( La venue de la mère )

Notes de l’auteur : Le titre est nul si vous en trouvez un autre je suis preneuse... J'étais malade (grippée) quand je l'ai trouvé, je n'arrivais donc plus à réfléchir correctement. Merci de votre compréhension. (depuis j'ai pas trouvé mieux, la honte)<br />
 
Comme ce titre nase l'indique, on parle dans ce chapitre de la maman de Uzu bien sûr ! Et on enfonce le clou... (mais si je vous jure qu'un jour on l'aimera bien sa maman, juste c'est pas encore pour tout de suite :p )Bon ça nous donne tout de même des indications sur le changement de Uzu, une mère ne fait pas pareil constat sans raisons :)<br />
 
 

Deux heures qu'ils sont là, Uzu n'a pas prononcé un mot, visiblement choqué.

Son dossier est ressorti et une chance pour eux qu'il y ait eu des témoins de la scène pour corroborer leur version des faits. Il s'agit bien d'une agression et ils n'ont fait que se défendre. Gabriel a de suite prévenu l'association gay et lesbienne ayant soutenu son ami lors de son procès. Le représentant les a très vite rejoint et s'est occupé de tout. Quelques minutes après avoir réussi à calmer Uzu, Gabriel a vu celui-ci pris d'une crise de vomissements. Depuis, il se trouve dans un état catatonique.

Lorsque sa mère arrive au poste de police, ses mains tremblent. Elle aperçoit d'abords son fils assit sur une chaise, dans le bureau de l'inspecteur. Il a l'air sombre, le regard dans le vague, d'étranges vêtements noirs jamais vus, la tête baissée, la crinière emmêlée, les mains enroulées dans des bandages. Puis elle reconnait à ses côtés Marc Hilem le représentant de ATAC, qu'elle connait bien, maintenant. Elle se demande vaguement pourquoi Liam n'est pas avec eux.

- Nous en avons juste pour quelques minutes, ce ne sera plus long. Voulez-vous, vous asseoir ?

Un agent de police l'installe dans la salle d'attente. De suite, elle devine qui est Gabriel Carbonel. Celui-ci ne quitte pas son fils des yeux, il est aussi tendu qu'elle, des pleurs noient ses joues.

- Alors, ils sont toujours ensemble, réalise-t-elle.

- Vous êtes Gabriel Carbonel ?

Il sursaute et se tourne pour dévisager cette femme. Qui peut-elle bien être ? Une assistante sociale ? De la police encore ? Il a déjà répondu à tant de questions. Il sort un petit "oui" cassé.

- Ha, il me semblait bien. Je suis la maman de Monsieur Obata. Pouvez-vous me dire ce qui s'est passé ?

Elle a l'air bien plus aimable qu'il n'aurait cru, bien que son visage soit tendu et fatigué.

- Ho ! Vous êtes...  Il se coupe, une appréhension l'envahie.

- Il va pouvoir rentrer avec moi, n'est ce pas ? Ne nous séparez pas, j'vous en prie !

Elle est surprise par tant détresse et de naïveté.

- Je crois savoir que vous avez un enfant, il n'est pas raisonnable en tant que responsable de cet enfant d'avoir aussi la charge de ramener mon fils chez vous dans cet état.

Bien qu'elle l'ait dit avec beaucoup de condescendance, le côté "décision irrévocable" décelé dans sa voix le révolte et le désespère.

- Je suis son compagnon ! Laisseriez-vous votre amour partir dans cet état là ?

- Quel âge a-t-il donc ? Ingénu au point de supposer que Uzu, à vingt quatre ans, me suivrait sans rien dire s'il n'en a pas envie. Est-il stupide ?

- Je prendrai mes responsabilités, rétorque-t-elle. Puisqu'il le croit, après tout, autant en profiter et ne pas le détromper. 

Peut-être que son fils est plus mal qu'elle ne l'a pensé et qu'elle pourra le ramener chez elle.

