Le champ des impossibles

Notes de l’auteur : Que d'émotions après avoir discuté avec Camille, après lui avoir écrit cette lettre ("Et pourtant je t'ai appelé PC").
Ce week-end, j'ai senti mon coeur se débrider, divaguer.

Elle est un souvenir, un de mes plus beaux. Mais elle restera à jamais un fantasme que je croise en meeting.

Ce texte n'est en rien une déclaration, une envie, un besoin. C'est un contrecoup, comme l'écho d'une porte qui claque. La porte des émotions.

Il est immense, le champ des impossibles, mais il tient au fond du cœur.

Le champ des impossibles, Camille y court gaiement. J'ai vécu avec elle une deuxième rencontre avant hier. Quand je lui ai dit sur le ton du constat : "Tu sais Camille, on a partagé beaucoup d'intimité, mais pas du tout d'intime.", j'ai vu ses yeux briller. J'ai senti que j'avais ouvert une porte. Et j'ai vue la collègue, la femme, la maman, redevenir la jeune fille que je recevais dans mon appartement il y a 12 ans.

Je me suis rappelé son petit air pincé. Je me suis toujours demandé si c'était vraiment elle, ou si c'était la situation qui la rendait comme ça. Ce rendez-vous hebdomadaire… quelle hérésie de l'avoir vécu ainsi, laissant consciencieusement nos sentiments au placard. Nécessaire à l'époque, mais stupide au final.

Je ne me souviens pas d'éclats de rire, de moments de folie, comme j'ai pu en vivre avec Raphaëlle, non, je me souviens d'une étonnante sérénité. Moi qui courais la vie, la France, de copains en beuveries, de copines en coucheries, je me rappelle de ces parenthèses calmes, doux moments où la seule chose importante était d'être en confiance. 

La confiance, c'est cela. J'ai confiance en Camille. Je sens que désormais je pourrais tout lui dire. La collègue, la maman, ne le souhaitent pas je pense. Il y a des choses qui ne se font pas. Mais la femme ?

 

Camille, c'est ma boule à neige. J'ai envie de l'agiter de nouveau maintenant que tout est retombé.

 

J'ai écris dans mon texte "Libre" : "A un moment, l'un des deux flanche, reste à voir si l'autre l'accepte". Alors oui, là, je flanche. Il ne faut pas se voiler la face. Mais pourquoi ?

Est ce de la vengeance envers Raphaëlle ? Je ne pense pas. Camille ne m'a jamais laissé indifférent. Je suis son parcours depuis des années, je plaide sa cause au travail, je vante ses qualités sans qu'elle ne le sache. Un ange gardien aux pouvoirs limités, certes, mais présent.
Elle a ce petit goût sucré d'inachevé et salé d’inatteignable. Comme un fantasme qu'on a l'occasion d'assouvir mais qu'on se dégonfle.

Est-ce de l'amour ? Je ne sais pas. Est-ce que mon cœur bat pour elle ou à cause d'elle ? Je suis perdu. J'ai aimé discuter avec elle, nous dire enfin comment nous avons vécu notre histoire: petits moments de confiance, de décorum, avec pour objectif de faire l'amour. Mais finalement, pour moi, écrins de temps loin du tumulte.
Nous nous sommes bien occupés l'un de l'autre. Et finalement, on ne l'a pas fait pour du sexe, c'était de fait dans le contrat. On l'a fait pour s'atteindre au cœur, sans jamais y parvenir, mais avec un plaisir et une attention véritable.

Est-ce un besoin de conquête ? Pas du tout. Si c'était cela, il y aurait cibles plus faciles. Où alors un challenge ? Non plus. Je n'ai aucune envie de faire souffrir qui que ce soit. Nous avons chacun une famille, une maison. Le risque est énorme.
Mais je sais que Raphaëlle l'a pris, ce risque, et elle s'est bien débrouillée jusqu'au moment où elle est allée si loin qu'elle laissait trop de traces.

Si je souhaite Camille, c'est que je la voudrais dans mon jardin secret. Avoir pour moi ce port de tête sublime. Ce buste si beau qu'il mériterait d'être dans toutes les mairies.
Camille, c'est Marianne, ma liberté que je voudrais chérir.
Embrasser à nouveau sa nuque divine et ses lèvres fines sans se soucier de l'interdit.
Et écouter sa voix, encore et encore.

Comme Raphaëlle qui m'a dit un soir que son amant restera dans son cœur à jamais, et qu'à son dernier souffle, il sera là, avec moi, nos enfants, son papa, sa grand-mère…, je sais que Camille sera aussi dans mon cœur quand mon heure viendra, en bonne place.

 

 

[Et Raphaëlle, si tu as lu ceci, c'est que tu as fouillé, et ne culpabilise pas, je sais ce que c'est. Mais sache que ce n'est que du fantasme. Des émotions qui se bousculent, l'envie de me mettre dans ta peau un peu aussi.

C'est toi que j'aime, profondément, et tu me combles. Même si c'est dur, même si c'est long, c'est un chemin que je veux faire à tes côtés: la reconstruction intime. Et je serai heureux d'en parler avec toi. Je t'embrasse.]

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