Avec la maîtresse à l’école on fait des jeux,
Même si pour elle, je ne suis qu’un petit enfant,
Et que mes parents me laissent faire ce que je veux,
Je veux pas rester petit, mais devenir grand.
Après tout ce temps, je rentre enfin au lycée,
Ce lieu qui est si important pour se construire,
Qui va me permettre de forger mon avenir,
Mais je rêve d’une chose, rencontrer ma dulcinée.
J’ai tout fait pour avoir un travail que j’adore,
Des enfants magnifiques et une belle femme en or,
Je peux le dire sans crainte, je suis un homme heureux.
Comme le temps a passé, je suis devenu vieux,
Tout petit, j’étais plein de rêves et d’innocence,
Aujourd’hui, je suis plein de crèves et de carences.
Un poème plutôt léger dans la forme, mais le fond est poignant. Tu dis bien le naufrage de la vie (selon l'expression de Marguerite Yourcenar).
Par contre je vois pas ce qui te fait penser à un naufrage dans mon texte.
Tout d'abord, on a un enfant qui fait des trucs d'enfant. Ses parents et sa maîtresse le prennent pour une petite chose mignonne et innocente mais lui n'aime pas ça. Il rêve de grandir, de pouvoir être ce qu'il veut. Ça reflète aussi un peu l'innocence de l'enfance, dans le sens où il n'a pas peur de l'inconnu parce-que pour lui, tout est à découvrir, y compris l'échec, la réussite etc. "Devenir grand" implique les connaissances que les adultes ont parce-que la vie leur a enseigné, pas les autres.
Ensuite on a un adolescent qui rentre au lycée, où là, il a des choix de vie à faire pour construire son avenir parce-que tous les choix qu'il fera à partir de maintenant seront déterminants pour son futur, s'il veut faire un métier qui lui plaît, etc. Le "rencontrer ma dulcinée" implique lui le côté développement de relation en tout genre avec les autres. En gros, il est prit entre son désir de passer du temps avec les autres et son désir de faire des études afin d'avoir un métier qui lui plaît et lui convienne.
Après, nous avons un adulte qui montre que l'adolescent qu'il était a réussi tout ça. Il a travaillé dur, mais il a un travail qu'il adore et une famille magnifique. Ses efforts ont été récompensés, il est heureux de tout avoir finalement.
Et enfin nous avons un vieux qui s'est fait rattrapé par le temps, inéluctable. Alors certes, il va finir par mourir, mais il ne regrette rien. Au contraire, il rit de sa situation, le "plein de crèves" fait référence à toutes les maladies qu'il a parce-que son système immunitaire devient faible, le "plein de carence" fait référence au fait qu'il n'est plus capables de faire ce qu'il faisait avant. Cela dit, il les fait rimer avec rêves et innocence, pourquoi? Tout simplement parce-que ses problèmes ont remplacé sa naïveté concernant le monde, car le temps l'a rattrapé et ça l'amuse de se dire qu'il est loin, l'enfant qu'il était. Il a mené une vie heureuse, mais personne ne peut gagner contre le temps, c'est comme ça, mais il accepte avec le sourire.
Dans ta vision du texte, tu parles de biens, mais à aucun moment je ne fais référence à une quelconque richesse matérielle, car pour le personnage l'important, c'est la richesse du cœur, savoir se contenter de ce que l'on a, mais se donner les moyens d'avoir ce qu'on veut. Quitte à citer quelqu'un, j'aurais préféré Elton John qui racontait : "Enfant, on m'a demandé ce que je voulais être dans la vie, j'ai répondu heureux, ils m'ont dit que je n'avais pas compris la question, j'ai répondu qu'il n'avait pas compris la vie." Bon à peu près, je ne me souviens pas exactement de la citation.
Voilà mon personnage et la vision de sa vie au cours du temps. Libre aux gens de l'interpréter comme ils le souhaitent, mais c'est ça que je voulais transcrire.
En tout cas, je continue à te lire avec intérêt.