Gabriel la scrute sans comprendre.

- C'qui signifie ? Désolé, je n'parle pas en sous-entendu !

 Au même moment Uzu et les autres sortent du bureau.

- Ha ! Marc, merci d'être venu pour mon fils ! Youd'zeu est ce que tu vas bien ?

Au son de la voix de sa mère, il émerge, regardant autour de lui d'abords avec étonnement, puis réalisant tout-à-coup où il est et ce qui se passe.

- Maman ?

- Est-ce que ça va ? Que s'est-il passé? Tes mains ! Mon dieu, qu'est-il arrivé ?

- Je vais bien, assure-il, laconique.

Gabriel n'ose pas s'approcher, pire même, devant l'incursion de l'inspecteur et du responsable de l'association très pressés de tenir madame informée, il se sent vraiment de trop.

- De toute façon elle ne laissera pas repartir son fils, c'est clair, suppose-t-il, hésitant à s'éclipser sans être vu. Une voix familière résonne à son oreille.

- Gabriel ?

Il se retourne fébrile, pour voir son petit ami le chercher du regard. Uzu se dirige vers lui sans prendre la peine d'écouter sa mère, la dégageant même brusquement de l'épaule qu'elle lui a déjà accaparée.

- Est-ce que tu vas bien ? Marc m'a dit que je t'avais frappé, c'est vrai ? s'enquiert-il en faisant mine de poser un doigt sur la bouche blessée et enflée de son partenaire.

- Ouais, mais pas là, c'est l'salopard qui m'a explosé la lèvre en m'cognant la tête sur l'bitume !

Il montre sa joue légèrement rouge.

- Toi, tu as mis un coup d'coude ici, montre-t-il en souriant.

Uzu tente de lui rendre ce sourire, cela tien plus de la grimace qu'autre chose. Il examine ses mains douloureuses.

- Je ne me souviens de rien, ça me fait super peur !

Il s'approche pour se blottir en tremblant tout contre son amoureux. Ce côté attendrissant  que Gabriel adore et que Uzu lui montrait déjà lors de leur tout premier baiser, choque sa mère. Ce n'est pas seulement le fait qu'il fasse "ça" en publique, mais est-ce bien son fils ? Est-il si ébranlé ? Jamais elle n'a vu son enfant faire preuve de tant d'abandon.

Elle hésite, de nombreuses questions l'assaillent. Doit-elle être reconnaissante envers ce jeune homme d'apporter à son garçon cette "sécurité affective" visiblement présente entre eux, ou bien le craindre ? Est-ce un problème que son fils, vulnérable ces derniers temps, se mette en danger sentimentalement pour un garçon. Surtout ce parfait inconnu ? Enfin, éprouve-t-elle de la jalousie à voir cet étranger avoir droit à ce qu'elle n'a jamais su obtenir de lui et ce, malgré tout son dévouement de mère ? Est-il possible qu'il simule ? Il donne l'impression d'être si différent, et pas seulement à cause de ses vêtements. La froide indifférence de son fils pour les autres aurait-elle vraiment disparu ?

- Je veux rentrer à la maison, maintenant.

- Nous t'emmenons d'abord à l'hôpital, d'après Marc tes mains on besoins de sutures. Et ensuite je te ramène chez nous ! se mêle-t-elle.

Dans un premier temps, il reste perplexe, est-elle sérieuse ? À son expression, il comprend vite que oui.

- Maman, j'ai vu le légiste pour l'incapacité et il a déjà posé des sutures collantes, c'est suffisant, objecte-il.

- Tu es sûr ? Dans ce cas là, rentrons tout de suite, tu as besoin de te reposer !

- Maman...

Il cherche ses mots, fatigué, il n'a pas envie de se battre avec sa mère et surtout pas d'offrir aux personnes présentes ce genre de scène.

- Je te remercie d'être venue, mais je souhaite rentrer avec Gabriel.

