout en muscles, il avait tout ce qu’il fallait pour impressionner son prochain.

— Je te crois, et je sais que ça peut arriver. Ce que tu décris… c’est un acte non-consenti. Cette femme, Sofie, ne pourrais-tu lui en parler pour éviter que cela se reproduise ? Voir même au Protecteur du Clan de l’Ours ?

— C’est une Protectrice. Et avec elle, je n’oserai jamais… C’est une vieille dame, je ne voudrais pas l’offenser…

Il sursauta et se mit à me parler de tempête de sable. Me retournant, je découvris une femme d’un âge avancé aux cheveux uniformément gris entrer en s’appuyant sur le bras de Dana. Armand s’empressa d’aller lui proposer le sien en lui demandant où elle avait encore laissé sa canne. Il s’agissait de sa Compagne de Château. Je n’avais même pas songé à lui dire de se confier à elle ; mais repensant à sa réflexion sur l’âge de la Protectrice des Ours, il aurait probablement balayé ce conseil. Dommage, elle avait l’air bienveillante.

— Luce, m’accapara une Dana catastrophée, je suis désolée, je n’ai pas été suffisamment attentive au temps ! Ce soir, tu subis mon manque d’expérience…

La vieille Compagne d’Armand lui tapota gentiment l’épaule.

— Allons, allons, mon petit, vous êtes bien trop dure et exigeante envers vous-même. Il n’y a rien de grave dans tout cela, vraiment rien de grave. D’autres Invités que vous n’y sont pas encore passés.

De quoi parlaient-elles ? Je lançai un regard circonspect aux deux femmes.

— Le Roi a quitté son alvéole, expliqua nerveusement Dana. Il se dirige sur l’estrade pour une annonce et tu n’as pas encore eu l’occasion de lui présenter tes respects, tout cela par ma faute.

Je ravalai un grand éclat de rire et lui assurai que je ne lui en voulais pas le moins du monde, je savais qu’elle prenait à cœur de tout faire au mieux.

Un roulement de tambour étouffé nous parvint de l’espace central.

— Par contre, les enfants, il est maintenant primordial de nous rendre auprès de cette estrade, dit la vieille dame.

— Nous te suivons, Mimi, dit Armand.

Et nous la suivîmes.

****

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez