La vieille

Par Moje
Notes de l’auteur : Cette histoire là viens d'un jour où je remplissais des brouettes avec de l'ensillage de trèfle. J'adore l'ensillage, et celui-là sentais bon la banane cuite avec du beurre. Bref. Je ne sais pas pourquoi, j'ai alors imaginé un dialogue dont je ne me souviens plus du tout entre deux personnages... puis j'ai imaginé la suite, ou les épisodes précédents, c'est selon, et... Rebref. J'en suis venu à penser à ce que serait la vie d'un personnages qui rajeunirait au lieu de vieillir. Oui ça risque d'être compliqué à écrire si l'on veut que ce soit cohérant. C'est pour ça qu'il y a peu de chance pour que je continue ce truc un jour!

L’histoire d’une jeune fille qui commence à travailler dans un nouvel endroit. Une fille normale, qui prend ses marques, se fait des amis… rien de surprenant pour quelqu’un qui vient d’emménager !

Mais derrière sa façade souriante et joyeuse, Félicia cache un secret étrange… elle ne vieillit pas. Au contraire, elle perd une année chaque 31 Novembre. Comment vivre dans ces conditions ?

« Je n’ai aucun souvenir de comment je suis arrivée sur terre. Je ne sais pas d’où je viens, ni qui je suis, si j’ai eu une famille… je ne sais rien. Tout a commencé à l’hôpital, il y a des années. A cette période tout était flou et confus, mais des bribes de mémoire me reviennent ; moi dans un fauteuil roulant, moi en face d’une vitre, regardant le jardin de l’hospice avec envie. Cette gentille infirmière qui s’occupait de moi. Angèle, je crois que c’était son nom. Ça l’est peut-être toujours, d’ailleurs. Peut-être que maintenant, c’est sur elle qu’on veille avec attention. En tout cas, c’est Angèle qui s’émerveillait de mes progrès de santé, de la conscience que je recouvrais petit à petit. Du fait que j’arrivais à retenir son nom, maintenant. Puis parce que je changeais moi-même les chaines de la télévision, à présent. Je voulais aller dans le jardin ? Comment ça je voulais ? Je commençais à vouloir des choses ! Ou je recommençais, peut-être, je ne sais plus. Toujours était-il que je prenais conscience du monde qui m’entourait, conscience des autres et de moi-même, comme un nouveau-né. Sauf que, j’ai fini pas l’apprendre, je n’étais qu’une grabataire, une vioque abandonnée là. Mais alors que se passait-il ?

Petit à petit, j’ai commencé à discuter avec les autres vieux, commencé à marcher, à lire, à vouloir sortir. A ne plus supporter cet internement ridicule, cette assistance permanente, pour me déplacer, pour manger, pour faire ma toilette… Et puis les gens se posaient de plus en plus de questions. On m’auscultait, on m’analysait, on me surveillait constamment. Alors j’ai fait le mur. Comme ça, sans réfléchir ; j’ai piqué autant d’affaires que me permettait de transporter le sac qu’Hortense m’avait tricoté, et je suis partie de la maison de retraite.

Au début, j’étais perdue. J’avais un peu peur, seule, à déambuler dans les rues. C’était en été, le temps était clément et je m’étais installée sur un banc pour dormir, comme j’avais vu les clochards faire dans les films. Décidément, c’était peu confortable, et je commençais à regretter ma décision lorsqu’une dame d’une quarantaine d’années, un bandana coloré retenant ses cheveux roux a arrêté sa camionnette à ma hauteur. « Madame ? Tout va bien ? » m’a-t-elle demandé. « Je me suis enfuie », avais-je alors piteusement avouée, ridicule dans ma robe à carreau et mes pantoufles, enveloppée dans ma couverture d’hôpital. Mais contre tout attente, la dame, répondant au prénom de Jasmine m’a emmenée chez elle, m’a hébergée et nourrie. Elle était fleuriste, et mon premier travail a été de l’aider dans sa boutique. J’avais appris à compter, à lire et à écrire à la maison de retraite, mais j’ai dû apprendre tout le reste sur le tas.

Puis Jasmine s’est fait quitter par son mari et a fait faillite. Pour ne pas l’incommodée, je suis partie alors qu’elle me demandait de rester. Je me suis enfui, encore, mais au fond je suis sûre que ça l’a soulagée.

J’ai erré de petits boulots en petits boulots, rajeunissant toujours. Alors toujours je devais partir, m’enfuir à nouveau pour ne pas éveiller les soupçons.

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