Gabriel remarque le cocktail de déception, colère et exaspération qui monte chez sa "belle mère".

- Youzeu, ta maman s'est inquiétée pour toi. Madame désirez-vous v'nir dîner avec nous ? On pourra vous expliquer c'qu'est arrivé, puis vous verrez d'vous-même que Youzeu s'ra en sécurité. J'vous propose même de v'nir dormir à la maison si ça vous dit !

Les deux se figent et, leurs visages empreints de la même expression d'étonnement, se tournent vers lui.

- Hé bien...

Elle reste un moment interdite. Pourtant même si cela n'est pas exactement ce qu'elle souhaitait, elle comprend bien que de toute façon son fils refusera de l'accompagner. Accepter est sans doute une occasion en or de voir où il loge et à quoi ressemble réellement leur relation. Comment l'intéressé prend-t-il cette proposition ? Elle tourne la tête instinctivement avant d'accepter. Pas très bien, à en croire son expression.

- Je ne voudrais pas m'imposer, puis vous devez être fatigués et un peu remués. Mais c'est vrai que je serais...

Il la coupe.  

- Helen doit nous attendre et il n'y a rien à manger ! Hugo va réclamer ton attention, comment préparer le repas ? Soit sérieux ! Maman aura d'autres occasions...

Elle l'interrompt à son tour et Gabriel se dit que décidément ces deux là se ressemblent beaucoup.

- Hé bien dans ce cas là, je vais aller nous commander à manger et vous rejoindre voilà tout, je viens avec de quoi manger.

Et, se retournant vers Gabriel, elle ajoute :

- Je suis très heureuse de votre proposition mon garçon.

"Mon garçon." Sa mère en fait des tonnes. Il ressent un mélange de crainte et d'irritation.

Elle, d'habitude si sèche, caractérielle, possessive, incapable de montrer ses émotions, il est persuadé depuis longtemps que le rôle qu'a tenu celle-ci dans sa vie est pour beaucoup dans la manière qu'il a d'aborder l'affectif. Qu'attend-t-elle de cette occasion ? Se rassurer ou essayer de détruire ce qu'il tente de construire avec l'excuse de souhaiter mieux pour lui ? Est-ce de la jalousie, une peur de le perdre au profit d'un autre ? Ou un véritable intérêt maternel pour la situation ? Ou bien se préoccupe-t-elle de Gabriel ? Après tout, elle connait la manière dont il traite d'ordinaire ses partenaires. Comment réagir ? Si elle s'inquiète pour l'autre, il doit lui prouver l'importance que Gabriel a pris dans sa vie, lui montrer ce qu'il éprouve pour le garçon. Une chose loin d'être aisée, d'abords parce qu'il ignore lui-même ce qu'il ressent vraiment, ensuite parce que, même quand il croit le deviner, il a le plus grand mal à le montrer. Et si c'est de la jalousie ? Doit-il au contraire rester laconique, au risque de blesser Gabriel ? Comment le protéger d'elle ? Comment se protéger soi-même déjà ?

Il considère décidément, qu'avoir une vraie relation n'est définitivement pas simple !

Dans la voiture de Marc ils ne se parlent pas. Gabriel aurait aimé être sûr que la proposition faite à la mère ne pose aucun problème. Il ne voit pas comment aborder la question et puis ce Marc est là, c'est assez gênant d'engager une conversation privée devant un étranger. Son malaise s'agrandit quand il remarque que chaque fois qu'il croise son regard, Uzu le fuit, baisse la tête ou se met à fixer autre chose. A-t-il de la rancune envers lui ? Il y aurait bien des raisons. Gabriel n'est pas très fier, entre le fait de s'être mêlé d'inviter sa mère sans son avis et cette bagarre qu'il aurait, avec un peu de jugeote, vraisemblablement put éviter. À présent il fixe les mains meurtries de son petit ami. Il revoit la scène dans sa tête, cet acharnement presque désespéré qu'a manifesté son amant, à se battre contre ces agresseurs comme on tente de réécrire son passé. Parce qu'il s'agit bien de ça, il en est persuadé. Cet après-midi, ce n'est pas contre ces trois gars là qu'il se battait, mais contre ses tortionnaires d'il y à quelques mois. Focalisé sur les mains bandées, posées sur ses cuisses, il aimerait l'éteindre là maintenant et que ce geste puisse le protéger de tout ça, lui faire oublier ne serais-ce qu'un instant la douleur physique et morale qui doit l'assaillir.

