Ses pieds pendent dans le vide ; elles les balancent au rythme d’une musique qui retentit au loin, dans un appartement perché haut dans les grandes maisons. Les grilles de ce parc ne sont jamais fermées, et elle aime venir ici pour délier ses pensées. Personne ne pense jamais à regarder dans les branches noueuses d’un arbre. Le petit étang non loin clapote avec la brise légère. Si elle ne peut pas voir les étoiles, elle sait qu’elles sont là, loin au-dessus d’elle, comme des astres posés sur une toile.
Elle a peur de réaliser à quel point elle n’est rien, dans ce monde, à quel point elle est minuscule et insignifiante. Sur Terre, elle se sent un peu moins seule. Elle est ici, accroché à cet arbre comme à la vie ; et si elle est insignifiante, elle a la sensation diffuse qu’elle est unique. L’espoir la remplit soudainement d’une douce chaleur qu’elle n’a pas ressenti depuis longtemps. Au diable l’avenir, elle a passé trop de temps à s’en inquiéter. Elle a parfois envie de se laisser sombrer, de tout oublier ; elle a trop mal, et de toute façon, tout finit par passer. Son seul ancrage, c’est cet arbre et son écorce rugueuse sous ses doigts.
Une vibration dans sa poche la rappelle au présent. Un SMS.
« Quand est-ce que tu rentres ? »
Merci beaucoup <3