- Les élèves sont priés de regagner leurs ascenseurs respectifs !
Annie jeta un coup d’œil bouche bée à l'homme qui venait de proférer ces paroles. C'était un automate à la démarche saccadée, à la bouche inexpressive et aux accents métalliques. Si une dizaine de rouages ne se reliaient pas en un nœud anguleux au niveau de son dos, elle l'aurait prit pour un simple Wolkenais, doté d'un charmant grain de folie.
Cependant, le flot d'élèves qui se déversaient dans le hall la mêla dans cette vague vivante, et la vision robotique s'éloigna rapidement. On lui écrasa les pieds, on la décoiffa de son béret, on la bouscula copieusement alors qu'elle jouait du coude pour fendre la foule et retrouver son chemin. Déboussolée, elle se retrouva devant un large ascenseur de verre circulaire, où se gravait les mots « niveaux un » à même le vitrage. Les dix ascenseurs de l’École étaient donc attribués à chacun des différents niveaux, en déduit-elle en peignant un sourire sur ses lèvres informes. Quand elle rejoignit ses camarades dans la cage de verre en feignant l'assurance, elle eut en réalité l'impression de tomber dans une gigantesque flûte de champagne. C'était réellement une drôle de spécimen cet ascenseur, et quand il décolla du sol, elle fut prise par des sensations de vertiges des plus exquises au plus terrifiantes. Elle ne voyait ni ne sentait le verre sous ses souliers, si bien qu'elle eut le vague sentiment de s'envoler.
Les interminables bibliothèques, les échelles coulissantes, les premières marches des escaliers et les tapis velouteux s'éloignaient puis disparaissaient dans une masse complexe de textures de bleu, blanc et or. D'un autre côté, Annie apercevait les lustres étincelants se rapprochaient dangereusement, et de là, elle pouvait voir que le verre des coupoles était encore emperlé de rosée.
- C'est toi, la nouvelle ? Lui demanda un garçon dont les bésicles triangulaires pendaient au bout de son nez.
Annie se détourna de ses observations avec une pointe de regret et une certaine décontenance. L'intérêt qu'exprimait le regard argenté de cet élève ne lui disait rien qui vaille. Avec l'amas verdâtre et désordonné qui lui servait de chevelure, la pointe aiguisée de son menton, et ses traits troubles, presque esquissés, il lui évoquait un plat d'épinards. Le volatile qu'il portait en cage semblait être un corbeau.
- Oui, répondit-elle simplement, tout en vérifiant si, dans la façade de verre, elle conservait toujours l'apparence d'Amaya.
- Enchanté.
Annie fronça les sourcils, tandis que le reflet trouble d'Amaya faisait de même. Elle comprenait de moins en moins ce que signifiait cette curiosité sordide. Que voulait donc t-il ? Faire connaissance ? Annie nota que cette solution n'était pas à exclure, puisqu'il parlait avec un certain détachement. Ses yeux posés sur elle ne lui faisait ni l'effet d'une morsure, ni celle d'une brûlure. Elle se retourna et lui adressa un sourire superbement raté.
- Je m'appelle Amaya, roucoula-elle de sa voix la plus enjouée.
- Créon.
Au même moment, l’ascenseur s'immobilisa avec un hoquet. Les élèves se précipitèrent dans le couloir, leurs redingotes au vent, leurs sourires sérieux se décollant imperceptiblement de leurs bouches. Annie était soulagée de constater que sous leurs masques conscients, ils conservaient encore leurs âmes d'enfant. Elle en entendait rire, chuchoter, et d'autres dégainer un air polisson. Ces sons et ces sourires, qu'importe en était-ce la nature, lui redonnait un peu d'espoir. Le seul visage qui n'exprimait rien d'autre qu'une impassibilité teintée d'une certaine mélancolie était celui de Créon, marchant aux côtés de Annie d'un pas traînant. Sa tête semblait légèrement courbée vers l'avant, permettant à ses bésicles de plonger plus dangereusement encore à la cime de son nez montagneux. Il fixait le vide avec fascination, et c'était, par ailleurs, avec cette même expression qu'il regardait quoi que ce fût. On aurait dit que cette émotion se figeait sur sa face de manière continuelle, sans fin.