Lorsque Marc les dépose enfin devant la porte cochère, Uzu se dépêche de faire le code et de rentrer sans se retourner et sans tenir compte ni du conducteur serviable ni de son amant peiné.

- T'es fâché ? ose enfin demander Gabriel dans l'ascenseur.

- Je me sens mal. J'avais aucune envie de me prendre la tête avec ma mère ce soir. Alors non, je ne suis pas fâché, tu as bien réagi. Elle va avoir ce qu'elle veut. C'est vrai que je suis fatigué, j'aurais préféré être seul avec toi, mais je doute qu'on ait eu le choix. J'espère que ça va suffire pour qu'elle me foute la paix.

Helen ouvre la porte et avant même qu'ils ne sortent de l'ascenseur, ils sont assaillis de questions. Ils ne retrouvent le calme de leur appartement qu'une fois la demoiselle partie.

- Je vais te laisser faire prendre son bain au bébé, avec mes mains je ne peux pas. Tout en parlant, il lui tourne déjà le dos pour rejoindre le canapé afin d'y attendre l'arrivée de sa mère, quand Gabriel lui attrape doucement le coude. Surpris, Uzu se retourne.

- Oui ?

Mais Gabriel ne dit rien, son regard est tendre, réconfortant, le vert de ses prunelles, le noir autour de ses yeux, Uzu, hypnotisé, a soudainement envie de s'y perdre. Quand l'autre main se met à caresser sa joue, son corps troublé tremble malgré lui. Il a l'impression qu'il va pleurer.

- Il ne faut absolument pas ! Gabriel doit déjà tellement s'inquiéter ! 

Alors il retient ses larmes, comme toujours.

Lentement attiré à lui, il devrait le repousser. Sa mère risque d'arriver d'un moment à l'autre, le bébé attend son bain, malgré toutes ces bonnes raisons, c'est infaisable. Il se découvre incapable de l'éconduire. Lorsque Gabriel pose ses lèvres sur les siennes, il n'arrive même pas à réprimer un gémissement. 

- C'est pas sérieux ! 

Il le laisse tout de même l'effleurer de sa langue, n'ose se débattre tant il est sous l'emprise de cette vague de sensations qui l'envahie, chaque fois que Gabriel l'approche. Il réussi à prendre sur lui et à se reculer lorsqu'il réalise à quel point la bouche de l'autre est abimée, ses lèvres fendues et gonflées. Il a très peur de lui faire mal.

- Humm...Tes... Tes lèvres...

- J'souffre pas mon amour, ta bouche est toute tendre, laisse-moi d'te goûter et d'te serrer contre moi, un peu, le rassure simplement Gabriel en s'éloignant de quelques centimètres, laissant glisser son souffle chaud contre sa joue.

De la main, il lui prend le menton, l'embrasse de nouveau, un peu plus intensément. Uzu ne peut retenir un nouveau soupir de contentement, soupir qui encourage d'avantage Gabriel. Le baiser devient passionné. Il lui est difficile de se retenir de plaquer sa bouche sur celle de son amant. Il se recule malgré tout, s'infligeant de cette façon, une réelle torture.

- Tes lèvres saignent...

- J'm'en fiche.

