L'article dans le journal

Notes de l’auteur : TW : scène de sexe. Un résumé de l'action dans le chapitre suivant si vous souhaitez passer

Il reçut la nouvelle trois jours plus tard, par un télégramme envoyé chez lui. « Article publié demain Nouvelles Lidennes félicitations stop Madeleine Langlois ». Aussi fut-il assez surpris de la voir le lendemain matin sur le palier, avec le journal, enveloppée de fourrure. Le gel était sévère ce matin. Il se prit à le regretter. Elle entra et posa le journal sur son bureau. Un regard à la ronde lui suffit pour se faire une idée assez précise de ses conditions de vie. Le feu brûlait dans la cheminée. Ses meubles en bois sombre occupaient presque tout l’espace disponible. Elle s’attarda sur la petite étagère de livres et le début d’une lettre à sa sœur, qu’il avait laissé entamée sur sa table.

– Vous ne pouvez pas rester ici, décréta-t-elle. Vous allez tomber malade à cause du manque d’air et de lumière.

Il essaya de protester, mais elle ne voulut rien entendre.

– Vous allez gagner votre vie, à présent. Mme de Malaterre a été très enthousiasmée par votre article et s’il se vend bien, elle vous en commandera d’autres.

Elle remit machinalement d’aplomb une chaise dérangée. Il la contempla avec inquiétude. Allait-elle ranger ses livres par ordre alphabétique ? Heureusement, elle cessa là sa mise en ordre de son intérieur. Elle ôta son manteau qu’elle jeta sur le lit. Elle prit appui sur la chaise qu’elle venait de replacer, l’observant bien en face. Axel soutint son regard.

– Il faut fêter votre réussite, s’exclama-t-elle soudain. Je vous invite au restaurant.

Dans le fiacre, Madeleine s’installa en face de lui dans un coin, s’arrangeant pour que leurs genoux se touchent à chaque sursaut de la route. Il ne fit rien pour se reculer, mais il garda les mains dans son giron, le cœur battant à tout rompre.

Au restaurant, ils furent placés à une petite table d’angle. Après les commandes, Madeleine reprit son manège. Cette fois-ci, il laissa son regard couler vers ses lèvres, ses épaules, sa gorge dénudée. Elle se pencha légèrement. Il redressa la tête, comme pris en faute. Leurs yeux se croisèrent. Elle y lut toute la violence de son désir. Cela ne dura qu’un instant, mais cela suffit à allumer en elle un feu similaire.

Leurs genoux se heurtèrent à nouveau. Il enserra ses jambes entre les siennes, lui jeta un coup d’œil effronté. Elle avala sa salive. Il s’était déjà reculé, un léger sourire aux lèvres.

On apporta les plats, puis on servit le vin. Elle leva son verre.

– À la réussite, lança-t-elle.

Il l’imita.

Ils déjeunèrent de bon appétit. Le vin était excellent, les plats aussi. Ils discutèrent de choses et d’autres, le plus innocemment du monde, tandis que leurs mains se frôlaient sans cesse. Chaque œillade d’Axel était un appel à la chair, auquel il lui était de plus en plus difficile de résister. Ses cheveux blonds paraissaient dorés sous la lumière des lampes. Le vin donnait à ses yeux un éclat glacé. Elle fut parcourue d’un frisson d’anticipation.

De retour dans la voiture, il prit place juste à côté d’elle. Elle posa une main sur sa cuisse. Un cahot plus violent que les autres le précipita dans ses bras. Leurs lèvres se heurtèrent. Il l’embrassa. Elle entoura sa nuque de son autre main et l’attira plus près pour un nouveau baiser, auquel il répondit avec ferveur. Ses lèvres avaient encore le goût du vin. Il glissa sa langue entre ses dents, qu’elle écarta. Il s’agrippa à sa taille.

Elle mit fin au baiser et se redressa. Les yeux d’Axel avaient viré au noir et il respirait avec précipitation. Elle tâcha de reprendre contenance.

Le fiacre s’immobilisa. Ils sortirent en courant presque. Elle jeta une pièce au cocher et suivit Axel dans les escaliers.

Elle fit à peine attention à la pauvreté de la pièce dans laquelle elle pénétra. Axel recommença à l’embrasser dès qu’il eut fermé la porte. Ses mains s’aventurèrent partout sur elle. Elle le repoussa jusqu’au lit, où il s’effondra.

Elle le contempla un instant alors qu’il tentait de reprendre son souffle. Il lui adressa un sourire dans lequel toute l’innocence des derniers jours avait disparu. Cela fut suffisant pour qu’elle fasse un pas en arrière, commençant à déboutonner sa robe. Le corsage tomba au sol, accompagné par son corset, suivi de sa jupe. Il ne la quittait pas des yeux. Elle se rapprocha de lui, défit son col et son gilet. Il s’occupa d’enlever le reste, qui rejoignit les autres habits en tas au sol.

Seulement vêtue d’une chemise et de sa culotte, elle se rapprocha jusqu’à le surplomber. Il était totalement nu et elle n’ignorait rien de son excitation. Il releva la tête. Son regard balaya l’ensemble de son corps, sans se hâter. Elle fit passer son poids sur un pied afin de mettre en valeur ses hanches. Il s’en saisit et la rapprocha encore. Ses mains trouvèrent le lien retenant ses sous-vêtements dont il la débarrassa. Elles caressèrent longuement le creux de ses reins et ses hanches. S’enhardissant, il déposa une traînée de baisers de son nombril à son pubis humide. Elle lui prit la main pour la déposer contre elle.

– Tu l’as déjà fait ?

Il eut une brève réminiscence de cette fille du voisinage avec qui il s’était allongé sur la paille des écuries l’été précédent et hocha la tête. Elle guidait sa main contre elle, les yeux fermés, tendue d’anticipation.

Il se recula et l’entraîna avec elle. Installés contre son oreiller, il reprit ses caresses, la sentant mouiller tant et plus contre ses doigts. Lorsqu’elle n’y tint plus, elle repoussa sa main et s’installa sur lui. Ses mouvements déclenchèrent une vague de plaisir, qu’il contint en serrant ses doigts sur ses hanches. Elle lui remonta le menton du pouce.

– Laisse-toi aller.

Il ne pouvait détacher son regard de ses seins ballottant au rythme qu’elle imprimait à ses mouvements, jusqu’à ce qu’il se tende, traversé par une onde d’extase. Elle continua cependant à bouger ; l’orgasme la fit s’effondrer, tremblante. Il la serra tout contre lui, humant le parfum de ses cheveux. Ils restèrent allongés là, sans parler.

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