Ce fut ce même regard qu'il attesta à Annie en relevant brusquement le nez de ses rêveries.
- Peu d'élèves arrivent en cours d'année, ici. Quelle est la raison de ta venue ?
- Oh, répondit Annie en sucrant son visage d'une fausse malice, pour dissimuler son embarras. C'est une vraiment longue histoire.
- J'ai tout mon temps, répliqua Créon avec désinvolture.
Il parut à Annie que son cœur battit plus vite, un instant. Mais son rythme cardiaque eut bien rapidement fait de redevenir régulier : elle n'allait tout de même pas paniquer dès qu'on lui témoignait une certaine curiosité. Si elle continuait avec un tel comportement, elle n'était pas sortie de l'auberge.
- Apparemment, non, grinça-elle en indiquant une dizaine de silhouettes qui s'avançaient au loin.
Drapés de leurs toges noires, le groupe de professeurs évoquaient un vol de corneilles. La mine aussi sombres que leurs vêtements, ils les contemplèrent d'un air las, presque ennuyé. Puis leurs yeux écrasèrent un moment le lustre du plafond, glissèrent sur l'ornement dorée des portes, transpercèrent le marbre immaculé des murs, et ne s'attardèrent qu'un bref instant sur le carrelage nacré du sol. Et quand ils revinrent aux élèves regroupés, cette fois-ci, ce fut pour plonger à travers le verre de leurs bésicles, puis leurs globes oculaires.
Annie frissonna en sentant leurs regards nager dans le sien, mesurer la dilatation de sa pupille, pénétrer dans ses pensées, s'engouffrer dans ses veines, calculer son nombre de battements de cœur par minute et étudier chaque molécule, chaque poussière et chaque mouvements de son corps plus précisément encore.
Quand ils finirent enfin leur observation de chaque élèves, Annie se sentait glacée dans toute sa profondeur. Une goutte de sueur suivit la pente vertigineuse de son nez, puis se nicha dans ses commissures. Mais son visage resta de marbre même si à l'intérieur, elle hurlait à pleins poumons. Elle se pensait tellement dénudée de tout secret qu'elle ne réalisa pas tout de suite que ses camarades venaient tous de s'incliner bien bas. En un sursaut, elle se dépêcha de reproduire leurs gestes respectueux.
- Professeure Sajala, murmurèrent les élèves autour d'elle.
L'atmosphère paraissait plus déprimante encore qu'à l'intérieur d'un bocal de cornichons. Les sourcils de l'humaine bondirent. Elle ne se sentait absolument pas là où elle devrait être.
- Relevez-vous, mes doux poussins, dit alors une voix non pas rêche et hautaine comme l'aurait attendu Annie, mais plutôt claire et mélodieuse comme le son de l'eau qui s'écoulât dans les ruisseaux.
Évidemment, après avoir entendu pareille voix, Annie ne put s'empêcher de décocher un coup d’œil à cette mystérieuse oratrice, par-dessus la rigide épaule de Créon.
Elle en demeura le souffle coupé.
Il s'agissait d'une sculpture d'argile bleue claire, harmonieuse, toute en douceur. La lune azurée agrafée au-dessus de cette carcasse divine se frappait de deux yeux étincelants, et d'un sourire gracieux. De sa nuque aussi délicate que celle d'un cygne s'évadait la chevelure plus soyeuse, la plus scintillante et la plus majestueuse qu'on eût jamais vu. Elle coulait en une cascade bleutée le long de son dos, de ses hanches, de ses jambes, et achevait sa fluide progression aux niveau de ses chevilles. On aurait dit un morceau de ciel qu'on aurait découpé, puis joliment épinglé au sommet de cette figure apaisante.
Malgré la toge noire qui la recouvrait, Professeure Sajala éblouissait de manière singulière.