L'harmonie... Aucune personne ne l'a jamais déchiffré avec autant d'amour et de simplicité. Et la vérité est là, au-delà de toutes réflexions rationnelles ou matérielles. Uzu ne désirait rien d'autre que lui, rien d'autre que ça, cette tendresse, cette présence à l'instant même. Gabriel l'a instinctivement compris. Pour cette raison, ignorant quoi dire et quoi penser, il décide d'au moins lui montrer qu'il est reconnaissant. A son tour, serrant ses mains bandées sur celles de Gabriel, il prend sur lui d'ignorer également la douleur provoquée par cette initiative. Sa langues et ses lèvres répondent au baisé sans tenter de lui faire entendre raison.

*

À peine là, elle l'énerve déjà. Son air souverain en tout lieu, cette façon qu'elle a de toujours se sentir chez elle et dictatrice partout où elle se trouve. Sa mère...

- Et où est heuu...

A quoi bon laisser la phrase en suspens ?

- Gabriel ! Maman, il s'appelle Gabriel !

- Oui je sais, ne sois pas si agressif !

- ...

Elle prend part au bain de Hugo y allant de ses commentaires, pour finir par littéralement arracher le bébé des bras du goth et terminer l'habillage. Elle embarrasse ce garçon déjà pas très à l'aise et peu sûr de lui d'ordinaire. Lui montrer en plus qu'il fait mal les choses, c'est vraiment un manque de tact digne de sa mère ! Pendant le repas, Uzu se montre indifférent, laissant son petit ami satisfaire la curiosité maternelle à propos de l'agression, en répondant à sa place.

A présent ils sont au dessert, il a mal aux doigts et à la tête, une envie folle de mettre sa mère dehors et le rêve de se coucher enfin.

- Ce repas est interminable ! se lamente-t-il intérieurement.

- Youzeu, mon fils, as-tu pensé à retourner consulter un psy ? Dans ta situation tu...

- Et toi maman ? Quand est-ce que tu consultes ?

Ambiance plombée, si tant est qu'il y en ait jamais eu de plus agréable un jour.

Il est las et ne souhaite pas vraiment déclarer la guerre, la phrase est sortie toute seule.

Son amant se fait tout petit. Sa mère, estomaquée par la réflexion et ne souhaitant, visiblement pas non plus faire d'esclandre en présence de Gabriel, riposte cependant calmement.

- Hé bien... Figures-toi que ça m'est arrivé. Il y a forcément des moments dans la vie où on peut avoir besoin d'être aidé. Il convient de savoir l'accepter. Tu ne pourras pas toujours tout gérer seul. Cacher tes sentiments et tes émotions ont longtemps été ton leitmotiv. Ça t'as permis de vivre sans trop souffrir en apparence, en apparence seulement ! Aujourd'hui, tu te rends bien compte que toi aussi tu as besoin de tes semblables et l'envie d'être là pour quelqu'un d'autre que toi-même. Si tu te mets en position de souffrir il serait bon que...

- Maman, je me suis fait violenter, violer, j'ai été torturé, mes agresseurs ne sont pas tous en taules, j'espère arriver à ressortir tranquille et vivre enfin ma vie malgré mes cauchemars et le fait que j'ai DEJA vu un psy et résultat je suis de nouveau agressé. Mon cerveau a pété un câble et je n'pense pas avoir besoin d'un psy pour connaître la cause de tout ça !

- Un psy ne te dira pas pourquoi mais comment ! Ton ami aussi a subit cette agression aujourd'hui. Pour autant que je sache, il n'a pas perdu la tête. Enfin rends-toi compte, ce garçon est resté sur le carreau, mon fils, tu aurais pu le tuer !

- Ce « garçon », comme tu dis, était un homme de trente deux ans, rien que ça ! Qui voulait donner une leçon à Gabriel pour lui apprendre à ne pas être pédé, figure toi ! Ce « garçon » nous a menacés de nous violer, il était accompagné de deux autres gars. À trois balaises contre deux qui le sont beaucoup moins, tu devrais être contente que je sois encore là pour t'en parler ! Cette ordure et ses deux potes se sont jetés sur Gabriel. Tu veux vraiment savoir c'que je pense ? Ce connard a eu ce qu'il méritait, et même si je n'avais pas alors conscience de ce que je faisais, je ne regrette rien !

