Lâcher ses cheveux (et danser)

Par Samjack

La soirée se termine mais elle ne veut pas rentrer. Elle veut reculer cette heure où la douche évaporera les effluves des trop nombreux verres de blanc qu’elle a ingurgité ce soir. Au quatrième, elle a compris que c’était trop tard. Et pourtant, boire avec lui s’avère une des meilleures choses qu’il lui ait été données de vivre jusqu’à présent. Non pas qu’il magnifie l’alcool, ce serait lui conférer un bien trop grand pouvoir, mais la simple notion du partage prend à ses côtés tout son sens.

Non, ce soir elle veut poursuivre le rêve et s’oublier. S’adonner aux mouvements téméraires ou lascifs qui lui feront oublier le quotidien. La musique fait partie intégrante de sa vie et succomber à ses sirènes est une délicatesse qui la rassure. Quand elle s’autorise à s’y perdre, elle lui ouvre des perspectives de liberté indécentes.

Sur la piste de danse, elle a conscience que ses cheveux sont une extension de sa psyché. Que les relâcher c’est s’abandonner. Elle défait son chignon un peu plus tôt attaché à la va-vite et, modelant et sculptant ses mouvements comme d’autres parviennent à toucher le ciel, s’enfonce dans le rythme. Elle réchauffe l’atmosphère engluée dans la tépidité de ce mercredi soir qui sombre peu à peu dans l’oubli de la nuit. Elle s’adonne à la frénésie du moment, vivante du désir qu’elle distille. Son corps ondule et elle voit bien qu’il est aux premières loges d’un balcon dont elle serait le Roméo. Sans pouvoir la toucher, il se consume en premiers regards. Elle se plaît à lui plaire, à jouer à lui résister… sa sensualité est en parfaite harmonie avec ce qu’elle éprouve.

Ingénument, elle trace de beaux arabesques de ses pas mesurés, fend la foule avec grâce. A cet instant précis, elle ne pense ni au café du matin ni aux probables ronds qu’elle formera avec son doigt le lendemain. Elle danse, ses cheveux virevoltant autour de son corps gonflé de volupté. Elle sent la dentelle qui masque ses atours, souhaitant avec avidité qu’il les lui retire, après qu’elle l’aura entraîné à l’écart et murmuré combien elle veut vibrer jusqu’au bout de la soirée.

4h12 du matin. Le week-end ou l’heure des huîtres et de la plage sont encore loin devant eux. La transpiration perle sur son front. Fantasque et inoubliable, cette nuit prend tout son sens alors que, dans la chaleur de l’été, il l’attrape par la main et s’enfuit à ses côtés.

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