- Vous m'avez tellement manqué, mes rossignols !
- Vous de même, Professeure, récitèrent les élèves toujours prosternés au milieu du couloir.
A force de rester coincée dans cette position, Annie commençait sérieusement à sentir des fourmis envahir ses jambes, auxquelles l'engourdissement se propageait avec fluidité. Mais se prosterner devait sûrement être un rituel respectueux et elle ne désirait pas l'enfreindre au risque de se coller tout les regards inquisiteurs des alentours. Solveig lui avait défendu d'attirer l'attention sur elle, et Annie ne voulait en aucun cas défier cette règle-là.
En entendant des pas s'éloigner, la jeune fille aperçut les professeurs qui escortaient Sajala longer le couloir en jurant sur les enseignants dépourvus d'autorité. L'un d'eux, avec son filet de moustache et son haut-de-forme déformé, avait l'air particulièrement sentencieux. Elle résista à l'envie idiote de leur tirer la langue et retourna son entière disposition à sa nouvelle professeure.
La souplesse avec laquelle elle se muait aisément dans la pièce contrastait drôlement avec le vacarme de perles que provoquait chacun de ses gestes. En effet, le ciel de sa peau était armé de bijoux dorés de façon assez excessive. Elle en portait en équilibre sur son crâne, à ses oreilles, à son cou, à ses poignets, à ses doigts, à sa taille, à ses chevilles et à l'extrémité de ses orteils. Dès qu'elle bougeait imperceptiblement, cette mer de breloques s'alliait pour produire l'effet d'un coup de tonnerre.
- Relevez-vous, mes colombes, exigea Sajala au grand soulagement d'Annie.
Une fois que tout les élèves eurent obtempéré d'un air impénétrable, Professeure Sajala les mena devant une large porte de marbre couronné d'or. Elle la déverrouilla en un sourire angélique, puis les invita à entrer chacun leur tour à l'intérieur de cette ultime pièce de sa main toute gantée de velours.
- Hissez-vous sur vos chaises, comme à l'accoutumée, et restez debout jusqu'à ce que je vous l'ordonne. Vous connaissez la devise de l’École : excellence, obéissance, curiosité. Je la trouve assez stricte, mais bon...
Lorsque ce fut son tour de pénétrer dans la pièce, Annie eut l'impression de basculer au siècle précédent. Une enfilade de pupitres en ébène s'étiraient jusqu'à un énorme tableau noir et blanc, et artistiquement orné d'or. Les spirales de gravures dorées représentaient des magiciens, coiffés d'énormes haut-de-formes ou produisant une germe d'étincelles à l'extrémité de leurs doigts aiguisés. Sur les murs d'une blancheur nuageuse se découpaient des longues fenêtres formées telles des losanges, et elles semblaient ne pas pouvoir s'ouvrir. Elles donnaient en revanche sur une voûte sertie de montgolfières et d'oiseaux, et Annie en puisa un certain réconfort.
- Tu avances ou tu comptes bayer aux corneilles encore longtemps ? S'exclama soudain l'élève qui la précédait.
- Excuse-moi, fit Annie qui, s'extrayant de sa torpeur, s'écarta pour le laisser passer.
Elle s'installa sur le premier banc qui lui vint sous le fessier, fut délogée à grandes protestations par son propriétaire habituel et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il ne lui reste qu'une place acceptable : serrée entre Créon et le mur immaculé. Annie posa le plus délicatement possible la cage de Flamimi sur son pupitre, les joues en feu. Puis comme ses camarades, elle se hissa debout sur ce banc bancal, et attendit patiemment – ou impatiemment – qu'on lui ordonnât de s'asseoir. Elle se demandait ce que l'immobilité avait de si fascinant. En l'espace de quelques minutes, elle avait déjà reproduit deux fois cet exercice d'extrême stabilité.
Ses muscles s'évertuèrent à la maintenir en équilibre, mais ils étaient déjà endoloris à cause de sa précédente prosternation, et de ses successions de nuits blanches.