Repoussant violement sa chaise, il se lève et quitte la table, laissant sa mère atterrée.

- On m'annoncerait que mon fils a tué un homme de sang froid et qu'il n'a aucun regret, je ne serais même pas étonnée, j'ai mis au monde un monstre, décrète-t-elle, acerbe.

- Je...Votre fils n'a pas cherché la bagarre, il voulait partir en baissant la tête, c'est moi qu'ai réagi. J'n'aime pas qu'on m'manque de respect. J'trouve qu'on à tous l'droit d'être c'qu'on veut. J'agresse pas les gens moi et j'en ai marre d'être une cible. Sans cesse ch'uis attaqué, qu'ce soit sur mon style vestimentaire ou sur ma sexualité, à la longue ça m'prend grave la tête. Mais j'aurais dû me préoccuper un peu plus de Youzeu.

-Est-ce que seulement, lui, se préoccupe de vous ? Mon fils n'a pas d'empathie. Je ne comprends même pas ce qu'il fait ici. Vous a-t-il donné ses raisons d'avoir choisi d'être avec vous ? A-t-il parlé d'amour ou d'attachement quelconque ?

A cette question Gabriel pâlit, la réponse, lui-même ne l'a pas. Uzu l'aime-t-il ? Va-t-il rester vraiment ? Pourquoi est-il là ?

- C'est lui qui a réclamé de m'aider, il dit ressentir quelque chose. Il est heureux que j'ai besoin d’lui et ch'uis heureux qu'il soit là.

Elle soupire et le regarde tristement.

- Mon fils est un égoïste sans cœur, ne penser qu'à lui ne lui suffit plus, il souhaite que quelqu'un d'autre le fasse pour lui, probablement à cause de ce qui est arrivé. Il ne s'aime pas. Il se sert de vous pour se rassurer et accessoirement, devoir s'occuper de vous, c'est une bonne excuse pour fuir certaines de ses responsabilités.

- Vous savez madame, si votre fils s'déteste ça n'date sûrement pas de c'qui lui est arrivé. Pour qu'une personne soit vraiment capable de r'connaître l'amour, d'y croire et aussi d'être susceptible d'en donner, faut d'abord qu'elle en ait r'çu. Et avec tout l'respect que j'vous dois, m'étonnerait  qu'ce soit avec votre amour ou celui d'son père, que j'ai également rencontré d'ailleurs, qu'il ait pu s'construire un cœur solide.

Piquée au vif, ses joues et ses oreilles rougissent d'une colère à peine contenue.

- Je ne sais pas ce que mon fils vous a dit sur son père et moi mais...

- Il n'a rien dit. J'constate seul. Vous avez passé la soirée à l'critiquer, à critiquer ses choix, à critiquer les miens aussi, à critiquer mes gestes, à critiquer ses réactions. Son père n'a pas fait mieux, même s'il a fait un effort dans c'sens. Vous vous figurez qu'vos conseils vont l'aider ? C'sont pas des conseils, c'sont des jugements ! Vous l'faites p't'être vraiment pour son bien et parce que vous êtes inquiète pour nous, mais il a raison, allez consulter vous aussi, car vous êtes plus froide que lui !

Il se lève pour débarrasser la table, poursuivant la conversation tout en lui tournant le dos.

- J'connais pas vos excuses si toutefois vous en avez, mais celles que Youzeu a, m'suffisent pour être patient avec lui.

- Hé bien, je l'ai sans doute cherché en venant ici ! Mon fils vous a bien monté contre nous. A votre avis, pour quelle raison je suis ici, si ce n'est pas parce que j'aime mon fils et que je m'inquiète pour lui ?

