L'accueil

Notes de l’auteur : J'ai du retravailler entièrement ce chapitre pour des raisons de cohérence.
Désolé pour le contretemps occasionné...

Serge roulait depuis plusieurs heures sous la pluie battante qui s'écrasait inlassablement sur son pare-brise. Ce plic-plac incessant l'avait plongé dans un état second, et il rêvait éveillé, se demandant si Aigreville était aussi dangereuse que les rumeurs le disaient. C'était probablement le cas, si Arthur Poirant l'avait estimée suffisante pour se débarasser définitivement de la menace que représentait Serge. Une petite lueur d'espoir subsistait cependant, juste parce qu'il souhaitait vivement survivre plus de quatre jours dans cet enfer. C'est sur ces noires pensées que son GPS lui déclara :

-Vous êtes arrivé à destination. Rappelez-vous cependant que ladite destination est Aigreville, et que vous vous engagez pleinement à mettre votre vie en danger en vous y aventurant.

Serge était ébahi : Il n'avait pas paramétré l'application pour qu'elle s'inquiète de son sort ! C'étaient donc les concepteurs qui avaient pris cette mesure, et Aigreville se révélait ainsi être aussi dangereuse que tous le prétendaient. Les derniers espoirs de Serge s'envolèrent comme neige au soleil, et ce fut abattu qu'il enfila le gilet pare-balles qu'il avait jugé bon de mettre dans sa boîte à gants. Il saisit également son arme de service, qu'il n'avait du utiliser qu'à l'occasion des entraînements au tir obligatoires, et ouvrit la portière en s'attendant à se faire descendre immédiatement. Il posa un pied sur la chaussée, et...

Rien. Pas d'explosion, pas de rafale de balles, pas de coups de poignard ! Qu'il était bon d'être vivant ! Serge poussa un grand soupir de soulagement, et sursauta lorsqu'une main s'abattit sur son épaule. Il fit volte-face et mit son agresseur en joue. Celui-ci s'esclaffa :

-Vous prenez vite le coup, vous, m'étonnerait pas que vous surviviez ici ! Permettez-moi de me présenter, brigadier Pierre Malaca.Vous devez être le nouveau capitaine ?

Il avait dit cela d'une voix que Serge trouva sympathique et en montrant son badge. Il aquiesca et examina le brigadier comme à son habitude. Malaca était dans sa trentaine, large d'épaules et possédait un regard alerte. Une étincelle joueuse pétillait dans ses yeux et il évoqua à Serge un grand enfant. Il lui estima cent quatre vingt sept centimètres de hauteur, et probablement quatre vingt douze kilos. Malaca lui fit visiter tranquillement la ville, -ici l'église Sainte Marie, ici le trou de mine antipersonnel de 2002- tout en prenant garde à couvrir leurs arrières à l'aide de son revolver, qu'il maniait mieux que Serge, et enfin lui montra le commissariat et sa nouvelle équipe, qui se présenta rapidement à Serge :

Jules Lentier, qui devait avoir une carte de fidélité dans toutes les salles de sport de la ville, en service depuis quatre ans.

Émile Granot, frêle, longues jambes, l'informaticien en service depuis huit mois.

Jean Feroly, épais, semblait particulièrement affectionner ses revolvers, en service depuis sept ans.

Marc Loisol, qui présentait quelques symptômes typiques de la dépression malgré son humeur joyeuse, en fonction depuis cinq ans.

Georges Abire, costaud mais d'une nature très sympathique, qui travaillait -survivait- à Aigreville depuis bientôt trois ans.

Jerôme Marchand, qui semblait ignorer la notion de sommeil et faisait plus de blagues qu'il ne tenait de propos cohérents, muté ici il y a six mois.

Serge se présenta à son tour. Ils discutèrent un moment, de sujets allant de l'état du garde-manger de chacun à la répartition des bandes armées dans la ville, en passant par la question du logement de leur nouveau capitaine, et Serge apprit ainsi que tous avaient étés mutés ici en raison d'une gaffe ou d'un manquement, et il broda un mensonge sur l'ivresse au volant, car Alarin lui avait explicitement dit que s'il parlait, même à Aigreville, Poirant aurait le bras assez long pour l'atteindre. Enfin, tard dans la soirée, Serge s'enquit de l'affaire en cours, et l'ambiance retomba quand il ouvrit le mince dossier.

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Sombie
Posté le 06/09/2024
Je viens d'enchaîner les premiers chapitres tellement le rythme et le suspens de cette histoire m'attirent.
Le message du GPS ajoute une petite touche d'humour et d'originalité, c'est bien trouvé !
Je me permets néanmoins de signaler une petite coquille (à moins que cela ne soit fait exprès) il manque le "e" de pluie dans la première phrase.
C'est tout =)
Symphonio
Posté le 08/09/2024
Merci pour ton retour et ta remarque, c'est quand même mieux avec le "e" :-)
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