Elle sourcilla en constatant le sentiment de malaise qui l'irradiait. La pièce baignait dans un silence profond, presque traumatisant, lequel interrompu par le grésillement électrique d'une mouche qui rebondissait contre la vitre. Annie sentit une larme de sueur lui caressait les lèvres. Elle ne se sentait pas à sa place parmi ces élèves dépourvus de cordes vocales, parmi ces pièces en or modeste, parmi ces lieux qui favorisaient l'intelligence et l'obéissance plus que tout autre chose, parmi cette vingtaine de paires de regards froids et déterminés. Elle désirait se blottir dans l'un des fauteuils de Scintillam, au coin de la cheminée, avec un bon roman et sa merveilleuse odeur de poussières chaudes. Elle voulait quelqu'un à étreindre, quelqu'un à qui elle pourrait déversé son flot d'émotions et de douleur en toute confiance. Elle désirait une famille.
L'impact de cette révélation l'aurait fait tressaillir si il lui n'était pas impossible de changer de position sans basculer de son banc. Sa larme de sueur en appela une deuxième, puis une troisième pour diamanter son front et sa nuque aux poils hérissés. Annie fut soudain saisie par la brutale impulsion d'éclater en sanglots, là, au milieu de cette classe glacée, mais elle fut retenue par les remarques mordantes de Xia. Elle serra les dents en observant Professeure Sajala qui, au tableau, empoignait une craie pour rédiger la devise de l’École sur l'immense ardoise d'encre.
Les léger cliquetis de ses breloques comblaient le silence à eux seuls, présentement : la mouche grésillante venait de rendre l'âme.
Annie essaya de se distraire en regardant les couleurs que laissait le soleil sur les vitraux en poursuivant sa lente course dans le ciel, en vain. Ses jambes commençaient à flageoler, ses bras ballants la tiraient vers le bas et sa tête oscillait lourdement sur la gauche. Plus que tout à cet instant, Annie aurait voulu être un oiseau.
- Asseyez-vous, mes mésanges.
Il parut à la jeune fille que la voix de Sajala était plus mélodieuse et poétique que quoi que ce fût lorsqu'elle donna cet ordre. Plus mélodieuse que le chant du rossignol, que la brise qui sifflât à vos oreilles, que la voix de votre mère qui vous berçât pour vous endormir et que l'écoulement de l'eau dans les sources purifiées. Plus poétique qu'un coucher de soleil, qu'une lucarne au sommet de votre grenier ou qu'un troupeau de nuages filant à l'horizon. Merveilleuse.
Annie aurait voulu s’asseoir en soupirant de tout son soûl et de tout son soulagement mais elle dût, hélas, le faire dans un silence des plus oppressants.
Hissée sur son estrade, Sajala, dans son éternel sourire qu rehaussait ses pommettes azurées d'euphorie, scrutait ses élèves avec un mélange d'intérêt et de miellerie au creux du regard. Ses yeux glissaient sur les étudiants avec bienveillance, ne s'attardant parfois que sur une imperfection physique qui la dérangeait. Mais lorsque ses brillantes pupilles pivotèrent sur Annie, elles dérapèrent immédiatement sur son déguisement d'Amaya, puis s'engouffrèrent dans son œillade embarrassée sans plus la moindre trace de suavité. Son sourire découvrit alors une dentition éclatante de perfection, se qui accentua férocement la hauteur déjà vertigineuse de ses pommettes.
- Bienvenue parmi nous, Amaya de Tempus. J'espère que tu te montreras curieuse, intelligente et particulièrement docile. C'est spécialement la docilité qui forme ici, car vous n'êtes encore que des ignorants qui ont besoin d'être dirigés, mes moineaux. Sans quoi vous tomberez dans un gouffre. Ainsi dirigés, nous vous mènerons à la magie. En un claquement de doigts, tu pourras allumer les étoiles, changer ta température corporelle ou te téléporter juste là où tu le souhaites. La magie est un spécimen follement énigmatique, alors je veux que tu mettes sueur et sang dans ton excellence, ma nouvelle tourterelle. Bienvenue, une nouvelle fois. Répétez, mes canards.