- Ch'ais pas, la peur d'être dépossédée d'un bien qu'vous estimez être à vous p't'ête, ou bien par jalousie, parce que j'y arrive là où vous avez échoué !

Cette fois elle quitte carrément la table d'un bond, outrée.

- Ho ! Petit con ! Vous y arrivez, hein ? Vous n'arrivez à rien, oui ! En dehors de vous retrouver dans les ennuis un jeudi après-midi dans un commissariat de police, accusés de coups et blessures ! Je ne me laisserais pas insulter d'avantage ! Je vous souhaite bien du plaisir !

Uzu pénètre dans la salle au moment même.

- Y' a que la vérité qui blesse, m'dame !

Il voit sa mère sortir en claquant la porte, sans trop y croire. N'a-t-il pas entendu cette même phrase de sa propre bouche ? La dernière qu'il ait prononcée, le soir même ou il a claqué sa porte ? Gabriel se retourne, navré.

- Ch'suis pas certain d'avoir vraiment réussi à arranger les choses.

- Laisse tomber.

- Ch'suis désolé, tout s'qui arrive c'est d'ma faute.

- Ne dis pas n'importe quoi.

Il ne lui en veut pas, ni pour les dépenses de l'après-midi, d'ailleurs plus il se contemple, plus il s'en réjouit, ni pour l'altercation d'après. En fin compte se battre pour avoir le droit d'exister comme tout le monde est quelque chose d'indispensable. Quant à avoir envoyé sa mère sur les roses, il sourit en réalisant qu'ils sont visiblement sur la même longueur d'ondes.

- La même phrase... Ma mère doit croire que nous nous sommes concertés et que je lui ai soufflé ses derniers mots ! 

Il n'en est pourtant rien.

