Les deux adolescents qui, en apparence, n’avaient rien en commun, se dirigeaient pourtant sans le savoir au même endroit. Car le terrain de chasse où le père d’Aquene avait disparu et le lieu où l’épreuve d’Amray débuterait se trouvaient tous deux près de la Grande Frontière. Là-bas, un immense mur presque translucide courrait le long de la limite entre les deux royaumes. C’était une barrière infranchissable, protégée par une magie séculaire et désormais oubliée, car depuis des millénaires, les Sawahri et les Melanouk se haïssaient.
Les deux royaumes s’étaient battus à coup de magie et d’invocation qui avaient fini par user jusqu’à leurs propres dieux. À force de combats, ils avaient même fini par oublier pourquoi ils se battaient.
Tout ce qu’ils savaient, c’était que l’horrible magie des Sawahri gelait les terres du roi, et que la puissance diabolique des Melanouk brûlait celle du sultan. Au bout de siècles d’acharnement, les deux terres avaient été rendues stériles et périlleuses pour tous les habitants du continent. L’un était recouvert de glace par la faute des Sawahri, et l’autre de sable à cause des Melanouk. Les dieux, craignant que ces terres ne finissent tout bonnement par disparaitre, avaient utilisés leurs dernières forces pour séparer à jamais ces royaumes inconciliables.
La magie avait donc disparu pour toujours, pendant que les Sawahri et les Melanouk étaient éduqués depuis l’enfance dans la peur et la haine de l’autre.
Malgré tout, la caravane d’Amray continuait de progresser tranquillement le long des montagnes sablonneuses. Elle longeait à présent l’étrange mur qui, comme un voile satiné, brouillait les paysages du Royaume des Glaces. Amray tendit un bras pour effleurer la barrière. Comme tous les gens de son clan, il craignait cette frontière autant que les gens qui vivaient derrière. On racontait qu’ils portaient des peaux et des dents d’animaux comme des sauvages, et qu’ils chevauchaient d’immenses loups.
Un furieux roulement de tonnerre alerta le chef du convoi. Il s’arrêta un instant pour observer les nuages gris grossir et se gorger d’éclair. Une tempête était sur le point de se lever. Amray ordonna au convoi de se resserrer sous l’œil admiratif de son père. Même si son épreuve n’avait pas encore commencé, il fallait qu’il se comporte comme un chef.
Puis, la caravane se remit en route. Comme prévu, le vent se leva et commença à leur fouetter le visage. Les Sawahri ajustèrent leur voile et ralentir la cadence. Quelque chose était étrange dans cette tempête, et Amray le sentit immédiatement. Le vent paraissait souffler de plus en plus fort, à tel point que même les chameaux peinaient à avancer. Le chef, son père, ordonna au convoi de descendre à terre pour tirer les bêtes à la main.
Le tonnerre redoubla de force, et très vite, le désert disparut presque complètement. Amray n’arrivait presque plus à voir la caravane devant lui tant le sable lui brûlait les yeux. Il continuait d’avancer à l’aveuglette, priant pour que les contours à peine visibles des chameaux lui suffisent pour se repérer. Mais le ciel et la terre tout entière semblaient se déchaîner sur lui. Le paysage se brouilla dans un torrent d’éclair et de poussière.
Puis, d’un coup, ce fut le trou noir.
un chapitre à la hauteur des deux premiers! C'est très agréable à lire: fluide, poétique et imagé. Tu fais bien ressentir l'atmosphère des lieux!
La fin est une chute comme je les aime!
Bien à toi
Très bon chapitre. On a l'impression d'être aussi perdu dans le désert. Tu as un style fluide et agréable à lire.
J'aime bien les courts chapitres. Ca amène un rythme intense.
A bientôt.
Je suis contente que les chapitres courts apportent du rythme, car c'est exactement ce que je voulais mettre en place !
Je pensais qu'il n'y avait que trois chapitres ^^ (vu que c'est écrit histoire terminée) En fait il y en a d'autres ?
Quoiqu'il en soit je me pose des questions ^^
Quelques remarques :
"ne finissent tout bonnement par disparaitre" -> disparaître
"jamais ces royaumes inconciliables." irréconciliables plutôt ?
A bientôt !