- Bienvenue Amaya de Tempus, radotèrent péniblement l'océan d'élèves. Nous espérons que tu te montreras curieuse, intelligente et particulièrement docile. Que tu mettras sueur et sang dans ton excellence.
Annie se sentait épouvantée par cet accueil funèbre. « La docilité qui forme ? » Annie avait l'impression que, bien au contraire, c'était une certaine force de caractère qui constituait. Une perle de sueur décida une nouvelle fois de lui mouiller le nez, et de descendre gracieusement le long de cette pente démesurée. Entortillant nerveusement une bouclette autour de son index, Annie tenta de supporter le poids de tout ces regards qui martelaient son corps, sans aucune miette de sympathie.
- Mer... merci, balbutia-elle tandis que ses joues bouillonnaient de gêne et de colère.
- Et si tu pouvais retirer ton couvre-chef, mon colibri... poursuivit Professeure Sajala avec la même étincelle indéchiffrable aux tréfonds de l'eau de son regard.
- Oui...
Annie se décoiffa de son béret, le visage éclaboussé de sueur et d'incompréhension, le tout ponctué par un mordillement nerveux de bouclette.
Avec le même manque d'expression morbide, les élèves replongèrent un à un leurs nez dans l'encre noir du tableau, non sans remonter professionnellement leurs bésicles au sommet de celui-ci.
- Tu n'es pas très obéissante.
- Pardon ? S'indigna-elle en se retournant brutalement vers Créon.
Impassible comme il savait le faire, le jeune étudiant se grattait la cime du nez d'un air évasif, les binocles tournés vers les fenêtres. Ses cheveux verdâtres semblaient brûler sous les rayons de soleil, tellement leur couleur s'avérait des plus étranges. En revanche, sous la lumière tamisée des lustres, Annie distinguait des constellations de taches de rousseur sur sa pâle figure inexpressive.
- Je disais que tu n'étais pas très obéissante. Dans quelle école étais-tu donc avant d'atterrir ici ?
L'humaine s'apprêtait à répondre quand Sajala la sauva de cette étroite impasse :
- Qui peut bien me rappeler le nombre de Portes dans tout le Monde des Nuages ?
- Mille deux cent quarante Portes, professeure, détonna immédiatement la voix d'une élève au teint vert ortie.
- C'est cela, admit ladite professeure, dont le sourire provoqua une lourde série de cliquetis cristallins. Et combien y a-t-il de Portes Perdues, d’après vous ?
- Sept cent neuf ! S'écria Créon d'un ton puissant, qui contrastait confusément avec sa mine impassible.
Apparemment satisfaite de ses élèves, Professeure Sajala traversa son estrade de bois de long en large, accompagnée par son cyclone de cliquettements habituels. Annie se demandait si, à force d'entendre ces bruitages continuellement, elle n'en éprouvait pas des maux de tête.
- Et d'après nos précédents cours, combien y a-t-il de Portes verrouillées, ou condamnées, selon l'autre expression ?
- Six, professeure, se dévoua quelqu'un.
- C'est cela. A présent, sortez votre encrier, votre parchemin et votre stylographe et avec ce matériel, écrivez-moi tout ce qu'évoque pour vous les Portes. Puis vous aurez cinq minutes pour rédiger un synonyme de Porte et de porte, un exemple de Porte, un adjectif qu'on puisse attribuer à une Porte et à une porte et recopier la définition exacte de Porte et de porte. Si la magie circule aisément dans vos veines, elle devra atteindre votre cerveau toutes les trois secondes et la première partie de cet exercice sera achevée aux alentours des vingt et une minutes. Si vous réalisez cet exercice avec efficacité, et nous vous allongerons votre heure de pause.
Professeure Sajala, ensoleillée dans son sourire suave, extirpa de sa toge une montre à gousset dernier cri, puis la leva bien haut. Aussitôt, les élèves s'activèrent dans une symphonie de gestes professionnels et de bruit de pages qu'on tournât. Comme ses camarades, Annie s'appliqua à lisser le papier de son parchemin, et à décapuchonner son stylographe sans le faire baver.