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vefree
Posté le 13/01/2013
En préambule, sur mon commentaire précédent, c'est vrai, j'ai pas commenté la dispute. Disons que pour moi, ce sont des broutilles, une "coquetterie" de Gabriel pour se faire remarquer. C'est vrai, ça devait être marrant à écrire, mine de rien, car c'est léger et finalement peu de conséquences. Donc, voilà. 
J'ai bien aimé ce chapitre sur son aspect psychologique. Tes personnages sont bien maîtrisés et toujours attachants, même si ils sont irritants, comme maman. Ce qui est ennuyeux en revanche, c'est le manque d'incise et le changement de point de vue qui va trop vite. C'est très difficile de suivre dans ces conditions. J'ai à peu près suivi, mais il est difficile de s'accrocher à la lecture quand on change de perspective tout le temps et qu'on ne sais plus qui parle. Il va falloir retravailler ça, je crois globalement sur ce chapitre.
Pourtant, la réaction de chacun face aux événements est très à propos et sensé. Ah, c'est vrai, la maman, là, si on se disait auparavant qu'elle avait un peu d'intelligence, là, on a plutôt envie de lui coller des baffes. Gabriel, là, pour le coup, n'hésite pas une seconde à la remettre à sa place. Impressionnant ! Uzu, lui, gère son traumatisme comme il peut. Et quelque chose me dit qu'il pourrait bien trouver une partie de sa guérison en "aimant" vraiment Gabriel. Oui, il a tout à apprendre de l'amour. Ce qu'a envoyé Gabriel à la mère de Uzu était tout à fait vrai. Pour moi c'est évident ; elle n'a pas su lui apprendre à aimer. Et ce geste tendre qu'il a eu envers lui juste avant que la mère arrive était très important.
À propos de l'arrivée de la mère, je n'ai compris qu'au moment où le couple est arrivé chez lui que c'était elle qui était allée chercher à manger, pour venir ensuite chez eux. Mais pourtant, elle ne savait pas où c'était. Elle n'avait pas l'adresse, si ? Je n'ai pas trouvé ça très cohérent. J'étais plutôt embrouillée, là.
Le fait aussi que nous avons les pensées de trois personnages principaux du chapitre, c'est assez perturbant. Changer de point de vue, c'est très délicat. Mieux vaut s'en servir avec partimonie. Ou alors, il faut être très très précis sur les incises et ne jamais oublier de préciser partout qui dit quoi. 
Je te dis ça parce que tu risques de perdre pas mal de lecteurs à cause de ça. Pour autant, comme j'aime bien tes personnages, je continue de lire leur histoire. 
dominosama
Posté le 13/01/2013
En faite j'en parlais car cette erreur de Gabriel dans le prénom, il a fallu que j'y pense en écrivant depuis le début, ne pas faire d'erreur dans les dialogues a ce propos c'est avéré plus compliqué que je n'aurais pensé pour une petite dispute qui dure à peine ^^"
Je ne toucherais pas au faite que je change souvent le point de vue, je le vois comme ça, je le raconte comme ça, c'est juste plus fort que moi. Par contre effectivement il va falloir que je retravaille ça correctement d'autant que tu n'es pas la première à me le dire. Je pense que ce que j'écris en ce moment est plus cohérant car j'écris directement comme il faut, comme je l'ai déjà expliqué, à l'époque ou j'ai commencé je mettais le nom du personnage qui parle comme au théâtre du coup une fois que j'ai du retirer tous les prénoms je me suis retrouvée à devoir tout réécrire différemment et il arrive encore sur certain chapitre que ce travail là ai été mal fait. Parfois je suis prise par d'autres soucis comme réfléchir sur la psychologie des personnages et du coup je me relâche un peu trop sur la réécriture des dialogues. Parfois ma correctrice me reprends, parfois elle est comme moi occupée sur un autre problème et du coup voilà… C'est aussi pour ça que je souhaite que d'autres me disent ce qu'ils en pensent :)
C'est clair la maman est grave ! Bon il faut comprendre qu'elle a toujours eu son fiston sous sa coupe, même lorsqu'il était six mois chez son père elle avait un "rapport" de tout ce qui se passe, ses parents n'ont beau plus être ensemble comme on l'a lu lors de la venue du père, ils se tiennent au courant et pas qu'un peu.  Se retrouver d'un coup en dehors de la vie de son fils est assez dur pour une mère, de base, mais pour une mère envahissante c'est pire encore.
Gabriel est parfois enfantin et naïf pour autant il n'hésite jamais à dire ce qu'il pense ^^ ça lui vaut parfois de bien méchants tours mais ça fait de lui une personne honnête.
"Et quelque chose me dit qu'il pourrait bien trouver une partie de sa guérison en "aimant" vraiment Gabriel"
--> il y a une phrase que va lui dire Uzu bien plus tard qui te donnera entièrement raison ^^, c'est d'ailleurs de cette manière qu'il lui expliquera sa décision (celle de rester ou non :) )
"À propos de l'arrivée de la mère, je n'ai compris qu'au moment où le couple est arrivé chez lui que c'était elle qui était allée chercher à manger, pour venir ensuite chez eux. Mais pourtant, elle ne savait pas où c'était. Elle n'avait pas l'adresse, si ?"
Effectivement l'incise a dû  être manquante ou mal faite car elle explique bien a Uzu et Gabriel qu'elle va acheter à manger.  Quand à l'adresse comme il y a une ellipse entre le moment où ils se parlent et s'organisent et le moment où ils sont dans la voiture, elle pourrait donc l'avoir eu par eux à ce moment là, cependant je pense que comme cette maman est envahissante, que depuis le début (et elle l'a fait remarquer pendant un dialogue ainsi qu'en appelant des le début chez Gabriel sans que personne ne lui ai donné le numéro de tel), elle a fait son enquête, elle a lu le dossier médical de la mère de Hugo, elle sait donc où vit son fils.  Mais oui le dialogue ou elle explique son intention pour le repas, je vais le relire pour le peaufiner, qu'on comprenne  bien, j'ai pas envie de perdre trop le lecteur non plus.  Je vais être plus précise sur les incises donc.
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