Annie le fit tousser quelques noisettes d'encre sur son parchemin, presque machinalement. Elle ne savait pas quoi écrire. Pour une raison qui lui échappait, l'exercice demandé la déroutait. Elle tourna mécaniquement le visage vers Créon qui, prit dans un beau élan d'inspiration, avait déjà complété une feuille d'arabesques noires.
Annie soupira, mordilla le capuchon doré de son stylographe et remporta finalement et définitivement son attention sur la fenêtre. Dans un ballet vaporeux, les nuages réverbéraient le ciel et fuyaient en panaches à l'arrivée des imposants dirigeables. Le soleil, endormi jusqu'alors dans son écrin de cumulus, s'étirait enfin de toute sa splendeur.
Annie ébaucha un sourire quand l'un de ses rayons lui caressa tendrement le lait de son visage. Peut-être espérait-il que ce lait devînt du miel ? La jeune fille soupira, gribouilla quelques mots sur son parchemin, les ratura en marmonnant.
Penchés sur leurs pupitres avec une concentration hors norme, ses camarades alentour assouplissaient leurs poignets par des mouvements lents et circulaires, tandis que les traînées d'encre se multipliaient à une rapidité toute singulière sur leurs papiers.
- Il ne vous reste plus qu'une minute, mes cygnes, doucit Sajala en époussetant sa toge sombre.
Une bouffée de panique éreinta immédiatement Annie. Avec un manque cruel de précision, elle recopia un mélange négligé du rédigé de Créon et du camarade juste devant elle. Elle espérait que Professeure Sajala n'y verrait que du feu.
Les joues brûlantes, elle s'épongea le front à l'aide d'une bouclette. Ces semaines à l’École promettaient d'être longues.
voici mes impressions :
le flot d'élèves qui se déversaient dans le hall = se déversait
« niveaux un »= « niveau un »
C'était réellement une drôle de spécimen cet ascenseur = je trouve que la tournure est assez familière, pourquoi pas reformuler la phrase ?
Annie apercevait les lustres étincelants se rapprochaient = se rapprocher
Que voulait donc t-il ? Faire connaissance ? = Que voulait-il donc ? (j’étais en train de rire tristement car Annie n’a pas souvent l’occasion de se faire des amis, du coup on comprend son inquiétude et son étonnement)
ils conservaient encore leurs âmes d'enfant = leur âme d’enfant
Ces sons et ces sourires, qu'importe en était-ce la nature, lui redonnait un peu d'espoir = lui redonnaient
La mine aussi sombres = sombre
chaque mouvements = mouvement
chaque élèves = élève
Elle se pensait tellement dénudée de tout secret = tous secret
Elle se pensait tellement dénudée de tout secret qu'elle ne réalisa pas tout de suite que ses camarades venaient tous de s'incliner bien bas. = répétition de « tous ». Je te conseille de supprimer le dernier car il est déjà évident que l’ensemble des élèves s’inclinent
De sa nuque aussi délicate que celle d'un cygne s'évadait la chevelure plus soyeuse = la plus soyeuse ^^ il me semble que tu as oublié un mot 😉
sa fluide progression aux niveau = au
elle ne désirait pas l'enfreindre au risque de se coller tout les regards inquisiteurs = tous les regard (je trouve que le mot « coller » ne va pas ici, pourquoi pas «recevoir » ?
Une fois que tout les élèves = tous
une large porte de marbre couronné d'or = couronnée
Une enfilade de pupitres en ébène s'étiraient = s’étirait
S'exclama soudain l'élève qui la précédait = je pense plutôt que l’élève est derrière elle s’il ne peut plus avancer, donc ce serait « l’élève qui la suivait » ou « l’élève derrière »
elle se hissa debout sur ce banc bancal = ce n’était pas sur une chaise qu’elle était censée se tenir ?
Annie sentit une larme de sueur lui caressait les lèvres = lui caresser
parmi ces pièces en or modeste = or modeste ? je n’aurais jamais pensé voir ces deux mots ensemble et puis c’est assez contradictoire de les assimiler. Je pense que la description ne va pas ici puisque le décor de l’Ecole est justement grandiose, donc « modeste » ne convient pas avec l’idée de décalage que ressent Annie
quelqu'un à qui elle pourrait déversé = déverser
L'impact de cette révélation l'aurait fait tressaillir si il = s’il
se qui accentua férocement = ce qui
te téléporter juste là où tu le souhaites = jusque là
ma nouvelle tourterelle. Bienvenue, une nouvelle fois. = répétitif, pourquoi pas « ma jeune tourterelle »
Annie tenta de supporter le poids de tout ces regards = tous
Créon qui, prit dans un beau élan = un bel élan
je connais ce trac et cette angoisse d'être la nouvelle dans une classe, et surtout cet horrible sentiment d'être à part. On compatit avec Annie, clairement !
Moi, je pense plutôt que Créon peut être un bon ami contre le reste de la classe (t'en connais des gens qui ont pour animaux des corbeaux ? C'est tellement cool et stylé XD)
C'est plutôt de la prof dont je me méfie. Elle a l'air toute douce et gentille mais je suis totalement contre la manière d'enseigner dans cette Ecole !!! Personne ne devrait suer et saigner pour l'école. Je déteste ce système basé sur l'obéissance (c'est horrible mais c'est malheureusement très répandu en Asie). Déjà la prof les traite "d'ignorants" qui ont besoin d'être assisté, très sympa comme premier jour dis donc
Bon je m'arrête ici, à plus Pluma ;-)
Haha, Professeure Sajala a fait son effet, je suis plutôt contente de moi ! Et quant à ses "principes" scolaires, moi aussi je suis en total désaccord, et c'est en partie pour cela que j'ai choisi d'appuyer au maximum sur ses paroles.
Pour que mon auditoire comprenne à quel point c'est scandaleux.
Ravie que ce chapitre t'ai plu, en tout cas ;)
Pluma.
ya pas de quoi c'est un moment de détente de lire les aventures d'Annie
Merci pour ta lecture comme d'accoutumée, j'espère te revoir très vite ! <3
Pluma.
"S'exclama soudain l'élève qui la précédait.
- Excuse-moi, fit Annie qui, s'extrayant de sa torpeur, s'écarta pour le laisser passer."
Si il la précède, elle ne le laisserait pas passer. C'est donc l'élève qui la suivait.
Très beau chapitre, plein de sensations déstabilisantes, ça me rappelle mes premiers jours dans certaines écoles, le sentiment d'être déboussolé... C'est très bien décrit. J'ai ri à tes comparaisons légumières de début de chapitre, tu mêles le comique au tragique avec aisance!
Encore une fois, le décalage que tu arrives à créer (par exemple avec l'exercice écrit sur les Portes et les portes très original) nous plonge dans un monde inconnu et inquiétant. Bravo!
"cette curiosité sordide" => Je pense pas que sordide soit pertinent alors qu'il veut juste s'intéresser à une nouvelle camarade haha
Je l'aime bien lui par contre, j'espère qu'il pourra être un bon soutien pour Annie, parce que, pétard, elle a l'air mal, voir très mal embarquée haha
Tu as raison, "sordide" est un mot un peu trop fort dans le contexte, même s'il faut bien comprendre Annie... Elle en a pour sa vie, sans doute ! XD (Je la tortures peut-être un peu trop, non ?)
En tout cas, merci pour ta lecture qui, comme les précédentes, me comble de bonheur <3
Un chapitre avec de nouveaux personnage (toujours hauts en couleur, cette prof est très étrange). L'ambiance est bien décrite, ça doit être terrible d'être à la place d'Annie.
J'attends la suite avec impatience, mes remarques restent les mêmes ;)
A bientôt !
Au plaisir de te revoir ! ^^
Pluma.